20.12.10

DES SOUTIENS A LAURENT GBAGBO Et alors ? Hitler, Mussolini, Pinochet… en ont eu !

La situation politique en Côte d’Ivoire suscite moult commentaires. Des plus censés au plus idiots, en passant par les plus drôles, les plus amusants. Normal. Il s’agit d’une confrontation entre deux camps, c’est-à-dire entre deux groupes d’individus aux idées et aux intérêts diamétralement opposés.
C’est donc avec beaucoup de plaisir que je lis ici et là, dans la presse du continent, des opinions de certains intellectuels africains. Parfois des opinions bien écrites. Avec évidemment leur dose de nationalisme à la Mugabé. Mais souvent des opinions très idéologiques, donc plus passionnelles que rationnelles.

Je fais partie des Africains qui critiquent le plus l’attitude paternaliste et parfois humiliante des dirigeants des pays occidentaux qui continuent de traiter les Etats africains comme des colonies ou comme des provinces de leurs propres Etats. Je suis pour ceux qui pensent que les hommes politiques africains doivent pouvoir assumer leur autorité pleine et entière quand ils sont élus à la tête de leurs pays. Car, pour moi, on ne peut parler de souveraineté que lorsque l’on a, à sa disposition, tous les moyens humains et financiers et toutes les institutions fortes nécessaires à la bonne exécution des projets de sociétés conçus pour le bien-être des populations. Mieux, quand on sait utiliser ces moyens et ces institutions de manière efficiente et équilibrée.
J’ai toujours eu horreur de l’attitude béni-oui-oui de la plupart des chefs d’Etat du continent qui sont prêts à courber l’échine devant leurs homologues occidentaux et orientaux pour obtenir des privilèges qui, du reste, sont toujours mal exploités, mal gérés. Je suis pour une Afrique mature, vaillante, active et ne comptant que sur elle-même pour se construire.
Mais quels sont ces dirigeants de pays africains qui nous donnent raison d’être fiers de notre continent ? Je n’en vois pas pour le moment. D’autres Sankara tardent à naître !

Je ne suis pas politique et je n’ai jamais milité ni de près ni de loin dans le parti de Ouattara, même si je reconnais ses compétences longtemps mises au service de la Côte d’Ivoire. N’en déplaise à ceux que certains intérêts ont fait basculer aujourd’hui dans une amnésie sélective. Mais faudrait-il, au nom d’un certain nationalisme dont on veut se faire le chantre, confisquer un pouvoir qu’on a perdu dans les urnes ? Faudrait-il, au nom d’un certain néocolonialisme dont on veut se montrer grand pourfendeur, prendre en otage des institutions républicaines soigneusement verrouillées pour ne jouer que pour soi ? Le nationalisme est-il incompatible avec la démocratie et la raison ? La seule façon de lutter contre le néo-colonialisme est-il de faire du brigandage électoral ?
Je peux comprendre que l’on s’insurge contre certaines déclarations peu diplomatiques qui laissent transparaître des rancoeurs de maîtres contrariés. Mais je ne peux pas admettre que sur la seule base de ces déclarations et des prises de position des occidentaux en général dans la crise ivoirienne, on se contente de faire vibrer notre fibre patriotique, en fermant les yeux sur des évidences. Et pour moi, ces évidences sont nombreuses. Rien que la façon sauvage dont les hommes de Gbagbo ont arraché les documents des mains du porte-parole de la CEI au moment où il s’apprêtait à proclamer les résultats partiels du second tour, était la preuve que tout était préparé pour que la CEI soit hors délai afin que le mot de la fin vienne du président du Conseil constitutionnel ; un homme dont on sait tout quant au contexte de sa nomination à ce poste, à ses liens avec Gbagbo et à son appartenance au parti de ce dernier.

J’ai l’impression qu’il y a malheureusement une forte dose de malhonnêteté intellectuelle chez plusieurs de nos frères africains qui sont prompts à exhiber leurs titres et leurs grades obtenus dans des universités européennes et qui, en même temps, rejettent tout ce qui vient de l’Occident comme portant la marque du néo-colonialisme. Où étaient ces intellectuels quand la Côte d’Ivoire s’embrasait jusqu’à ce qu’il fût question de Marcoussis et de ses accords ? L’ingénieuse idée de régler le conflit en Afrique avec des Africains a germé et il y a eu Accra et Pretoria. Puis Ouagadougou ? Où étaient ces intellectuels nationalistes quand Blaise Compaoré était choisi pour être médiateur ? Et Gbagbo lui-même que certains célèbrent aujourd’hui comme le héros de ce nationalisme malsain et mortifère, pourquoi n’a-t-il pas refusé cette médiation de celui qui est reconnu comme un des suppôts de la France ? Pourquoi avoir accepté de signer des accords qui stipulent clairement que les élections seront certifiées par le représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire ? Pourquoi avoir accepté d’aller au premier tour, tout en sachant que les rebelles n’avaient pas désarmé ? Pourquoi raconter aujourd’hui partout que « la communauté internationale nous a obligés à aller aux élections » ? Les fieffés nationalistes qui sortent aujourd’hui des bois ne pouvaient-ils pas conseiller à leur maître Gbagbo qu’il y aurait eu pour lui plus de gloire à tout refuser des occidentaux et y compris leurs accords et leur argent, au nom de cette souveraineté blafarde dont il se prévaut à présent ? N’aurait-il pas été plus héros en disant « NON » alors et en se justifiant par son refus du néo-colonialisme, par sa volonté de proclamer « la vraie indépendance nationale » ? A quoi servent aujourd’hui tous les pamphlets anti-Occident autour d’un président battu qui s’agite comme un roi nu dans un palais sans pouvoir ?
Est-ce en résistant contre son peuple que l’on démontre sa capacité de résister contre l’Occident ? Est-ce en tuant dans notre pays ceux qui s’opposent à nous que nous pouvons avoir raison face à ceux à qui nous nous opposons ? Est-ce dans la violence que réside l’éveil des consciences ?

Gbagbo est-il plus nationaliste que Ouattara ? Est-il plus légaliste ? Suffit-il d’avoir des amis en Occident pour être néo-colonialiste ? N’est-ce pas un institut de sondage français que Gbagbo a payé pour faire croire à l’opinion internationale qu’il gagnerait les élections haut les mains ? N’est-ce pas lui que des hommes politiques français sont allés soutenir pendant les campagnes présidentielles ? Quel légalisme quand le président du Conseil constitutionnel peut en moins de vingt-quatre heures compter 20 000 procès-verbaux pour proclamer des résultats définitifs en annulant purement et simplement des voix de milliers de citoyens ? N’aurait-il pas pu, vu les tensions vives ici et là, vu la fragilité du pays, vu l’enjeu de cette élection, faire reprendre le vote dans les départements « suspects » ? De quelle légalité peut faire montre un juriste partisan ? Et pourquoi Gbagbo propose-t-il maintenant le partage du pouvoir avec Ouattara comme vice-président ? Cela est-il prévu dans la Constitution qu’il dit défendre avec tant de hargne ?

Comme quoi, ceux qui soutiennent Gbagbo le font au mépris du peuple ivoirien qu’ils veulent voir offert en holocauste sur l’autel d’un nationalisme irrationnel, violent et saignant. A travers des raisonnements ambigus qui relèvent soit d’une piètre masturbation intellectualiste, soit d’une déviance intellectuelle ostracisante et dangereuse pour l’avenir du continent. Ce qui se passe en Éburnie n’est pas seulement surréaliste. C’est aussi pathétique et révoltant. Du moins pour tous ceux qui pensent à une meilleure image de l’Afrique, à un meilleur destin des Africains.

Mais faut-il s’émouvoir que Laurent Gbagbo ait des supporters ? Pas du tout ! Hitler, Mussolini, Pinochet, ont tous eu des supporters des plus zélés, et ils en ont toujours partout à travers le monde. Ainsi va la vie : il y aura toujours des plus forts qui construiront leurs rêves sur les corps des plus faibles, avec les meilleurs arguments du monde. Jusqu’à ce que la fronde de Dieu s’ébranle.

Bien à vous.

13.12.10

LETTRE OUVERTE À LAURENT GBAGBO

« Or donc vous n’êtes qu’un pseudo démocrate ! »

Monsieur Gbagbo,

Permettez que, avant de toucher au vif du sujet qui justifie cette épître que je vous adresse, je fasse un petit tour dans ce passé pas si lointain qui vous a révélé à nombre de jeunes ivoiriens comme moi.
J’ai entendu parler de vous quand j’étais encore au lycée, dans les années 80. Vous étiez alors un mythe naissant. Certains de nos professeurs passaient le plus clair de leur temps à parler de vous. En se taisant subitement ou en faisant semblant d’expliquer la leçon du jour, quand ils voyaient venir vers la salle de classe le proviseur, le censeur ou un surveillant. Ils parlaient surtout de votre courage, de votre indépendance d’esprit, de votre combat pour la démocratie et surtout pour la liberté. Ils disaient aussi que vous étiez le seul ivoirien capable de dire « Non » au Bélier de Yamoussoukro. Il y en a même qui parlaient de vous comme on parle de Samory Touré ou de Soundiata Kéïta.
En 1990, Houphouët-Boigny (paix à son âme) a accepté le multipartisme en Côte d’Ivoire. Grâce à vous semble-t-il. Car vos collègues enseignants avaient réussi à inoculer à une grande majorité d’élèves et d’étudiants du pays, le virus de la contestation, de la revendication. Le Mouvement des Élèves et Étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci) qui était alors une sorte de représentation scolaire du PDCI-RDA, le parti unique, était très affaibli et fragilisé par des courants avant-gardistes qui s’inspiraient de vos idées. Quand la perestroïka, la chute du mur de Berlin et le discours de la Baule ont libéré les effluves d’une nouvelle ère faisant de la démocratie une condition nécessaire pour le développement des peuples, vos ailes se sont déployées, M Gbagbo. Vous avez pris votre envol. Votre parti clandestin, le Front Populaire Ivoirien (FPI), est devenu le premier parti politique de l’opposition de cette nouvelle ère. Et vous avez pris soin d’inspirer la création de la Fédération estudiantine et scolaire de la Côte d’Ivoire (Fesci), consacrant ainsi la mort du Meeci. Sans me poser trop de questions, j’avais adhéré à l’Union des Sociaux-Démocrates (USD) de Bernard Zadi Zaourou. Non seulement parce que j’avais beaucoup d’admiration pour l’homme à cause de ses talents littéraires, mais surtout parce que le manifeste de la social-démocratie, tel que présenté par le maître du Didiga, correspondait parfaitement à ma vision du rapport entre la gestion politique et le bien-être de la société.

Très vite, vous avez, avec les leaders des trois autres partis politiques se réclamant de la gauche (le Parti pour le Progrès et le Socialisme de Bamba Moriféré, le Parti Ivoirien du Travail de Francis Wodié et l’Union des Sociaux Démocrates de Bernard Zadi Zaourou), créé la Coordination de la Gauche démocratique. J’étais présent à l’une des plus importantes réunions de cette Coordination. J’étais si heureux de vous voir assis côte à côte, tenant le même langage contre celui contre qui nous, les jeunes, nous criions notre rage, tant le pays noyait dans un océan de favoritisme, de népotisme, de clientélisme, de gabegie, de mégalomanie… Des tares que vous citiez et que vous décriviez avec une verve caustique extraordinaire. A l’époque vous étiez très sérieux et vous ne parliez pas encore le langage de la rue. J’étais fier de vous, M. Gbagbo. Même si je me sentais bien à l’USD. Quand le FPI a lancé son hebdomadaire Le Nouvel Horizon, nous jeunes de l’USD, avons lancé Le Jeune Démocrate, un hebdomadaire dont je suis fier d’avoir été un des inspirateurs et le premier secrétaire de rédaction. Et, c’était avec beaucoup de plaisir, d’enthousiasme et de poésie que j’écrivais des billets enlevés pour vous encenser et que je concevais des titrailles inspirées et laudatrices qui sublimaient votre personne.
J’étais à toutes les grandes marches que la Gauche démocratique organisait. J’ai pris mon lot de gaz lacrymogènes, de coups de ceinturons militaires, de coups de matraques policières. J’ai frôlé des arrestations. La mort m’a frôlé. Parce que je croyais en vous et à vos idées que la Gauche démocratique, dont vous étiez incontestablement le leader, défendait.
Jusqu’au jour où j’ai fini par comprendre que la politique est l’art de la duperie et de la duplicité. J’ai décidé de quitter l’USD quand son principal inspirateur, Bernard Zadi Zaourou, en a été chassé par ses meilleurs amis, proches de vous, et j’ai juré de ne plus jamais adhérer à un parti politique. La Coordination de la Gauche démocratique a vite volé en éclats. Parce que vous considériez votre parti, le FPI, comme un grand fleuve et les autres partis de gauche comme de petites rivières insignifiantes que vous sous-estimiez et méprisiez. De près, j’ai vécu votre arrogance, votre suffisance. De près, j’ai compris que vous êtes un homme hautain, orgueilleux, plein de rancune et de rancœur. De près, j’ai su que vous portiez en vous les germes de la violence, de la destruction et de la mort…
Dans les années 90, je vous ai vu vous allier à Alassane Ouattara, défendre son « ivoirité » après l’avoir fait appeler « Mossi Ouattara ». Puis, je vous ai vu lui tourner le dos à nouveau et vous allier à Robert Guéï que vous ne portiez pas du tout dans votre cœur quand il était Chef d’Etat-major de l’armée. Personne dans votre entourage ne s’est ému par la façon dont vous faisiez et défaisiez vos alliances au gré de vos ambitions ponctuelles ou programmées. Je vous ai compris quand, à travers des entretiens avec des journalistes, vous avez clairement laissé entendre que politique rime avec opportunisme. Robert Guéï a fait les frais de cet opportunisme inhumain, comme bien d’autres ivoiriens. Un jour, certainement, la lumière sera faite sur les circonstances réelles de la mort du pauvre Général qui a compris trop tard que vous n’étiez qu’un simple boulanger, cynique et machiavélique. Vous qui incarniez les espoirs de tant de jeunes, quand vous avez pris le pouvoir en 2000, dans des conditions scabreuses, j’ai découvert en vous un président banal. J’ai envie de dire un président banane, parce que, sous votre règne, la Côte d’Ivoire est devenue une vraie république bananière. Escadrons de la mort, enlèvements, assassinats, exécutions sommaires, impunité… Aux maux que vous décriiez quand vous étiez dans l’opposition, vous avez ajouté de nouveaux mots avec lesquels les Ivoiriens ont appris à vivre. Douloureusement.

