27.4.09

AVE MAGISTER : JE VOUS SALUE MON MAIRE...


Après des semaines d’effervescence politique, d’agitations, de turbulence, de cacophonie, d’exercices de « technologie électorale » pour trouver le tuyau juste de la fraude presque parfaite, les tam-tams politiques se sont tus, les clameurs des foules se sont estompées. Les communales 2009, c’est déjà dans le grenier malien de l’histoire des élections. Des maires sont élus. Des partis sont sortis vainqueurs. Peu importe la manière. Maintenant, il faut compter avec le nouveau maire ou le maire renouvelé. Mais je ne peux pas m’empêcher de partager ma réflexion sur ces élections.
Le déroulement des campagnes, les propos des différents candidats, le comportement des électeurs potentiels, l’ambiance du jour d’élection dans les lieux de vote et les résultats proclamés, c’est toujours le même train-train africain. Un train-train qui montre à suffisance que nous avons encore du chemin à faire pour considérer une élection de maire comme une affaire de la communauté dont l’importance transcende de loin les affinités sociales, les intérêts partisans ou ethniques, la satisfaction immédiate de besoins alimentaires ou pécuniaires ponctuels. En effet, le schéma des campagnes électorales est toujours le même : on récupère les jeunes déjà atteints du virus TST (Thé/Sucre/T-shirt), on les formate dans la dépendance et dans la démagogie, on les utilise le temps de l’élection en leur faisant entendre ce qu’ils ont vraiment envie d’entendre. On vend des rêves à bon marché, en faisant croire qu’on peut, une fois élu, résoudre tous les grands problèmes des populations : santé, hygiène, éducation, logement… On utilise aussi la pauvreté des populations pour les obliger à donner leurs voix le jour de l’élection. Comme ces enfants qui bénéficient de la générosité de circonstance du candidat de leur commune pour le grand bonheur des parents qui ne jurent plus que par son nom. Comme ces personnes à qui un parti propose deux mille francs CFA pour prendre un bulletin où une empreinte existe déjà dans la case de son candidat et qui devront retourner avec le bulletin officiel fourni dans le bureau de vote. Comme ces « mercenaires » qui ont des centaines de cartes frauduleuses à placer pour faire voter d’autres affamés moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Comme ces délégués achetés ou vendus à la dernière minute dans le bureau de vote, par un parti prétendu puissant, pour faire compter le maximum de voix à son candidat.
Et dire que chaque cinq ans, le même scénario se répète ! Avec, presque toujours, le même résultat : le maire naguère bonhomme affable, généreux et sympathique devient désagréable, grincheux et antipathique. Sans jeu de mot, le maire devient amer. Pour quatre ans et demi au moins ! Hibernation.
Le maire, une fois élu, s’occupe d’abord à récupérer tout ce qu’il a dépensé pour acheter les consciences, pour jouer les jolis-cœurs de la saison des élections. Qui est fou ? Il faut vite se servir, on ne sait jamais. Les populations, on les largue aux oubliettes et désormais, on peut entendre les phrases stéréotypées du genre : « Ce n’est pas la mairie qui doit s’occuper de votre propre hygiène ! » Tant pis pour ceux qui se souviennent avoir entendu autre chose lors des campagnes. Les élections, c’est fini. On peut briser la calebasse après avoir bu, jeter l’échelle après avoir grimpé. Parce qu’on sait que le peuple ici a la mémoire courte. Le peuple ici, en grande partie, ne réfléchit pas à long terme. Parce qu’on sait que la jeunesse ici est indolente, laxiste, adepte de la facilité et de l’immédiateté. La jeunesse ici ne raisonne pas, mais résonne. Comme une cloche. Alors, le maire, ici, une fois élu, peut voler tranquille, manger tranquille, dormir tranquille.
J’en suis à me demander si les grandes campagnes de sensibilisation sur la jeunesse et la citoyenneté atteignent leur objectif principal qui est, à mon avis, la prise de conscience par les jeunes de leur rôle de force vive capables, à travers des actes citoyens responsables c’est-à-dire dénués d’égoïsme, de sectarisme et de mercantilisme, d’influencer positivement le développement du pays à tous les niveaux. Les jeunes auraient-ils démissionné de leur rôle de veilleurs et d’éveilleurs des consciences ? Si tel était le cas, sur qui pourrait compter le pays pour la naissance d’une nouvelle génération d’hommes politiques moins malhonnêtes, moins corrompus, moins insouciants, moins démagogues, moins pervers, moins arrivistes, moins roublards ?
Va-t-on laisser encore longtemps des partis politiques nous imposer leurs hommes sans exiger d’eux une feuille de route à respecter rigoureusement pour justifier ou valoriser notre acte civique et citoyen ? En tout cas, pour 2009, les carottes sont cuites. Rendez-vous est pris pour 2014, pour le bilan. En espérant qu’il y aura moins de « Si je savais… ».
Cela dit, bonjour monsieur le Maire, bonne arrivée et bonne chance ! Je prierai assidûment pour vous, afin qu’aucun de vos administrés frustrés ne vienne un jour frapper à la porte de votre conscience avec un douloureux Ave Magister du genre : « Je vous salue mon maire, plein de rage ! Le Seigneur est avec nous, sinon, voyez-vous, la Commune, fruit de vos entailles, est pourrie… »

