14.12.09

Tricheries, corruptions, mensonges


QUI VEUT CHANGER LE MONDE ?

L’actualité du monde est pleine de preuves du déclin de la morale. La politique n’est plus l’art de gouverner, mais une technique de crétinisation des peuples ; la religion n’est plus la célébration du lien causal entre l’homme et Dieu, mais un système de dogmatisation des esprits auxquels on inculque non seulement le mépris de la différence mais aussi la cruauté contre ceux qui pensent différemment. L’économie est devenue un système de vol organisé qui profite aux plus forts qui deviennent plus riches pour asservir les plus faibles ; la justice est désormais le temple de la désacralisation du droit où l’argent a fini par tuer la raison ; le champ de la culture est envahi par l’ivraie du mercantilisme entretenu par des vampires marchands déguisés en hommes de culture ; dans le sport, on exploite honteusement la dimension facteur de rassemblement pour mettre en évidence un esprit malin dans un corps malsain…
Le monde offre un spectacle de ruines des mœurs où vautours et charognards, se disputent les restes de notre humanité en lambeaux. Aujourd’hui, ceux qui vivent sont ceux qui trichent, corrompent, mentent, sans se soucier du reste. Ceux qui vivent sont ceux qui ont le pouvoir de tuer impunément et de faire payer leurs crimes par des innocents. Ceux qui vivent sont ceux qui peuvent attaquer en empêchant les autres de se défendre. Ceux qui vivent sont ceux qui sont capables de dire non en exigeant que les autres disent toujours oui. Ceux qui vivent sont ceux dont rien que le verbe est une arme de destruction massive qui sème la mort partout au vu et au su de tous. Ceux qui vivent sont ceux qui gagnent tous les combats possibles, en pensée, en parole, par action et par omission, parce qu’ils savent d’avance tout ce qu’il y a à faire pour ne jamais perdre et qu’ils le font avec une précision arrogante.

Et pourtant, combien de discours sur le changement n’entend-on pas, de personnes qui prêchent une façon de voir autrement, de faire autrement, de dire autrement, de gérer autrement, de gouverner autrement... Ces personnes-là parlent des idéaux qu’elles défendent. Des idéaux grâce auxquels le monde pourrait redevenir vivable, avec un humanisme nouveau orienté vers le respect de l’autre, le respect de la vie, la crainte de Dieu. Un nouvel humanisme sans tricherie, sans corruption, sans mensonge. Clubs, associations, organisations non gouvernementales, poussent ici et là, pour réformer le monde, pour mettre fin à la déliquescence des mœurs, à l’asphyxie de la morale, à l’agonie de la religion, à la déshumanisation de la politique… Du vent ! Ou du moins, du lyrisme philosophique hypnotisant d’intellectuels soit mal convaincus du sens profond de leur combat, soit à la recherche d’une reconnaissance sociale ou tout simplement en campagne politique.

En réalité, personne ne veut vraiment changer le monde. Sauf si changer le monde c’est entreprendre des actions qui le soumettent à notre bon vouloir ; sauf si changer le monde c’est le charger de l’énergie de notre libido ou le teinter des couleurs de nos phantasmes. En vérité, personne ne veut changer le monde. Parce que le monde actuel est synonyme d’une liberté si proche du libertinage que le changer en ferait une sorte de prison. Parce que le monde actuel est le pur reflet de notre mentalité débridée et iconoclaste qui s’accommode de tout et de son contraire.

