14.12.09

Tricheries, corruptions, mensonges


QUI VEUT CHANGER LE MONDE ?

L’actualité du monde est pleine de preuves du déclin de la morale. La politique n’est plus l’art de gouverner, mais une technique de crétinisation des peuples ; la religion n’est plus la célébration du lien causal entre l’homme et Dieu, mais un système de dogmatisation des esprits auxquels on inculque non seulement le mépris de la différence mais aussi la cruauté contre ceux qui pensent différemment. L’économie est devenue un système de vol organisé qui profite aux plus forts qui deviennent plus riches pour asservir les plus faibles ; la justice est désormais le temple de la désacralisation du droit où l’argent a fini par tuer la raison ; le champ de la culture est envahi par l’ivraie du mercantilisme entretenu par des vampires marchands déguisés en hommes de culture ; dans le sport, on exploite honteusement la dimension facteur de rassemblement pour mettre en évidence un esprit malin dans un corps malsain…
Le monde offre un spectacle de ruines des mœurs où vautours et charognards, se disputent les restes de notre humanité en lambeaux. Aujourd’hui, ceux qui vivent sont ceux qui trichent, corrompent, mentent, sans se soucier du reste. Ceux qui vivent sont ceux qui ont le pouvoir de tuer impunément et de faire payer leurs crimes par des innocents. Ceux qui vivent sont ceux qui peuvent attaquer en empêchant les autres de se défendre. Ceux qui vivent sont ceux qui sont capables de dire non en exigeant que les autres disent toujours oui. Ceux qui vivent sont ceux dont rien que le verbe est une arme de destruction massive qui sème la mort partout au vu et au su de tous. Ceux qui vivent sont ceux qui gagnent tous les combats possibles, en pensée, en parole, par action et par omission, parce qu’ils savent d’avance tout ce qu’il y a à faire pour ne jamais perdre et qu’ils le font avec une précision arrogante.

Et pourtant, combien de discours sur le changement n’entend-on pas, de personnes qui prêchent une façon de voir autrement, de faire autrement, de dire autrement, de gérer autrement, de gouverner autrement... Ces personnes-là parlent des idéaux qu’elles défendent. Des idéaux grâce auxquels le monde pourrait redevenir vivable, avec un humanisme nouveau orienté vers le respect de l’autre, le respect de la vie, la crainte de Dieu. Un nouvel humanisme sans tricherie, sans corruption, sans mensonge. Clubs, associations, organisations non gouvernementales, poussent ici et là, pour réformer le monde, pour mettre fin à la déliquescence des mœurs, à l’asphyxie de la morale, à l’agonie de la religion, à la déshumanisation de la politique… Du vent ! Ou du moins, du lyrisme philosophique hypnotisant d’intellectuels soit mal convaincus du sens profond de leur combat, soit à la recherche d’une reconnaissance sociale ou tout simplement en campagne politique.

En réalité, personne ne veut vraiment changer le monde. Sauf si changer le monde c’est entreprendre des actions qui le soumettent à notre bon vouloir ; sauf si changer le monde c’est le charger de l’énergie de notre libido ou le teinter des couleurs de nos phantasmes. En vérité, personne ne veut changer le monde. Parce que le monde actuel est synonyme d’une liberté si proche du libertinage que le changer en ferait une sorte de prison. Parce que le monde actuel est le pur reflet de notre mentalité débridée et iconoclaste qui s’accommode de tout et de son contraire.

C’est vrai, cela fait beau et intello de dire qu’on veut changer le monde, mais quand il s’agit de prendre certaines décisions capables de donner naissance à une nouvelle façon de voir, de faire, d’agir et de réagir, nous nous rétractons en voyant en gros plan nos intérêts que notre attitude originale pourrait menacer.
Voilà qui explique que le but de la main de Thierry Henry ait été validé. Le joueur aurait pu, s’il voulait entrer dans l’histoire par la grande porte, signaler lui-même sa faute. Ou bien, après les séquences vidéos suite au tollé soulevé par cette vraie fausse victoire, l’arbitre aurait pu peser dans la décision des patrons de la FIFA, pour faire rejouer le match.
Mais pour beaucoup, si en 1986, Diego Maradona a sauvé l’Argentine avec sa main, pourquoi Thierry Henry ne sauverait pas la France avec la sienne. J’ai été outré par les propos de Nicolas Sarkozy qui s’est ouvertement opposé à l’idée de faire rejouer ce match France-Irlande du 18 novembre dernier. Je crois qu’en sa qualité de président de la République de la « grande » France, Sarkozy aurait gagné quelques centimètres de grandeur en exigeant que le match fût rejoué. Hélas, rejouer le match signifiait pouvoir perdre l’occasion d’aller au Mondial. Alors, il vaut mieux accepter une victoire honteuse que de prendre des risques à cause d’une justice qui de toutes les façons n’a plus d’importance de nos jours.
De même, j’aurais été très fier de Barack Obama s’il avait dit non à son Prix Nobel de la Paix prématuré. Pour marquer aussi une rupture par rapport à l’attachement viscéral des hommes à des distinctions honorifiques qui ont leur part d’arbitraire, de subjectivité et d’illogique.
Parce que pour moi, changer le monde, ce n’est pas changer la forme de la terre ou modifier son inclinaison. Seul Dieu pourrait le faire un jour, s’Il le veut. Pour moi, changer le monde, humainement parlant, c’est poser chaque jour un acte de rupture qui relève le niveau de la conscience humaine, un acte de rupture qui aide la morale à sortir du bas-fond où l’animalité des « autres » hommes l’a plongée. Changer le monde, c’est susciter des attitudes nouvelles devant de vieux comportements, c’est briser la chaîne des réflexes amoraux devenus normaux par habitude.
Alors, si ceux que nous considérons comme des icônes, sombrent dans la platitude ambiante, sous prétexte qu’ils ne sont pas des « saints » ou parce que d’autres ont déjà fait la même chose, cela signifie que personne ne veut changer le monde, en réalité.
Le changement chanté ici et là, n’est rien d’autre qu’un simple slogan politique ou politicien, c’est-à-dire, une coquille vide. On peut donc continuer à s’inspirer de ce proverbe chinois qui peut ouvrir toutes les portes : « Si tes pieds ne suffisent pas, utilise tes mains. »

Bien à vous.

MINGA

Maquereautage, proxénétisme, prostitution

SILENCE, ON TOURNE !

De nombreux sujets alimentent les débats ces temps-ci : la main tricheuse – main de Dieu ou main du Diable – qui a fait accéder une grande nation à la Coupe du Monde, l’avion mystérieux drogué découvert en fin de vie dans le Nord Mali, la médiation suspicieuse du bourreau de Sankara dans la crise guinéenne, le Français pris en otage à Ménaka au Mali… Et puis, plus prosaïque, plus terre à terre, plus vulgaire peut-être, l’affaire caméra(s) cachée(s) dans des maisons de passe chinoises à Bamako.
Ce dernier sujet retient mon attention tout simplement parce qu’il met en évidence le versant pourri, pervers, bassement mercantiliste et honteusement déshumanisant de certains de nos partenaires censés être chez nous pour nous aider à nous développer. Parce que, en réalité, derrière les façades lumineuses, luminescentes et oniriques des projets d’envergure pour « réduire la pauvreté » dans nos pays, les champions du développement qui nous viennent du pays de Mao ont bien d’autres projets secrets, dont les innombrables petites industries du sexe qui se cachent derrière ces fameux « espaces culturels » qui en réalité, sont des bordels déguisés, des lieux d’exploitation de la misère d’enfants, de fillettes et de femmes (même mariées) qui troquent le sexe contre l’argent, le sexe contre la nourriture. Et la mayonnaise chinoise semble avoir bien pris à cause du caractère presque anonyme et hyper discret de ces espaces où l’on peut entrer librement sous des prétextes divers (petite soif, grosse faim) pour donner libre cours à toutes ses pulsions cachées, à toutes les couleurs de ses vices et en sortir tout aussi librement. Mais si la mayonnaise a bien pris, c’est aussi et surtout parce que les Chinois ont étudié le terrain et ont compris que le terrain était favorable au commerce sexuel. Terrain favorable mais très périlleux. Dans un milieu où, à cause des normes de la morale religieuse, le sexe est un sujet sinon tabou, du moins très sensible, a fortiori le commerce du sexe ! Voilà pourquoi, ces bordels arborent des noms qui vont du purement symbolique (« Beijing ») au drôlement poétique (« Le Lotus bleu »), juste pour distraire l’attention des moralistes.
Avec la complicité de jeunes désoeuvrés qui cherchent par tous les moyens leur prix de thé, les Chinois abordent des jeunes filles dont certaines ont à peine dix ans. Ils finissent par les convaincre de la rentabilité de l’affaire. Après, le bouche-à-oreille fait le reste, les jeunes filles elles-mêmes invitant d’autres amies du quartier à se joindre à elles.
Jusque-là, rien d’anormal. Enfin, si les maisons closes pompeusement appelées « espaces culturels » dont les activités sournoises connues de tous sont acceptées par les autorités, cela signifie que la floraison des bordels chinois à Bamako, c’est normal. Tout comme semble normal le maquereautage et son pendant qu’est le proxénétisme. Tout comme semble normal la prostitution d’enfants de dix, douze, quinze ans, parce qu’abandonnés à eux-mêmes et sans autre moyen de survie que l’échange humiliant déjà évoqué plus haut : sexe contre argent ou sexe contre nourriture. Peut-être parce que, dans notre société étourdie gouvernée par des colonies d’autruches, il y a des travers normaux, des vices normaux, des dangers normaux. Quand on peut fermer les yeux sur un mal, c’est que, soit ce mal ne fait pas mal, soit on est soi-même un mal. Mais ça, c’est un autre sujet !
Revenant aux petites et moyennes entreprises chinoises du sexe au Mali, ce qui semble choquer vraiment et qui alimente bien des conversations bamakoises depuis quelque temps, c’est le fait que, dans certaines de ces maisons mal famées de nos frères chinois, il y aurait des caméras cachées qui filmeraient allègrement les ébats des clients dans tous leurs états ! Des supports vidéos seraient ensuite fabriqués avec des images intelligemment montées et vendues dans leurs pays et tous les autres pays qui amassent des pornodollars – de l’argent qui sent la sueur, la sève et la sang du sexe – qu’on nous renvoie comme aide au développement. Ça, c’est le comble de la perversion, de l’impudeur, du voyeurisme, de la voyoucratie… Et c’est bien cela qui est révoltant ! Les Chinois nous aident avec leurs produits chinois, leurs milliards qu’ils investissent dans tous les secteurs d’activités, mais cela devrait donc suffire pour se moquer de nous en exploitant nos faiblesses ? Bien évidemment, tout ce qui touche à la Chine est inflammable et ce n’est pas moi qui parlerais d’atteinte aux droits de l’homme, s’agissant des Chinois et vu ce qu’ils en pensent. N’empêche, j’estime que la chinoiserie peut et doit avoir des limites. Et les dirigeants de nos États qui aiment clamer à tue-tête leur « souveraineté » devrait pouvoir rappeler à l’ordre tous ceux qui s’amusent à bafouer la dignité de leurs concitoyens, fussent-ils Chinois.
Vouloir contenter le ventre d’un affamé en exploitant son bas-ventre, c’est, plus que du sadisme, un cynisme déroutant !
Alors, amateurs des espaces culturels chinois, attention aux caméras cachées. Silence, on tourne !