Monsieur Gbagbo,
Aimez-vous vraiment la Côte d’Ivoire ? Je ne vous croirai pas si vous me répondez par l’affirmative. Parce que, si vous aimiez vraiment ce pays, vous auriez mis votre ego en veilleuse pour le voir, voir ses filles et ses fils lassés de la guerre et de la misère qu’elle a provoquée ; lassés de la peur et de l’angoisse qu’elle a suscitée. Si vous aimiez vraiment la Côte d’Ivoire, vous ne mettriez pas tout votre savoir d’historien au service de l’exhumation des douleurs du passé pour fragiliser le présent et hypothéquer l’avenir des Ivoiriens. Si vous aimiez vraiment la Côte d’Ivoire, vous n’auriez pas pris la peine de vous forger une image de menteur, de falsificateur et d’affabulateur, rien que pour vous accrocher au pouvoir, envers et contre tout, envers et contre tous. Semant la violence pour étouffer l’alternance. Or donc vous n’êtes qu’un pseudo démocrate ! Un opportuniste monstrueux. Un assoiffé du pouvoir. Comme les autres !

Monsieur Gbagbo,
Je comprends parfaitement votre entêtement à rester au pouvoir coûte que coûte. Vous avez fait trop de mal, trop de morts, depuis 2000, pour ne pas être inquiété par la justice internationale, si vous perdez la présidence de la République. Cette cuirasse vous protège contre la disgrâce, le déshonneur et l’humiliation. Au fond, vous aviez sous-estimé votre adversaire et aviez cru que votre système de manipulation d’idées méticuleusement mis en place allait fonctionner sans faille. Vos sondages commandés vous donnaient toujours vainqueur pour préparer psychologiquement les populations et l’opinion internationale à votre victoire. Vos slogans aussi étaient conçus dans la même veine : « Y a rien en face ! », « Devant, c’est maïs ! », « On gagne ou on gagne ! », etc. Vous comptiez aussi sur votre stratégie de l’usure qui a toujours marché, quand vous prenez des décisions inacceptables qui défient le bon sens et la raison. « Laissez-les condamner. Quand ils seront fatigués, ils vont se taire… », aimiez-vous dire, parlant de la communauté internationale. Et c’était vrai. On vous condamnait, on vous menaçait, vous résistiez et on se taisait comme si de rien n’était. Les chiens aboyaient, votre caravane passait. Seulement voilà, cette fois-ci, ce que vous voyiez devant vous comme du maïs est en réalité un caillou ! Et vous avez mordu dans la poussière. Mais les grands hommes ceux qui savent capitaliser leur échec et qui peuvent en tirer des leçons de vie pour le futur. Les grands hommes sont ceux qui savent que le plus grave ce n’est pas de tomber quand on court, mais de ne pas pouvoir se relever pour continuer la course. Alors vous, pensez-vous être un grand homme ? Avez-vous choisi, monsieur le professeur d’histoire, la façon dont vous voulez entrer dans l’Histoire, comme vous l’a demandé Nicolas Sarkozy, votre ennemi intime ? Avez-vous conscience de l’image écornée et froissée que vous laissez au monde ?

Monsieur Gbagbo,
Il paraît que vous voulez négocier maintenant. « Asseyons-nous et discutons », auriez-vous dit à Alassane Ouattara. Du déjà entendu. Aux heures chaudes de votre fougue d’opposant. Mais en tant que qui voulez-vous négocier à présent ? Président de la République ou roi déchu ? Et pourquoi maintenant ? Pour dire quoi et pour obtenir quoi ? Il paraît aussi que vous préparez votre exil en terre sud-africaine. Mais vous auriez demandé la protection de 300 amis que vous ne souhaitez pas abandonner à la merci de la justice. Il paraît enfin que votre épouse Simone qui aurait été rejetée dans sa recherche d’asile par certains pays de la sous-région, vient d’être hébergée par un de vos grands amis maliens, quelque part à Sébénikoro, dans la capitale malienne. Il paraît que… Tout cela est-il vrai ? Seriez-vous en train de tenir des discours de « garçon vrai-vrai » devant les caméras alors que vous négociez dans les coulisses pour une sortie honorable ? Qui aurait cru qu’on pourrait un jour parler de vous d’une façon aussi incertaine, impersonnelle et hasardeuse ? Mais le pouvoir, c’est le pouvoir. Il faut pouvoir le comprendre.
Aujourd’hui, depuis ma terre d’exil, je regarde la Côte d’Ivoire avec amertume et je ne peux m’empêcher de répéter, in petto, ces phrases célèbres de feu Félix Houphouët-Boigny qui revenait très souvent comme « Pensée du jour » de Fraternité-Matin, le quotidien national : « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. Faisons en sorte que nous n’ayons jamais à le perdre, mais à l’accroître sans cesse… »
Et vous, Monsieur Gbagbo, à quoi pensez-vous en ces jours critiques de votre fin de règne ? Je sais que le monde entier voudrait bien le savoir. Quoi qu’il en soit, n’oubliez pas de faire « le bon choix » comme vous l’a conseillé Barack Obama. Lui qui, malgré les énormes difficultés qu’il a dans la gestion de son pays, pense à vous, son frère. Votre ami gambien Yaya Jammeh, un charlatan paranoïaque, a certainement beaucoup d’estime pour vous, lui qui condamne les condamnations de la communauté internationale. Mais le président de la Gambie aime-t-il vraiment la Côte d’Ivoire ? Je n’en suis pas si sûr. Alors réfléchissez encore et « faites le bon choix ».

Pour ma part, je voudrais tout simplement terminer en vous disant que je suis désolé pour ce qui vous arrive. Mais je sais que vous saurez rebondir. Dieu est grand ! Ah tenez, voici une question, peut-être indiscrète mais très sérieuse, que j’ai toujours voulu vous poser : vous qui êtes un grand chrétien reconnu par tous, comment se fait-il que vous ayez deux femmes ?
Bien à vous.

MINGA S. Siddick
Un Ivoirien désabusé.

9.12.10

LAURENT GBAGBO, PRÉSIDENT ? La grande imposture !

Le jeudi 2 décembre dernier, la Commission électorale indépendante (CEI) a donné les résultats du second tour de l’électorale présidentielle de la Côte d’Ivoire. Selon ces résultats, c’est Alassane Dramane Ouattara qui est élu président avec 54,10% des voix. Mais comme cela était prévisible, Paul Yao Ndré, le président du Conseil constitutionnel, a invalidé ce résulat le lendemain, vendredi, et refait de nouveaux comptes qui, selon lui, donnent l’avantage du suffrage exprimé à Laurent Ggbagbo qui aurait été élu à 51,45 %. Mais pourquoi et comment en est-on arrivé là, dans une Côte d’Ivoire qui espérait sortir définitivement de la crise à travers cette élection ?

Pour comprendre ce qui vient de se passer et qui n’honore aucunement l’Afrique, il faut remonter loin dans le temps. Jusqu’en 2002, notamment. Gbagbo a pris le pouvoir dans des conditions « calamiteuses » qui ont profondément meurtri des populations et abouti à la division du pays. Une division rendue effective après l’échec du coup d’Etat du 19 septembre 2002. Depuis lors, le parti de Laurent Gbagbo a vu naître en son sein un courant radical conduit par sa première épouse Simone Gbagbo, le président de l’assemblée nationale Mamadou Coulibaly et Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien. Ainsi, même si Laurent Gbagbo signait tous les différents accords successifs visant à sortir le pays de la crise (Marcoussis, Prétoria, Accra et Ouagadougou), l’aile dure de son entourage immédiat se montrait toujours réservée quant à l’application in extenso de tous les textes de ces accords. On peut se rappeler tous les conflits qui ont entouré la phase préparatoire de cette élection (validation de la liste électorale, désarmement des ex-rebelles et des milices pro-Gbagbo, composition de la CEI, entre autres). Une élection qui, en cinq ans, aura connu au moins sept reports, avant d’être finalement maintenue pour le 31 octobre dernier.

Au fil du temps, on comprenait aisément, à travers tous les discours de Laurent Gbagbo et de ses compagnons, que l’issue des élections ne pouvait pas, ne devait pas leur échapper. A plusieurs reprises, le fondateur du FPI a laissé clairement entendre qu’il ferait tout ce qui est possible pour garder son pouvoir et que choisir quelqu’un d’autre, c’est choisir l’étranger, c’est choisir la guerre…

Le christ de Mama est même allé plus loin, lui qui, pour préparer déjà les Ivoiriens et les « étrangers » à sa « victoire », a dû payer des sommes faramineuses pour que des instituts de sondages de grandes renommées, le déclarent vainqueur et au premier tour. C’était pure comédie, pure manipulation. Une préparation burlesque de la séance honteuse de prestidigitation que le Conseil constitutionnel vient de nous servir de la façon la plus grossière, le vendredi 3 décembre dernier.

Pour dire que tout était minutieusement préparé pour se moquer des Ivoiriens, sous le prétexte affabulateur d’une protection de la République contre une prétendue intrusion étrangère en Côte d’Ivoire. Se prévalant d’un nationalisme étriqué à cheval sur une Constitution plusieurs fois mise de côté depuis le début du processus de résolution de la crise, Gbagbo et ses lieutenants pataugent dans un océan de contradictions, de mauvaise foi et d’inconséquence.

Sinon, comment comprendre que Affi Nguessan, au nom de son parti, insiste aujourd’hui sur le fait que les ex-combattants n’ont pas été désarmés et que par conséquent, les élections n’auraient pas dû avoir lieu au Nord, faute de sécurité ? Pourquoi alors avoir accepté les résultats du premier tour dans le Nord où Alassane avait déjà ses plus grands scores ? A quoi auront donc servi les 1 500 militaires loyalistes déployés au Nord à la veille du second tour ?
Sinon comment comprendre que les « refondateurs » désavouent la CEI pour avoir proclamé les résultats du second tour après l’expiration du délai ? Pourquoi alors avoir accepté les résultats du premier tour proclamés eux aussi, après minuit ?
Sinon comment comprendre toutes les scènes surréalistes d’empêchement du porte-parole de la CEI devant proclamer les résultats du second tour à la télévision ? Pourquoi les insatisfaits ne pouvaient-ils pas attendre la proclamation de ces résultats par la CEI, pour déposer légalement les recours auprès du Conseil constitutionnel qui aurait pris le temps nécessaire pour les examiner avant de donner son verdict ?
Sinon, comment comprendre que les « frontistes » annulent purement et simplement tous les votes de neufs départements du Nord ? Le Code électoral ne prévoit-il pas la reprise du scrutin si cela s’avère nécessaire, dans des zones où des problèmes graves sont susceptibles d’entacher la régularité du vote ? Et pourquoi avoir seulement annulé les voix du Nord alors que dans les régions dites « Gbagboland » (Sud, Centre-ouest), de nombreux cas d’empêchement ont été signalés avec parfois mort d’hommes ?
Sinon, comment comprendre qu’après toutes les menaces qui pesaient sur le président de la CEI empêché de livrer les résultats, on accuse ce dernier d’avoir proclamé les résultats en dehors du siège de l’institution que le pouvoir avait interdit à la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) ? Et pourtant, avant même le hold-up en direct organisé le mercredi de la proclamation des résultats par la CEI, on entendait déjà les proches de Gbagbo dire partout que dès que minuit sera dépassé, ce sera au Conseil constitutionnel de prendre le dossier en charge. Vraisemblablement, Paul Yao Ndré n’aurait reçu les 20 000 procès-verbaux que le jeudi. S’il n’était pas question d’une mise en scène à l’absurde, comment est-ce possible que tous ces procès-verbaux soient minutieusement examinés en moins de 48 heures pour attester de la validité ou de la non validité de ces documents dont dépendent l’équilibre et la paix d’un pays qu’on dit tant aimer ?

Et les incongruités, il y en a bien d’autres qui confirment que Laurent Gbagbo a choisi de s’imposer par la chienlit à travers une mascarade indigne de qui se dit démocrate. Par exemple, lors du débat télévisé dont le ton a été salué par tous, Gbagbo a commencé par l’annonce de son décret qui devait instaurer un couvre-feu de la veille du jour même du second tour jusqu’à la proclamation des résultats. Pourquoi ? Et pourquoi avant la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, le couvre-feu a-t-il été prolongé, les frontières terrestres, aériennes et maritimes fermées jusqu’à nouvel ordre ? Pourquoi les médias comme RFI, France 24 et TV5 Monde ont-ils été suspendus provisoirement ?