C’est vrai, cela fait beau et intello de dire qu’on veut changer le monde, mais quand il s’agit de prendre certaines décisions capables de donner naissance à une nouvelle façon de voir, de faire, d’agir et de réagir, nous nous rétractons en voyant en gros plan nos intérêts que notre attitude originale pourrait menacer.
Voilà qui explique que le but de la main de Thierry Henry ait été validé. Le joueur aurait pu, s’il voulait entrer dans l’histoire par la grande porte, signaler lui-même sa faute. Ou bien, après les séquences vidéos suite au tollé soulevé par cette vraie fausse victoire, l’arbitre aurait pu peser dans la décision des patrons de la FIFA, pour faire rejouer le match.
Mais pour beaucoup, si en 1986, Diego Maradona a sauvé l’Argentine avec sa main, pourquoi Thierry Henry ne sauverait pas la France avec la sienne. J’ai été outré par les propos de Nicolas Sarkozy qui s’est ouvertement opposé à l’idée de faire rejouer ce match France-Irlande du 18 novembre dernier. Je crois qu’en sa qualité de président de la République de la « grande » France, Sarkozy aurait gagné quelques centimètres de grandeur en exigeant que le match fût rejoué. Hélas, rejouer le match signifiait pouvoir perdre l’occasion d’aller au Mondial. Alors, il vaut mieux accepter une victoire honteuse que de prendre des risques à cause d’une justice qui de toutes les façons n’a plus d’importance de nos jours.
De même, j’aurais été très fier de Barack Obama s’il avait dit non à son Prix Nobel de la Paix prématuré. Pour marquer aussi une rupture par rapport à l’attachement viscéral des hommes à des distinctions honorifiques qui ont leur part d’arbitraire, de subjectivité et d’illogique.
Parce que pour moi, changer le monde, ce n’est pas changer la forme de la terre ou modifier son inclinaison. Seul Dieu pourrait le faire un jour, s’Il le veut. Pour moi, changer le monde, humainement parlant, c’est poser chaque jour un acte de rupture qui relève le niveau de la conscience humaine, un acte de rupture qui aide la morale à sortir du bas-fond où l’animalité des « autres » hommes l’a plongée. Changer le monde, c’est susciter des attitudes nouvelles devant de vieux comportements, c’est briser la chaîne des réflexes amoraux devenus normaux par habitude.
Alors, si ceux que nous considérons comme des icônes, sombrent dans la platitude ambiante, sous prétexte qu’ils ne sont pas des « saints » ou parce que d’autres ont déjà fait la même chose, cela signifie que personne ne veut changer le monde, en réalité.
Le changement chanté ici et là, n’est rien d’autre qu’un simple slogan politique ou politicien, c’est-à-dire, une coquille vide. On peut donc continuer à s’inspirer de ce proverbe chinois qui peut ouvrir toutes les portes : « Si tes pieds ne suffisent pas, utilise tes mains. »

Bien à vous.

MINGA

Maquereautage, proxénétisme, prostitution

SILENCE, ON TOURNE !

