La récurrence des agitations qui rythment aujourd’hui la vie de nos pays africains et de bien d’autres pays, ailleurs dans le monde, la difficulté à se projeter dans un avenir plus incertain que jamais à cause des guerres, des maladies et des catastrophes naturelles toujours plus violentes, le règne de l’injustice et des abus de toutes sortes, tout cela offre un immense champ d’inspiration à ceux qui sont attentifs et sensibles au battement du pouls de notre planète.
Comme effet de cette inspiration, l’écriture, naguère prisonnière de certains dogmes, se libère et la plume, plus légère encore, se vide des mots de tous les maux de notre quotidien surchargé.
Écrire, plus qu’un simple exutoire, devient donc une véritable thérapie. Journal intime, poésie, nouvelle, roman, pièce de théâtre, nombreuses sont les formes d’expression qu’expérimentent, ici et là, des jeunes, des moins jeunes, hommes et femmes, gonflés à bloc par les horreurs de la misère morale et matérielle ambiante, bien souvent levain de grandes inspirations. De la même manière dont une bouffée d’amour ou de spiritualité peuvent nous transporter.
C’est si bien d’écrire ce qu’on sent, ce qu’on ressent… C’est si bien de dire ce qu’on défend contre la violence des vents ennemis, des vents contraires. C’est si bien d’extraire de son esprit des idées sous forme de mots pour se libérer des fantômes ailés, des fantômes zélés qui peuplent les rues de nos imaginations.
Oui. Comme cela fait du bien de vomir quand on a la nausée. Comme cela fait du bien de rire quand on est heureux. Comme cela fait du bien de pleurer, parfois, quand on a mal, quand tout va mal, quand on en a marre !!!
C’est si bien de vivre à travers la splendeur excitante des lettres enjouées, légères et frivoles dont le mystère des copulations fonde notre être profond. C’est peut-être pour cela que plus j’écris, plus je me sens libre, ivre de la vie, des aires sans frontières. Plus j’écris, plus je vis.
Mais au-delà de cette forme d’écriture littéraire qui résulte en fait d’une exaltation, d’une jubilation personnelle qu’on partage, je crois qu’il ne faut pas oublier l’écriture militante, l’écriture de combat. Je veux parler de cette écriture qui devient un moyen de dénonciation des tares sociales (corruption, abus de pouvoir, clientélisme, gabegie, etc.) entretenues par des gouvernants incompétents ou sans conscience. Un moyen de rejet de l’arbitraire, de l’injustice… Cette écriture douloureuse qui est le reflet de la douleur du monde et l’expression de notre rapport à ce monde, doit être, non pas comme le couteau qu’on tourne dans la plaie, mais comme une épreuve de catharsis qui libère notre mémoire et soulage notre conscience. Je me suis toujours dit que derrière une écriture, il y a soit un plaisir à partager, soit une plaie à panser ou un problème à poser. En tout cas, me concernant, l’écriture a une fonction qui, si elle n’est pas exclusivement jouissive, peut être au moins informative, préventive ou curative.
L’élan qui nous pousse vers cette forme d’écriture que nous désirons aussi partager avec les autres comme acte de témoignage, de solidarité ou de compassion, doit pouvoir s’affranchir de toute considération pécuniaire et de tout souci de petites gloires à glaner ici ou là. C’est un travail d’intime conviction qui ne devrait pouvoir s’échanger contre rien au monde.
Je n’ignore pas cependant qu’il existe ceux qui ne prennent la plume que pour faire mal, pour casser, pour démolir, pour provoquer des confrontations, des affrontements, des conflits. Très souvent par procuration. Très souvent contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Très souvent contre la morale et le bon sens. Très souvent avec la complicité d’organes de presse mercenaires qui vendent leur âme à des hommes politiques d’occasion.
Mais ceux-là sont comme ces écueils naturels qui jonchent toute voie qui mène au bonheur, au succès, à la consécration. Nous ne devons pas nous laisser distraire par ni par leur mépris pour notre pensée ni par la violence de leurs propos à notre égard. Il faut garder à l’esprit le but de notre mission. Tant que nous sommes convaincus de sa noblesse. Le vrai courage, ce n’est ni de suivre le courant de l’eau pour démontrer notre obséquiosité, ni d’aller à contre-courant pour démontrer notre capacité à nous opposer à un certain ordre. Le vrai courage réside dans notre détermination à défendre le bien-fondé de nos idées et à nous y accrocher fermement sans céder à toutes les formes de pressions possibles. Dans un monde comme le nôtre, qui s’effondre, parce que toutes les grandes valeurs, culturelles et sociétales s’y effritent, il faut oser écrire pour mettre la pendule à l’heure quand il le faut. Il faut oser exprimer son indignation face à la méchanceté gratuite des plus forts face aux plus faibles. Il faut oser être la voix des sans voix pour porter leur parole jusqu’au cœur du pouvoir. Oui, il faut oser…Mais, il faut aussi rester vigilant ! Parce que le pouvoir a les bras long, et qu’il peut user de tous les stratagèmes possibles pour vous nuire. Moralement ou physiquement. Il ne s’agit pas d’avoir peur, mais d’être prudent. Car, partout où il y a des Chebeya, on peut trouver des Kabila. Comme partout où naît un Sankara, un Compaoré peut surgir. “Le loup est ailleurs que dans les bois”, écrivait le poète. Et il a tellement raison !
Écrivons donc. Pour nous défouler, pour nous vider du trop-plein de « gaz carbonique » qui nous étouffe et remplit notre sommeil de cauchemars monstrueux. Écrivons pour revitaliser notre esprit et positiver notre pensée. Parce qu’une pensée étouffée fait de notre cerveau un dangereux foyer de tension. Mais écrivons surtout pour partager. Surtout avec ceux qui souffrent. Pour leur dire que nous sommes à leurs côtés. Que nous avons de la compassion pour eux. Que nous sommes solidaires de leur misère et que nous travaillons à ouvrir les yeux du monde sur eux, pour leur venir en aide. Parce que, comme l’a dit un sage, si « un bonheur à deux est un double bonheur, une souffrance à deux est une demi-souffrance ».
Merci à tous ceux qui ont eu du plaisir à me lire, au fil des semaines écoulées et m’ont souvent encouragé. Merci aussi à tous ceux qui m’ont insulté et traité de tous les sales noms possibles, parce que, comme une girouette rebelle, je refusais d’aller dans le sens de leur vent. Ces derniers m’ont aidé à comprendre que jamais je ne dois changer de chemin.
Bonne période de jeûne à tous les musulmans d’ici et d’ailleurs.
A beaucoup plus tard, inch’allah ! Bien à vous.
MINGA
27.7.11
19.7.11
AMBITIONS DÉMESURÉES, DISCOURS GRANDILOQUENTS : Et si on y allait avec modestie ?
La période pré-électorale nous offre chaque jour des scènes d’une comédie politique au premier degré. Des acteurs, trop confiants en leurs capacités, en leurs compétences, en leurs qualités qui excluent tout défaut, n’y vont pas de main morte. Prenant souvent tous les autres pour des ignares et se comportant parfois comme des êtres extraordinaires descendus de planètes inconnues, ils nous font boire, jusqu’à la lie, le vin de leur orgueil, de leur suffisance, de leur prétendue toute-puissance. Alors, quand ils nous sentent ivres de leurs discours grandiloquents, ils sont fiers et convaincus qu’ils sont les meilleurs et que rien ne peut les empêcher d’accéder au trône qu’ils convoitent.
Voilà comment se sèment dans les cœurs, les graines de la contestation qui peut conduire à la violence et à un conflit absurde. Mais ceux qui sont à l’origine de toute la chienlit qui se nourrit de leurs turpitudes ne le font pas tous sciemment.
Il y en a qui sont vraiment méchants et qui, avec une mauvaise foi bien calculée, décident de tromper les autres, de leur mentir sur ce qu’ils savent faire, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils veulent faire. Ils ne se préoccupent en rien de ce que peuvent provoquer leurs propos expressément mensongers et confligènes. Eux, en général, on les connaît ou on les reconnaît. Même s’il y a toujours des hommes à la conscience décalée ou eux-mêmes pleins de mauvaises intentions, pour les suivre.
Mais il y en a qui pensent très sérieusement qu’ils sont chargés d’une mission divine, porteurs d’un message de rédemption pour l’humanité, comme Krishna, Bouddha, Moïse, Jésus, Mahomet ou Baha’u’llah. Ceux-là, ils sont les vrais dangers publics. Ils ne savent pas qu’ils mentent et le risque qu’ils font courir au pays avec leurs discours de ‘’salut’’, ils ne le savent pas non plus. Pour eux, en dehors de leurs propos, il n’y a pas d’autre vérité à chercher ailleurs.
En réalité, les gens sont en politique ce qu’ils sont dans la vie. C’est la vraie nature des uns et des autres qui s’exprime toujours. Parce qu’on ne peut pas être de mauvaise moralité dans notre vie quotidienne et être en politique le modèle des bonnes mœurs. Un fanfaron dans la vie sera un fanfaron en politique. Un singe dans la vie, sera un singe en politique. Parce que la politique, c’est la vie.
Avec nous ou autour de nous, nous avons des parents, des amis ou de simples connaissances qui croient tout savoir ou qui se croient investis d’un pouvoir surnaturel. Ils se considèrent toujours comme les bienvenus partout où ils vont. Dans leur tête qui en réalité n’a rien d’extraordinaire, ils se disent capables de résoudre tous les problèmes et vont jusqu’à penser qu’ils sont indispensables à la vie des autres.
C’est pour ceux-là, qu’ils soient politiciens ou simples citoyens, que je re-écris cette histoire de la goutte de pluie. C’est une allégorie pour montrer la voie de l’humilité.
Laïga ou la petite goutte d’eau
Il était une fois, dans le ciel, loin, très loin dans le ciel, un grand bloc de glace dans lequel cohabitaient des milliards de gouttes d’eau en attendant le signal de départ de Laz’ran, le dieu de la pluie, pour se déverser sur la terre.
Parmi ces gouttes d’eau, il y avait Laïga. C’était une petite goutte d’eau impertinente, très fière et trop imbue d’elle-même. Elle n’arrêtait pas de chercher noise à ses amies auxquelles elle se croyait toujours supérieure. Mais les autres la supportaient et ne répondaient jamais à ses provocations. Mieux, elles faisaient tout pour se montrer attentionnées et affectueuses à l’égard de Laïga. Toutes ces marques de sollicitude, au lieu d’amener notre petite goutte d’eau prétentieuse à se remettre en question, à corriger ses écarts de conduite et de langage, à s’assagir, ne faisaient que la gonfler davantage de fierté et d’orgueil. Au point où elle finit par se dire que les autres n’existaient que par rapport à elle et que sans elle, la vie des autres n’aurait jamais de sens.
Puis un jour, Laïga alla voir Laz’ran, le dieu de la pluie, pour lui dire qu’il était temps que le signal de départ vers la terre fût donné. Désarçonné et stupéfait par le courage insolent et l’allure arrogante de la petite goutte de pluie, Laz’ran ouvrit les yeux pour regarder cette minuscule boule d’eau qui le contrariait, puis il les referma pour continuer sa méditation.
Vexée et humiliée par cette attitude à son égard, la goutte d’eau revint vers les autres et tenta de les remonter contre le dieu de la pluie. En se servant de tout ce qu’on leur avait enseigné sur leur utilité dans la vie de tous les êtres créés par Dieu : « Allons vers la terre, les plantes sont en train de mourir de soif et elles ont besoin de nous. Laz’ran est un dieu inconscient. Des plantations sont en train de brûler, des hommes meurent de soif, la terre sèche. Allons-y ! » Mais les autres gouttes d’eau refusèrent de se joindre à Laïga qui, une fois de plus, se sentit humiliée.
Alors, elle prit la décision de faire seule le voyage vers la terre. Se disant qu’elle partait pour être la reine de tous les règnes, humain, végétal et minéral. Fermement convaincue qu’en prenant le départ, toutes les autres gouttes la suivraient et que l’action de ‘’salut’’ de l’eau sur la terre sera ainsi à son honneur. Quand elle s’apprêtait à se projeter dans le vide, Laïzi, la doyenne des gouttes d’eau, essaya de la retenir : « Ne prends pas ce risque, ma petite chérie ! A toi seule, tu ne peux rien faire. Notre pouvoir n’est réel que lorsque nous partons ensemble. Sois plus patiente et attendons toutes l’ordre de notre dieu pour faire le voyage comme un seul corps… » Ces propos n’ont fait que redoubler le zèle de la petite goutte d’eau. Elle se jeta dans le vide. Les yeux fermés, elle traversait le vide en se disant : « Moi, j’ai des vies à sauver ! D’ailleurs, si je suis seule, je n’en serai que plus vénérée. Je serai la plus célèbre des gouttes d’eau ! »
Soudain, des bruits de vagues poussèrent Laïga à ouvrir les yeux pour regarder vers le bas. Que vit-elle ? Une immense, très immense étendue d’eau qui semblait sans limite. Celle qui croyait devenir la première et la seule entité d’eau sur la terre avant l’arrivée des autres, ne comprenait rien au spectacle qui s’offrait à ses yeux. Elle eut subitement envie de retourner en arrière pour attendre les autres, mais elle se rendit compte qu’elle n’avait pas le pouvoir d’arrêter sa course une fois entamée, ne serait-ce qu’un instant de pause pour réfléchir.
Finalement, la minuscule goutte d’eau s’évanouit dans le sombre anonymat de la vastitude de l’océan. Juste après avoir réalisé qu’elle n’était en fait qu’une simple goutte d’eau. Insignifiante et ignorante. Ne disposant, seule, d’aucun pouvoir de salut sur les autres créatures de Dieu.
Puisse cette histoire, que j’avais déjà écrite pour des enfants, inspirer toutes ces personnes qui rêvent au pouvoir, à quelque niveau que ce soit.
Bien à vous.
MINGA
©Crédit photo : Laurent Willen, 2009
Voilà comment se sèment dans les cœurs, les graines de la contestation qui peut conduire à la violence et à un conflit absurde. Mais ceux qui sont à l’origine de toute la chienlit qui se nourrit de leurs turpitudes ne le font pas tous sciemment.
Il y en a qui sont vraiment méchants et qui, avec une mauvaise foi bien calculée, décident de tromper les autres, de leur mentir sur ce qu’ils savent faire, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils veulent faire. Ils ne se préoccupent en rien de ce que peuvent provoquer leurs propos expressément mensongers et confligènes. Eux, en général, on les connaît ou on les reconnaît. Même s’il y a toujours des hommes à la conscience décalée ou eux-mêmes pleins de mauvaises intentions, pour les suivre.