Bien à vous.

MINGA Siddick

ACE MAGISTER : JE VOUS SALUE MON MAIRE...


Après des semaines d’effervescence politique, d’agitations, de turbulence, de cacophonie, d’exercices de « technologie électorale » pour trouver le tuyau juste de la fraude presque parfaite, les tam-tams politiques se sont tus, les clameurs des foules se sont estompées. Les communales 2009, c’est déjà dans le grenier malien de l’histoire des élections. Des maires sont élus. Des partis sont sortis vainqueurs. Peu importe la manière. Maintenant, il faut compter avec le nouveau maire ou le maire renouvelé. Mais je ne peux pas m’empêcher de partager ma réflexion sur ces élections.
Le déroulement des campagnes, les propos des différents candidats, le comportement des électeurs potentiels, l’ambiance du jour d’élection dans les lieux de vote et les résultats proclamés, c’est toujours le même train-train africain. Un train-train qui montre à suffisance que nous avons encore du chemin à faire pour considérer une élection de maire comme une affaire de la communauté dont l’importance transcende de loin les affinités sociales, les intérêts partisans ou ethniques, la satisfaction immédiate de besoins alimentaires ou pécuniaires ponctuels. En effet, le schéma des campagnes électorales est toujours le même : on récupère les jeunes déjà atteints du virus TST (Thé/Sucre/T-shirt), on les formate dans la dépendance et dans la démagogie, on les utilise le temps de l’élection en leur faisant entendre ce qu’ils ont vraiment envie d’entendre. On vend des rêves à bon marché, en faisant croire qu’on peut, une fois élu, résoudre tous les grands problèmes des populations : santé, hygiène, éducation, logement… On utilise aussi la pauvreté des populations pour les obliger à donner leurs voix le jour de l’élection. Comme ces enfants qui bénéficient de la générosité de circonstance du candidat de leur commune pour le grand bonheur des parents qui ne jurent plus que par son nom. Comme ces personnes à qui un parti propose deux mille francs CFA pour prendre un bulletin où une empreinte existe déjà dans la case de son candidat et qui devront retourner avec le bulletin officiel fourni dans le bureau de vote. Comme ces « mercenaires » qui ont des centaines de cartes frauduleuses à placer pour faire voter d’autres affamés moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. Comme ces délégués achetés ou vendus à la dernière minute dans le bureau de vote, par un parti prétendu puissant, pour faire compter le maximum de voix à son candidat.
Et dire que chaque cinq ans, le même scénario se répète ! Avec, presque toujours, le même résultat : le maire naguère bonhomme affable, généreux et sympathique devient désagréable, grincheux et antipathique. Sans jeu de mot, le maire devient amer. Pour quatre ans et demi au moins ! Hibernation.
Le maire, une fois élu, s’occupe d’abord à récupérer tout ce qu’il a dépensé pour acheter les consciences, pour jouer les jolis-cœurs de la saison des élections. Qui est fou ? Il faut vite se servir, on ne sait jamais. Les populations, on les largue aux oubliettes et désormais, on peut entendre les phrases stéréotypées du genre : « Ce n’est pas la mairie qui doit s’occuper de votre propre hygiène ! » Tant pis pour ceux qui se souviennent avoir entendu autre chose lors des campagnes. Les élections, c’est fini. On peut briser la calebasse après avoir bu, jeter l’échelle après avoir grimpé. Parce qu’on sait que le peuple ici a la mémoire courte. Le peuple ici, en grande partie, ne réfléchit pas à long terme. Parce qu’on sait que la jeunesse ici est indolente, laxiste, adepte de la facilité et de l’immédiateté. La jeunesse ici ne raisonne pas, mais résonne. Comme une cloche. Alors, le maire, ici, une fois élu, peut voler tranquille, manger tranquille, dormir tranquille.
J’en suis à me demander si les grandes campagnes de sensibilisation sur la jeunesse et la citoyenneté atteignent leur objectif principal qui est, à mon avis, la prise de conscience par les jeunes de leur rôle de force vive capables, à travers des actes citoyens responsables c’est-à-dire dénués d’égoïsme, de sectarisme et de mercantilisme, d’influencer positivement le développement du pays à tous les niveaux. Les jeunes auraient-ils démissionné de leur rôle de veilleurs et d’éveilleurs des consciences ? Si tel était le cas, sur qui pourrait compter le pays pour la naissance d’une nouvelle génération d’hommes politiques moins malhonnêtes, moins corrompus, moins insouciants, moins démagogues, moins pervers, moins arrivistes, moins roublards ?
Va-t-on laisser encore longtemps des partis politiques nous imposer leurs hommes sans exiger d’eux une feuille de route à respecter rigoureusement pour justifier ou valoriser notre acte civique et citoyen ? En tout cas, pour 2009, les carottes sont cuites. Rendez-vous est pris pour 2014, pour le bilan. En espérant qu’il y aura moins de « Si je savais… ».
Cela dit, bonjour monsieur le Maire, bonne arrivée et bonne chance ! Je prierai assidûment pour vous, afin qu’aucun de vos administrés frustrés ne vienne un jour frapper à la porte de votre conscience avec un douloureux Ave Magister du genre : « Je vous salue mon maire, plein de rage ! Le Seigneur est avec nous, sinon, voyez-vous, la Commune, fruit de vos entailles, est pourrie… »