Finalement, Laurent Gbagbo a prêté serment. Il a nommé un premier ministre qui vient de former son gouvernement. En dépit de toutes les condamnations venant de tous les horizons, y compris de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La Côte d’Ivoire a donc désormais deux présidents, deux premiers ministres et deux gouvernements. Pour le chef du FPI devenu un vulgaire rebelle, il n’y a toujours « rien en face ». Il met ainsi en exécution cet autre slogan qui présageait de la fraude à venir : « On gagne ou on gagne ! ». Mais jusqu’où ira-t-il, lui qui pense que la communauté internationale s’agite toujours au début puis finit par se calmer ? Se faisant dur à cuir, Laurent Gbagbo, le nouveau petit Napoléon des Tropiques, au nom d’une prétendue souveraineté, pourra-t-il continuer à cacher le soleil aux Ivoiriens avec sa petite main ? Pour le moment, tous ceux qui ont un brin d’esprit discursif ont vu et compris la grande imposture qui prépare le lit d’une grave dictature, si jamais, par extraordinaire, il réussit à s’imposer envers et contre tous !
Et pourtant, nombreux sont ceux qui sont convaincus que Gbagbo finira par s’en aller. Malgré le soutien malicieux de la Russie qui, du reste, n’est pas un modèle de démocratie. Gbagbo pourrait donc partir comme Charles Taylor du Libéria en août 2003 et comme Mohamed Bacar de l’île d’Anjouan (Comores) en mars 2008.

Mais alors, jusqu’à quand durera l’abracadabrantesque imbroglio politique qui aggrave la souffrance du peuple ivoirien ? En attendant, disons que la Côte d’Ivoire est désormais comme « un portable à deux puces », pour reprendre les propos d’un internaute qui préfère vivre avec humour la bêtise politique en marche en Eburnie. Que Dieu protège la Côte d’Ivoire !

Bien à vous.

MINGA

19.11.10

LES ÉCOLES DE L’ÈRE DÉMOCRATIQUE

Poubelles et pourritures !

Les différents problèmes des écoles en Afrique depuis les années 90 nous obligent à réfléchir sur ce que, finalement, la démocratie aura apporté de bien et de bon pour donner aux systèmes éducatifs du continent, plus de dynamisme, plus d’efficacité et plus de sérieux pour produire des citoyens attachés au travail, à la discipline et à l’excellence. Une telle réflexion est d’autant plus nécessaire qu’elle peut nous permettre non seulement de bien diagnostiquer les crises intempestives qui secouent les écoles ici et là, mais aussi, d’y trouver des remèdes idoines qui prennent en compte des paramètres de la stabilité et de l’harmonie qui régnaient dans ces écoles avant 1990.

On me répondra certainement que tout aura été déjà essayé pour redorer le blason de l’école : tables-rondes, journées nationales, fora nationaux, séminaires ou ateliers de réflexion sur l’école ou le système éducatif. Soit, mais combien de ces rencontres ont été organisées très sérieusement avec pour unique objectif la redynamisation du système scolaire et la moralisation de l’école ? Combien de ces rencontres n’ont pas seulement consisté en de retrouvailles entre amis d’une certaine « majorité présidentielle » pour parlementer sur les maux de l’école rien qu’avec des mots à travers des résolutions jamais relues, jamais appliquées ? Des rencontres qui se font parfois sans des acteurs et des partenaires essentiels de l’école ou qui minimisent les apports de ces derniers. Des rencontres parfois organisées pour se partager des per diems et justifier l’utilisation de budgets obtenus pour la cause ?

Si avant l’avènement de la démocratie l’on pouvait se plaindre de l’école africaine, c’était principalement par rapport à la relation entre notre système scolaire hérité de la colonisation et nos systèmes de valeurs sociales. Mais jamais en termes de violences, de troubles, de grèves à hue et à dia… comme c’est le cas depuis de l’ère démocratique. Aujourd’hui, l’argument de la démocratie aidant, l’école est devenue un lieu d’expression tous azimuts des élèves, étudiants et enseignants. Un laboratoire de fabrication de petits rebelles politisés qui se regroupent en des associations manipulées à la fois par l’opposition son inspiratrice et le pouvoir son corrupteur. Mais le drame, c’est que ces petits rebelles finissent par échapper à tout contrôle et commencent à imposer leurs lois à l’école. C’est ainsi qu’au Mali, par exemple, depuis quelques années déjà, ce sont les élèves qui déterminent leurs périodes de congés scolaires. Et, pour s’accorder ce droit, des groupuscules menaçant sillonnent les établissements scolaires de leurs villes pour déloger, par coups de sifflets et jets de pierres, leurs camarades qui sont en classe.

Jusque-là, on a laissé faire. Se contentant de qualifier ces jeunes « protestants » de l’école d’inconscients et d’indisciplinés. Comme si ces enfants n’étaient pas issus d’un système dirigé par des responsables eux-mêmes inconscients et indisciplinés. Comme si les laisser faire n’est pas leur donner raison et laisser entendre aux observateurs impuissants que sont devenus les parents d’élèves, que désormais, ce sont les élèves qui apprennent aux maîtres ce qu’il y a à faire. Comme si l’école publique est devenue une poubelle dans laquelle les parents se débarrassent de leurs ordures d’enfants. Comme si l’État était fatigué d’éduquer et abandonnait l’école à son triste sort.

Il y a quelques jours, sentant la proximité de la tabaski, les perturbateurs se sont encore mis à faire sortir leurs camarades dans plusieurs écoles du District de Bamako et de certaines régions, pour s’offrir au moins une semaine de congés.

Alors, M. Salikou Sanogo, le ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales est sorti du silence pour menacer. Demandant aux responsables d’écoles d’êtres plus responsables face aux agitateurs de leurs établissements et de rendre compte à leurs hiérarchies. J’avoue que ce soir-là, quand j’ai vu intervenir à la télévision nationale, le ministre Salikou, pour qui j’ai beaucoup d’admiration à cause des réformes courageuses qu’il a entreprises pour rénover l’école malienne, j’ai eu pitié de lui. Parce que j’imagine la taille du défi qu’il veut relever. Et je me demande s’il sera compris. Je me demande si l’autorité qui a fui les directions des écoles depuis belle lurette reviendra du jour au lendemain à cause d’une déclaration du ministre, si pathétique soit-elle. Je me demande s’il réussira le tour de magie ou d’alchimie qui consiste pour lui à transformer une poubelle en un espace sain et vivable et des ordures en des pierres précieuses.

Si seulement un sursaut d’orgueil au niveau national peut amener tous les autres acteurs et partenaires démissionnaires de l’école malienne à revenir dans les rangs, pour aider le ministre de l’éducation à nettoyer les écuries d’Augias. Mais jusqu’à quand, faudra-t-il attendre ce sursaut ? Est-ce vraiment possible de s’attaquer aux « élèves protestants » sans en pâtir ?

En attendant, nos écoles continueront de produire ce que Gilbert Cesbron a appelé des « chiens perdus sans collier ». Pour le malheur de la société. Jusqu’à ce qu’un jour enfin, nous puissions réinventer une école à l’image de nos valeurs.

Bien à vous.

MINGA

27.10.10

ATTENTATS-SUICIDES, CRIMES CRAPULEUX, VIOLS MASSIFS, JUSTICES PARTISANES... : comme si Dieu était mort !

Chaque jour, devant la dureté d’un drame qui frappe une frange fragile de l’humanité, je pense aux Ecritures, je repense les Ecritures. A des croyants qui ont souvent demandé à des prophètes comment ils reconnaîtraient soit le début de la Fin du monde, soit la proximité d’un Avènement ou le changement d’un « système de choses » ou encore l’entrée dans une Nouvelle Ere de la civilisation universelle, ces prophètes ont souvent donné des signes de reconnaissance très semblables, à savoir, entre autres et pêle-mêle : le règne de la terreur, le comble de la dépravation et de la fornication, la recrudescence de la violence et de l’impiété, les colères de la terre et de la mer à travers des tremblement et des vagues géantes…

Alors, je me perds en réflexions !
Soit tous les prophètes ont menti, ce qui signifie qu’il n’y aurait aucun Retour, aucun Avènement ni aucune Fin à espérer ou à craindre ; que tous les Livres Saints seraient des impostures d’illuminés machiavéliques, que les êtres créés par Dieu, le Vrai, seraient sur une autre planète (qui sait si ce n’est pas dans le nouveau système solaire qui vient d’être découvert, il y a quelques jours seulement) et que nous autres ici, aurions été créés par le Diable et à son image ; que la nature des êtres humains serait d’être de plus en plus mauvais, de plus en plus méchants au fur et à mesure que l’humanité avance en âge ; que toutes les catastrophes, tous les drames, toutes les iniquités dont nous sommes témoins ne sont que les fruits de nos actes qui eux-mêmes ne sont que le reflet de notre essence…

Soit les prophètes et les messagers, ces êtres particuliers que Dieu a choisis et investis d’une mission d’éducation parmi les hommes, n’ont pas été compris, ni dans le sens de la révélation dont ils ont été porteurs, ni dans l’esprit de leurs enseignements et de leurs messages. Ce qui expliquerait nos comportements insensés indignes d’enfants de la Lumière, nos égarements, notre éloignement de tout ce qui est spirituel et éternel au profit de tout ce qui est matériel et temporel. Ce qui expliquerait pourquoi ceux-là mêmes qui sont censés être pour nous des guides sur le chemin de la connaissance et de l’adoration de Dieu, du renoncement aux choses du monde, de la formation de notre caractère et de notre personnalité, sont les plus pervertis, les plus corrompus et portent sous la toge de Dieu une âme de Satan.

Même convaincu que cette deuxième hypothèse est plus acceptable que la première, je n’arrive toujours pas à comprendre que l’être humain, malgré son éloignement de la voie de Dieu, soit aussi mauvais dans sa pensée, dans sa parole et dans ses actes. Non, il m’est impossible de comprendre et d’accepter que des leaders religieux soient aux avant-gardes de crimes comme la pédophilie, l’inceste, le viol et les attentats-suicides supposés conduire l’exécuteur tout droit au paradis. Imagine-t-on à quel point un croyant peut s’estimer perdu à jamais, quand il sait que celui devant qui il va se confesser ou à qui il va demander conseil, est un bourreau sauvage d’hommes, de femmes et d’enfants sans défense ?

J’ai appris comme vous qu’un kamikaze qui s’apprêtait à commettre un attentat-suicide a été arrêté en Mauritanie ; j’ai appris comme vous qu’à Bamako, un Blanc (peut importe qu’il soit Vénézuélien, Ukrainien ou Espagnol) a été froidement abattu et était en train d’être découpé en morceau quand la police est arrivée sur les lieux du forfait ; j’ai appris comme vous, avec un arrière-goût de réchauffé, la polémique autour de plusieurs dizaines de femmes violées au Congo-Kinshasa par des miliciens. J’apprends toujours comme vous, les efforts que font certaines organisations internationales pour que justice soit rendue pour tous les crimes qui sont commis partout sur la planète, pendant qu’à côté ou en face, d’autres organisations font les mêmes efforts pour que jamais justice ne soit rendue afin que règne l’impunité, mère de l’iniquité. Alors je comprends que tous les crimes semblables ne soient pas punis de la même façon en fonction de la personne qui les commet. Que la justice dite internationale est pour le moment, un leurre parce que, pour l’heure et pour des raisons absurdes âprement défendues, on la veut justice partisane. A l’image de notre justice locale. Jusqu’à ce que passe la génération des Mugabé, des Béchir et des Kadhafi. Des personnages perfides qui jonglent avec une fibre prétendue nationaliste pour s’attirer l’admiration de défenseurs d’une certaine « intégrité » qui donne à l’intégration africaine, sous certaines latitudes, la connotation d’une solidarité dans le mal.

Puis, d’autres questions affluent dans mon esprit agité par l’agitation du monde : jusqu’à quand attendra-t-on encore le siècle de la spiritualité ? Jusqu’à quand la matière commandera-t-elle l’esprit ? Jusqu’à quand, au nom de Dieu, le Bon, le Très-Sage, un homme s’estimant plus croyant se tuera-t-il en entraînant dans la mort ceux qu’il considère comme des mécréants ? Jusqu’à quand les frères de la même foi s’entretueront-ils ? Jusqu’à quand, parce que de croyances différentes, des frères s’élimineront-ils ?

Finalement, les colères de la terre, de l’eau, du feu et de l’air, qui s’abattent sur le monde chaque jour, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à L’Ouest, est-ce le signe du Retour du Messie, de l’Imam caché, de la Fin du monde ou la conséquence de nos actes animaux ? N’est-ce pas parce que nous nous comportons comme si Dieu était mort qu’Il veut, par ces colères contre lesquelles nous ne pouvons rien, nous interpeller, nous amener à nous tourner vers Lui, pour Le connaître et L’adorer ? N’est-ce pas Dieu seul qui peut nous secourir dans le péril, Lui qui subsiste par Lui-même et qui n’a aucunement besoin de nous pour exister ?

Au fait, quelle leçon de foi pouvons-nous donner à la postérité si, minimisant la paille qui est dans nos yeux, nous cherchons à tuer l’autre à cause de la paille qu’il a dans les yeux ? D’ailleurs, cette paille dans les yeux de l’autre, et si ce n’était que le reflet de la paille que nous avons dans nos propres yeux ?