Mais il y en a qui pensent très sérieusement qu’ils sont chargés d’une mission divine, porteurs d’un message de rédemption pour l’humanité, comme Krishna, Bouddha, Moïse, Jésus, Mahomet ou Baha’u’llah. Ceux-là, ils sont les vrais dangers publics. Ils ne savent pas qu’ils mentent et le risque qu’ils font courir au pays avec leurs discours de ‘’salut’’, ils ne le savent pas non plus. Pour eux, en dehors de leurs propos, il n’y a pas d’autre vérité à chercher ailleurs.
En réalité, les gens sont en politique ce qu’ils sont dans la vie. C’est la vraie nature des uns et des autres qui s’exprime toujours. Parce qu’on ne peut pas être de mauvaise moralité dans notre vie quotidienne et être en politique le modèle des bonnes mœurs. Un fanfaron dans la vie sera un fanfaron en politique. Un singe dans la vie, sera un singe en politique. Parce que la politique, c’est la vie.
Avec nous ou autour de nous, nous avons des parents, des amis ou de simples connaissances qui croient tout savoir ou qui se croient investis d’un pouvoir surnaturel. Ils se considèrent toujours comme les bienvenus partout où ils vont. Dans leur tête qui en réalité n’a rien d’extraordinaire, ils se disent capables de résoudre tous les problèmes et vont jusqu’à penser qu’ils sont indispensables à la vie des autres.
C’est pour ceux-là, qu’ils soient politiciens ou simples citoyens, que je re-écris cette histoire de la goutte de pluie. C’est une allégorie pour montrer la voie de l’humilité.
Laïga ou la petite goutte d’eau
Il était une fois, dans le ciel, loin, très loin dans le ciel, un grand bloc de glace dans lequel cohabitaient des milliards de gouttes d’eau en attendant le signal de départ de Laz’ran, le dieu de la pluie, pour se déverser sur la terre.
Parmi ces gouttes d’eau, il y avait Laïga. C’était une petite goutte d’eau impertinente, très fière et trop imbue d’elle-même. Elle n’arrêtait pas de chercher noise à ses amies auxquelles elle se croyait toujours supérieure. Mais les autres la supportaient et ne répondaient jamais à ses provocations. Mieux, elles faisaient tout pour se montrer attentionnées et affectueuses à l’égard de Laïga. Toutes ces marques de sollicitude, au lieu d’amener notre petite goutte d’eau prétentieuse à se remettre en question, à corriger ses écarts de conduite et de langage, à s’assagir, ne faisaient que la gonfler davantage de fierté et d’orgueil. Au point où elle finit par se dire que les autres n’existaient que par rapport à elle et que sans elle, la vie des autres n’aurait jamais de sens.
Puis un jour, Laïga alla voir Laz’ran, le dieu de la pluie, pour lui dire qu’il était temps que le signal de départ vers la terre fût donné. Désarçonné et stupéfait par le courage insolent et l’allure arrogante de la petite goutte de pluie, Laz’ran ouvrit les yeux pour regarder cette minuscule boule d’eau qui le contrariait, puis il les referma pour continuer sa méditation.
Vexée et humiliée par cette attitude à son égard, la goutte d’eau revint vers les autres et tenta de les remonter contre le dieu de la pluie. En se servant de tout ce qu’on leur avait enseigné sur leur utilité dans la vie de tous les êtres créés par Dieu : « Allons vers la terre, les plantes sont en train de mourir de soif et elles ont besoin de nous. Laz’ran est un dieu inconscient. Des plantations sont en train de brûler, des hommes meurent de soif, la terre sèche. Allons-y ! » Mais les autres gouttes d’eau refusèrent de se joindre à Laïga qui, une fois de plus, se sentit humiliée.
Alors, elle prit la décision de faire seule le voyage vers la terre. Se disant qu’elle partait pour être la reine de tous les règnes, humain, végétal et minéral. Fermement convaincue qu’en prenant le départ, toutes les autres gouttes la suivraient et que l’action de ‘’salut’’ de l’eau sur la terre sera ainsi à son honneur. Quand elle s’apprêtait à se projeter dans le vide, Laïzi, la doyenne des gouttes d’eau, essaya de la retenir : « Ne prends pas ce risque, ma petite chérie ! A toi seule, tu ne peux rien faire. Notre pouvoir n’est réel que lorsque nous partons ensemble. Sois plus patiente et attendons toutes l’ordre de notre dieu pour faire le voyage comme un seul corps… » Ces propos n’ont fait que redoubler le zèle de la petite goutte d’eau. Elle se jeta dans le vide. Les yeux fermés, elle traversait le vide en se disant : « Moi, j’ai des vies à sauver ! D’ailleurs, si je suis seule, je n’en serai que plus vénérée. Je serai la plus célèbre des gouttes d’eau ! »
Soudain, des bruits de vagues poussèrent Laïga à ouvrir les yeux pour regarder vers le bas. Que vit-elle ? Une immense, très immense étendue d’eau qui semblait sans limite. Celle qui croyait devenir la première et la seule entité d’eau sur la terre avant l’arrivée des autres, ne comprenait rien au spectacle qui s’offrait à ses yeux. Elle eut subitement envie de retourner en arrière pour attendre les autres, mais elle se rendit compte qu’elle n’avait pas le pouvoir d’arrêter sa course une fois entamée, ne serait-ce qu’un instant de pause pour réfléchir.
Finalement, la minuscule goutte d’eau s’évanouit dans le sombre anonymat de la vastitude de l’océan. Juste après avoir réalisé qu’elle n’était en fait qu’une simple goutte d’eau. Insignifiante et ignorante. Ne disposant, seule, d’aucun pouvoir de salut sur les autres créatures de Dieu.
Puisse cette histoire, que j’avais déjà écrite pour des enfants, inspirer toutes ces personnes qui rêvent au pouvoir, à quelque niveau que ce soit.
Bien à vous.
MINGA
©Crédit photo : Laurent Willen, 2009
12.7.11
SUD-SOUDAN : Bienvenue en enfer !
L’année 2011 restera longtemps encore, pour les Africains, la plus riche en événements politiques majeurs. Donc, forcément, la plus riche en commentaires de tous genres et de toutes origines, des plus sobres aux plus enflammés. Des analyses intelligentes et réalistes à des gloses anarchistes qui tuent le bon sens et puent la mauvaise foi, au nom d’un certain africanisme.
Personnellement, ce sont les faits qui m’intéressent. Leur interprétation est une question de niveau d’éducation, de culture ou de compréhension, si ce n’est en fonction de l’orientation politique.
Aujourd’hui, des peuples vivent enfoncés dans la détresse en Libye, tiraillés entre le doute et l’espoir au Maroc, submergés de contradictions en Tunisie, bourrés d’interrogations en Egypte et, dans la plupart des autres pays d’Afrique, tenaillés par la peur de demain, l’incertitude face à un avenir flou ou en pointillés.
Sur ce tableau sombre et angoissant, il y a pourtant des points de lumière, des zones claires où les hommes et les femmes travaillent pour sortir du tunnel des misères ou du cycle des malédictions.
Il y a des peuples qui, sortis récemment de la zone de turbulence, se consacrent à la reconstruction nationale et à la réconciliation des cœurs. Ils savent que longue sera la voie de la cohésion après des mois, parfois des décennies de conflits ouverts ou latents pendant lesquels la haine a poussé partout et endurci les cœurs. Mais ils y croient et cela leur donne la force de persévérer dans l’effort.
C’est dans cette ambiance d’heurs et de malheurs qu’un nouvel Etat s’ajoute aux cinquante-trois autres africains. Le Sud-Soudan vient de naître dans la douleur dans un continent qui, en plusieurs endroits, vit dans la douleur. « Bienvenue en enfer ! » pourrait-on crier à Salva Kiir Mayardit, le président investi avant-hier, 9 juillet, à la tête de ce pays qui jaillit comme un lotus de la tombe de John Garang qui l’avait déjà imaginé mais qui n’aura pas la chance de le voir naître physiquement.
Au-delà des manifestations de joie dans les rues de Juba la capitale et de bien d’autres villes du Sud-Soudan, au-delà des motions de soutien et des déclarations en faveur des dirigeants du 173ème Etat du monde, une question taraude de nombreux penseurs et chefs d’Etat africains. Etait-il vraiment nécessaire de créer un Etat de plus en Afrique ? La naissance de Sud-Soudan ne va-t-il pas réveiller des velléités sécessionnistes assoupies faute de soutien ? Le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Sénégal, entre autres, ne risquent-ils pas de faire face à des revendications allant dans le sens de l’indépendance d’une partie de leurs territoires respectifs ? La timide réaction des chefs d’Etat africains depuis les résultats du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan est la preuve que le nouveau-né n’est pas vraiment le bienvenu dans la poudrière africaine. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Aucune jérémiade ne fera retourner le Sud-Soudan dans les fers de Béchir. Le nouveau pays devra faire l’expérience de sa propre douleur en pénétrant les arcanes du pouvoir et en faisant l’effort de comprendre la véritable signification de l’indépendance qui est loin d’être synonyme de liberté et de bonheur. Le Sud-Soudan devra se battre pour confirmer son statut d’Etat indépendant et cela ne se fait jamais sans écueil.
Personnellement, je me réjouis de cette indépendance. Parce que je pense que chaque fois qu’un groupe d’individus se sentant bafoué, humilié, sous-estimé, ignoré, dans un grand ensemble, exige de sortir du grand ensemble pour construire sa vie par lui-même, pour sauvegarder sa dignité piétinée, il faut lui accorder ce droit de ‘’partir’’. Maintenant, il appartient aux Sud-Soudanais de savoir gérer leur indépendance pour en faire une source de bonheur pour chacun d’entre eux. Bien sûr, beaucoup d’’’africanistes’’ aigris verront encore un autre complot ourdi contre l’Afrique par des néo colonialistes, des impérialistes occidentaux. Ils ne tiendront pas compte de la souffrance endurée par les populations Sud-Soudanaises depuis des décennies ou bien ils occulteront, de mauvaise foi, ces moments terribles qui ont coûté à l’ensemble du Soudan plusieurs pertes en vies humaines…
Ailleurs, en Afrique, on parle beaucoup des élections de 2012 au Mali. Une élection à laquelle l’actuel président ne se présentera pas, pour avoir épuisé ses deux mandats. C’est déjà une cause de tension de moins. Reste à élucider la question récurrente du fichier électoral. Tout le monde semble être d’accord que le Ravec (Recensement administratif à vocation d’Etat-civil) est hors jeu. Mais le Race (Recensement administratif à caractère électoral) qui, soulagé de quelques imperfections, pourrait être le fichier du consensus, n’a pas l’adhésion de toutes les formations politiques du pays.
Quelque trente-deux partis regroupés au sein d’une alliance proposent un fichier biométrique. Seront-ils suivis ? Pour le moment nul ne peut le dire. Il semble que les partis les plus ‘’importants’’ sont déjà du côté du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a clairement opté pour le fichier Race ‘’amélioré’’…
Du côté du Sénégal, pour faire oublier les récentes mauvaises passes du président Wade, on a jeté comme un pavé dans la mare, la nouvelle de l’extradition, dès aujourd’hui, de l’ex président tchadien Hissène Habré. L’ancien homme fort de Ndjaména est exilé au pays de la téranga depuis sa chute du pouvoir en 1990. Après vingt-et-un ans d’hésitation, Dakar accepte enfin de livrer son hôte encombrant à la justice tchadienne. Si les parents des victimes du pouvoir meurtrier d’Hissène Habré sont heureux d’apprendre cette nouvelle, les avocats de l’ancien potentat, eux, crient au désastre : « On va le livrer à des gens qui vont l’assassiner », a déjà réagi un des avocats d’Habré…
En Guinée, Alpha Condé tente, tant bien que mal, de travailler et de faire travailler les Guinéens. La télévision montre des chantiers en cours. Surtout des routes ! Au Niger aussi, le président Issoufou s’installe confortablement et prend la main. J’ai retenu de son interview d’hier sur la chaîne de télévision Africa24 une phrase forte : « Le Niger n’est pas un pays pauvre ; le Niger est un pays mal géré. » Et cela est tellement vrai pour bien des pays d’Afrique ! Pays riches, mais mal gérés. Mal gérés par qui ? Par les Occidentaux impérialistes, néo colonialistes ? NON ! Par des classes politiques dirigées par des adultes immatures qui profitent de leur passage au pouvoir pour enrichir non pas ces Occidentaux au dos large que nous accusons sans vergogne de tous nos maux, mais leurs propres familles, leurs propres amis…
En Côte d’Ivoire, même s’il reste encore d’énormes efforts à fournir avant qu’on ne puisse parler de situation revenue définitivement à la normale, on sent la vie. Beaucoup d’Ivoiriens sont d’accord pour que la parenthèse de la guerre se ferme à jamais. Même si certains aigris regrettent encore que les militaires de Gbagbo n’aient pas fait écrouler l’Hôtel du Golf sur tous ceux qui s’y réfugiaient. Mais ce n’est pas encore tard ! Demain, Gbagbo reviendra au pouvoir. Son prophète dit que Dieu le lui a encore dit ! Alors, que tous les ‘’africanistes’’ qui traitent d’apatrides tous ceux qui ne pensent pas comme eux, se rendent au bord de la lagune Ebrié. Demain. Pour rêver ! Bien à vous
MINGA
Personnellement, ce sont les faits qui m’intéressent. Leur interprétation est une question de niveau d’éducation, de culture ou de compréhension, si ce n’est en fonction de l’orientation politique.
Aujourd’hui, des peuples vivent enfoncés dans la détresse en Libye, tiraillés entre le doute et l’espoir au Maroc, submergés de contradictions en Tunisie, bourrés d’interrogations en Egypte et, dans la plupart des autres pays d’Afrique, tenaillés par la peur de demain, l’incertitude face à un avenir flou ou en pointillés.
Sur ce tableau sombre et angoissant, il y a pourtant des points de lumière, des zones claires où les hommes et les femmes travaillent pour sortir du tunnel des misères ou du cycle des malédictions.