Bien à vous.

MINGA



5.10.09

TERREUR, HORREUR, STUPEUR... Dadis fait peur !

Lundi 28 septembre 2009. Cela fait cinquante et un ans que la Guinée a dit NON à la France pour emprunter, seule, mais avec foi et conviction, le chemin alors rocailleux de l’indépendance, sous la houlette d’un certain Sékou Touré. Cette date anniversaire de ce moment clé de la vie de la Guinée a été choisie par les opposants au régime du militarissime Moussa Dadis Camara, pour dire NON à un système d’imposture, de démagogie, de manipulation et de braconnage politique organisé par un funeste « Want-to-be » en tenue se prenant pour le treizième imam ou le Christ de retour !
Mais on ne dit pas NON impunément à une bande de voyous, de loubards, de drogués qui, dans leur hallucination, se prennent pour le nombril de la terre ! Résultat : des armes aussi folles que ceux qui les détiennent ont détonné, blessé, humilié, tué… Les suppôts du Diable, surexcités par leur petit rêve, ont battu, abattu, volé, violé, violenté des âmes innocentes dont le malheur fut d’avoir cru que si Sékou Touré a dit NON au Général de Gaulle sans en mourir, un Guinéen peut dire NON à un autre Guinéen sans en pâtir. Des coeurs purs qui ont eu tort de croire que démocratie rime avec liberté et que liberté rime avec vérité. Des hommes, des femmes, vieux, jeunes et enfants, qui n’avaient pas compris qu’il est des politiciens–charognards qui se nourrissent de la chair et du sang de ceux qu’ils veulent gouverner et qui, malgré le masque d’ange qu’ils portent pour attirer les naïfs, finissent par montrer leur vrai visage. Aujourd’hui, ils sont morts ou marqués à jamais par la barbarie et l’ignominie que le faux Père Noël a déchaînées contre eux. Les femmes qui ont vu des canons de fusils, des bouts de bois, forcer l’entrée de leur féminité, ne se soulageront
jamais du poids de la bestialité qui est tombée sur elles ce jour-là.
Elles n’oublieront jamais !
Et pourtant, le Maître des lieux, lui, essaye, très maladroitement, de noyer le poisson dans l’eau. Avec ses éternelles élucubrations, ses discours de gamin parsemés de contradictions, ses propos décousus d’ivrogne mal repenti, son verbe à la fois grotesque et grossier. Étalant à la face du monde ses insuffisances, son immaturité, son irresponsabilité et cette arrogance plate qui accompagne le mythomane.
Quoi de plus injurieux, de plus révoltant, que d’entendre le sacré capitaine mettre en avant l’illégalité de la manifestation des hommes politiques et, à travers un coq-à-l’âne dont lui seul à le secret, accuser les manifestants qui auraient attaqué des commissariats pour voler des armes ! Comme si c’étaient des corps de militaires qui gisaient au sol. Comme si les manifestants tués portaient des armes dans leurs mains. Comme si ceux à qui ils parlaient étaient eux aussi des embrumés comme lui. Comme si un tel carnage pouvait se justifier par un simple babillage.
On parle d’au moins 187 morts. Mais le Cercle des Nuls Déguisés en Démocrates (CNDD) ne reconnaît que les 57 préalablement annoncés, voire 56. Et selon eux, 53 personnes seraient mortes par asphyxie et 4 par balles perdues. C’étaient les premières tendances. La redistribution des cadavres par catégorie a changé depuis. C’est donc vrai que le ridicule est la couronne des ignorants !
Il y a quelques semaines, dans cette même colonne, je comparais Moussa Dadis Camara à Idi Amin Dada d’Ouganda qui fut un despote des plus sanguinaires sur le continent. Aujourd’hui, la preuve est là. Et ce n’est que le début du commencement car, si rien n’est fait pour l’obliger à céder le pouvoir, il s’installera pour la vie, question de fuir la Hayes. Et alors, il en fera voir de toutes les couleurs aux opposants et au peuple de Guinée. Car, personnellement, je ne crois pas que la Guinée mérite un président comme Dadis. Pour moi, un homme aussi intellectuellement
incomplet ne peut qu’être politiquement nul, socialement ignoble. Le témoignage d’un militaire faisant partie du BATA (Bataillon autonome des troupes aéroportées) qui a pris le risque de libérer sa conscience sur Radio France Internationale est très éloquent et montre à
suffisance l’état d’esprit qui règne aujourd’hui en Guinée. Tout le monde a peur. Y compris ceux-là mêmes qui sèment la terreur et l’horreur autour d’eux.
Dadis est un danger. Il fait peur ! Un chef d’État qui n’est pas capable de gérer une armée peut-il gérer tout un pays ? Comment peut-on avouer aussi publiquement son incapacité à gouverner et vouloir en même temps rester au pouvoir sous prétexte que c’est le peuple qui le désire ? Comment peut-on vouloir d’une commission d’enquête internationale indépendante et en même temps nommer des coupables ? Les Africains comprendront-ils à temps le cri d’alarme des Guinéens pour voler à leur secours et débarrasser le cerveau de la Guinée de cette tumeur maligne appelée Dadis, avant qu’il ne soit trop tard ? Je l’espère vivement. Et avec moi des millions d’autres Africains, des milliards d’autres citoyens du monde. Oui, je l’espère. Même si l’Union Africaine et la CEDEAO n’ont pas l’habitude d’aller jusqu’où on les attend.

Bien à vous.
MINGA

3.7.09

DISPARITION DE MICHAEL JACKSON : Le mutant et l'icône s'en sont allés !

Le jeudi 25 juin, j’avais l’œil rivé sur TV5, troublé par un élément de reportage de Thalassa sur « Le mystère de la baleine » quand, vers 22 heures 45, le téléscripteur de la chaîne francophone s’est mis à faire défiler en boucle l’information. Le Los Angeles Times venait d’annoncer le décès de Michael Jackson ! Michael Jackson !!! L’artiste, le grand artiste ! Celui à qui un certain album intitulé « Thriller » a frayé le chemin qui mène au firmament de la consécration, de la gloire… Moi qui atteignais l’âge de la raison au moment où l’étoile de la Pop entamait son ascension dans le ciel de la musique, et qui, sans rien comprendre à cette langue qu’il utilisait, m’amusais à fredonner certains de ses airs aux rythmes endiablés, je crois avoir quelque part au fond de moi, une marque Michael. Et je sais qu’ils sont nombreux de par le monde, ces hommes et ces femmes de ma génération qui se sont, à un moment ou à un autre, identifiés à ce génie, ce géant, ce cyclope du chant et de la danse. En grandissant, j’ai appris à le connaître davantage à travers la presse. Tout ce qui concernait ce beau monstre m’intéressait et m’intriguait, dans les journaux, à la télévision, à la radio. A défaut de pouvoir chanter clair comme lui, me déhancher, gesticuler, tournoyer dans l’air comme lui, j’avais une profonde admiration pour ceux de mes camarades d’école qui, après les cours, rivalisaient d’adresse en imitant l’ange déroutant à la voix cristalline, presque divine.
Les murs de ma chambre, comme ceux des chambres de bien d’autres jeunes dans le monde, étaient couverts de posters ou de portraits de la vedette sans frontières, ou de chansons et d’articles le concernant. Michael, pour moi, était une fierté dans la mesure où il donnait au monde la preuve qu’on peut être Noir et être bon chanteur et bon danseur. Icône, Michael Jackson l’a été !
Puis vint le moment où l’on se mit à trop parler de l’artiste en mal. Il s’était mis à se refaire le physique pour ressembler à un Blanc. Comme si on ne pouvait pas rester Noir et être un ange à influence planétaire. Et pourtant… Tout Noir qu’il était, personne ou presque, n’était insensible à ses idées, à sa musique, à ses clips… Et pourtant… Sans tenir compte du choc qu’il pouvait provoquer chez nombre de ses fans, il a persévéré dans sa mutation physique. On a jasé, glosé, accusé, condamné… Mais l’homme savait ce qu’il pensait, ce qu’il voulait, ce qu’il faisait, et personne ne pouvait lui faire changer de pied de danse. Et pourtant… Sa célébrité est restée toujours intacte, sa musique toujours électrique, ses clips toujours oniriques, sa voix toujours pure et sure, son message toujours profond et lyrique, ses pas de danse toujours étrangement ensorceleurs et troublants.
Michael Jackson n’a donc pas changé. Il n’a même jamais reconnu avoir utilisé la chirurgie plastique. Toujours est-il que le beau Noir est devenu un faux Blanc. Peut-être pour échapper à la malédiction du « gros nez » comme l’appelait son père. Mais au-delà de la mutation de race, on a aussi beaucoup parlé de la mutation de genre de l’étrange Jackson. Il avait adopté une féminité physique et vocale non consensuelle mais très sensuelle, comme pour accompagner le charme excentrique de sa nouvelle apparence. Mutant, Michael Jackson l’a donc été aussi !
Mais peu importe. C’était un artiste, un grand artiste. N’en déplaise à ceux qui rêvaient de le voir dévaler en trombe la pente de la décadence, en inventant autour de lui des histoires abracadabrantes, pour l’accabler et pouvoir parler trop tôt de son déclin, de sa chute, de la mort de son génie. Comme ces histoires scabreuses de pédophilie qui l’ont ruiné financièrement mais n’ont jamais entamé son talent !
Maintenant, quand je pense à la vie très mouvementée de l’homme, et que j’imagine le succès jamais égalé de « Thriller », je me dis : plus que le titre d’un album, ce mot avait quelque chose de prémonitoire. C’est la meilleure description de la vie de l’artiste : mieux qu’un roman, cette vie était un vrai film… policier ! Déjà tant d’énigmes autour de « l’arrêt cardiaque » qui l’a emporté !
Aujourd’hui, Michael, tu as quitté ce monde où tu as jeté les semences de la perfectibilité dans l’art, où tu as illuminé le XXème siècle et inspiré des porte-flambeaux du XXIème. Tu as quitté ce monde après avoir apporté leur part de lumière, de gaîté et de bonheur à ceux qui seraient morts tristes s’ils n’avaient eu, pour leur époque, leur version d’Elvis Presley ou de Claude François.
Tu vas désormais faire partie du registre sacré des Immortels de la Musique, mais aussi de celui des êtres humains les plus complexes, les plus incompréhensibles, les plus inattendus. Tu demeureras un des plus beaux spécimens de « L’homme, cet inconnu » qui exercé sur le physiologiste français Alexis Carrel beaucoup de fascination.
Puisse Dieu, dans son infinie mansuétude, faire progresser ton âme en paix dans tous Ses mondes !
Puisse les beaux souvenirs de ton parcours consoler tes fans du chagrin de ta disparition si brutale !
Puisse enfin la lumière inextinguible de ta gloire immuable apaiser les coeurs amers de tes détracteurs !
Michael, « Black or White », tu fus un sommet ! Dors en paix.