Bien à vous.

MINGA Siddick

7.4.09

CIRCULATION ROUTIÈRE Mais... Que fait la police ?

« Hé, les policiers d’aujourd’hui ! » Cette expression de lassitude et de désaveu de nos hommes en bleu, on peut l’entendre mille fois par jour. Dans la rue, dans une sotrama, un taxi ou sur une moto. C’est aussi l’expression d’un ras-le-bol face aux comportements de plus en plus légers de ces hommes qui devraient faire des efforts pour nous inspirer confiance. Même si la police a la peau si lisse que toute critique lui glisse sur le corps, il n’y a pas à se lasser de révéler leurs insuffisances graves qui portent atteinte à l’honorabilité de toute la corporation.

Je suis conscient que les policiers de la plupart des pays de la sous-région souffrent tous de la « racketmania ». Et certains hauts responsables du Corps n’hésitent même pas à brandir cela comme une sorte d’excuse face aux dérapages de leurs hommes. Mais je sais aussi qu’il y a un pays voisin dont les policiers sont considérés comme des modèles de l’honnêteté et de l’intégrité. Alors ! Pourquoi continuer à faire croire que le racket est une tare inhérente à la police ? Veut-on nous faire désespérer de la capacité de changement de nos forces de l’ordre ?

Revenons sur le comportement quotidien de nos amis en bleu. A des carrefours très sensibles où ils se retrouvent à deux, trois ou quatre pour réguler la circulation ou pour des contrôles d’usage, il n’est pas rare de voir les policiers occupés à autre chose : calculs PMU, thé ou causettes galantes. En attendant que passent des sotramas, ou des taxis. J’ai souvent pris mon temps pour observer de loin le comportement de ces hommes en uniforme avec les chauffeurs des minibus verts de la capitale. Et de ces observations, j’ai beaucoup appris. Assez pour écrire plusieurs chroniques à la fois drôles et ahurissantes sur la police, vue de Bamako.
Tenez ! Vous est-il déjà arrivé de voir un policier en train d’aider un apprenti à pousser une sotrama sans démarreur, après avoir pris ses 500 francs ? Moi, si. J’ai aussi vu un policier arrêter un jeune motocycliste qui téléphonait avec son portable en pleine circulation. Après le coup de sifflet, le jeune est allé à lui et, curieusement, en voyant le portable du motocycliste, le policier lui a plutôt demandé s’ils pouvaient échangé. Sinon, il le verbaliserait pour l’infraction, vu que téléphoner en circulation est interdit par la loi. Pour conserver son portable, le jeune a dû payer 2 000 FCFA au policier et, en reprenant son engin, j’ai vu le fautif lancer un appel. Puis, il s’est éloigné le portable collé à l’oreille, au nez et à la barbe des policiers.