Il y a des peuples qui, sortis récemment de la zone de turbulence, se consacrent à la reconstruction nationale et à la réconciliation des cœurs. Ils savent que longue sera la voie de la cohésion après des mois, parfois des décennies de conflits ouverts ou latents pendant lesquels la haine a poussé partout et endurci les cœurs. Mais ils y croient et cela leur donne la force de persévérer dans l’effort.
C’est dans cette ambiance d’heurs et de malheurs qu’un nouvel Etat s’ajoute aux cinquante-trois autres africains. Le Sud-Soudan vient de naître dans la douleur dans un continent qui, en plusieurs endroits, vit dans la douleur. « Bienvenue en enfer ! » pourrait-on crier à Salva Kiir Mayardit, le président investi avant-hier, 9 juillet, à la tête de ce pays qui jaillit comme un lotus de la tombe de John Garang qui l’avait déjà imaginé mais qui n’aura pas la chance de le voir naître physiquement.
Au-delà des manifestations de joie dans les rues de Juba la capitale et de bien d’autres villes du Sud-Soudan, au-delà des motions de soutien et des déclarations en faveur des dirigeants du 173ème Etat du monde, une question taraude de nombreux penseurs et chefs d’Etat africains. Etait-il vraiment nécessaire de créer un Etat de plus en Afrique ? La naissance de Sud-Soudan ne va-t-il pas réveiller des velléités sécessionnistes assoupies faute de soutien ? Le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Sénégal, entre autres, ne risquent-ils pas de faire face à des revendications allant dans le sens de l’indépendance d’une partie de leurs territoires respectifs ? La timide réaction des chefs d’Etat africains depuis les résultats du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan est la preuve que le nouveau-né n’est pas vraiment le bienvenu dans la poudrière africaine. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Aucune jérémiade ne fera retourner le Sud-Soudan dans les fers de Béchir. Le nouveau pays devra faire l’expérience de sa propre douleur en pénétrant les arcanes du pouvoir et en faisant l’effort de comprendre la véritable signification de l’indépendance qui est loin d’être synonyme de liberté et de bonheur. Le Sud-Soudan devra se battre pour confirmer son statut d’Etat indépendant et cela ne se fait jamais sans écueil.
Personnellement, je me réjouis de cette indépendance. Parce que je pense que chaque fois qu’un groupe d’individus se sentant bafoué, humilié, sous-estimé, ignoré, dans un grand ensemble, exige de sortir du grand ensemble pour construire sa vie par lui-même, pour sauvegarder sa dignité piétinée, il faut lui accorder ce droit de ‘’partir’’. Maintenant, il appartient aux Sud-Soudanais de savoir gérer leur indépendance pour en faire une source de bonheur pour chacun d’entre eux. Bien sûr, beaucoup d’’’africanistes’’ aigris verront encore un autre complot ourdi contre l’Afrique par des néo colonialistes, des impérialistes occidentaux. Ils ne tiendront pas compte de la souffrance endurée par les populations Sud-Soudanaises depuis des décennies ou bien ils occulteront, de mauvaise foi, ces moments terribles qui ont coûté à l’ensemble du Soudan plusieurs pertes en vies humaines…
Ailleurs, en Afrique, on parle beaucoup des élections de 2012 au Mali. Une élection à laquelle l’actuel président ne se présentera pas, pour avoir épuisé ses deux mandats. C’est déjà une cause de tension de moins. Reste à élucider la question récurrente du fichier électoral. Tout le monde semble être d’accord que le Ravec (Recensement administratif à vocation d’Etat-civil) est hors jeu. Mais le Race (Recensement administratif à caractère électoral) qui, soulagé de quelques imperfections, pourrait être le fichier du consensus, n’a pas l’adhésion de toutes les formations politiques du pays.
Quelque trente-deux partis regroupés au sein d’une alliance proposent un fichier biométrique. Seront-ils suivis ? Pour le moment nul ne peut le dire. Il semble que les partis les plus ‘’importants’’ sont déjà du côté du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a clairement opté pour le fichier Race ‘’amélioré’’…
Du côté du Sénégal, pour faire oublier les récentes mauvaises passes du président Wade, on a jeté comme un pavé dans la mare, la nouvelle de l’extradition, dès aujourd’hui, de l’ex président tchadien Hissène Habré. L’ancien homme fort de Ndjaména est exilé au pays de la téranga depuis sa chute du pouvoir en 1990. Après vingt-et-un ans d’hésitation, Dakar accepte enfin de livrer son hôte encombrant à la justice tchadienne. Si les parents des victimes du pouvoir meurtrier d’Hissène Habré sont heureux d’apprendre cette nouvelle, les avocats de l’ancien potentat, eux, crient au désastre : « On va le livrer à des gens qui vont l’assassiner », a déjà réagi un des avocats d’Habré…
En Guinée, Alpha Condé tente, tant bien que mal, de travailler et de faire travailler les Guinéens. La télévision montre des chantiers en cours. Surtout des routes ! Au Niger aussi, le président Issoufou s’installe confortablement et prend la main. J’ai retenu de son interview d’hier sur la chaîne de télévision Africa24 une phrase forte : « Le Niger n’est pas un pays pauvre ; le Niger est un pays mal géré. » Et cela est tellement vrai pour bien des pays d’Afrique ! Pays riches, mais mal gérés. Mal gérés par qui ? Par les Occidentaux impérialistes, néo colonialistes ? NON ! Par des classes politiques dirigées par des adultes immatures qui profitent de leur passage au pouvoir pour enrichir non pas ces Occidentaux au dos large que nous accusons sans vergogne de tous nos maux, mais leurs propres familles, leurs propres amis…
En Côte d’Ivoire, même s’il reste encore d’énormes efforts à fournir avant qu’on ne puisse parler de situation revenue définitivement à la normale, on sent la vie. Beaucoup d’Ivoiriens sont d’accord pour que la parenthèse de la guerre se ferme à jamais. Même si certains aigris regrettent encore que les militaires de Gbagbo n’aient pas fait écrouler l’Hôtel du Golf sur tous ceux qui s’y réfugiaient. Mais ce n’est pas encore tard ! Demain, Gbagbo reviendra au pouvoir. Son prophète dit que Dieu le lui a encore dit ! Alors, que tous les ‘’africanistes’’ qui traitent d’apatrides tous ceux qui ne pensent pas comme eux, se rendent au bord de la lagune Ebrié. Demain. Pour rêver ! Bien à vous
MINGA
5.7.11
PERIODE PRE-ELECTORALE : Qui veut empoisonner l’air ?
Les tensions et les guerres sauvages qui suivent les résultats des élections en Afrique prennent toujours leur source dans la période pré-électorale. Car, c’est justement au cours de cette période que les différents rêves d’accession au pouvoir divisent les populations en clans opposés, pire, en clans ennemis. C’est la période de floraison d’un nouveau lexique politicien construit sur des ‘’pro’’, des ‘’anti’’, des ‘’tout sauf’’. Un vocabulaire perfide, exécrable et méprisant qui véhicule la haine, la stigmatisation, l’exclusion et même le déni. C’est à ce moment-là que se cristallisent toutes les rancoeurs qui vont se libérer dès la proclamation des résultats. Mais pourquoi donc ne rien faire pour désarmer les cœurs et désenvoûter les esprits avant les élections ?
En vérité, cette période de confusion et de désordre semble profiter à tous les acteurs politiques du pays qui prépare les élections. Parce que désormais, en politique, il vaut mieux troubler l’eau avant d’y lancer son hameçon. Au temps des partis uniques tout puissants, les présidents, qui n’organisaient les élections que pour la forme, avaient une autre méthode : ils finissaient d’abord de pêcher, puis ils troublaient l’eau. Ainsi, personne ne verrait clair dans l’embrouillamini expressément généré et ne pourrait prendre le risque de se jeter à l’eau. Mais avec cette histoire de démocratie obligatoire où plus rien ne garantit, dans les conditions normales, la longévité sur le trône, c’est dangereux de vouloir pêcher dans une eau limpide. Tout le monde est censé partir avec les mêmes chances de gagner ou de perdre. Or, il se trouve que nos présidents sortants ne veulent pas sortir, donc ne veulent pas perdre. Même quand, coincés par quelque scrupule, ils décident de se retirer, ils ont toujours un successeur plus ou moins secret qu’ils souhaitent imposer ‘’démocratiquement’’. Solution ? Il faut troubler l’eau pour y pêcher. Ce qui signifie que tous les coups, même les plus bas possibles, sont permis. Mais si seulement cela pouvait rester au niveau de simples rivalités de circonstance qui prendraient fin avec la fin de la compétition, on le comprendrait mieux. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Les élections, surtout quand il s’agit de présidentielles, ne sont plus du tout perçues comme l’honneur fait aux peuples de choisir souverainement les personnes qu’ils jugent le plus aptes à les gouverner. Les élections, c’est la guerre. Voilà pourquoi dans beaucoup de pays, préparer les élections, c’est préparer la guerre. Il faut donc se réarmer, se surarmer, revoir à la hausse son effectif militaire. Il faut placer aux postes clés de l’armée, de la gendarmerie et de la police, des proches très proches. Tout comme on place à la tête de l’instance chargée de proclamer les résultats définitifs, un proche très proche. Jusque-là, nous sommes dans la sphère de la fine stratégie politique de conservation du pouvoir. Mais la politique africaine ne s’accommode pas de subtils stratagèmes. Il faut créer des fous qui râlent, qui diffusent des rumeurs qui provoquent peur et stupeur. Il faut créer pour la circonstance des journaux animés par des griots modernes, accrocs de la propagande bon marché et spécialistes du dénigrement, qui par leurs plumes, salissent, insultent, déshabillent, humilient tous ceux qui osent s’opposer à leurs mentors qui bien souvent ne sont que des menteurs !
Et le drame des élections commence là où la presse prête sa plume aux manipulateurs, aux enchanteurs, qui exploitent l’attente du peuple pour créer une psychose et une angoisse qui gonflent au fil du temps.
Les périodes pré-électorales sont celles où se sèment les germes de ce qu’on finit un jour par appeler crises post-électorales. Des crises qui peuvent être évitées si les politiciens de tous les bords éduquent leurs militants en leur inculquant les valeurs du civisme, du patriotisme, mais surtout en les prédisposant à l’humilité dans la victoire et à la sagesse dans la défaite. Des crises qui peuvent être évitées si la vérité, la bonne foi et l’honnêteté priment sur le mensonge, la duplicité et la supercherie.
La chienlit qui pousse au cours de cette période sensible doit être étouffée avant qu’elle n’étouffe. Aucun leader politique responsable ne peut souhaiter à son pays le chaos de la Côte d’Ivoire, après les drames kenyan et Zimbabwéen. On pourrait aussi parler du Togo et du Gabon, à moindre échelle certes, mais non sans graves répercussions sur les populations.
Tout se passe en Afrique comme si on ne tirait jamais de leçon du drame des voisins. Comme si le bruit des armes après les élections faisait partie de l’ordre normal des choses. Comme si se battre avec les armes devait est une épreuve complémentaire obligatoire de la bataille dans les urnes. Comme si la guerre était une unité de mesure de la démocratie.
Quand j’entends les clameurs qui s’élèvent au Sénégal, quand j’entends la grogne qui s’amplifie en République démocratique du Congo, je me demande s’il y a un signe indien du désastre qui gouverne la politique africaine. Et je m’inquiète du sort des populations de ces pays au lendemain des élections. Et j’ai peur pour d’autres pays, dont le Madagascar.
Alors, je me dis que le Mali a grand intérêt à ne pas écouter les appels des sirènes voisines ou lointaines, pour rester le plus longtemps possible cette locomotive de la démocratie qu’elle a été jusqu’ici en Afrique. Non pas parce que le Mali est l’exemple achevé de la démocratie. Mais parce qu’il donne un exemple aux autres rien que par le respect de certains principes clés de la Constitution comme la limitation du mandat présidentiel qui, en général, est le nerf de la guerre. Oui, le Mali est un bel exemple de cette démocratie qui, en fait, est un long processus de maturation, de rééducation politique, d’épuration mentale de tous les complexes de nanisme, de gigantisme ou de castration. Un long parcours sur une île de mille tentations !
Un jour, j’ai écouté un jeune malien très révolté qui semblait avoir beaucoup à dire : « J’ai mal à mon Mali ! Les choses doivent changer. Une mascarade se prépare pour nous imposer un homme dans ce pays. Et après on dira vive la démocratie malienne ! N’importe quoi !! ». Je lui ai répondu : « Attention ! Une vilaine suspicion peut se transformer un jour en une fausse certitude qui fera naître une douloureuse frustration qui à son tour peut déboucher sur un conflit… ». Il m’a traité de poète rêveur. Mais au-delà des mots, j’ai compris qu’il y a autant de manières d’apprécier un bonheur qu’il y a d’individus sur la terre. J’ai aussi compris qu’ici, au Mali, il y a déjà qui sortent des bois, des oiseaux de mauvais augure qui hululent et battent des aides pour annoncer la mauvaise nouvelle qui prépare le lit de la chienlit : on organise le vol, la tricherie aux élections… Le fichier électoral qui sera retenu le sera parce qu’il n’est pas le bon… Et bien d’autres formes d’incongruités qui, pour l’essentiel ne sont fondées que sur des a priori, de simples ressentis personnels, des préjugés…
Mais c’est cela aussi la période pré-électorale : la traite des maîtres chanteurs qui menacent de dire même ce qu’ils ne savent pas pour obtenir ce qu’ils n’ont pas. La foire des enchanteurs qui vendent le bon Dieu sans confession à tous ceux qui, pour être plus proches du paradis ont besoin du soutien de satan. La scène des manipulateurs qui font croire que tout ce qui ne brille pas est de l’or parce que tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Il appartient aux populations de savoir raison garder et d’avoir une capacité de discernement suffisante pour séparer le bon grain de l’ivraie. Il appartient à chacun de faire sa propre police pour éviter de tomber dans les pièges qui se tendent partout en ce moment crucial. Il vaut mieux rester serein, positif, plein d’espoir, mais vigilant. Le faux finit toujours par se révéler lui-même.
Alors, à quoi bon empoisonner l’air avant l’heure ? À qui cela profite-t-il de prendre la responsabilité d’une crise qui peut être aussi dangereuse qu’onéreuse pour le pays ? Qui veut jouer les apprentis sorciers, rien que pour troubler les coeurs et faire douter le peuple ? Je pense qu’il y a des jeux auxquels il ne faut même pas commencer à jouer, car après, ils nous échappent et font plus de dégâts qu’on ne l’avait imaginé.