Bien à vous.


MINGA Siddick

11.5.09

DISCOURS D’OUVERTURE DE LA JOURNÉE LITTÉRAIRE DE L'ASSOCIATION ÉCRITURES DES SUDS


Mme la représentante du Ministre de la Promotion de la femme, de la famille et de l’enfant,
M. le représentant du Ministre de la Culture,
M. le représentant du Ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales,

Mesdames, Messieurs, responsables d’associations culturelles ou de structures de production et de diffusion de livres, amis, passionnés, fous de la culture et du sport intellectuel,

Mesdames, Messieurs, les directeurs des CAP ou leurs représentants,

Mesdames, Messieurs les directeurs d’écoles, vous qui nous avez vite compris et nous avez ouvert sans rechigner les portes de vos écoles et parfois de vos coeurs,

Mesdames, Messieurs, reines et rois de la lyre, vous qui par vos plumes nous émerveillez, nous faites rêver et nous aidez aussi à nous réveiller,

Chers parents d’élèves, infatigables jardiniers qui arrosez, arrosez et arrosez sans vous ménager, dans l’espoir que vos semences seront de grands arbres solides à l’ombre desquels bien des coeurs seront apaisés,

Chères petites sœurs, chers petits frères, chers enfants, vous jeunes élèves éclairés qui avez accepté de jouer avec nous le jeu intelligent de la quête des connaissances littéraires qui ouvrent de nouveaux horizons et confèrent le savoir sans lequel le pouvoir n’est rien,

Honorables invités, issus de tous les milieux socio professionnels et convaincus comme nous que tous ceux qui aujourd’hui tournent le dos au livre reviendront un jour y puiser ne serait-ce qu’un dernier mot pour répondre à une violente question du temps,

Mesdames, Messieurs,

Comment résister à l’émotion, comment cacher ma joie, la grande joie qui m’enflamme le cœur et me transporte, comment taire mon bonheur de vous savoir des nôtres, n’ignorant pas que vous avez mille et une occupations que vous avez dû sacrifier pour répondre à notre invitation.
Merci, merci, mille fois, mille et une fois merci pour cette présence réconfortante et rassurante.

Je mesure la grandeur de l’honneur qui m’est fait de vous parler au nom de l’association ÉCRITURES DES SUDS et j’en remercie tous mes amis pour leur marque de confiance.

La cérémonie qui nous réunit ici ce matin est le point d’orgue d’une messe littéraire qui a commencé le 15 janvier pour se terminer le 28 mars dernier. Une messe organisée par l’association culturelle ÉCRITURES DES SUDS.

ÉCRITURES DES SUDS est née le 27 juillet 2008. C’est le résultat de la réorientation et de la reformulation des objectifs initiaux de CARAMEL, le Club d’animation et de réflexion sur les arts, mouvement d’expression littéraire. Ce club, je l’avais d’abord créé avec des amis en Côte d’Ivoire en 2000 pour aider les élèves à s’exercer en français et surtout à améliorer leur performance en orthographe.
Lorsque, en 2002, le navire ivoire s’est mis à tanguer et qu’il y avait trop de confusions de genre entre des vrais et des faux, j’ai choisi le Mali comme terre d’accueil et j’ai créé en décembre 2003 Caramel Mali.
En tant qu’enseignant, car je suis enseignant avant d’être journaliste, j’étais outré de savoir que les élèves parlaient et écrivaient de plus en plus mal le français. Et pourtant, quoi qu’on dise, le français, pour le moment notre langue officielle et notre principale langue d’apprentissage à l’école, est, pour nous, le meilleur moyen d’échanges, de partage, de formation, d’information, de communication et d’intégration.

Dans notre société globalisée d’aujourd’hui, pour exister, il faut savoir communiquer et pour savoir communiquer, il faut maîtriser au moins l’outil de communication qui est la langue. Senghor et Césaire et Damas et Diop et tous les autres de leur temps avaient compris que pour toucher l’âme des dominateurs, il fallait utiliser contre eux leur propre langue comme un fouet. Cela n’a pas empêché ces pionniers de la Négritude de rester attachés à leurs langues maternelles, à leurs langues nationales.

Le championnat d’orthographe, nous l’avons initié ici au Mali en 2004, avec 8 écoles sur deux communes, avec les CAP de Lafiabougou et d’Hippodrome. Nous sommes passés à 12 écoles en 2005, à une quinzaine en 2006 puis à une trentaine en 2007, avec cette fois les six communes du District et un CAP par commune.

Après un tel parcours, il fallait faire une pause pour faire le bilan et envisager la suite. C’est cette pause en 2008 qui a abouti à la création de l’association ÉCRITURES DES SUDS.

Par ÉCRITURE il ne faut pas comprendre seulement la transcription de lettres ou de mots à déchiffrer. Pour nous ÉCRITURES (au pluriel), est considéré dans le sens de signatures identitaires, de marques distinctives d’une culture.

Pourquoi des Suds et non du Sud ? Voilà la question qui revient toujours ? Eh bien c’est parce que nous prenons chaque pays du Sud avec ses particularités culturelles, ses spécificités, ses différences. Car pour nous, la diversité n’est rien d’autre que la somme des différences acceptées par tous.

L’association ÉCRITURES DES SUDS est composée de plusieurs cellules correspondant chacune à une activité précise. Par exemple : la cellule SOIRÉE-SÉSAME organise des lectures publiques à domicile avec des lycéens ; la cellule CARREFOUR organise dans des lycées des rencontres entre de jeunes artistes (auteurs ou plasticiens) et les élèves, etc…

Le championnat d’orthographe dont la cérémonie de clôture nous réunit ici aujourd’hui est l’activité de la cellule CHAMPI’ORTHO.

Votre présence, Mesdames, Messieurs, nous fait oublier toutes les difficultés que nous avons rencontrées sur notre chemin. Des difficultés auxquelles nous nous attendions du reste car nous savions déjà qu’il est plus facile d’organiser un concours de « couper-décaler, de « bobraba » ou de « battle dance », qu’un championnat d’orthographe. Mais notre foi est notre force. Nous savons que nous sommes sur la voie royale et que d’autres personnes partageant notre idéal se joindront à nous pour lutter en faveur d’une bonne maîtrise de la langue française par les élèves.

Mesdames, Messieurs, tout en vous réitérant mes remerciements au nom de l’association EDS, je vous souhaite de passer une agréable matinée en notre compagnie.

MERCI.

27.4.09

AVE MAGISTER : JE VOUS SALUE MON MAIRE...


Après des semaines d’effervescence politique, d’agitations, de turbulence, de cacophonie, d’exercices de « technologie électorale » pour trouver le tuyau juste de la fraude presque parfaite, les tam-tams politiques se sont tus, les clameurs des foules se sont estompées. Les communales 2009, c’est déjà dans le grenier malien de l’histoire des élections. Des maires sont élus. Des partis sont sortis vainqueurs. Peu importe la manière. Maintenant, il faut compter avec le nouveau maire ou le maire renouvelé. Mais je ne peux pas m’empêcher de partager ma réflexion sur ces élections.
Le déroulement des campagnes, les propos des différents candidats, le comportement des électeurs potentiels, l’ambiance du jour d’élection dans les lieux de vote et les résultats proclamés, c’est toujours le même train-train africain. Un train-train qui montre à suffisance que nous avons encore du chemin à faire pour considérer une élection de maire comme une affaire de la communauté dont l’importance transcende de loin les affinités sociales, les intérêts partisans ou ethniques, la satisfaction immédiate de besoins alimentaires ou pécuniaires ponctuels. En effet, le schéma des campagnes électorales est toujours le même : on récupère les jeunes déjà atteints du virus TST (Thé/Sucre/T-shirt), on les formate dans la dépendance et dans la démagogie, on les utilise le temps de l’élection en leur faisant entendre ce qu’ils ont vraiment envie d’entendre. On vend des rêves à bon marché, en faisant croire qu’on peut, une fois élu, résoudre tous les grands problèmes des populations : santé, hygiène, éducation, logement… On utilise aussi la pauvreté des populations pour les obliger à donner leurs voix le jour de l’élection. Comme ces enfants qui bénéficient de la générosité de circonstance du candidat de leur commune pour le grand bonheur des parents qui ne jurent plus que par son nom. Comme ces personnes à qui un parti propose deux mille francs CFA pour prendre un bulletin où une empreinte existe déjà dans la case de son candidat et qui devront retourner avec le bulletin officiel fourni dans le bureau de vote. Comme ces « mercenaires » qui ont des centaines de cartes frauduleuses à placer pour faire voter d’autres affamés moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Comme ces délégués achetés ou vendus à la dernière minute dans le bureau de vote, par un parti prétendu puissant, pour faire compter le maximum de voix à son candidat.
Et dire que chaque cinq ans, le même scénario se répète ! Avec, presque toujours, le même résultat : le maire naguère bonhomme affable, généreux et sympathique devient désagréable, grincheux et antipathique. Sans jeu de mot, le maire devient amer. Pour quatre ans et demi au moins ! Hibernation.
Le maire, une fois élu, s’occupe d’abord à récupérer tout ce qu’il a dépensé pour acheter les consciences, pour jouer les jolis-cœurs de la saison des élections. Qui est fou ? Il faut vite se servir, on ne sait jamais. Les populations, on les largue aux oubliettes et désormais, on peut entendre les phrases stéréotypées du genre : « Ce n’est pas la mairie qui doit s’occuper de votre propre hygiène ! » Tant pis pour ceux qui se souviennent avoir entendu autre chose lors des campagnes. Les élections, c’est fini. On peut briser la calebasse après avoir bu, jeter l’échelle après avoir grimpé. Parce qu’on sait que le peuple ici a la mémoire courte. Le peuple ici, en grande partie, ne réfléchit pas à long terme. Parce qu’on sait que la jeunesse ici est indolente, laxiste, adepte de la facilité et de l’immédiateté. La jeunesse ici ne raisonne pas, mais résonne. Comme une cloche. Alors, le maire, ici, une fois élu, peut voler tranquille, manger tranquille, dormir tranquille.
J’en suis à me demander si les grandes campagnes de sensibilisation sur la jeunesse et la citoyenneté atteignent leur objectif principal qui est, à mon avis, la prise de conscience par les jeunes de leur rôle de force vive capables, à travers des actes citoyens responsables c’est-à-dire dénués d’égoïsme, de sectarisme et de mercantilisme, d’influencer positivement le développement du pays à tous les niveaux. Les jeunes auraient-ils démissionné de leur rôle de veilleurs et d’éveilleurs des consciences ? Si tel était le cas, sur qui pourrait compter le pays pour la naissance d’une nouvelle génération d’hommes politiques moins malhonnêtes, moins corrompus, moins insouciants, moins démagogues, moins pervers, moins arrivistes, moins roublards ?
Va-t-on laisser encore longtemps des partis politiques nous imposer leurs hommes sans exiger d’eux une feuille de route à respecter rigoureusement pour justifier ou valoriser notre acte civique et citoyen ? En tout cas, pour 2009, les carottes sont cuites. Rendez-vous est pris pour 2014, pour le bilan. En espérant qu’il y aura moins de « Si je savais… ».
Cela dit, bonjour monsieur le Maire, bonne arrivée et bonne chance ! Je prierai assidûment pour vous, afin qu’aucun de vos administrés frustrés ne vienne un jour frapper à la porte de votre conscience avec un douloureux Ave Magister du genre : « Je vous salue mon maire, plein de rage ! Le Seigneur est avec nous, sinon, voyez-vous, la Commune, fruit de vos entailles, est pourrie… »

Bien à vous.