Tout en cherchant les réponses à ces questionnements, n’oublions pas que les kamikazes sont déjà à nos portes. Que la mafia est déjà dans nos murs. A chacun sa vigilance !

Bien à vous.

MINGA

PROCESSUS DÉMOCRATIQUES EN AFRIQUE : Ces poudrières potentielles qui font peur !

L’Afrique m’apparaît de plus en plus comme un grand corps malade couverts de métastases. Ces foyers cancéreux qui, à tout moment, peuvent déclencher des fièvres mortelles, se propagent chaque jour davantage et deviennent de plus en plus inquiétants. Comble de paradoxe, parmi les tissus les plus atteints, nombreux sont les cinquantenaires. Comme si l’âge ne suffisait pas pour mûrir et inspirer confiance.

Guinée-Conakry. Après la mort de Lansana Conté et les grands shows hyper médiatisés d’un certain Dadis, on avait commencé à nourrir de l’espoir pour ce pays si riche de ses hommes, de sa culture et de son sous-sol. Le premier tour de l’élection présidentiel, malgré quelques couacs, avait suffi pour faire jubiler tous ceux qui rêvent de voir la Guinée-Conakry enfin sortir de l’obscurité politique, économique et sociale. Ceux qui, comme moi, avaient des réserves et faisaient allusion à quelque piège qui bloquerait le processus électoral ou à quelque grain de sable qui gripperait la machine de la transition, étaient perçus par les enthousiastes comme des trouble-fêtes ou des oiseaux de mauvais augure. Et pourtant, la triste réalité aujourd’hui s’impose à nous : après deux reports pour la tenue du deuxième tour, la date du 24 octobre est de plus en plus incertaine, à cause du tango honteux que dansent les politiciens guinéens qui semblent bien se plaire dans leurs enfantillages ridicules ! Donnant ainsi raison, à Moussa Dadis Camara qui n’avait aucune considération pour eux, les invectivait comme ses gosses et les affublait de tous les noms d’oiseaux. L’actuelle comédie autour de la Commission nationale électorale dont l’indépendance reste à vérifier, donne la dimension de l’hypocrisie et de la méchanceté qui animent les acteurs de la scène politique guinéenne. Ainsi, avec ce spectacle pitoyable que Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et les membres de la CENI nous offrent, qui s’étonnera que l’armée en profitent pour reprendre le pouvoir ? Et si les partisans de Dadis qui doit être en train de rire sous cap sortaient de l’ombre pour « remettre la pendule à l’heure » ? Mais pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Dieu est capable de tous les miracles et il pourra en faire pour la Guinée afin que le deuxième tour ait effectivement lieu le 24. Dans le calme et la paix et sans contestation des résultats.

Niger. Au Niger, nous avons applaudi l’arrivée de la bande à Djibo ! Nous avons applaudi leurs premiers discours. Nous avons applaudi le calendrier de leur processus de démocratisation du pouvoir à travers des élections libres et transparentes à laquelle eux-mêmes, les redresseurs des torts, ne prendraient pas part. En tout, beaucoup d’Africains, comme moi, ont eu beaucoup d’estime pour ces militaires qui, visiblement, avaient des ambitions aux antipodes de celles de Dadis. Hélas ! Mille fois hélas !! La peur qui s’était envolée très loin du ciel nigérien est en train de revenir avec son lot d’angoisse et de stress au sein des populations. L’arrestation du N° 2 de la junte n’assombrit-il pas un ciel jusque-là serein ? Que réserve demain aux Nigériens si l’équipe même qui a sauvé le pays de l’autocratie cède au démon de la division ? Le syndrome Dadis serait-il en train de naître quelque part dans le sérail des héros du 18 février ? Il faut prier que le doux rêve ne tourne pas au cauchemar.

Nigeria. Le géant de l’Afrique occidentale est en pleine tourmente. Au-delà des attentats « terroristes » du 1er octobre, jour même de la célébration de ses cinquante ans d’indépendance, un véritable malaise règne au pays du naira. Aux machinations en vue des prochaines présidentielles pour lesquelles le Nord se dresse contre le Sud, avec dans chaque pôle, des dissensions internes, un esprit de mafia sévit dans le plus grand Etat fédéré d’Afrique qui vit au rythme d’enlèvements, d’agressions physiques, d’assassinats à caractère politique, religieux ou tout simplement crapuleux. Pourvu que la grande campagne « anti kidnapping » qui vient d’être lancée par le gouvernement fédéral saura ramené la sérénité au sein des populations et dans le milieu des investisseurs.

Côte d’Ivoire. « OUF ! » se sont exclamés de nombreux Ivoiriens et observateurs de la scène politique éburnéenne. Après plusieurs reports, on a eu enfin une date consensuelle des élections et on vient, en fin, d’entrer dans le vif du sujet à travers la campagne présidentielle qui bat son plein dans les quatre coins du pays. Ça y est donc, cette fois-ci, les élections auront bel et bien lieu le 31 octobre prochain. Cependant, je ne crois pas beaucoup à la liberté des populations de choisir le candidat qu’elles préfèrent. Car une angoisse persiste quant à la personnalité qui prendrait les rennes du pouvoir. Pour que la paix soit durable, n’importe qui ne doit pas être élu président. Beaucoup pense comme moi que même s’il existait un candidat qui soit le plus valeureux et le plus populaire, son élection entraînerait la Côte d’Ivoire dans une spirale de violence qui pourrait précipiter le pays dans l’enfer. Il faut donc à la Côte d’Ivoire un président par défaut : Laurent Gbagbo. Tout autre choix serait dangereux pour la paix. Car alors, les escadrons de la mort ressusciteront, les « patriotes » reprendront la rue et les milices ethniques foisonneront partout dans le pays. Gbagbo ne dit-il pas à qui veut l’entendre qu’il n’a pas eu le temps de gouverner en dix ans à cause des complots des « ennemis de la Côte d’Ivoire » ? Ne martèle-t-il pas partout, et avec lui ses soldats conduits par un certain « Général » Blé Goudé, qu’il ne perdra pas ces élections ? La joie de savoir que les élections se tiendront est donc teintée par des doutes, des incertitudes, des angoisses, au point où beaucoup prient Dieu pour que Laurent Gbagbo soit maintenu, non pas parce qu’il est le meilleur, mais pour éviter que ses milices incontrôlées ne sèment le désordre et ne rendent le pays ingouvernable.

Le Burundi, la République démocratique du Congo, Madagascar… voilà d’autres poudrières potentielles qui font peur et qui font douter de la maturité des hommes politiques du continent. Serions-nous si maudits par Dieu au point de toujours tourner le dos à tout ce qui peut nous sauver de la souffrance et de la douleur ? Il faut y réfléchir.

Bien à vous.

MINGA

LA FRANCE ET SES COLONIES : une mère-poule pour des enfants idiots ?

Les dirigeants africains héritiers des (ex) colonies françaises n'aiment pas entendre dire qu'ils ne sont que des marionnettes aux mains de Quai d'Orsay, de Matignon et de l'Élysée. Et pourtant, la présence de la France dans la gestion quotidienne de la politique intérieure des États africains francophones est très visible, trop visible même ! Il n'y a qu'à s'en tenir aux déclarations faites, ici et là, par un député, un secrétaire d'État, un ministre ou le président français himself, à un moindre événement politique qui survient en Afrique. Élections ? Paris félicite ou condamne selon ses intérêts. Entrave à la liberté de la presse ? Paris se réserve ou s'indigne selon ses intérêts. Assassinats politiques ? Paris s'émeut ou se tait, selon ses intérêts. Atteintes flagrantes aux droits de l'homme ? Paris réagit avec vigueur ou suit avec attention, selon ses intérêts. Arrestations ou bastonnades d'opposants ? Paris dépêche un émissaire ou observe, selon ses intérêts. Et tutti quanti !

Mais pourquoi cette bienveillance outrancière qui peut aussi s'appeler ingérence dans les affaires intérieures d'une nation souveraine ? Et pourquoi cette attitude passive de nos dirigeants qui laissent la France les manipuler par ses déclarations ? Au nom de quoi la France a-t-elle le droit de toujours donner son opinion ou de faire connaître sa position sur les événements politiques africains ? Pourquoi les chefs d'État des ex-colonies n'en font-ils pas de même quand il y a en France des affaires scabreuses, des mensonges d'État, des propos racistes ou honteux et déshumanisants ? Pourquoi Bamako ne condamne-t-elle pas Paris quant à la façon dont les Roms sont expulsés ? Pourquoi Ouagadougou ne s'indigne-t-elle pas face à la tournure que prend l'affaire Woerth- Bettencourt ? Pourquoi Dakar ne réagit-elle pas par rapport à la grande démonstration de force des syndicats de travailleurs français contre la loi sur les retraites ? Où est-elle donc l'équilibre dans les relations entre la France et ses ex ( ?) colonies ?

L'évolution actuelle de la situation politique en Côte d'Ivoire et en Guinée-Conakry va certainement offrir à la "métropole" un terrain fertile d'interventions et de déclarations. En effet, le démon des reports de dates d'élections qui est sorti du pays d'Houphouët-Boigny est entré dans le corps de la Guinée de Sékou Touré. Alors, pendant qu'une lueur d'espoir pointe à l'horizon chez les Ivoiriens, le ciel guinéen est en train de s'assombrir dangereusement. Bien sûr, la France s'est déjà réjouie de l'éclaircie en Éburnie et s'est dite inquiète de l'évolution de la situation en Guinée. Mais les déclarations de loin ne suffisent pas toujours. A moins d'un mois d'un scrutin présidentiel ivoirien, le président français a envoyé son "bras droit" auprès des principaux protagonistes. Pourquoi ? Pour dire quoi ? Pour faire quoi ? Tout se passe comme si la France ne faisait pas confiance à la maturité de ses colonies. Alors, elle veut toujours les suivre de près, pour des suggestions, des conseils, des observations, des mises en garde, des réglages de proximité…

Mais comment ne pas donner raison aux Français quand nos responsables semblent n'avoir aucun sens des priorités. La situation au Sénégal est un bel exemple de l'insouciance de ces dirigeants malades de snobisme et d'excentricité qui sacrifient le bien-être de leurs populations sur l'autel de leur prestige. Voilà un pays qui s'est offert, à coût d'or, un majestueux monument pour célébrer son cinquantenaire mais dont les populations n'ont pas d'électricité, juste parce que des turbines vieillissantes et mal entretenues sont en panne ! Ceux qui souffrent des conséquences de cette incurie du pouvoir sont les responsables de petites et moyennes entreprises qui ne doivent leur survie qu'aux fruits de leurs labeurs qui dépendent essentiellement de l'électricité… Les autres peuvent s'offrir des générateurs pour pallier le déficit énergétique, mais eux n'ont pas ces moyens. Et les populations, partout dans le pays, continuent de manifester. Le pouvoir, qui va se sentir humilié, va pousser la répression au sommet du drame. Et, bien sûr, la France, notre mère - poule, aura raison de condamner, de s'indigner, de fustiger…

Au Nigeria, on a attendu le jour même de la célébration du cinquantenaire pour faire exploser deux bombes qui ont tué une douzaine de personnes, des innocents qui n'ont rien à voir avec le cercle du pouvoir. Peu importe ceux qui ont commis ces actes sauvages : mouvement des indépendantistes du Delta du Niger ou terroristes. On a une preuve de plus de l'infantilisme chronique de nos oppositions et de nos rébellions en Afrique ! Comment donc la France et tous les autres (Union européenne, Nations Unies, Etats-Unis) ne continueront-ils pas de nous traiter comme des enfants, des idiots, des imbéciles ? Nous n'avons donc à nous en prendre qu'à nous-mêmes, mal réveillés que nous sommes, au pied du monument majestueux d'une indépendance obtenue par de vrais leaders, monument dont la lumière nous aveugle et nous embrume. Allez France, continue de nous guider et de nous sermonner ! Nous ne sommes pas encore indépendants…

Bien à vous !

Par MINGA S.Siddick

JUSTICE ENRHUMÉE, SOCIÉTÉ EMBRUMÉE

La marche des sociétés est de plus en plus chaotique, partout dans le monde. Il n'y a pas si longtemps, les Africains, se croyant encore trop purs dans un monde trop pourri, ne comprenaient pas ce qui se passait chez " les autres ", et s'émouvaient facilement devant des nouvelles ou des images de crimes horribles et absurdes commis dans les pays occidentaux. Ces crimes, sordides, irrationnels et impensables, étaient loin d'être imaginés en Afrique. Et pourtant, aujourd'hui, les Africains semblent avoir même mieux compris que les autres, le sens de la pratique de ces actes ignobles qui sont l'expression de la dégénérescence des mœurs, le signal de la mort programmée de la conscience humaine.

Divers récits de faits divers nous montrent à suffisance le degré de pourrissement de nos sociétés dont le frein des vertus a lâché et qui va droit au fond de l'océan de l'immonde. " Un tel a tué son père qui lui a volé sa femme… Une telle a empoisonné sa fille qui sortait avec son mari… Untel a été assassiné par son épouse avec la complicité d'un amant… Deux frères s'entredéchirent pour l'héritage sur le corps du père qui attend d'être enterré… Une sœur empoisonne sa frangine à cause d'un homme… Une mère avoue être enceinte du mari de sa fille, cette dernière l'assomme… Un élève frappe son prof qui lui a donné une mauvaise note… Un journaliste crée un faux scandale autour d'un homme d'affaires qui aurait refusé de lui apporter une aide financière… Un Chef d'Etat fait assassiner sous couvert d'accident le mari de son amante qu'il nomme ministre… Un employé incompétent porte plainte contre son patron qui l'a renvoyé pour insuffisance de rendement, parce qu'il a un frère avocat… Un président de tribunal condamne à tort un citoyen parce qu'il a reçu ou qu'il lui a été promis une forte somme d'argent… " Et on ne finira pas de citer des affaires, des plus banales aux plus sérieuses, qui attestent de la fièvre qui secoue le corps social et qui semble ne pas avoir de remède.