Bien à vous
MINGA
En vérité, cette période de confusion et de désordre semble profiter à tous les acteurs politiques du pays qui prépare les élections. Parce que désormais, en politique, il vaut mieux troubler l’eau avant d’y lancer son hameçon. Au temps des partis uniques tout puissants, les présidents, qui n’organisaient les élections que pour la forme, avaient une autre méthode : ils finissaient d’abord de pêcher, puis ils troublaient l’eau. Ainsi, personne ne verrait clair dans l’embrouillamini expressément généré et ne pourrait prendre le risque de se jeter à l’eau. Mais avec cette histoire de démocratie obligatoire où plus rien ne garantit, dans les conditions normales, la longévité sur le trône, c’est dangereux de vouloir pêcher dans une eau limpide. Tout le monde est censé partir avec les mêmes chances de gagner ou de perdre. Or, il se trouve que nos présidents sortants ne veulent pas sortir, donc ne veulent pas perdre. Même quand, coincés par quelque scrupule, ils décident de se retirer, ils ont toujours un successeur plus ou moins secret qu’ils souhaitent imposer ‘’démocratiquement’’. Solution ? Il faut troubler l’eau pour y pêcher. Ce qui signifie que tous les coups, même les plus bas possibles, sont permis. Mais si seulement cela pouvait rester au niveau de simples rivalités de circonstance qui prendraient fin avec la fin de la compétition, on le comprendrait mieux. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Les élections, surtout quand il s’agit de présidentielles, ne sont plus du tout perçues comme l’honneur fait aux peuples de choisir souverainement les personnes qu’ils jugent le plus aptes à les gouverner. Les élections, c’est la guerre. Voilà pourquoi dans beaucoup de pays, préparer les élections, c’est préparer la guerre. Il faut donc se réarmer, se surarmer, revoir à la hausse son effectif militaire. Il faut placer aux postes clés de l’armée, de la gendarmerie et de la police, des proches très proches. Tout comme on place à la tête de l’instance chargée de proclamer les résultats définitifs, un proche très proche. Jusque-là, nous sommes dans la sphère de la fine stratégie politique de conservation du pouvoir. Mais la politique africaine ne s’accommode pas de subtils stratagèmes. Il faut créer des fous qui râlent, qui diffusent des rumeurs qui provoquent peur et stupeur. Il faut créer pour la circonstance des journaux animés par des griots modernes, accrocs de la propagande bon marché et spécialistes du dénigrement, qui par leurs plumes, salissent, insultent, déshabillent, humilient tous ceux qui osent s’opposer à leurs mentors qui bien souvent ne sont que des menteurs !
Et le drame des élections commence là où la presse prête sa plume aux manipulateurs, aux enchanteurs, qui exploitent l’attente du peuple pour créer une psychose et une angoisse qui gonflent au fil du temps.
Les périodes pré-électorales sont celles où se sèment les germes de ce qu’on finit un jour par appeler crises post-électorales. Des crises qui peuvent être évitées si les politiciens de tous les bords éduquent leurs militants en leur inculquant les valeurs du civisme, du patriotisme, mais surtout en les prédisposant à l’humilité dans la victoire et à la sagesse dans la défaite. Des crises qui peuvent être évitées si la vérité, la bonne foi et l’honnêteté priment sur le mensonge, la duplicité et la supercherie.
La chienlit qui pousse au cours de cette période sensible doit être étouffée avant qu’elle n’étouffe. Aucun leader politique responsable ne peut souhaiter à son pays le chaos de la Côte d’Ivoire, après les drames kenyan et Zimbabwéen. On pourrait aussi parler du Togo et du Gabon, à moindre échelle certes, mais non sans graves répercussions sur les populations.
Tout se passe en Afrique comme si on ne tirait jamais de leçon du drame des voisins. Comme si le bruit des armes après les élections faisait partie de l’ordre normal des choses. Comme si se battre avec les armes devait est une épreuve complémentaire obligatoire de la bataille dans les urnes. Comme si la guerre était une unité de mesure de la démocratie.
Quand j’entends les clameurs qui s’élèvent au Sénégal, quand j’entends la grogne qui s’amplifie en République démocratique du Congo, je me demande s’il y a un signe indien du désastre qui gouverne la politique africaine. Et je m’inquiète du sort des populations de ces pays au lendemain des élections. Et j’ai peur pour d’autres pays, dont le Madagascar.
Alors, je me dis que le Mali a grand intérêt à ne pas écouter les appels des sirènes voisines ou lointaines, pour rester le plus longtemps possible cette locomotive de la démocratie qu’elle a été jusqu’ici en Afrique. Non pas parce que le Mali est l’exemple achevé de la démocratie. Mais parce qu’il donne un exemple aux autres rien que par le respect de certains principes clés de la Constitution comme la limitation du mandat présidentiel qui, en général, est le nerf de la guerre. Oui, le Mali est un bel exemple de cette démocratie qui, en fait, est un long processus de maturation, de rééducation politique, d’épuration mentale de tous les complexes de nanisme, de gigantisme ou de castration. Un long parcours sur une île de mille tentations !
Un jour, j’ai écouté un jeune malien très révolté qui semblait avoir beaucoup à dire : « J’ai mal à mon Mali ! Les choses doivent changer. Une mascarade se prépare pour nous imposer un homme dans ce pays. Et après on dira vive la démocratie malienne ! N’importe quoi !! ». Je lui ai répondu : « Attention ! Une vilaine suspicion peut se transformer un jour en une fausse certitude qui fera naître une douloureuse frustration qui à son tour peut déboucher sur un conflit… ». Il m’a traité de poète rêveur. Mais au-delà des mots, j’ai compris qu’il y a autant de manières d’apprécier un bonheur qu’il y a d’individus sur la terre. J’ai aussi compris qu’ici, au Mali, il y a déjà qui sortent des bois, des oiseaux de mauvais augure qui hululent et battent des aides pour annoncer la mauvaise nouvelle qui prépare le lit de la chienlit : on organise le vol, la tricherie aux élections… Le fichier électoral qui sera retenu le sera parce qu’il n’est pas le bon… Et bien d’autres formes d’incongruités qui, pour l’essentiel ne sont fondées que sur des a priori, de simples ressentis personnels, des préjugés…
Mais c’est cela aussi la période pré-électorale : la traite des maîtres chanteurs qui menacent de dire même ce qu’ils ne savent pas pour obtenir ce qu’ils n’ont pas. La foire des enchanteurs qui vendent le bon Dieu sans confession à tous ceux qui, pour être plus proches du paradis ont besoin du soutien de satan. La scène des manipulateurs qui font croire que tout ce qui ne brille pas est de l’or parce que tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Il appartient aux populations de savoir raison garder et d’avoir une capacité de discernement suffisante pour séparer le bon grain de l’ivraie. Il appartient à chacun de faire sa propre police pour éviter de tomber dans les pièges qui se tendent partout en ce moment crucial. Il vaut mieux rester serein, positif, plein d’espoir, mais vigilant. Le faux finit toujours par se révéler lui-même.
Alors, à quoi bon empoisonner l’air avant l’heure ? À qui cela profite-t-il de prendre la responsabilité d’une crise qui peut être aussi dangereuse qu’onéreuse pour le pays ? Qui veut jouer les apprentis sorciers, rien que pour troubler les coeurs et faire douter le peuple ? Je pense qu’il y a des jeux auxquels il ne faut même pas commencer à jouer, car après, ils nous échappent et font plus de dégâts qu’on ne l’avait imaginé.
Bien à vous
MINGA
27.6.11
LA GIFLE DE LA RUE SÉNÉGALAISE À WADE : Les prémices d’une révolution noire ?
Au fil du temps qui passe, les événements politiques du continent renforcent ma conviction que la politique est une maladie dangereuse qui déséquilibre le système nerveux de l´homme le plus serein, le plus lucide, le plus humain. La scène que le Sénégal vient de nous offrir est l’illustration du fait que le peu d’humanité qui peut rester à un homme quand le gâtisme a rongé une partie de sa raison, ne résiste pas à la violence d’une hallucination politique. Même quand cet homme s’appelle Abdoulaye Wade. Ou devrais-je dire surtout quand cet homme s’appelle Abdoulaye Wade.
J’avoue que cet avocat m’a fasciné des années durant. Comme me fascinait aussi un certain Koudou Laurent Gbagbo. Non pas vraiment parce que j’avais des griefs contre ceux qu’ils combattaient dans leurs pays respectifs, mais parce que, dans ma compréhension de la démocratie, il était important que le mandat présidentiel soit limité. Et que par l’alternance, il soit offert à d’autres sensibilités du peuple de prendre les rênes du pouvoir pour partager avec tout le monde leurs expériences et leur vision et apporter un nouveau souffle à la gouvernance. Et, de ce point de vue, j’appréciais déjà beaucoup le système occidental de la gestion du pouvoir : deux mandats au maximum. Et je me disais que si dans un pays comme les Etats-Unis d’Amérique qui est la première puissance politique et économique au monde, la durée de vie des présidents au pouvoir n’excède pas huit ans, c’est qu’il y a vraiment de bonnes raisons de militer en faveur de la limitation des mandats. Là-bas, on ne parle pas de chantiers qu’on a commencés et qu’on doit forcément terminer avant de partir.
Voilà pourquoi j’étais des plus heureux au monde quand, dans les années 90, le vent de l’Est qui a fait exploser l’Union soviétique en Asie, fait tomber le mur de Berlin en Europe, a fortement secoué et parfois déraciné des baobabs en Afrique. Pour moi, à partir de cette époque-là, on ne pouvait plus entendre des propos du genre : « Chez nous, un roi ne cède pas le pouvoir, il meurt sur le trône. »
La plupart des Lois fondamentales sur le continent se sont mises à muer pour introduire la limitation des mandats à deux. Il y avait comme une éclaircie pour les oppositions africaines qui, à force de marcher, avaient fini par user toutes les semelles de toutes leurs chaussures !
Je me réjouissais de ce que je considérais, très naïvement alors, je m’en rends compte aujourd’hui, comme une avancée démocratique. Wade et Gbagbo étaient pour moi l’incarnation de la pensée démocratique, de l’alternance, de la liberté d’expression, de la liberté tout court.
Mais voilà ! Exercer le pouvoir est une réalité différente de s’opposer au pouvoir. Une réalité tellement différente qu’il aura fallu des militaires et un flot de sang pour faire partir de son fauteuil, Laurent Gbagbo. Une réalité tellement différente que depuis son accession au pouvoir, Abdoulaye Wade, de manière bien souvent maladroite et inintelligente, procède à des retouches constitutionnelles qui cachent mal son intention de ‘’mourir’’ au pouvoir.
J’ai fini par comprendre que la démocratie à l’occidentale, pour ce qui est de la limitation des mandats, était hors de la portée de nombreux hommes politiques africains. Surtout ceux qui ont gouverné par la peur, par le pillage, par la gabegie, par le népotisme, par la tricherie, par l’assassinat des opposants… Parce qu’ils savent qu’il existe une justice internationale qui, quoi qu’on en dise aujourd’hui, peut sévir quand ils ne seront plus couverts par le velours immunitaire que confère le trône. Alors, ils préfèrent envisager la mort au pouvoir plutôt que de se livrer aux orties.
J’ai fini par comprendre que les déclarations de nos présidents quant aux efforts qu’ils font pour faire de leurs États de vrais modèles démocratiques en Afrique, ne sont que du verbiage utilitaire et démagogique. Ils ont besoin du soutien des puissances occidentales. Alors, ils se sentent obligés de tenir des discours qui peuvent attendrir ou ‘’mystifier’’ ceux-là mêmes dont le soutien financier leur permet de s’enrichir davantage et de flatter le peuple par des pseudo réalisations qui, en réalité, n’améliore en rien son quotidien.
J’ai fini par comprendre qu’en politique, l’hypocrisie est la meilleure ceinture de sécurité des démocrates pervers. Ceux qui disent ‘’démocratie’’ en pensant ‘’autocratie’’. Ceux qui disent ‘’mon peuple’’ en pensant ‘’mes moutons’’. Ceux qui profitent des soucis quotidiens qui détournent l’attention du peuple de la gestion de l’État pour mieux l’asservir, l’assujettir, le ruiner, le condamner à la misère éternelle.
Tout cela, j’ai fini par le comprendre. En comprenant aussi pourquoi un jour ou l’autre, certains moutons se transforment en panthères pour attaquer le berger insolent et maladroit qui abuse de son bâton.
Mais ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est la cécité sociale qui fait que certains ne voient pas l’immensité de la foule qui envahit les rues des immenses cités de la pauvreté qu’ils ont construites et qui se dirige vers le siège de leur pouvoir pour crier leur ras-le-bol, leur trop-plein de misère
Je n’arrive toujours pas à comprendre la surdité politique qui fait que les mêmes n’entendent pas les clameurs les plus fortes qui s’élèvent du fond du peuple pour monter vers eux comme une sorte de douloureuse symphonie de la faim qui sonne la fin d’une longue patience ignorée.
Je n’arrive toujours pas à comprendre le nanisme intellectuel qui fait que les hommes politique se croient toujours plus forts que le peuple qui leur a donné sa force et cette légitimité dont ils se prévalent pour sévir avec hargne et violence face aux moindres contrariétés.
Non, j’ai du mal à comprendre que la politique rende des hommes si impassibles, si imbéciles, si inconscients, si inconstants, si incontinents, sur notre continent ! Je ne comprends pas que même l’homme le plus intelligent, dès qu’il accède au pouvoir, se comporte comme un être immature et irréaliste.
Une chose est sûre, les peuples africains commencent à se réveiller et de plus en plus de moutons se transformeront en panthères pour affronter tous les bergers sordides illuminés à outrance par un pouvoir somme toute fragile qu’ils finiront par perdre.
J’ai honte du recul humiliant de Wade face au peuple qu’il avait voulu bercer pour mieux le berner. Comme j’ai eu honte pour Gbagbo quand je l’ai vu quitter le pouvoir menottes aux poignets. Si Wade sait lire, s’il peut lire les signes, il est encore temps qu’il renonce à son rêve d’éternité au pouvoir. Le Gaïndé qui vivait en lui est déjà mort. Étouffé par sa boulimie du pouvoir, de la gloire et des paillettes.
Je pense, sincèrement, que la gifle magistrale que la rue sénégalaise vient de donner à Wade est une belle leçon pour ses autres compères du continent. Ne sont-ce pas là les prémices d’une révolution noire inspirée par la révolution arabe ?