MINGA Siddick

ACE MAGISTER : JE VOUS SALUE MON MAIRE...


Après des semaines d’effervescence politique, d’agitations, de turbulence, de cacophonie, d’exercices de « technologie électorale » pour trouver le tuyau juste de la fraude presque parfaite, les tam-tams politiques se sont tus, les clameurs des foules se sont estompées. Les communales 2009, c’est déjà dans le grenier malien de l’histoire des élections. Des maires sont élus. Des partis sont sortis vainqueurs. Peu importe la manière. Maintenant, il faut compter avec le nouveau maire ou le maire renouvelé. Mais je ne peux pas m’empêcher de partager ma réflexion sur ces élections.
Le déroulement des campagnes, les propos des différents candidats, le comportement des électeurs potentiels, l’ambiance du jour d’élection dans les lieux de vote et les résultats proclamés, c’est toujours le même train-train africain. Un train-train qui montre à suffisance que nous avons encore du chemin à faire pour considérer une élection de maire comme une affaire de la communauté dont l’importance transcende de loin les affinités sociales, les intérêts partisans ou ethniques, la satisfaction immédiate de besoins alimentaires ou pécuniaires ponctuels. En effet, le schéma des campagnes électorales est toujours le même : on récupère les jeunes déjà atteints du virus TST (Thé/Sucre/T-shirt), on les formate dans la dépendance et dans la démagogie, on les utilise le temps de l’élection en leur faisant entendre ce qu’ils ont vraiment envie d’entendre. On vend des rêves à bon marché, en faisant croire qu’on peut, une fois élu, résoudre tous les grands problèmes des populations : santé, hygiène, éducation, logement… On utilise aussi la pauvreté des populations pour les obliger à donner leurs voix le jour de l’élection. Comme ces enfants qui bénéficient de la générosité de circonstance du candidat de leur commune pour le grand bonheur des parents qui ne jurent plus que par son nom. Comme ces personnes à qui un parti propose deux mille francs CFA pour prendre un bulletin où une empreinte existe déjà dans la case de son candidat et qui devront retourner avec le bulletin officiel fourni dans le bureau de vote. Comme ces « mercenaires » qui ont des centaines de cartes frauduleuses à placer pour faire voter d’autres affamés moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Comme ces délégués achetés ou vendus à la dernière minute dans le bureau de vote, par un parti prétendu puissant, pour faire compter le maximum de voix à son candidat.
Et dire que chaque cinq ans, le même scénario se répète ! Avec, presque toujours, le même résultat : le maire naguère bonhomme affable, généreux et sympathique devient désagréable, grincheux et antipathique. Sans jeu de mot, le maire devient amer. Pour quatre ans et demi au moins ! Hibernation.
Le maire, une fois élu, s’occupe d’abord à récupérer tout ce qu’il a dépensé pour acheter les consciences, pour jouer les jolis-cœurs de la saison des élections. Qui est fou ? Il faut vite se servir, on ne sait jamais. Les populations, on les largue aux oubliettes et désormais, on peut entendre les phrases stéréotypées du genre : « Ce n’est pas la mairie qui doit s’occuper de votre propre hygiène ! » Tant pis pour ceux qui se souviennent avoir entendu autre chose lors des campagnes. Les élections, c’est fini. On peut briser la calebasse après avoir bu, jeter l’échelle après avoir grimpé. Parce qu’on sait que le peuple ici a la mémoire courte. Le peuple ici, en grande partie, ne réfléchit pas à long terme. Parce qu’on sait que la jeunesse ici est indolente, laxiste, adepte de la facilité et de l’immédiateté. La jeunesse ici ne raisonne pas, mais résonne. Comme une cloche. Alors, le maire, ici, une fois élu, peut voler tranquille, manger tranquille, dormir tranquille.
J’en suis à me demander si les grandes campagnes de sensibilisation sur la jeunesse et la citoyenneté atteignent leur objectif principal qui est, à mon avis, la prise de conscience par les jeunes de leur rôle de force vive capables, à travers des actes citoyens responsables c’est-à-dire dénués d’égoïsme, de sectarisme et de mercantilisme, d’influencer positivement le développement du pays à tous les niveaux. Les jeunes auraient-ils démissionné de leur rôle de veilleurs et d’éveilleurs des consciences ? Si tel était le cas, sur qui pourrait compter le pays pour la naissance d’une nouvelle génération d’hommes politiques moins malhonnêtes, moins corrompus, moins insouciants, moins démagogues, moins pervers, moins arrivistes, moins roublards ?
Va-t-on laisser encore longtemps des partis politiques nous imposer leurs hommes sans exiger d’eux une feuille de route à respecter rigoureusement pour justifier ou valoriser notre acte civique et citoyen ? En tout cas, pour 2009, les carottes sont cuites. Rendez-vous est pris pour 2014, pour le bilan. En espérant qu’il y aura moins de « Si je savais… ».
Cela dit, bonjour monsieur le Maire, bonne arrivée et bonne chance ! Je prierai assidûment pour vous, afin qu’aucun de vos administrés frustrés ne vienne un jour frapper à la porte de votre conscience avec un douloureux Ave Magister du genre : « Je vous salue mon maire, plein de rage ! Le Seigneur est avec nous, sinon, voyez-vous, la Commune, fruit de vos entailles, est pourrie… »

Bien à vous.

MINGA Siddick

7.4.09

CIRCULATION ROUTIÈRE Mais... Que fait la police ?

« Hé, les policiers d’aujourd’hui ! » Cette expression de lassitude et de désaveu de nos hommes en bleu, on peut l’entendre mille fois par jour. Dans la rue, dans une sotrama, un taxi ou sur une moto. C’est aussi l’expression d’un ras-le-bol face aux comportements de plus en plus légers de ces hommes qui devraient faire des efforts pour nous inspirer confiance. Même si la police a la peau si lisse que toute critique lui glisse sur le corps, il n’y a pas à se lasser de révéler leurs insuffisances graves qui portent atteinte à l’honorabilité de toute la corporation.

Je suis conscient que les policiers de la plupart des pays de la sous-région souffrent tous de la « racketmania ». Et certains hauts responsables du Corps n’hésitent même pas à brandir cela comme une sorte d’excuse face aux dérapages de leurs hommes. Mais je sais aussi qu’il y a un pays voisin dont les policiers sont considérés comme des modèles de l’honnêteté et de l’intégrité. Alors ! Pourquoi continuer à faire croire que le racket est une tare inhérente à la police ? Veut-on nous faire désespérer de la capacité de changement de nos forces de l’ordre ?

Revenons sur le comportement quotidien de nos amis en bleu. A des carrefours très sensibles où ils se retrouvent à deux, trois ou quatre pour réguler la circulation ou pour des contrôles d’usage, il n’est pas rare de voir les policiers occupés à autre chose : calculs PMU, thé ou causettes galantes. En attendant que passent des sotramas, ou des taxis. J’ai souvent pris mon temps pour observer de loin le comportement de ces hommes en uniforme avec les chauffeurs des minibus verts de la capitale. Et de ces observations, j’ai beaucoup appris. Assez pour écrire plusieurs chroniques à la fois drôles et ahurissantes sur la police, vue de Bamako.
Tenez ! Vous est-il déjà arrivé de voir un policier en train d’aider un apprenti à pousser une sotrama sans démarreur, après avoir pris ses 500 francs ? Moi, si. J’ai aussi vu un policier arrêter un jeune motocycliste qui téléphonait avec son portable en pleine circulation. Après le coup de sifflet, le jeune est allé à lui et, curieusement, en voyant le portable du motocycliste, le policier lui a plutôt demandé s’ils pouvaient échangé. Sinon, il le verbaliserait pour l’infraction, vu que téléphoner en circulation est interdit par la loi. Pour conserver son portable, le jeune a dû payer 2 000 FCFA au policier et, en reprenant son engin, j’ai vu le fautif lancer un appel. Puis, il s’est éloigné le portable collé à l’oreille, au nez et à la barbe des policiers.
Ailleurs, j’ai vu, un soir, une sorte d’éminence grise à bord d’une grosse cylindrée grise, faisant le tour d’un rond point où veille un groupe de policiers, conduisant d’une main, l’autre tenant le portable à l’oreille. On l’a vu faire sa manoeuvre avec une lenteur exaspérante et s’éloigner lourdement, suscitant l’énervement chez certains usagers. Mais aucun policier n’a daigné adresser un coup de sifflet au « boss » inconscient. Ils ont tous fait semblant de ne pas le voir. Les coups de sifflet, en général, c’est pour les sotramas et quelques fois des taxis.
Une autre fois, une nuit, un camion à phare unique n’échappe pas à la vigilance d’un policier. Coup de sifflet. Le chauffeur, sans s’arrêter, lance au policier que le véhicule appartient à monsieur Untel (il dit le nom d’un député bien connu) et continue sa route. Aucune réaction du policier.
Alors, question ! Pour qui ou contre qui existe la police ? Les policiers doivent-ils montrer aux citoyens anonymes qu’ils sont tous des minus habens et que ce sont eux qui doivent être frappés par la loi ? La citoyenneté est-elle devenue aujourd’hui une affaire de classe sociale ? Les mesures discriminatoires des policiers dans l’application de la loi relative à la circulation routière ne sont-elles pas à l’origine du manque de respect dont ils son l’objet ? Cette logique de deux poids deux mesures appliquée par les policiers ne contribue-t-elle pas à souiller davantage l’image d’un corps déjà trop sali par des affaires scabreuses, des histoires rocambolesques indignes des forces dites de l’ordre ? Doit-on jouer les résignés devant la dégradation des moeurs policières en arguant que « les policiers sont maudits » et que, quoi qu’on fasse « ils ne vont jamais changer » ?