Mais tout cela n'est-il pas normal dans une société où la loi n'existe plus que par le nom ? Dans une société où les juges ne sont plus des surhommes majestueux impartiaux, mais des frères de…, des pères de…, des copains de… des tontons de… ? Dans une société où les hommes dits de loi donnent des verdicts par affinité, par cupidité ou par complaisance ? Dans une société où la justice ne protège en général que les plus forts, les plus riches et ceux qui ont des relations ou des parents haut placés ou haut gradés ? Dans une telle société, comment les frustrés, les humiliés, les bafoués et même les aigris ne pourront-ils pas créer leur propre justice, pour régler leurs comptes à la dimension de l'injustice, réelle ou supposée, dont ils ont été ou pensent avoir été victimes ? Comment les sans famille, les pauvres, les faibles qui savent qu'ils perdront toujours un procès en passant par les voies légales ne se rendront-ils pas justice comme ils peuvent ?

J'étais encore très jeune quand j'ai entendu un certain Félix Houphouët-Boigny dire : " Entre le désordre et l'injustice, je préfère l'injustice ". Jamais je n'ai compris ces propos venant de celui qu'on considérait comme le Sage de l'Afrique. Parce que ma petite intelligence de collégien ne comprenait pas qu'on ne comprenne pas que toute injustice conduit inexorablement au désordre. Aujourd'hui d'ailleurs, la Côte d'Ivoire ne paye-t-elle pas les frais du choix de l'injustice de son premier président ?

Juste pour dire que si dans un pays, la justice qui garantit l'équilibre social perd elle-même son équilibre, elle perd par la même occasion la confiance de la société et devient la source de tous les crimes, de toutes les crises dont la société va pâtir. Si la justice qui est l'âme de la morale s'enrhume, la société s'embrume et les hommes deviennent des loups pour les hommes, des loups qui se mangent entre eux et qui n'ont pas le temps de réfléchir au bien. C'est le drame que vit notre société d'aujourd'hui. Une société qui se reconstruit à l'image des normes occidentales aux antipodes de nos valeurs. A cause de la télévision et d'Internet, des médias qui, quoi qu'on dise sur leur utilité, sont de grands perturbateurs de notre identité. Voilà comment l'homme, abandonné à lui-même, se croit obligé de mentir, de voler, de tricher, de tuer, pour protéger son espace vital, a fini par tuer l'humain. Et la prochaine étape de notre évolution ? Peut-être finirons-nous par tuer aussi le divin.

Bien à vous.

Par MINGA S.Siddick

20.10.10

PROCESSUS DEMOCRATIQUES EN AFRIQUE

Ces poudrières potentielles qui font peur !

L’Afrique m’apparaît de plus en plus comme un grand corps malade couverts de métastases. Ces foyers cancéreux qui, à tout moment, peuvent déclencher des fièvres mortelles, se propagent chaque jour davantage et deviennent de plus en plus inquiétants. Comble de paradoxe, parmi les tissus les plus atteints, nombreux sont les cinquantenaires. Comme si l’âge ne suffisait pas pour mûrir et inspirer confiance.
Guinée-Conakry. Après la mort de Lansana Conté et les grands shows hyper médiatisés d’un certain Dadis, on avait commencé à nourrir de l’espoir pour ce pays si riche de ses hommes, de sa culture et de son sous-sol. Le premier tour de l’élection présidentiel, malgré quelques couacs, avait suffi pour faire jubiler tous ceux qui rêvent de voir la Guinée-Conakry enfin sortir de l’obscurité politique, économique et sociale. Ceux qui, comme moi, avaient des réserves et faisaient allusion à quelque piège qui bloquerait le processus électoral ou à quelque grain de sable qui gripperait la machine de la transition, étaient perçus par les enthousiastes comme des trouble-fêtes ou des oiseaux de mauvais augure. Et pourtant, la triste réalité aujourd’hui s’impose à nous : après deux reports pour la tenue du deuxième tour, la date du 24 octobre est de plus en plus incertaine, à cause du tango honteux que dansent les politiciens guinéens qui semblent bien se plaire dans leurs enfantillages ridicules ! Donnant ainsi raison, à Moussa Dadis Camara qui n’avait aucune considération pour eux, les invectivait comme ses gosses et les affublait de tous les noms d’oiseaux. L’actuelle comédie autour de la Commission nationale électorale dont l’indépendance reste à vérifier, donne la dimension de l’hypocrisie et de la méchanceté qui animent les acteurs de la scène politique guinéenne. Ainsi, avec ce spectacle pitoyable que Cellou Dalein Diallo, Alpha Condé et les membres de la CENI nous offrent, qui s’étonnera que l’armée en profitent pour reprendre le pouvoir ? Et si les partisans de Dadis qui doit être en train de rire sous cap sortaient de l’ombre pour « remettre la pendule à l’heure » ? Mais pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Dieu est capable de tous les miracles et il pourra en faire pour la Guinée afin que le deuxième tour ait effectivement lieu le 24. Dans le calme et la paix et sans contestation des résultats.
Niger. Au Niger, nous avons applaudi l’arrivée de la bande à Djibo ! Nous avons applaudi leurs premiers discours. Nous avons applaudi le calendrier de leur processus de démocratisation du pouvoir à travers des élections libres et transparentes à laquelle eux-mêmes, les redresseurs des torts, ne prendraient pas part. En tout, beaucoup d’Africains, comme moi, ont eu beaucoup d’estime pour ces militaires qui, visiblement, avaient des ambitions aux antipodes de celles de Dadis. Hélas ! Mille fois hélas !! La peur qui s’était envolée très loin du ciel nigérien est en train de revenir avec son lot d’angoisse et de stress au sein des populations. L’arrestation du N° 2 de la junte n’assombrit-il pas un ciel jusque-là serein ? Que réserve demain aux Nigériens si l’équipe même qui a sauvé le pays de l’autocratie cède au démon de la division ? Le syndrome Dadis serait-il en train de naître quelque part dans le sérail des héros du 18 février ? Il faut prier que le doux rêve ne tourne pas au cauchemar.
Nigeria. Le géant de l’Afrique occidentale est en pleine tourmente. Au-delà des attentats « terroristes » du 1er octobre, jour même de la célébration de ses cinquante ans d’indépendance, un véritable malaise règne au pays du naira. Aux machinations en vue des prochaines présidentielles pour lesquelles le Nord se dresse contre le Sud, avec dans chaque pôle, des dissensions internes, un esprit de mafia sévit dans le plus grand Etat fédéré d’Afrique qui vit au rythme d’enlèvements, d’agressions physiques, d’assassinats à caractère politique, religieux ou tout simplement crapuleux. Pourvu que la grande campagne « anti kidnapping » qui vient d’être lancée par le gouvernement fédéral saura ramené la sérénité au sein des populations et dans le milieu des investisseurs.
Côte d’Ivoire. « OUF ! » se sont exclamés de nombreux Ivoiriens et observateurs de la scène politique éburnéenne. Après plusieurs reports, on a eu enfin une date consensuelle des élections et on vient, en fin, d’entrer dans le vif du sujet à travers la campagne présidentielle qui bat son plein dans les quatre coins du pays. Ça y est donc, cette fois-ci, les élections auront bel et bien lieu le 31 octobre prochain. Cependant, je ne crois pas beaucoup à la liberté des populations de choisir le candidat qu’elles préfèrent. Car une angoisse persiste quant à la personnalité qui prendrait les rennes du pouvoir. Pour que la paix soit durable, n’importe qui ne doit pas être élu président. Beaucoup pense comme moi que même s’il existait un candidat qui soit le plus valeureux et le plus populaire, son élection entraînerait la Côte d’Ivoire dans une spirale de violence qui pourrait précipiter le pays dans l’enfer. Il faut donc à la Côte d’Ivoire un président par défaut : Laurent Gbagbo. Tout autre choix serait dangereux pour la paix. Car alors, les escadrons de la mort ressusciteront, les « patriotes » reprendront la rue et les milices ethniques foisonneront partout dans le pays. Gbagbo ne dit-il pas à qui veut l’entendre qu’il n’a pas eu le temps de gouverner en dix ans à cause des complots des « ennemis de la Côte d’Ivoire » ? Ne martèle-t-il pas partout, et avec lui ses soldats conduits par un certain « Général » Blé Goudé, qu’il ne perdra pas ces élections ? La joie de savoir que les élections se tiendront est donc teintée par des doutes, des incertitudes, des angoisses, au point où beaucoup prient Dieu pour que Laurent Gbagbo soit maintenu, non pas parce qu’il est le meilleur, mais pour éviter que ses milices incontrôlées ne sèment le désordre et ne rendent le pays ingouvernable.
Le Burundi, la République démocratique du Congo, Madagascar… voilà d’autres poudrières potentielles qui font peur et qui font douter de la maturité des hommes politiques du continent. Serions-nous si maudits par Dieu au point de toujours tourner le dos à tout ce qui peut nous sauver de la souffrance et de la douleur ? Il faut y réfléchir.
Bien à vous.
MINGA

28.9.10

CINQUANTENAIRE : au-delà des aires de fête, des airs de défaite !


Après la célébration "grandeur nature" du cinquantième 22 septembre de la République du Mali, on peut affirmer que la fête a été belle. Belle pour tous ceux qui croient avoir gagné une bataille féroce d'opinion contre des "anti-cinquantenaire". Belle pour tous ceux pour qui le vrai défi à relever résidait plus dans les illuminations, les apparats, les artifices, que dans la conviction partagée d'être dans un Etat vraiment indépendant. Belle en effet pour ceux qui adorent les comparaisons qui fondent et gouvernent leur raison et leur logique dans un monde où l'on fait la course aux premiers titres en ceci et en cela, comme pour satisfaire un ego hypertrophié, ou un vieux complexe de castration.

Et pourtant, j'ai connu et entendu des personnes qui, au-delà des aires de fête, avaient des airs de défaite et qui ne s'en cachaient pas ! J'ai entendu des observateurs trop pointilleux sur les détails discuter autour de l'importance démesurée accordée à Kadhafi au Mali. Pour certains, le président libyen se comportait comme si c'était lui le vrai président du Mali, traitant Amadou Toumani Touré comme son simple représentant à la tête de l'Etat. Pour d'autres, le président malien est dans les liens de son homologue libyen à cause des pétrodinars qu'il déverse sur le Mali où il est en train de tout acheter et à cause de ses dons très généreux parmi lesquels "les limousines pourries" qu'il a offertes au Mali pour le cinquantenaire. Le comportement méprisant de Kadhafi qui, au lieu d'attendre ATT, s'est fait attendre par ce dernier, au point de provoquer un retard dans le démarrage officiel du défilé militaire du 22 septembre et qui, le 23 septembre, a préféré aller "faire un tour" à Tombouctou sans ATT, et l'attitude arrogante de sa garde rapprochée, étaient aussi au centre des échanges vifs et parfois passionnés de ces jeunes que j'ai écouté avec beaucoup d'attention.

Au cours de la deuxième émission publique de Juan Gomez (Questions d'Actualité) sur le cinquantenaire du Mali, j'ai aussi entendu ces jeunes qui semblaient avoir mal au cœur à cause de la façon dispendieuse dont les choses sont organisées, au détriment des populations du pays profond qui manquent d'écoles, de centres de santé… Le chauffeur du taxi que j'ai emprunté le 21 septembre pour des courses au centre-ville s'inquiétait quant à lui de grandes vagues de jeunes qui vont quitter leurs villages oubliés pour se déverser sur la capitale qui brille de mille lumières, soit pour le plaisir de vivre la splendeur de la nouvelle mégalopole, soit dans l'espoir de trouver un petit métier. " Vous allez voir que l'exode rural va s'accentuer avec pour corollaire l'augmentation du taux de délinquance, de banditisme et de criminalité… Moi je pense que le pays profond avait aussi besoin d'une bonne partie de ces investissements parce que le Mali, c'est pas Bamako ou seulement les capitales régionales… " Si vraies pourtant ces réflexions d'un chauffeur de taxi ! Mais le peuple a sa raison que la raison d'Etat ignore, pourrait-on dire… Un maçon travaillant le matin du 22 septembre a répondu ceci à ceux qui lui reprochaient de ne pas observer de repos en ce jour si historique : " Moi je suis un ouvrier, je cherche mon pain à la sueur de mon front et un seul jour de repos peut être fatal pour ma famille. Ceux qui abandonnent les leurs pour aller à la fête savent ce qu'ils y gagnent… " On dira que ce discours est ce qu'il y a de plus anti-patriotique ! Mais on ne dira jamais que cet homme qui lutte pour éviter que sa famille connaisse la faim, a sa raison, s'il ne veut pas aller applaudir des gens qui ont le ventre plein bon an mal an.

Ces différentes personnes qui s'expriment sur un air de défaite portent en eux un arrière-goût amer de notre indépendance factice et une aigreur tenace dont la profondeur est égale à l'ampleur de l'inconscience de nos dirigeants qui travaillent pour faire plaisir non pas à ceux qui leur ont donné le pouvoir mais aux maîtres de la grande France aux mains desquels ils ne sont que de piètres marionnettes.