Wade doit donc se raviser et négocier une sortie digne de la scène politique de ce pays où il a été l’idole de tant de jeunes aujourd’hui désillusionnés et plein de rancœur contre lui.
Mais comme en politique le ridicule renforce l’orgueil…
Bien à vous.
MINGA
J’avoue que cet avocat m’a fasciné des années durant. Comme me fascinait aussi un certain Koudou Laurent Gbagbo. Non pas vraiment parce que j’avais des griefs contre ceux qu’ils combattaient dans leurs pays respectifs, mais parce que, dans ma compréhension de la démocratie, il était important que le mandat présidentiel soit limité. Et que par l’alternance, il soit offert à d’autres sensibilités du peuple de prendre les rênes du pouvoir pour partager avec tout le monde leurs expériences et leur vision et apporter un nouveau souffle à la gouvernance. Et, de ce point de vue, j’appréciais déjà beaucoup le système occidental de la gestion du pouvoir : deux mandats au maximum. Et je me disais que si dans un pays comme les Etats-Unis d’Amérique qui est la première puissance politique et économique au monde, la durée de vie des présidents au pouvoir n’excède pas huit ans, c’est qu’il y a vraiment de bonnes raisons de militer en faveur de la limitation des mandats. Là-bas, on ne parle pas de chantiers qu’on a commencés et qu’on doit forcément terminer avant de partir.
Voilà pourquoi j’étais des plus heureux au monde quand, dans les années 90, le vent de l’Est qui a fait exploser l’Union soviétique en Asie, fait tomber le mur de Berlin en Europe, a fortement secoué et parfois déraciné des baobabs en Afrique. Pour moi, à partir de cette époque-là, on ne pouvait plus entendre des propos du genre : « Chez nous, un roi ne cède pas le pouvoir, il meurt sur le trône. »
La plupart des Lois fondamentales sur le continent se sont mises à muer pour introduire la limitation des mandats à deux. Il y avait comme une éclaircie pour les oppositions africaines qui, à force de marcher, avaient fini par user toutes les semelles de toutes leurs chaussures !
Je me réjouissais de ce que je considérais, très naïvement alors, je m’en rends compte aujourd’hui, comme une avancée démocratique. Wade et Gbagbo étaient pour moi l’incarnation de la pensée démocratique, de l’alternance, de la liberté d’expression, de la liberté tout court.
Mais voilà ! Exercer le pouvoir est une réalité différente de s’opposer au pouvoir. Une réalité tellement différente qu’il aura fallu des militaires et un flot de sang pour faire partir de son fauteuil, Laurent Gbagbo. Une réalité tellement différente que depuis son accession au pouvoir, Abdoulaye Wade, de manière bien souvent maladroite et inintelligente, procède à des retouches constitutionnelles qui cachent mal son intention de ‘’mourir’’ au pouvoir.
J’ai fini par comprendre que la démocratie à l’occidentale, pour ce qui est de la limitation des mandats, était hors de la portée de nombreux hommes politiques africains. Surtout ceux qui ont gouverné par la peur, par le pillage, par la gabegie, par le népotisme, par la tricherie, par l’assassinat des opposants… Parce qu’ils savent qu’il existe une justice internationale qui, quoi qu’on en dise aujourd’hui, peut sévir quand ils ne seront plus couverts par le velours immunitaire que confère le trône. Alors, ils préfèrent envisager la mort au pouvoir plutôt que de se livrer aux orties.
J’ai fini par comprendre que les déclarations de nos présidents quant aux efforts qu’ils font pour faire de leurs États de vrais modèles démocratiques en Afrique, ne sont que du verbiage utilitaire et démagogique. Ils ont besoin du soutien des puissances occidentales. Alors, ils se sentent obligés de tenir des discours qui peuvent attendrir ou ‘’mystifier’’ ceux-là mêmes dont le soutien financier leur permet de s’enrichir davantage et de flatter le peuple par des pseudo réalisations qui, en réalité, n’améliore en rien son quotidien.
J’ai fini par comprendre qu’en politique, l’hypocrisie est la meilleure ceinture de sécurité des démocrates pervers. Ceux qui disent ‘’démocratie’’ en pensant ‘’autocratie’’. Ceux qui disent ‘’mon peuple’’ en pensant ‘’mes moutons’’. Ceux qui profitent des soucis quotidiens qui détournent l’attention du peuple de la gestion de l’État pour mieux l’asservir, l’assujettir, le ruiner, le condamner à la misère éternelle.
Tout cela, j’ai fini par le comprendre. En comprenant aussi pourquoi un jour ou l’autre, certains moutons se transforment en panthères pour attaquer le berger insolent et maladroit qui abuse de son bâton.
Mais ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est la cécité sociale qui fait que certains ne voient pas l’immensité de la foule qui envahit les rues des immenses cités de la pauvreté qu’ils ont construites et qui se dirige vers le siège de leur pouvoir pour crier leur ras-le-bol, leur trop-plein de misère
Je n’arrive toujours pas à comprendre la surdité politique qui fait que les mêmes n’entendent pas les clameurs les plus fortes qui s’élèvent du fond du peuple pour monter vers eux comme une sorte de douloureuse symphonie de la faim qui sonne la fin d’une longue patience ignorée.
Je n’arrive toujours pas à comprendre le nanisme intellectuel qui fait que les hommes politique se croient toujours plus forts que le peuple qui leur a donné sa force et cette légitimité dont ils se prévalent pour sévir avec hargne et violence face aux moindres contrariétés.
Non, j’ai du mal à comprendre que la politique rende des hommes si impassibles, si imbéciles, si inconscients, si inconstants, si incontinents, sur notre continent ! Je ne comprends pas que même l’homme le plus intelligent, dès qu’il accède au pouvoir, se comporte comme un être immature et irréaliste.
Une chose est sûre, les peuples africains commencent à se réveiller et de plus en plus de moutons se transformeront en panthères pour affronter tous les bergers sordides illuminés à outrance par un pouvoir somme toute fragile qu’ils finiront par perdre.
J’ai honte du recul humiliant de Wade face au peuple qu’il avait voulu bercer pour mieux le berner. Comme j’ai eu honte pour Gbagbo quand je l’ai vu quitter le pouvoir menottes aux poignets. Si Wade sait lire, s’il peut lire les signes, il est encore temps qu’il renonce à son rêve d’éternité au pouvoir. Le Gaïndé qui vivait en lui est déjà mort. Étouffé par sa boulimie du pouvoir, de la gloire et des paillettes.
Je pense, sincèrement, que la gifle magistrale que la rue sénégalaise vient de donner à Wade est une belle leçon pour ses autres compères du continent. Ne sont-ce pas là les prémices d’une révolution noire inspirée par la révolution arabe ?
Wade doit donc se raviser et négocier une sortie digne de la scène politique de ce pays où il a été l’idole de tant de jeunes aujourd’hui désillusionnés et plein de rancœur contre lui.
Mais comme en politique le ridicule renforce l’orgueil…
Bien à vous.
MINGA
22.6.11
JOURNÉES MONDIALES DÉDIÉES AUX ENFANTS : Une vaste escroquerie d'adultes ?
Au moment où le monde vient de célébrer la 21ème journée (mondiale) de l’Enfant africain, il est important que nous réfléchissions un peu au sort réservé à l’enfant, qu’il soit d’Afrique ou d’ailleurs.
Enfant de la rue ou dans la rue, enfant soldat, enfant orphelin de la guerre ou du Sida, enfant mal aimé, maltraité, vendu ou sacrifié, enfant victime de violences sexuelles ou de sévices divers. Cet enfant-là, on sait ce qu’il en pense le citoyen ordinaire qui n’a aucun lien avec lui. Mais l’homme politique, le militant de l’organisation dite de la société civile engagée dans le combat pour la protection des enfants, qu’en pensent-ils vraiment ? Sont-ils sincères en organisant par an, à l’honneur des enfants, plus d’une demi-douzaine de cérémonies pompeuses dont le coût global peut aider de milliers d’autres enfants à sortir des tunnels où l’irresponsabilité d’adultes inconscients les a balancés ?
12 février : journée internationale des enfants soldats. 25 mai : journée internationale des enfants disparus. 1er juin : journée internationale des enfants. 4 juin : journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression. 12 juin : journée mondiale contre le travail des enfants. 16 juin : journée mondiale de l’Enfant africain. 20 novembre : journée internationale des Droits de l’Enfant. 2ème dimanche de décembre : journée internationale des enfants en faveur de la radio et de la télévision… On voit bien, à travers cette pléthore de journées dédiées rien qu’aux enfants, que le thème de l’enfance préoccupe le monde. Chaque journée commémorant un fait, un événement ou une déclaration, elle garde sa spécificité et reste différente d’une autre, d’où la nécessité de la célébrer à part. Soit. Mais à combien revient, financièrement parlant, l’organisation de chacune de ces journées ? Et pour quels résultats sur le terrain ? Les mises en scène faites pour l’occasion et toute la comédie des discours qui alignent des mots bien choisis pour émouvoir et attendrir juste le temps de la cérémonie, concourent-il vraiment à améliorer la situation des enfants dans le monde ? Toutes les ONG qui prétendent « protéger » ou « sauver » les enfants, sont-elles vraiment créées pour défendre la cause de l’enfance en difficulté ou pour servir d’écran à des actions odieuses mais surtout lucratives ? N’y a-t-il pas derrière tout ce concert autour de l’enfant une mafia incontrôlée qui s’organise pour exploiter la vie difficile des enfants, leur misère quotidienne, à des fins commerciales ?
Le spectacle de la souffrance des enfants en Afrique me pousse toujours à m’interroger : pourquoi, malgré toutes ces journées organisées en grandes pompes ici et là, on ne sent pas d’amélioration dans la situation de ces souffre-douleur, ces ’’Poil-de-carotte’’ ? Bien au contraire, ils sont nombreux ces personnalités influentes en costume gris pour célébrer l’enfant le jour qui, la nuit tombée, ont des hommes de main qui assassinent des enfants pour des rituels sataniques destinés à renforcer leur pouvoir. Ainsi, ces sorciers qui se proclament amis des enfants et jouissent des bénéfices de fonds alloués à ces derniers se réjouissent devant le sang des enfants qui arrosent leurs fétiches.
Les enfants de la rue constituent donc pour certains hommes politiques un réservoir sacré dans lequel ils puisent pour les besoins de leurs rites. Voilà pourquoi ils ont intérêt à ce qu’il y ait toujours dehors, des enfants sans famille, des enfants égarés, des enfants vulnérables.
C’est au sein de ces mêmes enfants que d’autres recruteront ceux à qui ils donneront des armes pour aller faire la guerre contre leurs ennemis politiques. Ces vies presque sans vie qui traînent dans les rues, qui croient avoir tout perdu, pourquoi n’accepteraient-ils pas de participer à une action qui pourrait les rendre utiles à quelque chose au moins, peu importe comment ? Eux qui en ont gros sur le cœur contre la société qui les néglige, les sous-estime, les ignore, pourquoi ne profiteraient-ils pas d’une occasion de lui verser leur rage sous forme de balles, dans la tête, dans le cœur, dans le ventre… ? Eux qui ont déjà côtoyé la mort, qui ont vécu avec la douleur, qui tutoient la solitude et la souffrance dans leur errance, tuer ou être tués peut-il leur faire peur ? Le kalachnikov qu’on leur offre ne leur donne-t-il pas un pouvoir sur ceux qui ont été méchants avec eux ? L’alcool et la drogue qu’on leur livre gratuitement ne les aident-ils pas à oublier la rudesse de la vie au profit d’un monde de lumière et de son dans lequel ils sont des anges, de petits dieux en puissance, même si éphémères ? Et pourtant, on aurait pu mettre fin à l’utilisation des enfants pour la guerre, ne serait-ce qu’en respectant les normes de la gouvernance démocratique qui évitera des mécontents qui formeront des rebellions qui donneront des armes aux enfants.
D’autre part, comment se fait-il que l’utilisation des enfants comme mendiants par des maîtres coraniques soit bien connue de toutes les autorités de l’Afrique, de l’Ouest notamment, mais que rien ne soit fait de façon concrète, pour mettre fin à cela ? Est-ce parce que ces maîtres soi-disant spirituels sont aussi des marabouts attitrés au service des décideurs ? Les services mystiques qu’ils rendent aux « patrons » sont-ils plus importants que la vie des enfants qu’ils déversent dans la ville pour leur rapporter du butin au risque de leur vie ? Une vie qui semble n’avoir aucune valeur pour des hommes de Dieu qui enseignent la bonté, la compassion, la pitié et la charité.
Mais ce que j’ai surtout beaucoup de mal à comprendre, c’est que dans des sociétés africaines où l’hospitalité et le sens du partage avec l’étranger, l’inconnu, sont si développés, il n’existe pas de politique pour encourager un système de familles d’accueil des enfants de la rue, en fonction des histoires de ces enfants. Ces familles, grâce à une subvention annuelle, s’occuperaient de l’éducation et de la formation de leurs pupilles. Les Etats eux-mêmes prenant la charge de tous les autres enfants. Les fonds qui permettent d’organiser plusieurs manifestations par an, partout à travers le monde serviraient, j’en suis convaincu, à une meilleure protection de l’enfant contre l’exploitation, le trafic, l’escroquerie et le mercantilisme d’adultes véreux.
Que l’hypocrisie règne en politique, cela peut se comprendre. Mais que cette hypocrisie atteigne des sommets dans la défense de grandes causes comme celle de l’Enfant, c’est impossible à comprendre ! Les enfants, ce n’est pas les logements sociaux qui sont censés donner un toit à des citoyens démunis mais qui en réalité ne profitent qu’à des hauts responsables disposant déjà de plusieurs immeubles ou à l’abri de tout besoin. Les enfants, c’est plus sérieux, je pense ! Et pourtant… Quand, dans certaines organisations, arrivent des fonds pour soutenir des enfants en difficulté à travers des projets, ce sont, dans plusieurs cas, des enfants de responsables, de fonctionnaires ou de privés bien nantis qui sont regroupés, pour bénéficier de ces fonds. Laissant ainsi de côté ceux qu’on pourrait appeler les bénéficiaires naturels. Comme s’il y avait un certain plaisir pour certains parents à ce que leurs enfants soient appelés « enfants défavorisés ». Imaginez qu’un jour, Dieu propose à ceux qui sont en enfer, de l’argent pour s’acheter de beaux habits et se faire beaux pour être reçus au paradis, et que, en apprenant cette nouvelle, des habitants du paradis se ruent vers les portes de l’enfer pour négocier avec les gardiens de la géhenne afin qu’ils les laissent y entrer, le temps d’avoir l’argent promis par Dieu.