Et pourtant, il y a dans ce pays des policiers très braves qui ont fait et qui font preuve de compétence, de rigueur, d’honnêteté, de dignité et d’intégrité. Des policiers rompus à la tâche qui peuvent être considérés comme des modèles, des repères. Ces policiers-là devraient pouvoir donner des leçons à ces nouveaux jeunes qui vont à la police non pas par vocation, mais par obligation sociale. Ces jeunes dont la plupart ont été vomis par l’école pour insuffisance intellectuelle ou mauvaise conduite et dont les parents payent de l’argent pour une place à la police.

Il est donc temps que les vieilles icônes de la police viennent au secours de leurs héritiers pour guérir un corps dont dépendent la sécurité des citoyens et la paix sociale. Alors, on pourra dire à haute et intelligible voix, sans forfanterie ni démagogie : « Vive la police malienne ! »
Peut-être faudrait-il aussi créer une police des polices efficace qui veille vraiment au grain et qui s’occupe, de façon indépendante, à extirper l’ivraie du jardin bleu.
Avant ce sarclage, chacun doit pouvoir supporter encore les indécences, l’incivisme et la discourtoisie des « policiers d’aujourd’hui ».

En attendant, la drôle de relation de sinankouya corporative qui se développe entre les hommes en bleu et les conducteurs de véhicules verts peut bien inspirer des étudiants en sociologie pour leurs mémoires de fin d’études.

Bien à vous.






















30.3.09

AFFAIRE DJANGUINÉ-SADIO-MARIAM : Mariage ou mirage ?

Depuis le jeudi 19 mars dernier, une histoire flottant entre l’absurde et le rocambolesque nourrit toutes les conversations, à la maison, au travail, dans les grins ou même dans la rue. On assiste ainsi, sans trop s’en rendre compte, à la naissance d’une grande légende populaire qui, dans dix ans, cent ans, mille ans, va figurer dans l’almanach des contes et légendes les plus fabuleux de notre civilisation de plus en plus bancale. L’histoire sera alors bien assaisonnée et enrichie avec tous les ingrédients de la mystification savamment concoctés.
De quoi s’agit-il ? Monsieur Djanguiné Konté veut se marier. Un ami à son père lui fait une proposition. Il a sa griotte qui est prête à donner sa nièce en mariage. Cela convient à Djanguiné. Alors, très vite on met les petits plats dans les grands pour concrétiser l’union. En moins d’un mois ! Mais mademoiselle Gakou n’aurait vu son fiancé pour la première fois que le soir du mercredi 18 mars. Annoncé comme directeur d’une banque régionale à Kayes, le fiancé se serait présenté à sa dulcinée qu’il venait de découvrir comme un simple chauffeur. Le jeudi matin, tout se serait passé comme un bon matin de mariage. Jusqu’au moment fatidique de la célèbre question. « Oui », a dit l’homme. « Non », a répondu la femme. C’était à la mairie de Sogoniko (la commune VI du District de Bamako). De la bouche de ceux qui étaient tous là pour dire au couple « Heureux ménage ! », on entendait plutôt : « Que c’est dommage ! » Tant de mots ont déjà été dits ou écrits pour décrire l’atmosphère lourde de la salle : stupeur, horreur, douleur, indignation, humiliation, consternation, indicible, inadmissible, incompréhensible… ingnafognable* !!!

Puis l’ange Gabriel inspira une certaine Mariam. Décidément, les Marie ont de la chance ! Sortie de nulle part, la pauvre vendeuse de pâtés jusque-là inconnue, anonyme, va voler au secours du fiancé paumé, embrumé, assommé par les violentes déflagrations du NON magistral, cinglant et désormais canonique de la fiancée rebelle.

Un mariage sur fond de mirage est annulé in extremis. Un autre mariage, à la limite du surréalisme, va être célébré en remplacement. Mais pas à la mairie. Question de respecter la quinzaine entre la publication du ban et la célébration officielle. En attendant, la nouvelle mariée est devenue la plus grande star du premier trimestre 2009 au Mali. Ses photos s’arrachent comme de petits pains sur le marché du sensationnel et des radios de la capitale lui accordent des heures entières. Plusieurs personnalités et entreprises ont même décidé de sponsoriser le mariage miraculé – ou miraculeux ? – du siècle. Beaux réflexes de solidarité.

Mais au-delà de l’aspect « faits divers » de l’événement et de son goût « croquette », je crois que l’affaire Djanguiné-Sadio-Mariam révèle avec violence d’énormes problèmes dans notre société qui, après avoir perdu ses repères culturels, perd aussi son équilibre humain.

D’abord la mentalité qui a conduit à la conclusion d’une union sans que les deux intéressés n’aient eu le temps de se rencontrer, d’échanger, d’apprendre à se connaître**. Car le mariage n’est pas seulement qu’une affaire de volonté mais bien plus une affaire d’amour. Et l’amour n’est pas seulement un sentiment, c’est aussi une sensation. Et une sensation, c’est beaucoup lié à la dimension physique ou matérielle de la réalité de l’autre. L’omission de cette dimension n’empêche pas forcément la réalisation d’un rêve de mariage, mais un tel mariage résiste difficilement aux épreuves du temps et du milieu. Dans le cas de Djanguiné et Sadio, il semble que la mère et la tante de Sadio voulaient se faire de l’argent sur le dos de leur fille.

La fille aurait dit qu’elle ne voulait pas de cette union mais devant la menace de sa mère de la renier, Sadio aurait accepté de supporter la situation. Elle aurait donc décidé d’aller jusqu’à la mairie. Avec certainement sa petite idée derrière la tête. Devant une autorité témoin de la Loi, elle allait dire NON. Non pas pour humilier qui que ce soit, son malheureux fiancé ou sa famille, mais pour donner une leçon. Une leçon à tous ces parents qui n’ont pas encore compris que les temps ont changé pour de bon, et que des parents qui ne respectent pas les droits de leurs enfants ne méritent aucun respect de la part de ces derniers. Une leçon à tous ces parents qui croient pouvoir assouvir leur appétit de gain facile en ’’vendant’’ leurs filles à des hommes supposés riches. Une leçon à tous ces hommes qui pensent qu’un simple titre social peut suffire pour être « champion » sur n’importe quel terrain. Une leçon de droit à la parole, à la liberté de choix. Une leçon d’émancipation. Peu importe là où elle se donne cette leçon. Si des parents croient pouvoir abuser de leurs droits à la maison, pour imposer leurs choix à leurs enfants, ceux-ci peuvent leur donner publiquement la preuve qu’ils sont capables de renverser à vapeur, à tout moment et de la façon la plus inattendue qui soit. N’en déplaise aux ardents défenseurs de l’autorité suprême et indiscutable des parents. Des parents qui justifient par la tradition tout ce qui les arrange, mais vomissent sur cette même tradition quand elle les dérange. Les temps ont vraiment changé. Les mariages forcés ou arrangés sont d’un siècle révolu. Et une fille peut dire NON si cette négative lui permet d’affirmer sa féminité, que dis-je, sa personnalité, son statut humain. Oui, une fille peut dire NON. Même devant un maire. Et une fille doit dire NON si c’est pour mieux s’épanouir.

Voilà pourquoi je ne comprends pas que tout le monde voue Sadio aux gémonies et élève Mariam au rang d’une icône. Même si elle a dit NON parce qu’elle a fini par savoir que Djanguiné n’est pas directeur de banque mais chauffeur, Sadio a le droit de le dire à la mairie, si ailleurs on n’a pas voulu l’écouter.

L’autre problème social que révèle cette affaire, c’est la souffrance des femmes seules qui sont prêtes à tout pour avoir un homme. Comme la sacrée Mariam qui a fait preuve d’un courage inouï en allant se jeter dans les bras du fiancé déchu. Et si un tel acte a été possible, c’est aussi parce que les temps ont bel et bien changé. Mais, paradoxe de la raison humaine, on maudit Sadio pour avoir enfreint à la loi du respect des parents et on applaudit Mariam qui a choisi son mari de façon publique avant d’informer sa famille. Et Dieu seul sait combien de Mariam sont autour de nous, guettant toujours une fissure dans une union pour s’infiltrer et s’installer. Dieu seul sait combien parmi ces femmes qui vendent des beignets, des pâtés, des oranges, des bananes ou des arachides, sont des Mariam potentielles, passant par le biais du petit commerce pour rechercher un compagnon. Dès lors, je ne vois rien d’extraordinaire dans le comportement de Mariam qui, loin de sauver l’honneur bafoué d’un homme
« humilié » par une femme comme le prétendent certains, a tout simplement profité de ce drame social pour se caser. Elle ne savait pas que cet acte lui vaudrait la célébrité qu’elle connaît aujourd’hui, malgré elle. A chacun son étoile !


Sans minimiser l’extraordinaire élan de solidarité manifesté ça et là, je m’interroge sur la profondeur des liens dans le genre de mariage qui unit aujourd’hui Monsieur Konté et Mademoiselle Kanté, au-delà de la rime des noms. Bien sûr, je peux avoir tort de résister à la contagion populaire de l’enthousiasme autour d’un événement fantasmagorique. Et je ne peux pas m’empêcher de souhaiter « heureux ménage » au nouveau couple. Pourvu que, passée l’euphorie, ce mariage ne se transforme pas en mirage et qu’on ne se mette pas à jeter des cauris pour préserver l’essentiel.

Dans tous les cas, l’histoire retiendra qu’une certaine Sadio a dit un jour, devant Dieu et les hommes, mais surtout à ses parents cupides et à un mari imposé, un NON inoubliable. Et je lui dis : « Joli coup, Miss Gakou ! »

Bien vous.

MINGA Siddick

* Néologisme franlinké (français-malinké) signifiant : qu’on ne peut pas raconter.
** Je fais volontairement fi de la version selon laquelle Djanguiné et Sadio vivaient déjà ensemble depuis deux ans.