Mais l'essentiel est fait. Et on ne peut pas tout faire en même temps. Pourvu que les nouveaux acquis qui nous rappelleront ce que le cinquantenaire nous aura apporté soient entretenus et bien protégés pour la postérité. Sinon, on sera en train de recommencer à tout reconstruire dans cinquante ans, pour fêter dignement notre centenaire.

Bien à vous.

MINGA S. Siddick


1.9.10

ATTENTATS-SUICIDES, CRIMES CRAPULEUX, VIOLS MASSIFS, JUSTICES PARTISANES… Comme si Dieu était mort !

Chaque jour, devant la dureté d’un drame qui frappe une frange fragile de l’humanité, je pense aux Ecritures, je repense les Ecritures. A des croyants qui ont souvent demandé à des prophètes comment ils reconnaîtraient soit le début de la Fin du monde, soit la proximité d’un Avènement ou le changement d’un « système de choses » ou encore l’entrée dans une Nouvelle Ere de la civilisation universelle, ces prophètes ont souvent donné des signes de reconnaissance très semblables, à savoir, entre autres et pêle-mêle : le règne de la terreur, le comble de la dépravation et de la fornication, la recrudescence de la violence et de l’impiété, les colères de la terre et de la mer à travers des tremblement et des vagues géantes…

Alors, je me perds en réflexions !
Soit tous les prophètes ont menti, ce qui signifie qu’il n’y aurait aucun Retour, aucun Avènement ni aucune Fin à espérer ou à craindre ; que tous les Livres Saints seraient des impostures d’illuminés machiavéliques, que les êtres créés par Dieu, le Vrai, seraient sur une autre planète (qui sait si ce n’est pas dans le nouveau système solaire qui vient d’être découvert, il y a quelques jours seulement) et que nous autres ici, aurions été créés par le Diable et à son image ; que la nature des êtres humains serait d’être de plus en plus mauvais, de plus en plus méchants au fur et à mesure que l’humanité avance en âge ; que toutes les catastrophes, tous les drames, toutes les iniquités dont nous sommes témoins ne sont que les fruits de nos actes qui eux-mêmes ne sont que le reflet de notre essence…

Soit les prophètes et les messagers, ces êtres particuliers que Dieu a choisis et investis d’une mission d’éducation parmi les hommes, n’ont pas été compris, ni dans le sens de la révélation dont ils ont été porteurs, ni dans l’esprit de leurs enseignements et de leurs messages. Ce qui expliquerait nos comportements insensés indignes d’enfants de la Lumière, nos égarements, notre éloignement de tout ce qui est spirituel et éternel au profit de tout ce qui est matériel et temporel. Ce qui expliquerait pourquoi ceux-là mêmes qui sont censés être pour nous des guides sur le chemin de la connaissance et de l’adoration de Dieu, du renoncement aux choses du monde, de la formation de notre caractère et de notre personnalité, sont les plus pervertis, les plus corrompus et portent sous la toge de Dieu une âme de Satan.

Même convaincu que cette deuxième hypothèse est plus acceptable que la première, je n’arrive toujours pas à comprendre que l’être humain, malgré son éloignement de la voie de Dieu, soit aussi mauvais dans sa pensée, dans sa parole et dans ses actes. Non, il m’est impossible de comprendre et d’accepter que des leaders religieux soient aux avant-gardes de crimes comme la pédophilie, l’inceste, le viol et les attentats-suicides supposés conduire l’exécuteur tout droit au paradis. Imagine-t-on à quel point un croyant peut s’estimer perdu à jamais, quand il sait que celui devant qui il va se confesser ou à qui il va demander conseil, est un bourreau sauvage d’hommes, de femmes et d’enfants sans défense ?

J’ai appris comme vous qu’un kamikaze qui s’apprêtait à commettre un attentat-suicide a été arrêté en Mauritanie ; j’ai appris comme vous qu’à Bamako, un Blanc (peut importe qu’il soit Vénézuélien, Ukrainien ou Espagnol) a été froidement abattu et était en train d’être découpé en morceau quand la police est arrivée sur les lieux du forfait ; j’ai appris comme vous, avec un arrière-goût de réchauffé, la polémique autour de plusieurs dizaines de femmes violées au Congo-Kinshasa par des miliciens. J’apprends toujours comme vous, les efforts que font certaines organisations internationales pour que justice soit rendue pour tous les crimes qui sont commis partout sur la planète, pendant qu’à côté ou en face, d’autres organisations font les mêmes efforts pour que jamais justice ne soit rendue afin que règne l’impunité, mère de l’iniquité. Alors je comprends que tous les crimes semblables ne soient pas punis de la même façon en fonction de la personne qui les commet. Que la justice dite internationale est pour le moment, un leurre parce que, pour l’heure et pour des raisons absurdes âprement défendues, on la veut justice partisane. A l’image de notre justice locale. Jusqu’à ce que passe la génération des Mugabé, des Béchir et des Kadhafi. Des personnages perfides qui jonglent avec une fibre prétendue nationaliste pour s’attirer l’admiration de défenseurs d’une certaine « intégrité » qui donne à l’intégration africaine, sous certaines latitudes, la connotation d’une solidarité dans le mal.

Puis, d’autres questions affluent dans mon esprit agité par l’agitation du monde : jusqu’à quand attendra-t-on encore le siècle de la spiritualité ? Jusqu’à quand la matière commandera-t-elle l’esprit ? Jusqu’à quand, au nom de Dieu, le Bon, le Très-Sage, un homme s’estimant plus croyant se tuera-t-il en entraînant dans la mort ceux qu’il considère comme des mécréants ? Jusqu’à quand les frères de la même foi s’entretueront-ils ? Jusqu’à quand, parce que de croyances différentes, des frères s’élimineront-ils ?

Finalement, les colères de la terre, de l’eau, du feu et de l’air, qui s’abattent sur le monde chaque jour, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à L’Ouest, est-ce le signe du Retour du Messie, de l’Imam caché, de la Fin du monde ou la conséquence de nos actes animaux ? N’est-ce pas parce que nous nous comportons comme si Dieu était mort qu’Il veut, par ces colères contre lesquelles nous ne pouvons rien, nous interpeller, nous amener à nous tourner vers Lui, pour Le connaître et L’adorer ? N’est-ce pas Dieu seul qui peut nous secourir dans le péril, Lui qui subsiste par Lui-même et qui n’a aucunement besoin de nous pour exister ?

Au fait, quelle leçon de foi pouvons-nous donner à la postérité si, minimisant la paille qui est dans nos yeux, nous cherchons à tuer l’autre à cause de la paille qu’il a dans les yeux ? D’ailleurs, cette paille dans les yeux de l’autre, et si ce n’était que le reflet de la paille que nous avons dans nos propres yeux ?

Tout en cherchant les réponses à ces questionnements, n’oublions pas que les kamikazes sont déjà à nos portes. Que la mafia est déjà dans nos murs. A chacun sa vigilance !

Bien à vous.

MINGA



DEF ET BAC 2010 : Les fleurs et les fruits

Les résultats du diplôme d’études fondamentales (DEF) et du baccalauréat de l’année 2010 sont maintenant connus. Sur la plupart des lèvres maliennes qui s’ouvrent pour commenter ces résultats, trois mots exprimant une même triste réalité sont les plus réguliers : drame, désastre, catastrophe. Dans les deux cas, les taux de réussite sont inférieurs à la moitié des taux de réussite de l’année 2009. Côté analyse de ces mêmes résultats, si tout le monde est d’accord qu’ils sont exacts et reflètent le vrai visage de l’école malienne, deux camps s’opposent cependant quant aux victimes du prix à payer.

Ainsi, pour certains parents d’élèves, leurs enfants ont été injustement sanctionnés alors qu’ils ne sont que des produits innocents d’une école malade de son système laxiste et complaisant, de ses enseignants mal formés ou déformés. Selon ces parents, la réforme devait commencer par un contrôle strict des programmes d’enseignement dans leur application et une inspection rigoureuse des enseignants qui, pour la plupart, faute de contrôle, font ce qu’ils veulent, surtout dans le public. Ces parents estiment donc que la réforme devrait être progressive, le temps d’inculquer de nouvelles valeurs aux enseignants et de sensibiliser les élèves quant aux nouvelles orientations du système scolaire. En un mot, ils pensent que le gouvernement a eu tort d’organiser ces « examens-abattoirs » qui ne font pas honneur au Mali.

Mais pour d’autres parents, le son de cloche est différent. Malgré leur peine de voir leurs enfants échouer, quand c’est le cas, ils sont d’accord avec ces résultats et sont convaincus que, de toutes les façons, le sacrifice expiatoire de l’école malienne devait forcément commencer par une promotion. « On ne peut faire d’omelette sans casser des œufs », soutiennent ces parents qui semblent plus rationnels et plus sereins que les premiers.

En effet, aujourd’hui ou demain, il aurait fallu avoir le courage d’assainir l’école, d’une façon ou d’une autre. Et il n’y a pas de réforme qui ne soit douloureuse au début, parce que toute réforme vient briser un rythme, changer une façon de faire, de voir, de dire ou de vivre. Les parents qui accusent le gouvernement doivent reconnaître leur part de responsabilité car ils semblent cautionner la faiblesse du système scolaire et auraient certainement voulu que la réforme tombe après leurs enfants. Une pensée un peu dans le genre « Après moi, le déluge ! » Et pourtant, ils auraient pu eux-mêmes conscientiser leurs enfants sur la nécessité d’étudier d’arrache-pied et sans relâche pour se garantir un succès sans tâche. Que nenni ! Ce sont ces parents-là mêmes qui passaient voir les directeurs d’écoles ou des enseignants pour leur donner de l’argent afin de gonfler les moyennes de classe de leurs enfants pour faciliter leur passage. Pris à contre-pied dans leurs pratiques malsaines, ils ne peuvent que rugir contre les premières notes d’une réforme qui, même si son début d’application provoque des « catastrophes », va permettre à l’école malienne de redorer son blason.

Il est vrai qu’à côté de ces deux positions principales, il y a ceux qui expliquent « le drame » par un acte de sabotage des enseignants grévistes qui auraient mal corrigé les copies pour s’en débarrasser, question de faire valoir leur capacité de nuisance. Dans un tout autre registre, une directrice d’école privée qui tenait à déposer une lettre d’opposition aux résultats du DEF m’a fait savoir que ce « désastre » pouvait être orchestré par le gouvernement lui-même, pour montrer à l’opinion que les enseignants qui sont si prompts à revendiquer sont si nuls qu’il a fallu une réforme des examens pour mettre à nu les limites de leur compétence. De quoi justifier le rejet de leurs revendications.

Evidemment, les commentaires resteront toujours des commentaires, intelligents ou insensés. Une chose est claire, les examens 2010 ont révélé le degré de pourriture de l’école malienne. Et quand on s’en tient aux moyennes obtenues par les élèves lors des différentes compositions trimestrielles tout le long de l’année, on peut dire avec amertume mais espoir : « Les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs ». Et, au lieu de chercher ici et là des boucs émissaires, réfléchissons aux moyens à mettre en œuvre pour revaloriser notre école en ces jours d’intégration africaine où il est impératif que les élèves et étudiants du Mali soient capables de tenir le cap, face aux autres de la sous-région et pourquoi pas, du continent. Arrêtons donc de gémir, de pleurnicher pour réfléchir ! Alors nous serons heureux de retrouver un jardin magnifique où chaque belle fleur produira un beau fruit. N’est-ce pas ?


Bien à vous.

MINGA

PRESIDENTIELLE EN GUINEE : De l’eau dans le lait de Diallo ?