Je considère une telle attitude comme une crise de bon sens et une grave escroquerie morale de gens qui se croient toujours plus malins que les autres. Comme quoi, aujourd’hui, il y a dans l’empire des enfants en difficulté, des vampires adultes, ivres de cupidité. L’écrivain français André Stil a intitulé un de ses romans « Dieu est un enfant ». En y réfléchissant, j’ai envie de dire à tous ceux qui se nourrissent de la sueur, des larmes et du sang des enfants, même en se cachant derrière le voile de la religion : attention, l’enfant est un dieu !
Bien à vous.
MINGA
Enfant de la rue ou dans la rue, enfant soldat, enfant orphelin de la guerre ou du Sida, enfant mal aimé, maltraité, vendu ou sacrifié, enfant victime de violences sexuelles ou de sévices divers. Cet enfant-là, on sait ce qu’il en pense le citoyen ordinaire qui n’a aucun lien avec lui. Mais l’homme politique, le militant de l’organisation dite de la société civile engagée dans le combat pour la protection des enfants, qu’en pensent-ils vraiment ? Sont-ils sincères en organisant par an, à l’honneur des enfants, plus d’une demi-douzaine de cérémonies pompeuses dont le coût global peut aider de milliers d’autres enfants à sortir des tunnels où l’irresponsabilité d’adultes inconscients les a balancés ?
12 février : journée internationale des enfants soldats. 25 mai : journée internationale des enfants disparus. 1er juin : journée internationale des enfants. 4 juin : journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression. 12 juin : journée mondiale contre le travail des enfants. 16 juin : journée mondiale de l’Enfant africain. 20 novembre : journée internationale des Droits de l’Enfant. 2ème dimanche de décembre : journée internationale des enfants en faveur de la radio et de la télévision… On voit bien, à travers cette pléthore de journées dédiées rien qu’aux enfants, que le thème de l’enfance préoccupe le monde. Chaque journée commémorant un fait, un événement ou une déclaration, elle garde sa spécificité et reste différente d’une autre, d’où la nécessité de la célébrer à part. Soit. Mais à combien revient, financièrement parlant, l’organisation de chacune de ces journées ? Et pour quels résultats sur le terrain ? Les mises en scène faites pour l’occasion et toute la comédie des discours qui alignent des mots bien choisis pour émouvoir et attendrir juste le temps de la cérémonie, concourent-il vraiment à améliorer la situation des enfants dans le monde ? Toutes les ONG qui prétendent « protéger » ou « sauver » les enfants, sont-elles vraiment créées pour défendre la cause de l’enfance en difficulté ou pour servir d’écran à des actions odieuses mais surtout lucratives ? N’y a-t-il pas derrière tout ce concert autour de l’enfant une mafia incontrôlée qui s’organise pour exploiter la vie difficile des enfants, leur misère quotidienne, à des fins commerciales ?
Le spectacle de la souffrance des enfants en Afrique me pousse toujours à m’interroger : pourquoi, malgré toutes ces journées organisées en grandes pompes ici et là, on ne sent pas d’amélioration dans la situation de ces souffre-douleur, ces ’’Poil-de-carotte’’ ? Bien au contraire, ils sont nombreux ces personnalités influentes en costume gris pour célébrer l’enfant le jour qui, la nuit tombée, ont des hommes de main qui assassinent des enfants pour des rituels sataniques destinés à renforcer leur pouvoir. Ainsi, ces sorciers qui se proclament amis des enfants et jouissent des bénéfices de fonds alloués à ces derniers se réjouissent devant le sang des enfants qui arrosent leurs fétiches.
Les enfants de la rue constituent donc pour certains hommes politiques un réservoir sacré dans lequel ils puisent pour les besoins de leurs rites. Voilà pourquoi ils ont intérêt à ce qu’il y ait toujours dehors, des enfants sans famille, des enfants égarés, des enfants vulnérables.
C’est au sein de ces mêmes enfants que d’autres recruteront ceux à qui ils donneront des armes pour aller faire la guerre contre leurs ennemis politiques. Ces vies presque sans vie qui traînent dans les rues, qui croient avoir tout perdu, pourquoi n’accepteraient-ils pas de participer à une action qui pourrait les rendre utiles à quelque chose au moins, peu importe comment ? Eux qui en ont gros sur le cœur contre la société qui les néglige, les sous-estime, les ignore, pourquoi ne profiteraient-ils pas d’une occasion de lui verser leur rage sous forme de balles, dans la tête, dans le cœur, dans le ventre… ? Eux qui ont déjà côtoyé la mort, qui ont vécu avec la douleur, qui tutoient la solitude et la souffrance dans leur errance, tuer ou être tués peut-il leur faire peur ? Le kalachnikov qu’on leur offre ne leur donne-t-il pas un pouvoir sur ceux qui ont été méchants avec eux ? L’alcool et la drogue qu’on leur livre gratuitement ne les aident-ils pas à oublier la rudesse de la vie au profit d’un monde de lumière et de son dans lequel ils sont des anges, de petits dieux en puissance, même si éphémères ? Et pourtant, on aurait pu mettre fin à l’utilisation des enfants pour la guerre, ne serait-ce qu’en respectant les normes de la gouvernance démocratique qui évitera des mécontents qui formeront des rebellions qui donneront des armes aux enfants.
D’autre part, comment se fait-il que l’utilisation des enfants comme mendiants par des maîtres coraniques soit bien connue de toutes les autorités de l’Afrique, de l’Ouest notamment, mais que rien ne soit fait de façon concrète, pour mettre fin à cela ? Est-ce parce que ces maîtres soi-disant spirituels sont aussi des marabouts attitrés au service des décideurs ? Les services mystiques qu’ils rendent aux « patrons » sont-ils plus importants que la vie des enfants qu’ils déversent dans la ville pour leur rapporter du butin au risque de leur vie ? Une vie qui semble n’avoir aucune valeur pour des hommes de Dieu qui enseignent la bonté, la compassion, la pitié et la charité.
Mais ce que j’ai surtout beaucoup de mal à comprendre, c’est que dans des sociétés africaines où l’hospitalité et le sens du partage avec l’étranger, l’inconnu, sont si développés, il n’existe pas de politique pour encourager un système de familles d’accueil des enfants de la rue, en fonction des histoires de ces enfants. Ces familles, grâce à une subvention annuelle, s’occuperaient de l’éducation et de la formation de leurs pupilles. Les Etats eux-mêmes prenant la charge de tous les autres enfants. Les fonds qui permettent d’organiser plusieurs manifestations par an, partout à travers le monde serviraient, j’en suis convaincu, à une meilleure protection de l’enfant contre l’exploitation, le trafic, l’escroquerie et le mercantilisme d’adultes véreux.
Que l’hypocrisie règne en politique, cela peut se comprendre. Mais que cette hypocrisie atteigne des sommets dans la défense de grandes causes comme celle de l’Enfant, c’est impossible à comprendre ! Les enfants, ce n’est pas les logements sociaux qui sont censés donner un toit à des citoyens démunis mais qui en réalité ne profitent qu’à des hauts responsables disposant déjà de plusieurs immeubles ou à l’abri de tout besoin. Les enfants, c’est plus sérieux, je pense ! Et pourtant… Quand, dans certaines organisations, arrivent des fonds pour soutenir des enfants en difficulté à travers des projets, ce sont, dans plusieurs cas, des enfants de responsables, de fonctionnaires ou de privés bien nantis qui sont regroupés, pour bénéficier de ces fonds. Laissant ainsi de côté ceux qu’on pourrait appeler les bénéficiaires naturels. Comme s’il y avait un certain plaisir pour certains parents à ce que leurs enfants soient appelés « enfants défavorisés ». Imaginez qu’un jour, Dieu propose à ceux qui sont en enfer, de l’argent pour s’acheter de beaux habits et se faire beaux pour être reçus au paradis, et que, en apprenant cette nouvelle, des habitants du paradis se ruent vers les portes de l’enfer pour négocier avec les gardiens de la géhenne afin qu’ils les laissent y entrer, le temps d’avoir l’argent promis par Dieu.
Je considère une telle attitude comme une crise de bon sens et une grave escroquerie morale de gens qui se croient toujours plus malins que les autres. Comme quoi, aujourd’hui, il y a dans l’empire des enfants en difficulté, des vampires adultes, ivres de cupidité. L’écrivain français André Stil a intitulé un de ses romans « Dieu est un enfant ». En y réfléchissant, j’ai envie de dire à tous ceux qui se nourrissent de la sueur, des larmes et du sang des enfants, même en se cachant derrière le voile de la religion : attention, l’enfant est un dieu !
Bien à vous.
MINGA
13.6.11
D E F : Diplôme des Experts en Fraude ?
Les élèves des classes de 9ème Année, partout au Mali, viennent de composer dans le cadre de l’examen de fin du cycle fondamental ou DEF (Diplôme d’Etudes Fondamentales). Ce diplôme malien pourrait être considéré comme l’équivalent de ce que la majorité des pays francophones appelle le BEPC ou Brevet d’Etudes du Premier Cycle. Mais la différence, c’est que l’élève malien passe son DEF trois ans seulement après l’entrée en sixième alors les autres passent le BEPC quatre ans après. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’au Mali le parcours de la première année au Baccalauréat dure onze ans au lieu de douze dans les pays du BEPC.
Mais là n’est pas le principal sujet de la présente chronique. Je voudrais partager avec les lecteurs mon indignation sur l’organisation chaotique d’un examen dont l’obtention devrait en principe rendre fiers et heureux des élèves et leurs parents, parce qu’il ouvre la porte du lycée ou de la formation professionnelle. J’aurais pu intituler mon papier « DEF 2011 : Chroniques honteuses d’un centre d’examen ». Mais j’ai préféré un titre qui reflète mon impression face à un examen dont les sujets sont vendus sans scrupule et sans cagoule, dans les alentours, dans la cour comme dans les salles des centres d’examen. Avec des personnages devenus célèbres dans la fraude qui mobilisent ouvertement les élèves et leur font sans vergogne leurs propositions indécentes de 2 500 FCFA contre un sujet pour certains et rien que 500 FCFA contre le même sujet pour d’autres.
Je me suis intéressé au centre de Missira où la taille de la fraude a été gigantesque le premier et le deuxième jour. Là, même des policiers allaient vers les surveillants pour leur tenir des propos du genre : « Mon frère, moi je me débrouille bien en mathématiques, alors si tu as des cas, fais-moi signe ». Et eux ne demandaient que 500 FCFA par sujet traité ! Et ce n’était pas des cas isolés. Aux alentours du centre, on voyait des groupuscules d’individus lugubres traitant frénétiquement des sujets pour les faire ensuite passer grâce aux policiers qui servaient parfois d’entremetteurs.
Un enseignant du groupe scolaire Nelson Mandela, Monsieur B.M., très connu dans le milieu de la fraude au DEF était très sollicité et très agité au centre de Missira. Aux dires de certains candidats et de jeunes surveillants que j’ai entendus, cet homme semblait être aidé par une dame du CAP d’Hippodrome, son ex-collègue. Dès qu’un sujet tombait, il s’empressait de le faire traiter par un complice et allait rapidement faire des photocopies de la correction pour ensuite revenir dans les salles et les distribuer à ses protégés principaux et à tous les autres qui, sur place, pouvaient payer.
Une candidate nous explique : « Dans ma salle, Monsieur B.M. avait un protégé qui recevait toujours une copie du corrigé des sujets. Après, il disait que ceux qui avaient de l’argent pouvaient se déclarer afin d’avoir aussi les sujets. On voyait l’argent sortir et circuler dans la salle… » Ce récit ne fait allusion qu’aux deux premiers jours de l’examen. Car, le dernier jour, même si en anglais les copies du corrigé ont circulé, la fièvre de la fraude était tombée comme au point mort avec l’arrivée matinale sur les lieux d’une envoyée de l’Académie Rive Gauche.
Il n’était pas rare non plus de voir, aux abords du centre de Missira des parents d’élèves qui sortaient de l’argent pour faire corriger un sujet pour leurs enfants. De petits grins spontanés se sont même créés derrière les fenêtres des habitations à proximité du centre, le temps de la journée, pour les « commis à la correction ». Sans se douter de celui qui pouvait être de l’autre côté du mur, les experts en fraude corrigeaient en devisant sur leurs recettes et parfois sur les bénéfices extra comme ces filles qui n’ont pas d’argent à payer mais qui proposent mieux et pour qui ils sont prêts à tout pour qu’elles réussissent au DEF.
D’ailleurs, à la fin de la première journée, une jeune candidate expliquait à une camarade, avec un rire coquin, que le surveillant lui avait donné le corrigé de la dictée et de la rédaction. « Il le donnait aux gens à 2 500 FCFA le sujet, mais moi je ne lui ai rien donné. Je compte sur lui pour les épreuves de maths et de bio, demain. Après le BEPC, je verrai ce que je peux faire pour lui… » Sans commentaire. C’était étrange de voir un centre d’examen où les mouvements étaient aussi libres et où on pouvait voir des surveillant se partager le butin à la fin d’une épreuve. Comme si tous les responsables du centre étaient des complices de cette mafia. Mais, comme le dirait l’autre : « Si policier même est dedans, tout est gâté ! » En effet. A Missira, la police était complice des fraudeurs. Hélas !
Et pourtant, l’arrivée du Ministre Salikou Sanogo avait donné bien des espoirs à tous ceux qui en avaient marre d’une école gangrenée par la fraude, le laxisme, la médiocrité et la violence. On avait espéré donc des lendemains radieux pour l’école malienne qui sortirait ainsi de l’ornière où l’avait projetée ceux qui voient des occasions de « deal » partout ! On croyait sonné à jamais le glas de la concupiscence et de l’immoralité à l’école. Mais c’est vrai que l’habitude est une seconde nature et que le molosse ne peut abandonner du jour au lendemain sa façon éhontée de s’asseoir. C’est vrai que la meilleure réforme au monde qui ne prend pas en compte le changement profond des mentalités est vouée à l’échec. Aucune institution ne peut être forte par elle-même si elle n’est pas constituée de personnalités fortes, qui ont décidé d’entrer dans l’histoire en imposant une rupture salutaire. Rupture dans le comportement, dans la pensée, dans la mentalité, rupture dans la vision. Des personnalités fortes qui sont conscientes qu’à la douleur d’une rupture salutaire, succèdera un état de bonheur durable. Au lieu de cela, on parle de changement en maintenant à leurs postes de vieux corps gangrenés qui puent et contaminent les nouveaux supposés être à l’avant-garde de la réforme.