24.3.09

DÉMOCRATIE AFRICAINE

Les faux défis de Khaddafi

Le vent de la démocratie des années 90 a secoué sur le continent africain de vieux baobabs de la tyrannie et du despotisme. Devant la menace des Occidentaux de priver de jus les molosses du Sud qui n’abandonneraient pas leur façon éhontée de gouverner, de nouvelles inspirations ont fleuri partout, introduisant surtout en Afrique la notion du partage du pouvoir.
C’est alors que, dans de nombreux pays, après des sacrifices parfois inimaginables, grâce à des oppositions fortes, les Lois Fondamentales vont être « revues et corrigées » avec comme principale preuve de l’assimilation de la leçon de la Baule, la limitation des mandats à deux. De cinq ans chacun, en général. On avait même fini par s’habituer à cette expression modèle des nouvelles constitutions africaines : « Un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. »
On pouvait parler alors de contagion politique vu l’enthousiasme de tous les pays à s’inscrire dans le registre d’une « nouvelle ère démocratique ». Nombreux sont les intellectuels du continent qui ont applaudi ce changement de cap dans la gestion du pouvoir.
Bien évidemment, les plus heureux étaient ceux qui semblaient faire carrière dans l’opposition et qui voyaient défiler les années sans espoir d’être élus un seul jour à la tête de leurs pays. Parmi ces opposants, ceux qui ont vu s’ébranler de façon naturelle les obstacles à leur accession au trône ont commencé par introduire la « formule magique » dans la Constitution du pays. Ainsi, après la pluie des agitations politiques, il y eut comme un doux vent charriant une bonne dose d’espérance.
Des chefs d’État jadis infréquentables ont même changé leur fusil d’épaule pour se rendre non seulement sociable et serviable, mais aussi imaginatif et créatif.

Beaucoup de citoyens, anonymes comme moi, naïfs comme moi, ont cru à la fin de l’absurde en politique. C’était sans compter avec la corruptibilité du pouvoir et la perversité des hommes politiques dont la sagesse – si sagesse ils en ont jamais eu – s’effrite au fil de l’exercice.
L’effet de mode est vite passé et la fascination des hauteurs qui a pris le pas sur la bonne foi a provoqué le retour à la case départ. Les vieux démons ont refait surface. Alors, valses de modifications des Constitutions. Sans État d’âme. Pêle-mêle, on peut citer : le Gabon, la Guinée-Conakry, le Togo, le Cameroun, le Tchad, l’Algérie…
Je vais pouvoir m’empêcher de parler aujourd’hui de l’hypocrisie assassine des dirigeants occidentaux qui, en excellents marionnettistes, font danser leur tango démodé à nos chers présidents et qui, devant les hécatombes provoquées par leurs conseils, se déclarent « indignés » ou « attristés ». J’en parlerai plus tard, inch’Allah.

Je veux juste m’indigner et m’attrister, moi, face au recul démocratique en Afrique. Je veux m’indigner et m’attrister devant les comportements amnésiques des dirigeants qui, gonflés par des amitiés personnelles avec des politiciens européens ou par leurs propres rêves de déité, jettent aux orties des lauriers glanés dans la douleur, au prix du sang de la jeunesse africaine abondamment versé dans les années 90, pour voir se coucher le soleil des dictatures, pures et dures ou veloutées. Pour voir se lever le jour de la démocratie, la vraie, l’universelle. Je veux m’indigner et m’attrister devant l’exploitation abusive et sans vergogne du nom du peuple, pour humilier le peuple, pour assujettir le peuple, pour tuer le peuple. Le peuple sous les Tropiques a le dos si large ! Il porte tout. Il supporte tout. Avec un stoïcisme olympien. Quasi suicidaire.
Mais je veux surtout m’indigner et m’attrister face aux propos de celui qui dit œuvrer aujourd’hui pour les « Etats-Unis d’Afrique » et à qui le destin de l’Union Africaine – son bébé – vient d’être confié pour quelque temps.
"Je prends parti pour les amendements des Constitutions africaines. Je suis pour la liberté de la volonté populaire, il faut que le peuple choisisse celui qui doit le gouverner, même pour l'éternité… Ce que je voudrais dire, c'est qu'annuler ou supprimer tout article qui limite le mandat du président, ce n'est pas antidémocratique".
Voilà un extrait des déclarations de Sieur Kadhafi à l’occasion d'un banquet à la présidence nigérienne il y a quelques jours. Après son malheureux soutien explicite aux putschistes de Nouakchott. Personnellement, je trouve ces propos tristes et désolants de la part de celui qui, depuis plusieurs années déjà, apparaît comme le nouveau héraut de l’unité africaine, du panafricanisme.
A coup sûr, dans un pays on l’on parle de plus en plus d’amendement de la Constitution, ces phrases ne peuvent que donner des ailes au pouvoir pour mieux s’asseoir. A coup sûr, quand on connaît le poids du Guide en petro-dollars et son aura envoûtante dans la sous-région, ces paroles ne peuvent que donner des idées à d’autres dirigeants qui avaient secrètement cette envie de « faire la chose » mais manquaient encore de volonté et de courage.
Je crois que le président Muammar Khaddafi – un nom dont la complexité de l’orthographe est à l’image de l’ambiguïté du personnage – n’a pas pensé à la jeunesse en encourageant l’éternité au pouvoir. Il n’a pas pensé à l’avenir du continent qu’il dit aimer par-dessus tout. Il n’a pas pensé à tous ceux qui ont donné leur vie pour qu’enfin l’Afrique connaisse la paix durable grâce à la démocratie. Il n’a pensé qu’à lui seul et à tous ses pairs qui lui mangent dans la main et qui seront prêts à tout pour que lui, l’éternel Colonel – il est peut-être juste quelque part – soit le président à vie du futur pays qu’on appellera « Les Etats-Unis d’Afrique ». Lui qui est au pouvoir dans son pays depuis 40 ans ! Et qui sait si, dans l’histoire du continent, on ne parlera pas un jour de la dynastie des Khaddafi.
Si toutes les dernières déclarations de Khaddafi sont l’expression de défis qu’ils veut lancer à l’intelligentsia africaine, c’est bien son droit. Mais j’estime que les vrais défis sont ailleurs.

Et dire que moi aussi j’avais commencé à être séduit par cet homme ! Tiens, ma grand-mère avait donc raison, elle qui me disait souvent : « Il vaut mieux ne jamais prendre de mauvaises habitudes car, vois-tu, le vieux molosse ne laisse plus sa façon éhontée de s’asseoir. » Je comprends mieux pourquoi on dit que l’habitude est une seconde nature.

Bien à vous.


MINGA Siddick

12.3.09

LA FEMME AFRICAINE...


Une journée pour quoi ?

Chaque année, le 08 mars, je ne peux m’empêcher de voir défiler sur l’écran de mon esprit, tous les clichés liés à la femme qui conditionnent encore malheureusement la vie de nombre d’entre elles.
La femme : Bête de somme, Bonne à tout faire, Belle et bête, Bombe sexuelle. Cette femme-là, elle existe encore hélas partout, dans tous les villages, toutes les villes, tous les pays.
Même si aujourd’hui on peut se réjouir du progrès réalisé par les hommes dans la reconnaissance aux femmes de leur droit à l’éducation, à la promotion sociale, à l’émergence politique, il est important de dire que la majorité des femmes sont encore dans les fers des préjugés socioculturels et sous le joug d’une phallocratie qui a encore de beaux jours devant elle.
L’institution par les Nations Unies d’une journée internationale de la Femme est, à mon sens, une opportunité donnée à nos mères, nos sœurs, nos épouses, qui ont eu la chance de se libérer du carcan de la domination mâle, pour éclairer et aider à s’affranchir celles de nos mères, nos sœurs et nos épouses qui vivent encore douloureusement leur féminité qu’elles considèrent comme la rançon légitime de l’impertinence supposée d’Éve dans le Jardin d’Éden. C’est aussi une occasion donnée aux hommes pour mesurer le degré de leur tolérance à l’égard de l’autre sexe qui doit être traité non plus comme « faible » ou simplement « beau », mais plutôt comme « égal », c’est-à-dire aussi fort et dépouillé des fioritures de la misogynie.
Ainsi, chaque 8 mars, les femmes sont appelées à faire le bilan de leur parcours de battantes et de combattantes pour le droit à la parole et à l’équité du genre. Elles doivent aussi prendre la mesure du chemin à parcourir pour amener d’autres femmes (notamment les analphabètes et les souffre-douleur des campagnes et des bidonvilles) au même stade d’émancipation et d’épanouissement qu’elles.
Mais est-ce bien cela que nous constatons le 8 mars ? Je crois que non. La contagion du folklore des politiques a pris le pas sur la signification profonde de la Journée qui dès lors se limite à des parades solennelles, des exhibitions colorées organisées par des femmes regroupées par affinités pour se fêter elles-mêmes, festoyer, raconter des histoires drôles sur les hommes dont elles peuvent jouer les rôles… Juste pour montrer aux hommes qu’on peut être femme et ne pas être soumise.
La situation des femmes illettrées ou analphabètes, des femmes battues, des femmes harcelées, des femmes violées, des femmes excisées, des femmes malades de l’hépatite, du cancer, du paludisme, du sida, des femmes-appâts utilisées nues à la télé pour de la publicité, des femmes-objets des clips appelées à mettre en valeur leurs rondeurs pour le plaisir de (téle)spectateurs, des femmes condamnées à se prostituer pour survivre et parfois même faire survivre leurs familles, la situation de ces femmes-là, on en parle peu ou pas du tout.
Et, en général, ce sont les politiciens, véritables opportunistes tout-terrain, qui essaient d’en parler. Juste pour se faire remarquer et donner à croire qu’ils sont conscients de cette situation. La vérité, on la connaît.
Je me pose finalement la question de savoir si la femme a vraiment besoin d’une journée internationale pour se rappeler sa féminité et se moquer des hommes ?
Nos femmes écrasées par le poids du machisme de notre société ont-elles démissionné au point de ne retenir dans la célébration du 8 mars que la triptyque « défilé-discours-festin » qui n’aide en rien celles qui ignorent encore tout des inconvénients de l’excision, du mariage précoce, du lévirat et des grossesses rapprochées ?
Dans ce cas, il vaudra mieux abandonner la célébration du 8 mars. Ça nous fera moins de folklore. Mais je tiens à faire une précision : je ne suis pas féministe et je suis loin d’être anti-féministe.
Je serai prêt, à coup sûr, à militer en faveur de l’institution d’une Journée internationale de l’homme si la polyandrie se généralise. S’il y a de plus en plus d’hommes battus par leurs femmes. Si tous les pays sont gouvernés par des femmes qui refusent le travail des hommes. Si l’homme est appelé « sexe faible » ou « sexe laid ». Si… Safroulaye !

Bien à vous.

MINGA Siddick

MUGABÉ, EL-BÉCHIR…


Des os dans la gorge !