Si l’on peut dire que toutes les élections sur le continent – ou presque toutes – se ressemblent, par leurs empreintes de « technologie » antidémocratique, fines ou grossières, il est des élections qui surclassent d’autres, à cause de contextes particuliers qui donnent à toute la période préélectorale, une ferveur d’attente messianique. C’est le cas des élections en Guinée et en Côte d’Ivoire. Parlons d’abord du pays du Silly.
La Guinée est un pays qui amorce une nouvelle ère dans sa vie de nation à consolider, après plus d’un demi-siècle de tâtonnement sur le chemin du développement à tous les niveaux possibles et de la maturité politique. On ne peut pas nier les efforts qui ont été faits au plan culturel par Sékou Touré qui, quoi qu’on puisse dire aujourd’hui, fut un grand ouvrier de l’identité culturelle. N’a-t-il pas favorisé l’éclosion de groupes musicaux et de troupes théâtrales, entre autres ? Après lui, il aurait peut-être fallu à la Guinée un homme encore plus charismatique, de plus grande stature, ayant de plus grandes qualités intellectuelles, morales et humaines et une meilleure formation politique. Au lieu de cela, c’est un militaire simple, trop simple, qui a pris le pouvoir et s’y est agrippé. Un militaire tellement simple et tellement égoïste qu’il a préféré rendre la Guinée malade de sa propre maladie, plutôt que de céder son fauteuil à un autre fils du pays, à travers une élection digne de ce nom, quand il a compris que son mal le rendait incapable de gouverner avec sérénité. Alors, pendant vingt-quatre ans, la Guinée a subi Conté et ses acolytes. La mort du militaire va libérer le pays de son œdème. Mais c’est un autre militaire, qu’on croyait un peu plus éclairé, qui va lui succéder. On a vite compris que Camara n’est pas Sankara et que, en dehors de leur grade de Capitaine, le premier ne méritait même pas d’être appelé copie, si pâle soit-elle, du second. Voilà pourquoi ce qui devait arriver arriva, sans trop surprendre.
Sékouba Konaté, l’intérimaire, est un autre militaire. Mais lui a une autre conception du rôle de l’armée et il a voulu donner au monde la preuve qu’on peut être militaire et sage, honnête et ouvert aux exigences de la démocratie.
En réussissant l’organisation du premier tour des élections, il a convaincu de sa bonne foi. Pour la première fois vraiment, les Guinéens ont goûté au plaisir de la liberté de l’accomplissement d’un devoir dit citoyen. Après une période d’incertitude et d’angoisse, on vient enfin de connaître la date du second tour : le 19 septembre 2010.
Mais à peine a-t-on fini de pousser notre « ouf » de soulagement que le bruit d’un pavé dans la mare politique guinéenne nous ramène à nos angoisses ! Le premier ministre ira-t-il jusqu’au bout de son intention de « modifier » des dispositions de la Constitution pour « diluer » le pouvoir de la Commission nationale électorale indépendante (CENI) ? Cette intention est-elle sincère ou dérive-t-elle d’une autre intention qui serait obscure ? Les rumeurs du parti pris du premier ministre en faveur du candidat Alpha Condé seraient-elles fondées ? En tout cas, on peut bien se poser la question de savoir à quel jeu veut jouer Jean-Marie Doré en ce moment très sensible de l’histoire de la Guinée qui a plus besoin d’assurance et de sérénité que de doute et de suspicion. Le premier ministre roulerait-il vraiment pour un candidat ?
J’ai presque la certitude que Jean-Marie Doré ne sera pas suivi dans ses turpitudes qui risquent de faire chavirer un navire qui n’est plus loin du port. Et c’est en cela que la décision du Général Sékouba sera salutaire, si elle s’oppose à la volonté de son premier ministre. Et même si tout rentrait dans l’ordre, cette sortie inattendue de l’ex-leader de la société civile nous oblige à nous poser cette question : qui veut verser de l’eau dans le lait de Diallo ? Car les partisans du patron de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), donné favori, pensent que c’est contre eux que joue le chef du gouvernement transitoire.
Jean-Marie Doré a donc intérêt à redorer son blason, s’il veut laisser son nom parmi les héros de la construction de la démocratie guinéenne. S’il veut faire taire ceux qui exigent sa démission. En attendant le 19 septembre. Une date qui rappelle la descente aux enfers d’un pays voisin, il y a huit ans. Mais une date que la Guinée devrait pouvoir célébrer comme celle de sa sortie du tunnel.
Bien à vous.

MINGA

26.2.10

CÔTE D'IVOIRE : ivoirité, iniquité, méchanceté ou la redescente aux enfers ! (3ème Partie)

Avant d’aborder la dernière partie de ma réflexion sur la situation en Côte d’Ivoire, il me plaît de saluer l’acte courageux et patriotique des militaires nigériens qui ont osé montrer à Mamadou Tandja qu’il y a coup d’État et coup d’État. A un coup d’État constitutionnel qui a fermé toutes les portes aux négociations et à l’épanouissement de la démocratie, au nez et à la barbe de grands « censeurs » de l’Union africaine, les militaires ont préféré un coup d’État, que dis-je, un coup d’éclat qui libère le peuple nigérien. N’en déplaise aux esprits chagrins, aux raisonneurs obscurs et aux moralisateurs obtus qui se perdent dans les labyrinthes de leur syllogisme handicapé sur la démocratie. N’en déplaise aux super « démocrates africains » ( ?) atteints d’anachronisme intellectuel.
Tous ceux qui aujourd’hui, condamnent le putsch de Niamey devraient avoir honte de n’avoir rien fait quand Tandja a dissout l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle, quand il a organisé un simulacre de referendum pour légaliser son illégitimité, quand il a organisé une caricature d’élection législative pour se créer une cour de suiveurs. Avec une certaine pudeur de mauvais aloi, ceux-là défendaient un certain principe de « non-ingérence » dans les affaires intérieures d’un État souverain. Maintenant que d’autres Nigériens se lèvent pour mettre fin à la perfidie, aux vilenies et à la chienlit, on sort des principes de la « démocratie » en vigueur à l’Union africaine. Comble d’hypocrisie ou de mauvaise foi ! J’ai bien aimé le trait d’esprit d’un opposant nigérien qui, aux premières heures de ce « Ouf d’État », a déclaré sur RFI que coup d’État pour coup d’État, il préférait « l’original à la copie », faisant allusion aux tripatouillages de Tandja pour s’offrir un bonus de trois ans à la tête du pays. Comme si gouverner était un jeu d’enfant.
Je me sens foncièrement démocrate, voilà pourquoi je soutiendrai toujours tous ceux qui viendront rappeler à l’ordre des chefs d’État têtus et indécents qui se moquent de leurs populations et les étouffent dans l’expression de leurs droits les plus élémentaires. On me dira qu’on ne peut pas être démocrate et soutenir un coup d’État. C’est peut-être vrai. Mais ne dit-on pas que « quand vous dansez avec un aveugle, il faut souvent lui marcher sur les pieds pour lui faire comprendre qu’il n’est pas seul » ? Peut-on parler de bon sens à quelqu’un qui n’a pas le sens du bon ? Pour le reste, on prend le temps à témoin.

Revenons donc à la Côte d’Ivoire. Débarrassé en 2002 de Guéï Robert, le balayeur gênant, Gbagbo Laurent, le boulanger, hors de danger, gère la crise à sa guise. Les dates des élections se suivent depuis 2005 et ne se respectent pas. Personne ne veut réagir pour mettre les pendules à l’heure dans une Côte d’Ivoire prise en otage par des soi-disant « patriotes ».

Aujourd’hui, avec les manifestations sanglantes qui ont lieu dans plusieurs villes du pays, peut-on encore parler d’élections paisibles, justes et transparentes en 2010 ? Ne sommes-nous pas à la case départ avec la résurgence de la crise identitaire qui a conduit à l’attaque rebelle de septembre 2002 ?

La Commission électorale indépendante (CEI) qui a été dissoute vient d’être reconstituée. Avec un président clairement identifié comme membre du PDCI de Bédié. Dans le nouveau gouvernement censé ne comporter que des technocrates mais pas de ministres partisans, on reconnaît avec netteté des ministres FPI qui font la campagne pour Gbagbo. Quid des ministres de l’opposition qui entreront dans ce gouvernement ?
En attendant de connaître les noms de ces ministres, Blé Goudé et ses amis « patriotes » menacent de descendre bientôt dans les rues de la Côte d’Ivoire pour une démonstration de force. Parce qu’ils ne sont pas d’accord avec la composition de la nouvelle CEI. En finira-t-on un jour, en Côte d’Ivoire ?

Depuis 2006, je fais partie de ceux qui pensent que les Nations Unies devraient trouver un moyen exceptionnel (différent de la tutelle) pour gérer la Côte d’Ivoire. Le temps de résoudre tous les problèmes liés à l’identité, sous une autorité neutre. Le temps de panser les plaies, les meurtrissures de l’ivoirité. Le temps de faire réfléchir les politiciens à ce qu’ils veulent vraiment faire de ce pays. Mais, au nom d’une quelconque souveraineté dont personnellement je ne perçois pas la consistance en ces temps de déchaînements incontrôlables de passions identitaires vengeresses, des voix condamnent l’implication des nations Unies dans la gestion du pays. N’est-ce pas une fierté mal orientée quand, face à un chaos contre lequel nous ne pouvons rien, nous refusons la couverture d’une institution capable de nous aider ? Faut-il laisser chavirer le navire ivoire au nom d’un certain nationalisme à la Mugabé, en reniant l’histoire de la construction de la Côte d’Ivoire ? Faut-il toujours qu’on attende l’irréversible pour intervenir ? Peut-on parler d’ingérence dans les affaires intérieures d’un État s’il s’agit de protéger la majorité de la population de cet État contre la rage meurtrière d’une minorité enivrée par le pouvoir ? Doit-on désespérer de la Côte d’Ivoire ? Doit-on ne rien attendre des Nations Unies ? Tant de questions !

Je reste cependant convaincu que ceux qui ont semé les grains de cette ivraie appelée ivoirité payeront pour tous les crimes qu’elle provoque. Alors, on reconnaîtra une Éburnie plus humaine, pleine de la crainte de Dieu, ouverte sur le monde, dépouillée de toutes les formes d’iniquité et de méchanceté gratuites et de tous les conflits identitaires anachroniques, absurdes, inutiles. Cette Côte d’Ivoire-là, je l’espère vivement.

Bien à vous.

MINGA

CÔTE D'IVOIRE : ivoirité, iniquité, méchanceté ou la redescente aux enfers !

Les événements se précipitent en Côte d’Ivoire où la crise s’installe de plus en plus profondément dans le tissu social. Comme promis, nous allons revisiter ensemble la période allant du coup d’État de Guéï Robert à la rébellion de 2002 (et non 2009 comme cela avait été mentionné par une erreur dans la chronique précédente).
Le coup d’état du 24 décembre 1999 qui voit le général Guéï Robert prendre le pouvoir, est l’expression du ras-le-bol des militaires qui ont fini par comprendre les souffrances des populations et se sont dits qu’il fallait agir vite pour éviter une guerre civile à la Côte d’Ivoire. Il n’y a qu’à voir la liesse populaire dans les rues de la plupart des grandes villes du pays pour se rendre compte du sentiment de soulagement général des Ivoiriens qui apprécient à sa juste valeur la beauté du cadeau que le Père Noël vient de leur offrir.

Guéï Robert jouissait déjà d’une aura de héros, lui qui avait, à la veille de l’élection présidentielle de 1995, perdu son poste de Chef d’État-Major de l’armée ivoirienne, pour avoir refusé de faire sortir l’armée pour mater les populations qui suivraient le mot d’ordre de « boycott actif » lancé par Laurent Gbagbo et son ami intime de circonstance d’alors, Alassane Dramane Ouattara. Et quand, quelque temps après le coup d’État du 24 décembre 1999, Alassane rentre de son exil forcé en France, le Général sera considéré comme un vrai redresseur des torts.
Entre-temps, Bédié avait modifié l’article 35 de la Constitution de sorte que, sans ambiguïté, il élimine de la course au pouvoir son ennemi intime ADO. Un extrait de cet article :
« … Il (le candidat à l'élection présidentielle) doit être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Il doit n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne. Il ne doit jamais s’être prévalu d’une autre nationalité. Il doit avoir résidé en Côte d’Ivoire de façon continue pendant cinq années précédant la date des élections et avoir totalisé 10 ans de présence effective… »

Guéï Robert voulait montrer sa bravoure en modifiant à son tour ce qui, dans cet article, sentait trop l’ivoirité : «… né de père ET de mère… ». Il mettra ’’OU’’ à la place du ’’ET’’ mais le lavage de cerveau de Bédié avait bien réussi : Le ’’ET’’ va être maintenu in fine.
Puis, on sentira le changement dans les propos du Général. L’ivresse du pouvoir a fini par faire perdre la raison à celui qui avait dit qu’il était venu juste pour balayer la maison et repartir. Il voulait désormais habiter la maison. Ses parents de l’Ouest lui ayant dit qu’ « un garçon ne balaie pas et ne pêche pas du poisson pour son ami garçon ». Puisque Bédié avait laissé entendre que seuls les baoulés étaient nés pour gouverner, il fallait lui prouver que les dan aussi pouvaient diriger ce pays.
Mais c’était sans compter avec Laurent Gbagbo. Ce dernier portait l’espoir des bétés qui voulaient absolument se venger du massacre, en 1970, de 4 000 paysans guébiés (tribu de la région de Gagnoa, au Centre-ouest) par l’armée de feu Félix Houphouët-Boigny, suivi de l’enlèvement et de la disparition du plus célèbre fils de la région, Jean-Christophe Kragbé Gnagbé. Le bélier de Yamoussoukro n’avait pas supporté que ce dernier lui exigeât le multipartisme à cette époque-là.
Et comme Gbagbo considère la politique comme un jeu de ruse où il faut jouer avec les cartes de l’opportunisme et des opportunités, il se lie d’amitié avec le Général. Les deux concluent un pacte dont le contenu exact reste obscur. Toujours est-il qu’Allassane Ouattara sera exclu, contre toute attente, de la présidentielle de 2000. Le balayeur, qui n’avait pas encore découvert les talents de boulanger de son nouvel ami, va dormir sur ses lauriers pendant la période des campagnes électorales, pour se réveiller en sursaut un jour, au moment où les résultats sont en train d’être proclamés au compte-gouttes, qu’il est le vainqueur du scrutin et que l’autre est en train de lui voler sa victoire.
Gbagbo jette ses militants dans la rue. ADO, à son tour, dit à ses militants que le pouvoir est dans la rue et qu’il faut aller le chercher pour lui. On connaît la suite. Carnage. Massacre. Assassinat organisé des « envahisseurs », comme on appelait aussi les originaires du Nord. Charniers. L’enfant prodige de Gagnoa s’installe au pouvoir et certains de ses partisans incontrôlés commencent à poser des actes de vengeance contre des baoulés et des nordistes appelés communément dioulas…
On organise des journées de réconciliation nationale qui, en réalité, ne contribuent qu’à ouvrir des plaies cicatrisées ou en voie de l’être. Mais on conclut que tout s’est bien déroulé. Malheureusement, l’ivoirité va revenir à la surface.