Alors, M. le ministre Salikou, l’heure est encore plus grave aujourd’hui plus qu’hier. Il y a certainement des esprits tordus qui veulent vous torpiller en se disant : « Il na pa di i pé, i naka pé on va voir ! » Juste pour vous mettre les bâtons de la roue et révéler au monde que malgré vos grandes décisions, vous avez des points faibles ! Voici driblé donc, M. le ministre par le réseau des tricheurs. Un réseau ignoble constitué de chefs d’établissements inconscients, d’enseignants malhonnêtes, d’élèves paresseux et de parents d’élèves irresponsables pour qui la facilité est la panacée de tous les maux. C’est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde, mais quand on sait où l’on va, on doit savoir avec qui marcher.
Chers lecteurs, en attendant la prochaine sortie de M. le Ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour nous dire ce qu’il pense de tout ce qui se dit du DEF 2011, je voudrais formuler avec vous le vœu que le DEF soit vraiment réhabilité et qu’il ne soit plus considéré comme le Diplôme des Experts en Fraude !
Bien à vous.
MINGA
Mais là n’est pas le principal sujet de la présente chronique. Je voudrais partager avec les lecteurs mon indignation sur l’organisation chaotique d’un examen dont l’obtention devrait en principe rendre fiers et heureux des élèves et leurs parents, parce qu’il ouvre la porte du lycée ou de la formation professionnelle. J’aurais pu intituler mon papier « DEF 2011 : Chroniques honteuses d’un centre d’examen ». Mais j’ai préféré un titre qui reflète mon impression face à un examen dont les sujets sont vendus sans scrupule et sans cagoule, dans les alentours, dans la cour comme dans les salles des centres d’examen. Avec des personnages devenus célèbres dans la fraude qui mobilisent ouvertement les élèves et leur font sans vergogne leurs propositions indécentes de 2 500 FCFA contre un sujet pour certains et rien que 500 FCFA contre le même sujet pour d’autres.
Je me suis intéressé au centre de Missira où la taille de la fraude a été gigantesque le premier et le deuxième jour. Là, même des policiers allaient vers les surveillants pour leur tenir des propos du genre : « Mon frère, moi je me débrouille bien en mathématiques, alors si tu as des cas, fais-moi signe ». Et eux ne demandaient que 500 FCFA par sujet traité ! Et ce n’était pas des cas isolés. Aux alentours du centre, on voyait des groupuscules d’individus lugubres traitant frénétiquement des sujets pour les faire ensuite passer grâce aux policiers qui servaient parfois d’entremetteurs.
Un enseignant du groupe scolaire Nelson Mandela, Monsieur B.M., très connu dans le milieu de la fraude au DEF était très sollicité et très agité au centre de Missira. Aux dires de certains candidats et de jeunes surveillants que j’ai entendus, cet homme semblait être aidé par une dame du CAP d’Hippodrome, son ex-collègue. Dès qu’un sujet tombait, il s’empressait de le faire traiter par un complice et allait rapidement faire des photocopies de la correction pour ensuite revenir dans les salles et les distribuer à ses protégés principaux et à tous les autres qui, sur place, pouvaient payer.
Une candidate nous explique : « Dans ma salle, Monsieur B.M. avait un protégé qui recevait toujours une copie du corrigé des sujets. Après, il disait que ceux qui avaient de l’argent pouvaient se déclarer afin d’avoir aussi les sujets. On voyait l’argent sortir et circuler dans la salle… » Ce récit ne fait allusion qu’aux deux premiers jours de l’examen. Car, le dernier jour, même si en anglais les copies du corrigé ont circulé, la fièvre de la fraude était tombée comme au point mort avec l’arrivée matinale sur les lieux d’une envoyée de l’Académie Rive Gauche.
Il n’était pas rare non plus de voir, aux abords du centre de Missira des parents d’élèves qui sortaient de l’argent pour faire corriger un sujet pour leurs enfants. De petits grins spontanés se sont même créés derrière les fenêtres des habitations à proximité du centre, le temps de la journée, pour les « commis à la correction ». Sans se douter de celui qui pouvait être de l’autre côté du mur, les experts en fraude corrigeaient en devisant sur leurs recettes et parfois sur les bénéfices extra comme ces filles qui n’ont pas d’argent à payer mais qui proposent mieux et pour qui ils sont prêts à tout pour qu’elles réussissent au DEF.
D’ailleurs, à la fin de la première journée, une jeune candidate expliquait à une camarade, avec un rire coquin, que le surveillant lui avait donné le corrigé de la dictée et de la rédaction. « Il le donnait aux gens à 2 500 FCFA le sujet, mais moi je ne lui ai rien donné. Je compte sur lui pour les épreuves de maths et de bio, demain. Après le BEPC, je verrai ce que je peux faire pour lui… » Sans commentaire. C’était étrange de voir un centre d’examen où les mouvements étaient aussi libres et où on pouvait voir des surveillant se partager le butin à la fin d’une épreuve. Comme si tous les responsables du centre étaient des complices de cette mafia. Mais, comme le dirait l’autre : « Si policier même est dedans, tout est gâté ! » En effet. A Missira, la police était complice des fraudeurs. Hélas !
Et pourtant, l’arrivée du Ministre Salikou Sanogo avait donné bien des espoirs à tous ceux qui en avaient marre d’une école gangrenée par la fraude, le laxisme, la médiocrité et la violence. On avait espéré donc des lendemains radieux pour l’école malienne qui sortirait ainsi de l’ornière où l’avait projetée ceux qui voient des occasions de « deal » partout ! On croyait sonné à jamais le glas de la concupiscence et de l’immoralité à l’école. Mais c’est vrai que l’habitude est une seconde nature et que le molosse ne peut abandonner du jour au lendemain sa façon éhontée de s’asseoir. C’est vrai que la meilleure réforme au monde qui ne prend pas en compte le changement profond des mentalités est vouée à l’échec. Aucune institution ne peut être forte par elle-même si elle n’est pas constituée de personnalités fortes, qui ont décidé d’entrer dans l’histoire en imposant une rupture salutaire. Rupture dans le comportement, dans la pensée, dans la mentalité, rupture dans la vision. Des personnalités fortes qui sont conscientes qu’à la douleur d’une rupture salutaire, succèdera un état de bonheur durable. Au lieu de cela, on parle de changement en maintenant à leurs postes de vieux corps gangrenés qui puent et contaminent les nouveaux supposés être à l’avant-garde de la réforme.
Alors, M. le ministre Salikou, l’heure est encore plus grave aujourd’hui plus qu’hier. Il y a certainement des esprits tordus qui veulent vous torpiller en se disant : « Il na pa di i pé, i naka pé on va voir ! » Juste pour vous mettre les bâtons de la roue et révéler au monde que malgré vos grandes décisions, vous avez des points faibles ! Voici driblé donc, M. le ministre par le réseau des tricheurs. Un réseau ignoble constitué de chefs d’établissements inconscients, d’enseignants malhonnêtes, d’élèves paresseux et de parents d’élèves irresponsables pour qui la facilité est la panacée de tous les maux. C’est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde, mais quand on sait où l’on va, on doit savoir avec qui marcher.
Chers lecteurs, en attendant la prochaine sortie de M. le Ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour nous dire ce qu’il pense de tout ce qui se dit du DEF 2011, je voudrais formuler avec vous le vœu que le DEF soit vraiment réhabilité et qu’il ne soit plus considéré comme le Diplôme des Experts en Fraude !
Bien à vous.
MINGA
6.6.11
BIENNALE PHOTO 2011 : Flou artistique ou flou malveillant ?
Le Mali abritera du 5 novembre au 5 décembre 2011, la 9ème édition des Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie. Ce grand événement qui célèbre la photo et qui depuis l’édition de 2007 associe la création vidéo, est, officiellement, co-organisé et co-produit par l’Institut français et le Ministère de la Culture du Mali. Si, en réalité, c’est ce moment de communion, d’échange et de collaboration entre les professionnels de l’image du continent qui justifie l’existence au Mali de la Maison africaine de la photographie, le paradoxe malien fait que les Rencontres, aujourd’hui, en réalité, n’ont rien à voir avec cette maison. On ne s’en émeut plus !
Le Délégué général des Rencontres est d’abord le directeur d’une autre institution : le Musée national du Mali. Ce n’est pas anormal. Si ce dernier est plus compétent que le Directeur général de la Maison africaine de la photographie. Ailleurs, on chercherait peut-être à comprendre pourquoi alors on maintiendrait en place un responsable supposé incompétent, quitte à ôter tout sens à sa mission première et à surcharger un autre responsable, si volontaire et si hyperactif soit-il. Mais ici n’est pas ailleurs. Il n’y a rien à comprendre. On peut circuler ! Mais bon sang, de quoi je me mêle ? En fait, si j’en parle, c’est simplement pour situer le contexte de ma chronique.
Le 3 janvier 2011, un appel à candidatures invitait tous les photographes et vidéastes du continent africain, quels que soient leurs lieux de résidence, à présenter des travaux correspondant au thème « Pour un monde durable ». Le dernier délai pour le dépôt des candidatures initialement fixé au 15 mars a été repoussé jusqu’à la fin du même mois. Et l’appel mentionnait clairement que “Les résultats seront communiqués, uniquement par courrier, au début du mois de mai 2011”. Mais jusqu’aux premiers jours de ce mois de juin, nous avons dû nous renseigner auprès de plusieurs candidats résidant au Mali : pas un seul n’avait encore reçu de l’organisation un courrier annonçant les résultats officiels de l’appel à candidatures ! Certains avaient eu la liste des 55 heureux élus de l’exposition internationale de 2011 (dont 45 photographes et 10 vidéastes), grâce à des amis ayant des amis parmi les décideurs de CulturesFrance (désormais Institut français). D’autres, fatigués de chercher en vain sur le site de l’Institut français et sur celui des Rencontres, en étaient encore, le 04 juin dernier, à se demander jusqu’à quand les résultats seraient communiqués !
Et pourtant, il nous a été dit que les résultats étaient disponibles depuis plus de deux semaines déjà. Mais comment donc expliquer le fait que le Délégué général des Rencontres de Bamako ne se presse pas d’informer les candidats « par courrier » ? Pourquoi les photographes maliens qui devraient être les premiers informés (avantage d’être dans le pays organisateur), doivent-ils avoir recours à la France pour se faire servir une liste officieuse ? Est-ce le goût du suspense, question de faire mariner les candidats à petit feu ? Est-ce la volonté de faire douter les candidats de leurs travaux et donc de leurs compétences ? Y a-t-il une gêne à communiquer les résultats parce qu’ils seraient « mauvais » pour le Mali ?
D’autre part, je suis curieux de savoir pourquoi un appel à candidatures largement diffusé et publié dans des journaux ne peut pas donner lieu à des résultats tout aussi largement diffusés et publiés dans des journaux, même si, en même temps, les candidats doivent recevoir des courriers spécifiques. Ne gagnerait-on pas en crédibilité et en transparence ? Y a-t-il un secret à garder quant aux résultats ? Le moins que je puisse dire, c’est que, dans cette affaire de biennale photo, il y a trop de flou ! Flou artistique ou flou malveillant ? Toujours est-il que c’est un flou gênant qui n’honore personne !
Je voulais rappeler avant de terminer que les Rencontres africaines de la photographie ont 17 ans et que, malgré le changement de dénomination en Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, les grandes décisions sont prises en France où sont réalisés aussi tous les tirages. Malgré tous les beaux discours de novembre 2009 qui ont laissé croire que le Mali s’appropriera de plus en plus de « ses » Rencontres. Alors cette biennale restera encore longtemps un festival français organisé en terre malienne. Pour un public européen ! De toutes les façons le Malien moyen est trop préoccupé par la cherté croissante de la vie et ce n’est pas la photo, même celle d’un poisson, qui le soulagera !
A tous les soi-disant souverainistes qui aiment écrire, marcher et crier contre l’impérialisme occidental au regard de ce qui se passe ailleurs, j’ai envie de dire, voilà au moins un sujet digne de réflexion : comment l’Afrique peut-elle se soustraire de l’impérialisme occidental non pas en gueulant sa souveraineté urbi et orbi mais en formant bien (selon les normes occidentales, hélas !) ses fils et ses filles qui seront suffisamment dignes, suffisamment responsables et suffisamment capables d’imposer leurs savoirs et leurs connaissances comme alternative à la domination de la pensée occidentale ? Sinon, on fera toujours du sur place et on divaguera toujours en criant à tout propos « néocolonialisme » par-ci, « impérialisme » par-là. Sans rien dire de notre immaturité chronique et de notre dépendance mentale aiguë à l’Occident.
Vous voulez donc des Rencontres de Bamako à la sauce africaine ? Repassez plus tard, s’il vous plaît, on n’est pas prêts !
Bien à vous.
MINGA
Le Délégué général des Rencontres est d’abord le directeur d’une autre institution : le Musée national du Mali. Ce n’est pas anormal. Si ce dernier est plus compétent que le Directeur général de la Maison africaine de la photographie. Ailleurs, on chercherait peut-être à comprendre pourquoi alors on maintiendrait en place un responsable supposé incompétent, quitte à ôter tout sens à sa mission première et à surcharger un autre responsable, si volontaire et si hyperactif soit-il. Mais ici n’est pas ailleurs. Il n’y a rien à comprendre. On peut circuler ! Mais bon sang, de quoi je me mêle ? En fait, si j’en parle, c’est simplement pour situer le contexte de ma chronique.
Le 3 janvier 2011, un appel à candidatures invitait tous les photographes et vidéastes du continent africain, quels que soient leurs lieux de résidence, à présenter des travaux correspondant au thème « Pour un monde durable ». Le dernier délai pour le dépôt des candidatures initialement fixé au 15 mars a été repoussé jusqu’à la fin du même mois. Et l’appel mentionnait clairement que “Les résultats seront communiqués, uniquement par courrier, au début du mois de mai 2011”. Mais jusqu’aux premiers jours de ce mois de juin, nous avons dû nous renseigner auprès de plusieurs candidats résidant au Mali : pas un seul n’avait encore reçu de l’organisation un courrier annonçant les résultats officiels de l’appel à candidatures ! Certains avaient eu la liste des 55 heureux élus de l’exposition internationale de 2011 (dont 45 photographes et 10 vidéastes), grâce à des amis ayant des amis parmi les décideurs de CulturesFrance (désormais Institut français). D’autres, fatigués de chercher en vain sur le site de l’Institut français et sur celui des Rencontres, en étaient encore, le 04 juin dernier, à se demander jusqu’à quand les résultats seraient communiqués !