S’il y a en Afrique des personnes qui déplorent tout ce qui a un relent néo-colonialiste ou impérialiste dans les rapports entre notre continent et les actuels descendants des colons, j’en fais partie. S’il y en a qui comprennent mal la logique du « deux poids, deux mesures » que semble appliquer ce monstre hybride appelé « Communauté internationale » qui semble ne reconnaître vraiment un péché que lorsqu’il est commis par un Africain, je suis de ceux-là. L’honneur et la dignité du continent noir sont pour moi sacrés et inaliénables. C’est justement pour cela que je refuse de soutenir des « roitelets » africains imbus de leur carence, de leur arrogance et de leur capacité de nuisance qui couvrent d’opprobre le continent. Les arguments avancés ça et là pour défendre ces « roitelets » - j’adore ce mot de Robert Ménard de Reporters sans Frontière - me semblent à la fois insuffisants et complaisants

Par exemple, certains intellectuels de chez nous pensent que Robert Mugabé est injustement victime d’un acharnement des Occidentaux à cause de son franc-parler et de sa politique ultra-nationaliste. « Les Blancs sont contre le pauvre Mugabé parce qu’il les empêche de piller son pays », ai-je maintes fois entendu dire autour de moi. C’est une façon de comprendre le bras de fer entre Mugabé et les parrains du Nord. Mais moi, ma réflexion, je l’oriente autrement. Mugabé est-il un président démocrate ? Milite-t-il en faveur du bien-être de son peuple ? Fait-il au quotidien tout ce qu’il peut faire pour réduire le taux de misère et de paupérisation des populations des villes et des campagnes ? La fameuse réforme agraire engagée en 2000 fait-elle plus de bien que de mal aux Zimbabwéens ? Les images de femmes et d’enfants affamés ou mourant de choléra sont-elles réelles ou inventées par les médias ? Le taux d’inflation de 100 000 % (le plus important au monde) est-il aussi une vue de mauvais esprits ou une machination ? Pourquoi « le pauvre Mugabé » s’entête-t-il à nier que les choses vont mal dans son pays ? Ce nihilisme effronté est-il un ingrédient de son nationalisme exacerbé ou une simple cuirasse contre le déshonneur ? Est-ce normal qu’après 28 ans au pouvoir, celui qui vient de fêter avec faste ses 85 bougies pense encore à un septième mandat ? Tous ceux qui soutiennent Robert Mugabé aujourd’hui sont-ils vraiment de bonne foi ou sont-ils tout simplement emportés par un africanisme irrationnel ? Sont-ils prêts à accepter que le président de leur pays se conduise comme Mugabé et que leur pays se trouve dans la même impasse économique que le Zimbabwé ? Je n’en suis pas certain. Mugabé sait qu’il a dans la gorge un os très dur mais il a des sympathisants sous hypnose qui donnent de la voix.

Il en va de même pour notre cher Béchir. Il reste solide comme un roc face à toutes les critiques à l’endroit de ses miliciens (les Janjawids) qui sèment la mort et la désolation sur leur passage au Darfour. Ce territoire de l’ouest du Soudan ou plus de 300 000 personnes ont déjà péri. Il se moque de la justice divine, a fortiori de celle des hommes. Aujourd’hui encore, des voix s’élèvent pour le soutenir depuis que le mandat d’arrêt contre lui est effectif. On crie au complot, et à l’injustice. On crie à la volonté de créer le chaos. Comme si le chaos n’était pas déjà installé là ! Comme s’il faut attendre qu’il y ait plus de morts, plus de blessés, plus de déplacés, plus de réfugiés, plus de désespérés ! Alors on parle d’une autre solution à la crise. Quelle est cette autre solution et pourquoi n’a-t-elle pas été encore trouvée depuis 2003 ? Et, considérant la chasse aux ONG humanitaires du Darfour comme la conséquence logique du mandat d’arrêt contre le président soudanais, personne ne s’émeut outre mesure du sort réservé aux hôtes des camps de réfugiés. Ils peuvent mourir. Ainsi, même si Omar El-Béchir a un gros os dans la gorge, il peut avoir confiance en ses suiveurs qui battront le pavé pour lui, pour donner l’impression que c’est lui le seul maître à bord.

Mais ce qui me paraît le plus intéressant dans les cas Mugabé et El-Béchir, c’est la réaction parfois épidermique de certains chefs d’État du continent. Il y en a qui piquent des crises de nerfs dès qu’on parle de condamnation, de justice international, de mandat d’arrêt. Loin de penser que leurs pairs sont innocents, ils ont peur pour eux-mêmes et se sentent obligés de soutenir les autres pour être soutenus à leur tour. Parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas propres, eux non plus. Parce qu’ils savent que la roue de l’histoire tourne et qu’un jour le maître peut se retrouver à la place de l’esclave et l’esclave à la place du maître. Parce qu’ils savent que la vérité et la justice finissent toujours par triompher. Alors, on soutient. À tout vent. On voit des mains noires, des services secrets, des ennemis, des rebelles. On voit le diable partout. À force de l’invoquer peut-être. Et les contradictions que révèlent ces réactions, nul n’en a cure. On est démocrate. On lutte contre l’impunité, la bonne gouvernance, la justice sociale. On travaille pour la paix. Pour le reste, les autres peuvent dire ce qu’ils veulent.

En attendant une vraie justice internationale indépendante et crédible, et l’avènement d’une vraie race de dirigeants africains, nos présidents-pantins jouent leur petite comédie sur la scène internationale. Pendant que les pro-Béchir envahissent les rues au Soudan et que les pro-Mugabé assurent au Zimbabwé, les autres membres du syndicat africain des chefs d’État les soutiennent. Bon an, mal an.

Du coup, ces cas deviennent de véritables os dans la gorge de la fameuse communauté internationale qui doit savoir qu’il ne faut pas s’attendre à ce que qu’une mouche produise du miel. On ne peut pas non plus faire le bonheur d’un peuple contre le gré de son « guide éclairé », de son supposé « libérateur » ou « père fondateur », surtout pas sous les Tropiques où tous ceux qui prennent le pouvoir perdent la raison.

Bien à vous.

MINGA Siddick

20.2.09

L’EXCISION : Contusions et confusions à profusion !

La dernière Journée internationale de lutte contre l’excision a encore délié des langues. Alors, on a tout entendu. Des propos amers et révoltants contre cette opération traditionnelle qui consiste, dans le meilleur des cas, à sectionner, chez la femme, le clitoris. Mais aussi des propos sibyllins, teintés d’hypocrisie, en faveur d’une pratique qui, même si elle n’est pas recommandée dans le Coran, n’aurait pas été condamnée par le Prophète Muhammad (SAW). Ce dernier aurait dit de faire en sorte que la douleur ne soit pas atroce. C’est de bonne guerre. De toutes les façons, parler de « lutte contre… » suppose l’existence de forces opposées.
Peu importe si les forces sont inégales, parce que des poches de minorités pèsent plus lourd dans la balance politique et sociale. Peu importe si certains individus cherchent à sacraliser un rite profane en jouant avec l’arme sensible de la religion. Peu importe si des types de leaders peuvent continuer à mentir pour se faire plaisir, pour continuer à faire souffrir la femme, en violant l’intimité de son corps, en lui volant une partie d’elle, l’âme de sa vie sexuelle, de sa vie de femme. Peu importe…
Mais les défenseurs de l’excision ne m’ont pas encore convaincu quant à la raison fondamentale de cette opération que je trouve inhumaine, barbare, inutilement douloureuse et anachronique. J’ai entendu dire que le clitoris est un pénis en miniature et que, pour achever la féminité de la femme, il fait lui arracher cet élément « masculinisant ». J’ai entendu dire que l’extrême sensibilité du clitoris expose la femme à la frivolité et que, pour calmer les ardeurs sexuelles de la femme, il faut lui enlever ce « truc » diabolique. J’ai entendu dire que le clitoris se développe et peut prendre des proportions inquiétantes capables de compliquer l’acte sexuel et que, pour libérer la femme de cet organe gênant, il faut le lui couper. J’ai entendu dire que l’excision est l’acte qui consacre la maturité de la femme et qu’elle est l’occasion pour les vieilles d’apprendre aux jeunes filles devenues femmes par l’excision, toutes les règles sociales leur permettant d’être bonnes épouses et bonnes mères. J’ai entendu dire que ceux qui militent en faveur de la lutte contre l’excision sont des pantins déracinés qui suivent à l’aveuglette ce que disent les Occidentaux. J’ai entendu dire… J’ai entendu dire…
J’ai bien compris ces efforts d’explication de l’acte d’excision mais rien ne peut me faire accepter que tout cela justifie la pérennité de cette pratique. Si le clitoris est un petit pénis, l’homme est-il mieux placé que Dieu pour juger de son opportunité sur le corps de la femme ? A propos de la sensibilité du clitoris, ignore-t-on encore aujourd’hui que le corps de la femme (comme celui de l’homme du reste) regorge de multiples zones érogènes dont le toucher peut produire le même effet que le pauvre organe victime de son emplacement ? Ignore-t-on toujours qu’il existe des produits en pharmacie qui rendent la femme hypersensible au toucher et que l’ablation du clitoris peut être compensée autrement ? Quant à la déformation ou à l’hypertrophie du clitoris, combien de femme en sont victimes ? Comment
peut-on le savoir d’avance pour pratiquer une opération en lieu et place d’un professionnel de la
santé ? Concernant la justification par la maturité, zéro pointé ! On excise maintenant, et cela de plus en plus depuis qu’on sait que les grandes filles se rebellent contre la pratique, des bébés âgés d’une
semaine !!! N’y a-t-il pas là déjà rupture avec la tradition ? Et pour quel résultat ?
Notre attachement à nos valeurs culturelles doit-il nous empêcher de raisonner en être humain disposant de nouvelles connaissances éclairantes sur la nature, sur le monde, sur la vie ? N’est-ce pas du nihilisme que de refuser de reconnaître que les raisons qui poussaient nos ancêtres à pratiquer l’excision ne sont plus valables de nos jours ? N’est-ce pas de l’obscurantisme que de nier que l’organisme humain aujourd’hui est plus fragile que celui d’hier, à cause de l’alimentation, des conditions climatiques, des nouveaux types de maladies, du mode de vie ? Quelle étrange souplesse que d’avoir les pieds dans le XXIème siècle et la tête dans le siècle de ceux qui pensaient que c’était le soleil qui tournait autour de la terre !
Mine de rien, nombreux sont les hommes qui soutiennent que l’excision est une pratique culturelle de socialisation de la femme à sauvegarder. Comme si un rite de passage ne peut pas se faire sans blessure. Il y en a qui fondent leur foi en la fidélité de la femme sur l’ablation de son clitoris, comme si l’on ne rencontrait pas aujourd’hui des femmes excisées plus frivoles que des non-excisées !
Du haut de leur ego de mâle souffrant d’un machisme primaire, d’autres cherchent – inconsciemment pour beaucoup – un certain équilibre de la douleur entre circoncision et excision, comme si la douleur de l’enfantement n’était pas suffisante. Comme si le prépuce était un organe de la même nature que le clitoris.
Côté chiffres, selon l’Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles (AMSOPT), le pourcentage d’excisées au Mali est passé de 92 % en 1975 à 85 % en 2009. Soit une baisse de 7%. En 34 ans ! A ce rythme, il faut attendre l’année 2179 pour atteindre les 50 % !!
Dans le monde, il semble que ce sont, par jour, environ 6 000 filles ou jeunes femmes qui subissent la rigueur de la lame castratrice avec ses meurtrissures physiques et morales ! Toujours dans la confusion des justifications inintelligibles. Parce que le clitoris ne serait pas bon. Mais on peut encore continuer à psalmodier que tout ce que Dieu fait est bon. Dieu est grand ! ALLAH OU AKBAR !