Le 19 septembre 2002, des déserteurs de l’armée nationale, en majorité originaires du Nord et de l’Ouest, aidés par des groupes de politiciens aigris ou mécontents, vont décider de descendre sur le Sud. Ils veulent prendre par la force le pouvoir, pour réparer l’injustice en cours contre ADO et les populations frustrées dans l’expression de leur identité. Le balayeur est assassiné avec des membres de sa famille. La rébellion est étouffée dans l’œuf, mais elle tient bon en maintenant le pays coupé en deux…
La semaine prochaine, je partagerai avec vous mon opinion sur la gestion de cette crise ivoirienne.

Bien à vous.

MINGA

12.2.10

CÔTE D'IVOIRE : Ivoirité, iniquité, méchanceté ou la redescente aux enfers

Depuis quelques jours déjà, un voile d’angoisse et de peur est en train de couvrir, en Côte d’Ivoire, la grande lueur d’espoir née des accords de Ouagadougou. La pauvre Éburnie qui revient de loin va-t-elle encore sombrer dans le chaos des armes ? La préférence identitaire qui semble revenir au galop va-t-elle rendre la haine plus forte que l’amour, la guerre plus facile que la paix ? La méfiance va-t-elle l’emporter sur la confiance, l’amitié et la fraternité ? Le mensonge politique va-t-il démonter tous les beaux songes simplement humains d’un peuple fatigué par la mesquinerie de ses leaders d’opinion ? Rappelons quelques faits à l’origine de cette crise née de l’exploitation politique tendancieuse d’un concept identitaire ambigu : l’ivoirité.

En 1993, Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale, a hérité tout de suite du fauteuil présidentiel de feu Félix Houphouet-Boigny. La façon à la fois cavalière et spectaculaire dont le dauphin constitutionnel a pris le pouvoir à la télé ce jour-là, avec l’aide de l’armée française et le premier lapsus du nouveau président qui demanda aux Ivoiriennes et aux Ivoiriens de se mettre à sa disposition, ne trompa personne sur une soif du pouvoir qui devenait intenable. Alassane Dramane Ouattara a dû quitter la primature pour regagner le FMI, comme directeur adjoint. Même si Bédié gagne les élections de 1995, il sait que pour garantir son assise et remporter toutes les autres élections à venir, il doit tout faire pour éliminer ce technocrate encombrant et très ambitieux originaire du Nord.

En 1996, un groupe d’universitaires ivoiriens proches de Bédié publie un document dénommé « L’ivoirité ou l’esprit du nouveau contrat social du président Henri Konan Bédié ». Mais la période choisie pour la publication de ce document n’est pas fortuite car, celui qu’on appelle le fils d’Houphouët-Boigny cherche, par tous les moyens, des arguments pour empêcher la candidature d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) en 2000. Ce dernier aurait un père burkinabé et il a surtout été vice gouverneur de la BCEAO, un poste réservé au Burkina-Faso. Mais au-delà de la personne d’ADO, ce sont tous les Ivoiriens du Nord ou portant des patronymes malinké qui sont visés par cette notion d’ivoirité. Du coup, on vient de catégoriser la nationalité ivoirienne : d’un côté les Ivoiriens dits « de souches multiséculaires » comme les baoulés, et de l’autre les Ivoiriens dits « de seconde zone » ou « de circonstance ». Et si les populations du Nord semblent être les principaux concernés par cette forme d’exclusion, il est important de préciser que de nombreux ressortissants de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, d’ethnie dan (ou yacouba) portent les patronymes Touré, Koné, Bakayoko, Soumahoro, Haïdara… Tous ceux-là aussi souffrent autant que les populations du Nord, des tribulations liées au délit de patronyme, lors des contrôles policiers ou dans les services publics au moment de se faire établir une carte d’identité ou un certificat de nationalité. On ne tarde pas à entendre parler de « délit de faciès » quand les policiers commencent à s’en prendre à des citoyens sur la base de simples présomptions de ressemblance à des étrangers. Car, être du Nord signifie être Malien ou Burkinabé, entre autres, donc être étranger.

À cause de cette notion d’ivoirité, mal définie et mal défendue, des foyers de tensions sociales vont naître un peu partout en Côte d’Ivoire où ceux qui se considérent comme « vrais ivoiriens » attaquent les allogènes qui travaillent dans les plantations dans leurs régions.
La publication par Bédié de son livre autobiographique « Les chemins de ma vie » et tous les commentaires qui l’accompagnent ne font qu’envenimer l’atmosphère déjà délétère d’un enfer en puissance. Mettant son ethnie au-dessus de toutes les autres, Bédié ne fait rien pour apaiser les colères de ceux qui se voient spolier de leur nationalité du jour au lendemain et qui ne savent plus à quel saint se vouer. Bien au contraire, avec mépris, suffisance, arrogance et insolence, il traite ceux qui, selon lui, ont « les jours pairs, une nationalité et les jours impairs, une autre nationalité », faisant allusion à Alassane Dramane Ouattara, son principal allié d’aujourd’hui. Profitant d’une interview au cours de laquelle ce dernier a soutenu qu’il est combattu par le pouvoir parce qu’il est musulman, le débat sur l’éligibilité et la nationalité produit une nouvelle ramification, aggravant le mal-être ivoirien : le délit religieux. Dès lors, même s’habiller comporte une grande part de risque dans certains milieux. Porter un grand boubou par exemple, signifie d’emblée être musulman, c’est-à-dire originaire du Nord, c’est-à-dire « Ivoirien de circonstance », c’est-à-dire étranger, c’est-à-dire Malien ou Burkinabé ou Guinéen ou Nigérien, donc « envahisseur », donc « ennemi de la Côte d’Ivoire ».
La semaine prochaine nous revisiterons de la période du coup d’Etat de Robert Guéï à la rébellion de septembre 2002.

Bien à vous.

7.2.10

POLITOSCOPE AFRICAIN : Les pouvoirs du ridicule



Le spectacle que nous offrent certains dirigeants actuels des pays africains est détestable, lamentable, triste et désolant. Un parcours rapide des actualités du continent nous donne la dimension du ridicule qui règne dans la gouvernance. Heureusement que sous les Tropiques, le ridicule ne tue pas, n’humilie pas, mais il ennoblit.

En Guinée, le Premier ministre sorti des côtes de l’opposition a du mal à former son gouvernement sur lequel reposent déjà tous les espoirs d’un nouveau départ pour le pays. Comme quoi, c’est plus facile de s’opposer que de proposer. Le vrai maçon, c’est vraiment au pied du mur qu’il se connaît. Alors on attend Doré qui prend son temps avec tant de regards tournés vers lui. Évidemment, cela n’augure rien de rassurant, mais que faire ? Avec le verdict de la Commission nationale d’enquête sur les sauvageries du 28 septembre 2009, on a compris à quel point certains citoyens, fiers de se faire appeler « intellectuels », peuvent pousser la malhonnêteté au-delà de l’inhumanité, au nom de desseins obscurs. Toumba Diakité, grand « coupable », est introuvable (même si on connaît des gens qui savent où le trouver) ; les leaders de l’opposition, ''principaux responsables'', bénéficient d’une amnistie au nom de la « réconciliation nationale ». Avec un tel résultat, qui a vraiment intérêt à se fâcher ? Personne. Sinon, ceux qui ont perdu leurs parents, amis et connaissances. Mais ceux-là, ils font partie du peuple. C’est-à-dire de la masse anonyme sans voix qui ne cherche qu’à survivre et qu’on utilise comme bétail électoral au moment des batailles pour le pouvoir. Quand le pouvoir a décidé, qui peut dire quoi ?

Au Niger, le président, toujours droit dans ses bottes, persiste et signe : pas question de dialoguer avec l’opposition si elle continue de refuser de reconnaître la légitimité de son coup de force constitutionnel qui lui donne pour le moment un bonus de trois ans au pouvoir. D’ici la fin des trois années, on aura fini de créer toutes les conditions légales de sa mort au pouvoir. Cette chose qu’on appelle « Communauté internationale » peut crier, gesticuler, menacer, elle finira par se taire. De toutes les façons, la grande France est là pour protéger le pays contre une quelconque volonté de le marginaliser. Après tout, qui a le monopole de la démocratie sur qui ? Les marcheurs peuvent user les semelles de leurs chaussures. Ça ne peut qu’aider les cordonniers à s’en sortir. Qui dira après que l’État n’a aucune politique de soutien aux secteurs informels ? Tandja ne dort pas. Mais il rêve, rêve, rêve. Comme ses autres compères du syndicat des chefs d’État. Normal.  

En Côte d’Ivoire, l’heure est à la palabre. Entre ceux qui veulent que les élections se tiennent et ceux qui n’ont pas intérêt à ce que le pays sorte de l’illégalité et de l’illégitimité chroniques dans lesquelles il s’enfonce depuis déjà cinq ans, la durée de tout un mandat ! En suivant de près cette affaire scabreuse de liste frauduleuse au sein d’une CENI ténébreuse, on se dit que l’élection présidentielle de 2010 reste une vraie nébuleuse. On se dit aussi qu’un malin est tombé sur plus malin que lui. Le Président avait donné sa confiance à Beugré en le nommant à la tête de la CENI et pour lui, le nombre important des représentants de l’opposition ne pouvait aucunement entacher le travail de ce dernier. Mais on dit au pays : « Qui est- fou ? Quand y a occasion-là, faut profiter dê ! Sinon, pour toi est mort… » Voilà qu’on parle de plus de quatre cent mille « électeurs clandestins potentiels » qui pourraient « voler » la victoire au Christ de Mama. Maintenant que ce danger est perçu, on veut changer de président de la CENI et on demande à Beugré de démissionner. Pour  le moment, le patron de la CENI fait de la résistance. Mais s’il partait, qui mettrait-on à sa place ? Peut-être un mouton à la solde du pouvoir. Une autre aventure pour d’autres incertitudes ! Dur, dur, d’être démocrate en Afrique. Mais on y arrive toujours avec de très bons présidents-boulangers.

Au Sénégal, le super Gaïndé de la Téranga attend certainement avec beaucoup d’impatience une réaction positive massive des Haïtiens, à son appel pour leur retour sur le continent africain, quelque part au Sénégal, peut-être. Au moment où les débats sur une autre candidature de Wade à la présidence de la République ou de sa succession par son fils Karim faisaient rage dans la presse privée sénégalaise, le tonitruant Abdoulaye a profité du drame haïtien pour jeter un pavé dans la mare très trouble du continent. En parlant comme au nom de ses pairs africains, le plus beau président de l’Afrique de l’Ouest n’a certainement pas réalisé à quoi il engageait le continent, là où ses mots de compassion et l’aide financière du Sénégal auraient suffi. Mais quand on veut mourir au pouvoir, on a les meilleures idées pour créer des électorats comme on peut. A moins que papy Wade-la-gaffe ne montre, par ses déclarations décalées, ses premiers symptômes de gâtisme.

Au Mali, le PDES a mal au foie. En plus du fil que l’antenne AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) du Mali donne à retordre au Président malien, jusqu’à mettre en péril ses relations historiques avec la grande France, Bamako vit sous une terreur inouïe à cause d’un banditisme qui semble être à son pic ces jours-ci. Pire, on entend dire que tel fou aurait été arrêté parce qu’il ne serait pas un vrai fou, mais un « dealer » déguisé ! Que tel lieu, apparemment simple abri de  fous ou de délinquants, déboucherait sur une grande cache d'engins volés. Mais comment expliquer cette brusque montée du banditisme dont les grands moyens utilisés par les forces de défense et de sécurité ne brisent ni l’ardeur, ni la violence ? Les propriétaires de « Air cocaïne » seraient-ils en train d’écouler leur marchandise en ce moment ? L’oisiveté des jeunes aurait-elle atteint le seuil de l’insupportable au point où ils manifestent par les actes criminels qui ont cours, leur hargne contre la société ? Toutes les mesures dissuasives et répressives appliquées aujourd’hui et demain suffiront-elles à résorber le taux de banditisme si des mesures courageuses d’insertion socioprofessionnelle profitables aux enfants de toutes les couches sociales, sans favoritisme, sans népotisme, ni autres trafics d’influence, ne sont pas prises et appliquées ? Ne passe-t-on pas trop de temps à faire des discours laudatifs, encenseurs, cultuels autour de la personnalité du président et de son PDES, au lieu de chercher les solutions idoines urgentes aux graves crises qui menacent l’équilibre social et qui s’expriment à travers le commerce de la drogue, la prostitution, la délinquance à large échelle ? On peut cependant oser croire que bientôt sera la fin de la terreur à Bamako. N’oublions pas qu’ATT est avant tout un militaire et qui plus est, un commando parachutiste. A tout moment, il peut entrer en action. Sauf si les préoccupations liées à l’organisation du cinquantenaire occultent les réalités désespérantes du moment.

Ailleurs, des présidents s’amusent. Comme Jacob Zuma qui a célébré récemment son cinquième mariage après avoir reconnu en octobre dernier un enfant « né dehors ». Le vingtième rejeton du président de l’Afrique du Sud. Comme DJ Rajoel, qui se moque de tous les accords pour restaurer la quiétude au Madagascar. Et vous savez qui est son conseiller ? Un certain Khaddafi. Celui-là même qui voulait s’éterniser à la tête de l’Union africaine et qui, diplomatiquement forcé au départ, pour céder le fauteuil à Bingu wa Mutharika du Malawi, a fini par déclarer : ’’Si j’avais su l’année dernière que c'était comme ça, cette fonction de président de l’Union africaine, j’aurais refusé’’. Le comble, n’est-ce pas ? Nous vivons vraiment l’ère de la démocratie ridicule !

Bien à vous.

MINGA