Ailleurs, j’ai vu, un soir, une sorte d’éminence grise à bord d’une grosse cylindrée grise, faisant le tour d’un rond point où veille un groupe de policiers, conduisant d’une main, l’autre tenant le portable à l’oreille. On l’a vu faire sa manoeuvre avec une lenteur exaspérante et s’éloigner lourdement, suscitant l’énervement chez certains usagers. Mais aucun policier n’a daigné adresser un coup de sifflet au « boss » inconscient. Ils ont tous fait semblant de ne pas le voir. Les coups de sifflet, en général, c’est pour les sotramas et quelques fois des taxis.
Une autre fois, une nuit, un camion à phare unique n’échappe pas à la vigilance d’un policier. Coup de sifflet. Le chauffeur, sans s’arrêter, lance au policier que le véhicule appartient à monsieur Untel (il dit le nom d’un député bien connu) et continue sa route. Aucune réaction du policier.
Alors, question ! Pour qui ou contre qui existe la police ? Les policiers doivent-ils montrer aux citoyens anonymes qu’ils sont tous des minus habens et que ce sont eux qui doivent être frappés par la loi ? La citoyenneté est-elle devenue aujourd’hui une affaire de classe sociale ? Les mesures discriminatoires des policiers dans l’application de la loi relative à la circulation routière ne sont-elles pas à l’origine du manque de respect dont ils son l’objet ? Cette logique de deux poids deux mesures appliquée par les policiers ne contribue-t-elle pas à souiller davantage l’image d’un corps déjà trop sali par des affaires scabreuses, des histoires rocambolesques indignes des forces dites de l’ordre ? Doit-on jouer les résignés devant la dégradation des moeurs policières en arguant que « les policiers sont maudits » et que, quoi qu’on fasse « ils ne vont jamais changer » ?

Et pourtant, il y a dans ce pays des policiers très braves qui ont fait et qui font preuve de compétence, de rigueur, d’honnêteté, de dignité et d’intégrité. Des policiers rompus à la tâche qui peuvent être considérés comme des modèles, des repères. Ces policiers-là devraient pouvoir donner des leçons à ces nouveaux jeunes qui vont à la police non pas par vocation, mais par obligation sociale. Ces jeunes dont la plupart ont été vomis par l’école pour insuffisance intellectuelle ou mauvaise conduite et dont les parents payent de l’argent pour une place à la police.

Il est donc temps que les vieilles icônes de la police viennent au secours de leurs héritiers pour guérir un corps dont dépendent la sécurité des citoyens et la paix sociale. Alors, on pourra dire à haute et intelligible voix, sans forfanterie ni démagogie : « Vive la police malienne ! »
Peut-être faudrait-il aussi créer une police des polices efficace qui veille vraiment au grain et qui s’occupe, de façon indépendante, à extirper l’ivraie du jardin bleu.
Avant ce sarclage, chacun doit pouvoir supporter encore les indécences, l’incivisme et la discourtoisie des « policiers d’aujourd’hui ».

En attendant, la drôle de relation de sinankouya corporative qui se développe entre les hommes en bleu et les conducteurs de véhicules verts peut bien inspirer des étudiants en sociologie pour leurs mémoires de fin d’études.

Bien à vous.