Bien à vous.

MINGA

L’ÉCOLE AUJOURD’HUI : Une usine à fabriquer des crétins malfaisants ?

« Monsieur je veut savoir a quel leur vous serré à la maison je souhait vous voire pour parlé un peut de ma mémoire je soutien dans deux moi… »

Le soir où, rentrant à la maison, j’ai vu et lu ce petit message asphyxiant laissé par un jeune étudiant que je connaissais bien, j’ai eu un profond déchirement au cœur. Et, depuis, je me pose des questions. Comment un étudiant en Maîtrise de Droit (FSJP de Bamako), peut-il être si tristement pauvre en orthographe ?! Comment a-t-il bien pu arriver là où il est aujourd’hui avec une carence aussi monstrueuse !? Ce jeune, j’avais déjà échangé avec lui à plusieurs reprises. Il m’avait souvent parlé de l’enseignement dans les écoles publiques, de ses maîtres qui ne parlaient que le bambara en classe, de ses professeurs qui ne mettaient aucune rigueur dans le travail, des passages en classes supérieures qui étaient parfois négociés par les parents auprès des directeurs, et tutti quanti.
C’est vrai, l’école publique paie chèrement aujourd’hui les dérives du déclenchement chaotique du processus démocratique des années 90. Dérives mal assumées par les gouvernants et leurs opposants. Des opposants qui cherchent le pouvoir en se comportant comme s’ils n’y accéderaient jamais et qui, une fois au pouvoir, se rendent compte que le serpent qu’ils charmaient est retourné contre eux. Dérives qui ont contribué à largement politiser l’école, à gravement fragiliser le système éducatif, à pitoyablement affaiblir les enseignants et à dangereusement… abrutir les élèves.
Les enseignants, plus préoccupées par des revendications politico-syndicales ont entraîné les apprenants, désormais plus marcheurs que bosseurs. La rue ou les effets de la rue ont fini par trop rapprocher maîtres et élèves devenus tous militants et camarades. Des voiles se sont déchirées et tout ce qu’il y a de sacro-saint dans l’âme du Maître s’est trouvé piétiné et renié. Le laxisme et la complaisance se sont alors installés dans les salles de classes, donnant naissance à l’inconscience, à l’incompétence et à l’obscurantisme. Ce phénomène de dégradation progressive du niveau scolaire n’est allé à l’insu de personne. Les élèves interrogés accusent les enseignants qui seraient absentéistes et incompétents . Les enseignants, eux, trouvent les élèves irrévérencieux et insouciants.
Les organisations de parents d’élèves suivent avec une attention presque lointaine l’agonie de l’école. Plus fortes quand elles sont du côté du pouvoir, elles ne réagissent jamais à temps, ni pour interpeller les autorités, ni pour ramener les élèves, leurs enfants, à la raison. De temps en temps, des déclarations de saupoudrage de la réalité en faveur des camps qu’ils défendent, en prenant soin de ne pas mouiller leur pain.
Et nos gouvernants dans tout ça ? Spécialistes de la pêche en eau trouble, les gouvernements des pays africains dont l’école souffrent du marasme intellectuel semblent se réjouir de la situation. Toujours prêts à brandir le budget alloué à l’éducation pour insinuer les efforts qu’ils font pour la jeunesse, ils restent incapables d’opérer des réformes profondes et courageuses qui puissent redorer le blason de l’école et redonner à l’intelligentsia nationale, l’éclat qu’elle mérite. Pour jeter la poudre aux yeux des partenaires qui défendent la qualité de l’enseignement, on organise ici et là des assises nationales, des forums, des journées de réflexion, des tables-rondes, des séminaires… On en sort avec des kyrielles de recommandations merveilleuses, poétiquement correctes, mais juste destinées à remplir les tiroirs.
L’école ? Elle peut continuer à s’agiter. Les élèves peuvent continuer à faire la loi en remettant en cause le rôle des départements chargés de l’éducation. Les enseignants peuvent continuer à menacer de faire la grève « à chaque arrêt » comme dirait l’autre.
Entre-temps, le niveau des élèves baisse, baisse et baisse. On ne lit plus, on parle mal, on écrit mal, Il n’est plus rare de trouver des élèves de Terminale qui ne peuvent pas écrire leur propre nom sans rature ! Mais à la fin de l’année, ils sont nombreux à avoir leur Bac. Ils rentrent à l’Université bourrés de tares et foisonnant de lacunes, pour la plupart.
La solution ? Les riches, s’ils n’envoient pas leurs enfants faire leurs études dans des écoles renommées de pays riches qui forment les élites destinées à diriger un jour, ils les inscrivent dans le privé, là où les enseignants sont payés au rendement et où la recherche de l’excellence n’est pas un vain mot.
Et les pauvres ? Ils n’ont pas le choix, les pauvres ! Leurs enfants sont condamnés à faire leur parcours dans le système pourri qui fabriquent des ignares. Ainsi, la logique de « la raison du plus fort » restera saine et sauve. Comme si les riches étaient nés pour gouverner et les pauvres pour encaisser. On a beau dire que la pauvreté est un état d’esprit, ce qui se passe chaque jour sous nos yeux porte à croire que la pauvreté est une malédiction divine.
Ça changera peut-être un jour, notre école. Mais pour le moment, c’est comme ça. L’école publique reste pour le peuple. Les enfants se débrouillent. Tant mieux si les plus doués peuvent se tirer d’affaire. Tant pis pour les autres. Ils vont grossir le nombre déjà important des générations de crétins malfaisants.
Entre-temps, l’école privée, elle se charge de garantir la transmission du savoir aux enfants des tenants du pouvoir.
Un jour, ça changera, notre école, Inch’Allah !.
Avant de nous séparer, laissez-moi vous donner la fin de la note de mon ami qui prépare son mémoire :
« … je pacérais pétête démain bonne soiré ».
Bien à vous.

MINGA

5.2.09

RENCONTRES DE BAMAKO, BIENNALE AFRICAINE DE LA PHOTOGRAPHIE


Des anguilles sous une roche mystérieuse

Dans neuf mois environ, Bamako, la capitale africaine de la photographie, accueillira la 8ème édition de la biennale photographique qui ne s’appellera plus « Rencontres africaines de la photographie » mais plutôt « Rencontres de Bamako, Biennale africaine de la photographie ». Peu importe le nom ! Cette grand-messe des chasseurs d’images du continent est une des rares occasions pour le continent de rassembler des professionnels de la photographie d’art de tous les continents pour célébrer, aux côtés des heureux bénéficiaires de l’exposition internationale, la beauté de l’image qui parle à tous les coeurs et à tous les âges.

C’est pour impulser une grande dynamique à cette prestigieuse rencontre en terre africaine que l’association suisse de coopération internationale Helvetas Mali a créé en 1998, le Centre de formation en photographie (CFP) de Bamako. L’objectif premier de ce centre étant de former de plus en plus de photographes professionnels capables d’enrichir la biennale par des œuvres de qualité.
En 2004, la France, le principal partenaire financier des Rencontres à travers Culturesfrance (anciennement Association française d’action artistique/AFAA) va créer une Maison Africaine de la Photographie à Bamako. Comme il existe à Paris la Maison Européenne de la Photographie.
Établissement public à caractère scientifique, technologique et culturel, ayant pour mission la collecte, la conservation, la promotion et la diffusion du patrimoine photographique africain, cette institution continentale va, par sa création, renforcer la conviction que la capitale malienne est vraiment en passe de devenir la plaque tournante de la photographie en Afrique.
Mais il y a problème ! On ne sait pas toujours avec précision qui gère la photographie au Mali. Le Directeur de la Maison africaine de la photographie, M. Moussa KONATÉ (nommé en Conseil de Ministres depuis plus de cinq ans) ou M. Samuel SIDIBÉ, directeur (depuis plus de vingt ans) du Musée national du Mali ?
On savait déjà que toutes les réunions liées à la photographie avaient lieu au Musée national. On savait aussi que M. Samuel SIDIBÉ était une personnalité incontournable dans les organisations antérieures des Rencontres de Bamako. On n’ignorait pas non plus qu’il y avait à la tête de la Maison africaine une sorte de triumvirat composé de MM. Samuel SIDIBÉ (archéologue), Abdoulaye KONATÉ (plasticien, directeur du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia) et Moussa KONATÉ (anthropologue) .
On savait enfin que la principale revendication de M. Moussa KONATÉ était l’obtention d’un siège propre à son institution, ne supportant plus de squatter les locaux des Archives nationales à l’ACI 2000...
Alors, si M. Moussa KONATÉ est indéniablement celui qui est, officiellement, le patron de la Maison africaine de la photographie, peut-on dire avec certitude qu’il est aussi celui qui gère la vie de la photographie au Mali et en Afrique ? Assurément, non.
Il y a donc problème ! Une preuve ? M. Samuel SIDIBÉ vient d’être nommé comme Délégué Général des Rencontres de Bamako, version 2009. Par Culturesfrance et le Ministère de la Culture du Mali. Et, selon le formulaire de l’appel à candidatures qui vient d’être publié, c’est à lui que doivent être adressés tous les dossiers de photographes africains désireux d’exposer en international. À lui ou à Culturesfrance. Le nom de la Maison africaine est à peine lisible. Invisible est le nom du Directeur de la Maison africaine de la photographie. Pourquoi ?
Pourquoi une Maison africaine si elle est incapable de prendre la relève de l’organisation d’une biennale qui existe depuis 1994 ?
Pourquoi nommer un Délégué Général des Rencontres africaines de la photographie autre que le Directeur de la Maison africaine ? Le Directeur du Musée national serait-il plus disponible ou est-il plus compétent que le Directeur de la Maison africaine de la photographie ? Que reproche-t-on en réalité à M. Moussa KONATÉ au point de confier à quelqu’un d’autre une tâche qui devait lui revenir de droit ? Le monde de la photographie au Mali serait-il miné par un jeu d’influences et d’intérêts cautionné par le Ministère de la Culture, au détriment de l’épanouissement des professionnels de l’image ? Le flou est trop dense et l’illogisme et l’arbitraire trop voyants pour qu’on n’en parle pas ! Peut-être percera-t-on un jour le mystère qui règne autour de la gestion de la photographie au Mali. On découvrira alors les grosses anguilles cachées sous la roche photo.
En attendant, on peut faire avec. Il paraît qu’au pays des paradoxes, qui s’émeut, se noie. Alors, clic, clac, qui veut ma photo ? Tant pis pour les grognons !

MINGA Siddick