De nombreux sujets alimentent les débats ces temps-ci : la main tricheuse – main de Dieu ou main du Diable – qui a fait accéder une grande nation à la Coupe du Monde, l’avion mystérieux drogué découvert en fin de vie dans le Nord Mali, la médiation suspicieuse du bourreau de Sankara dans la crise guinéenne, le Français pris en otage à Ménaka au Mali… Et puis, plus prosaïque, plus terre à terre, plus vulgaire peut-être, l’affaire caméra(s) cachée(s) dans des maisons de passe chinoises à Bamako.
Ce dernier sujet retient mon attention tout simplement parce qu’il met en évidence le versant pourri, pervers, bassement mercantiliste et honteusement déshumanisant de certains de nos partenaires censés être chez nous pour nous aider à nous développer. Parce que, en réalité, derrière les façades lumineuses, luminescentes et oniriques des projets d’envergure pour « réduire la pauvreté » dans nos pays, les champions du développement qui nous viennent du pays de Mao ont bien d’autres projets secrets, dont les innombrables petites industries du sexe qui se cachent derrière ces fameux « espaces culturels » qui en réalité, sont des bordels déguisés, des lieux d’exploitation de la misère d’enfants, de fillettes et de femmes (même mariées) qui troquent le sexe contre l’argent, le sexe contre la nourriture. Et la mayonnaise chinoise semble avoir bien pris à cause du caractère presque anonyme et hyper discret de ces espaces où l’on peut entrer librement sous des prétextes divers (petite soif, grosse faim) pour donner libre cours à toutes ses pulsions cachées, à toutes les couleurs de ses vices et en sortir tout aussi librement. Mais si la mayonnaise a bien pris, c’est aussi et surtout parce que les Chinois ont étudié le terrain et ont compris que le terrain était favorable au commerce sexuel. Terrain favorable mais très périlleux. Dans un milieu où, à cause des normes de la morale religieuse, le sexe est un sujet sinon tabou, du moins très sensible, a fortiori le commerce du sexe ! Voilà pourquoi, ces bordels arborent des noms qui vont du purement symbolique (« Beijing ») au drôlement poétique (« Le Lotus bleu »), juste pour distraire l’attention des moralistes.
Avec la complicité de jeunes désoeuvrés qui cherchent par tous les moyens leur prix de thé, les Chinois abordent des jeunes filles dont certaines ont à peine dix ans. Ils finissent par les convaincre de la rentabilité de l’affaire. Après, le bouche-à-oreille fait le reste, les jeunes filles elles-mêmes invitant d’autres amies du quartier à se joindre à elles.
Jusque-là, rien d’anormal. Enfin, si les maisons closes pompeusement appelées « espaces culturels » dont les activités sournoises connues de tous sont acceptées par les autorités, cela signifie que la floraison des bordels chinois à Bamako, c’est normal. Tout comme semble normal le maquereautage et son pendant qu’est le proxénétisme. Tout comme semble normal la prostitution d’enfants de dix, douze, quinze ans, parce qu’abandonnés à eux-mêmes et sans autre moyen de survie que l’échange humiliant déjà évoqué plus haut : sexe contre argent ou sexe contre nourriture. Peut-être parce que, dans notre société étourdie gouvernée par des colonies d’autruches, il y a des travers normaux, des vices normaux, des dangers normaux. Quand on peut fermer les yeux sur un mal, c’est que, soit ce mal ne fait pas mal, soit on est soi-même un mal. Mais ça, c’est un autre sujet !
Revenant aux petites et moyennes entreprises chinoises du sexe au Mali, ce qui semble choquer vraiment et qui alimente bien des conversations bamakoises depuis quelque temps, c’est le fait que, dans certaines de ces maisons mal famées de nos frères chinois, il y aurait des caméras cachées qui filmeraient allègrement les ébats des clients dans tous leurs états ! Des supports vidéos seraient ensuite fabriqués avec des images intelligemment montées et vendues dans leurs pays et tous les autres pays qui amassent des pornodollars – de l’argent qui sent la sueur, la sève et la sang du sexe – qu’on nous renvoie comme aide au développement. Ça, c’est le comble de la perversion, de l’impudeur, du voyeurisme, de la voyoucratie… Et c’est bien cela qui est révoltant ! Les Chinois nous aident avec leurs produits chinois, leurs milliards qu’ils investissent dans tous les secteurs d’activités, mais cela devrait donc suffire pour se moquer de nous en exploitant nos faiblesses ? Bien évidemment, tout ce qui touche à la Chine est inflammable et ce n’est pas moi qui parlerais d’atteinte aux droits de l’homme, s’agissant des Chinois et vu ce qu’ils en pensent. N’empêche, j’estime que la chinoiserie peut et doit avoir des limites. Et les dirigeants de nos États qui aiment clamer à tue-tête leur « souveraineté » devrait pouvoir rappeler à l’ordre tous ceux qui s’amusent à bafouer la dignité de leurs concitoyens, fussent-ils Chinois.
Vouloir contenter le ventre d’un affamé en exploitant son bas-ventre, c’est, plus que du sadisme, un cynisme déroutant !
Alors, amateurs des espaces culturels chinois, attention aux caméras cachées. Silence, on tourne !

Bien à vous.

MINGA