Et pourtant, il nous a été dit que les résultats étaient disponibles depuis plus de deux semaines déjà. Mais comment donc expliquer le fait que le Délégué général des Rencontres de Bamako ne se presse pas d’informer les candidats « par courrier » ? Pourquoi les photographes maliens qui devraient être les premiers informés (avantage d’être dans le pays organisateur), doivent-ils avoir recours à la France pour se faire servir une liste officieuse ? Est-ce le goût du suspense, question de faire mariner les candidats à petit feu ? Est-ce la volonté de faire douter les candidats de leurs travaux et donc de leurs compétences ? Y a-t-il une gêne à communiquer les résultats parce qu’ils seraient « mauvais » pour le Mali ?
D’autre part, je suis curieux de savoir pourquoi un appel à candidatures largement diffusé et publié dans des journaux ne peut pas donner lieu à des résultats tout aussi largement diffusés et publiés dans des journaux, même si, en même temps, les candidats doivent recevoir des courriers spécifiques. Ne gagnerait-on pas en crédibilité et en transparence ? Y a-t-il un secret à garder quant aux résultats ? Le moins que je puisse dire, c’est que, dans cette affaire de biennale photo, il y a trop de flou ! Flou artistique ou flou malveillant ? Toujours est-il que c’est un flou gênant qui n’honore personne !
Je voulais rappeler avant de terminer que les Rencontres africaines de la photographie ont 17 ans et que, malgré le changement de dénomination en Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, les grandes décisions sont prises en France où sont réalisés aussi tous les tirages. Malgré tous les beaux discours de novembre 2009 qui ont laissé croire que le Mali s’appropriera de plus en plus de « ses » Rencontres. Alors cette biennale restera encore longtemps un festival français organisé en terre malienne. Pour un public européen ! De toutes les façons le Malien moyen est trop préoccupé par la cherté croissante de la vie et ce n’est pas la photo, même celle d’un poisson, qui le soulagera !
A tous les soi-disant souverainistes qui aiment écrire, marcher et crier contre l’impérialisme occidental au regard de ce qui se passe ailleurs, j’ai envie de dire, voilà au moins un sujet digne de réflexion : comment l’Afrique peut-elle se soustraire de l’impérialisme occidental non pas en gueulant sa souveraineté urbi et orbi mais en formant bien (selon les normes occidentales, hélas !) ses fils et ses filles qui seront suffisamment dignes, suffisamment responsables et suffisamment capables d’imposer leurs savoirs et leurs connaissances comme alternative à la domination de la pensée occidentale ? Sinon, on fera toujours du sur place et on divaguera toujours en criant à tout propos « néocolonialisme » par-ci, « impérialisme » par-là. Sans rien dire de notre immaturité chronique et de notre dépendance mentale aiguë à l’Occident.
Vous voulez donc des Rencontres de Bamako à la sauce africaine ? Repassez plus tard, s’il vous plaît, on n’est pas prêts !
Bien à vous.
MINGA
23.5.11
LETTRE OUVERTE À ALASSANE DRAMANE OUATTARA : « VIVRE ENSEMBLE ne s’improvise pas… »
Monsieur le Président,
Je n’ai voté ni pour vous, ni pour l’autre. Mais je suis de ceux qui n’ont jamais douté de votre victoire. Et je ne me suis jamais lassé de le faire savoir. Aujourd’hui, après cette gigantesque cérémonie d’investiture qui vous consacre définitivement cinquième président de la République de Côte d’Ivoire, je m’autorise à vous adresser toutes mes félicitations. Je suis fier de vous, d’abord pour votre grande patience qui a évité à la Côte d’Ivoire encore plus de sang, encore plus de corps dans les rues comme dans les buissons, les fourrés, les puits ici et là, encore plus de charniers. Je suis fier de vous aussi à cause de votre engagement toujours renouvelé à réconcilier tous les Ivoiriens. Enfin, je suis fier de vous pour avoir, à peine installé, déjà ouvert les portes de notre pays au monde à travers cette belle fête qui a rassemblé dans la Cité des Caïmans, plusieurs centaines de personnalités de l’Afrique et du reste du monde et plusieurs milliers d’Ivoiriens, ivres du bonheur de savourer la victoire de la démocratie sur la tyrannie. Oui, vous semblez être en train d’ouvrir les vannes d’une nouvelle espérance. Et pourtant…
Monsieur le Président,
Et pourtant, c’est maintenant que le plus dur va vraiment commencer pour vous. Officiellement intronisé, vous voici pleinement président. Sur la chaire du pouvoir. Ce pouvoir qui semble faire toujours oublier à ceux qui le détiennent, leurs plus belles promesses. Ce pouvoir qui a tendance à transfigurer les anges qui le prennent et en fait des monstres, des vampires qui se gavent goulûment du sang du peuple donne l’onction suprême. Ce pouvoir qui donne l’impression de toujours corrompre le coeur, de toujours avilir l’esprit, de toujours déséquilibrer la raison de ceux qui y accèdent. Voici pourquoi, malgré la brise de l’espoir que tu fais souffler sur le pays, j’ai des craintes. Des craintes par rapport à ce que vous allez faire concrètement pour que le tissu social ivoirien en lambeaux puisse être totalement recousu, sans déplaire ni au regard, ni au toucher. Des craintes qui se justifient par la présence du piège des réflexes partisans, habituels en Afrique, qui peuvent vous confiner dans un cercle trop militant qui ignore les autres ou qui fait tout pour récupérer à son profit tous les actes que vous poserez. Car, dans un pays où chacun demande à Dieu une bonne occasion pour sortir du trou, l’accession à la présidence d’un ami ou d’un parent ou de l’ami d’un parent ou du parent d’un ami, suscite tous les appétits, même les plus obscènes, mêmes les plus insensés. En fait, l’étau le plus dangereux qui peut étouffer un homme d’Etat, c’est son entourage, si celui-ci n’a pas une bonne éducation morale et sociale.
Monsieur le Président,
Je sais qu’ils sont nombreux, ceux qui, comme moi, tout en étant fier de votre investiture en tant que Président de la République, ont peur de ce que demain leur réserve. Des maladresses de votre part ne réveilleront-elles pas de vieux démons qui semblent pour le moment s’éloigner du pays ? Saurez-vous résister tout le temps de votre mandat aux provocations dont le seul but sera de vous pousser à l’erreur politique qui pourrait justifier une « rébellion » ? Le processus de « Dialogue, Vérité, Réconciliation » se déroulera-t-il de la façon la plus équilibrée qui soit ? Les résultats des travaux de la Commission présidée par Charles Konan Banny seront-ils suffisamment justes – le mot Justice n’apparaissant pas dans la dénomination officielle de cette Commission – pour être acceptés par tous ?
Monsieur le Président,
C’est vrai que vous nous rassurez déjà par vos discours emprunts d’humilité et de sagesse. Mais les actes suivront-ils le sillon des mots ? Vous n’êtes pas sans savoir que les Ivoiriens ont aujourd’hui plus besoin d’actes que de discours, si beaux, si francs soient-ils. Ils ont besoin de manger à leur faim. Ils ont besoin de pouvoir se soigner, se vêtir, se former, travailler. Les Ivoiriens ont besoin de vivre ! Ils ont déjà trop écouté, trop entendu. Et tous ces discours, aussi beaux, aussi humanistes et aussi pleins d’amour les uns que les autres, ne leur ont apporté, en fin de compte, que douleur, souffrance et misère. Les mots n’ont pas empêché les morts ! Alors, les Ivoiriens ont besoin d’actes courageux et forts qui changent le quotidien des femmes, des hommes, des enfants de la Cote d’Ivoire. Les Ivoiriens ont d’abord besoin de se sentir vivre, de se savoir à l’abri des armes, d’être libres d’aller et de venir sans menaces. Et alors, sans le moindre effort, ils se surprendront eux-mêmes en train de vivre ensemble. Parce que « vivre ensemble » ne s’impose pas, ne s’improvise pas. C’est un acte naturel spontané. Il s’accomplit inconsciemment quand il n’y a en face, ni préjugés, ni sentiment d’injustice. Quand l’autre nous voit tel que nous le voyons : un être humain, un mortel, un semblable. En dehors du prisme déformant de la race, de l’ethnie, de la religion, de l’appartenance politique…
Cher Président,
La première œuvre de reconstruction dont la Côté d’Ivoire a grand besoin aujourd’hui, c’est d’abord la reconstruction des mentalités. Pour « faire le deuil de nos rancœurs », nous devons d’abord pouvoir faire le deuil de l’ivoirité qui est la mère de ces rancoeurs. Nous devons opérer en nous-mêmes une profonde reconversion mentale qui non seulement nous ouvre aux autres, mais nous pousse aussi vers les autres. Mais c’est vous qui pouvez nous donner l’impulsion nécessaire pour réaliser cette reconversion. Par l’exemple. Par des réformes intelligentes, surtout au niveau du système éducatif ivoirien. Vous savez que l’école ivoirienne est la plus grosse plaie de la Côte d’Ivoire qui a besoin du plus sérieux des pansements. Il faut « déserpentiser » l’école empoisonnée par le venin d’un patriotisme violent et insolent. Et cela devra être une priorité parmi vos priorités car, il y va de la naissance d’une génération d’élèves et étudiants consciencieux et responsables, débarrassés de l’esprit de la machette et des grèves politiques.
Oui, Monsieur le Président,
La Côte d’Ivoire nouvelle a besoin d’une école nouvelle pour produire jeunesse nouvelle capable de participer valablement à l’édification de l’Afrique nouvelle. Le pays vous en sera profondément reconnaissant.
Encore une fois, Monsieur le Président, toutes mes félicitations et bon vent et à vous et à tous ceux qui vous accompagneront sur le chemin périlleux de la renaissance ivoirienne. Je crois que maintenant, on peut vraiment dire, sans démagogie : « La Côte d’Ivoire is back ! »
Merci monsieur le Président.
MINGA
Je n’ai voté ni pour vous, ni pour l’autre. Mais je suis de ceux qui n’ont jamais douté de votre victoire. Et je ne me suis jamais lassé de le faire savoir. Aujourd’hui, après cette gigantesque cérémonie d’investiture qui vous consacre définitivement cinquième président de la République de Côte d’Ivoire, je m’autorise à vous adresser toutes mes félicitations. Je suis fier de vous, d’abord pour votre grande patience qui a évité à la Côte d’Ivoire encore plus de sang, encore plus de corps dans les rues comme dans les buissons, les fourrés, les puits ici et là, encore plus de charniers. Je suis fier de vous aussi à cause de votre engagement toujours renouvelé à réconcilier tous les Ivoiriens. Enfin, je suis fier de vous pour avoir, à peine installé, déjà ouvert les portes de notre pays au monde à travers cette belle fête qui a rassemblé dans la Cité des Caïmans, plusieurs centaines de personnalités de l’Afrique et du reste du monde et plusieurs milliers d’Ivoiriens, ivres du bonheur de savourer la victoire de la démocratie sur la tyrannie. Oui, vous semblez être en train d’ouvrir les vannes d’une nouvelle espérance. Et pourtant…
Monsieur le Président,
Et pourtant, c’est maintenant que le plus dur va vraiment commencer pour vous. Officiellement intronisé, vous voici pleinement président. Sur la chaire du pouvoir. Ce pouvoir qui semble faire toujours oublier à ceux qui le détiennent, leurs plus belles promesses. Ce pouvoir qui a tendance à transfigurer les anges qui le prennent et en fait des monstres, des vampires qui se gavent goulûment du sang du peuple donne l’onction suprême. Ce pouvoir qui donne l’impression de toujours corrompre le coeur, de toujours avilir l’esprit, de toujours déséquilibrer la raison de ceux qui y accèdent. Voici pourquoi, malgré la brise de l’espoir que tu fais souffler sur le pays, j’ai des craintes. Des craintes par rapport à ce que vous allez faire concrètement pour que le tissu social ivoirien en lambeaux puisse être totalement recousu, sans déplaire ni au regard, ni au toucher. Des craintes qui se justifient par la présence du piège des réflexes partisans, habituels en Afrique, qui peuvent vous confiner dans un cercle trop militant qui ignore les autres ou qui fait tout pour récupérer à son profit tous les actes que vous poserez. Car, dans un pays où chacun demande à Dieu une bonne occasion pour sortir du trou, l’accession à la présidence d’un ami ou d’un parent ou de l’ami d’un parent ou du parent d’un ami, suscite tous les appétits, même les plus obscènes, mêmes les plus insensés. En fait, l’étau le plus dangereux qui peut étouffer un homme d’Etat, c’est son entourage, si celui-ci n’a pas une bonne éducation morale et sociale.
Monsieur le Président,
Je sais qu’ils sont nombreux, ceux qui, comme moi, tout en étant fier de votre investiture en tant que Président de la République, ont peur de ce que demain leur réserve. Des maladresses de votre part ne réveilleront-elles pas de vieux démons qui semblent pour le moment s’éloigner du pays ? Saurez-vous résister tout le temps de votre mandat aux provocations dont le seul but sera de vous pousser à l’erreur politique qui pourrait justifier une « rébellion » ? Le processus de « Dialogue, Vérité, Réconciliation » se déroulera-t-il de la façon la plus équilibrée qui soit ? Les résultats des travaux de la Commission présidée par Charles Konan Banny seront-ils suffisamment justes – le mot Justice n’apparaissant pas dans la dénomination officielle de cette Commission – pour être acceptés par tous ?
Monsieur le Président,
C’est vrai que vous nous rassurez déjà par vos discours emprunts d’humilité et de sagesse. Mais les actes suivront-ils le sillon des mots ? Vous n’êtes pas sans savoir que les Ivoiriens ont aujourd’hui plus besoin d’actes que de discours, si beaux, si francs soient-ils. Ils ont besoin de manger à leur faim. Ils ont besoin de pouvoir se soigner, se vêtir, se former, travailler. Les Ivoiriens ont besoin de vivre ! Ils ont déjà trop écouté, trop entendu. Et tous ces discours, aussi beaux, aussi humanistes et aussi pleins d’amour les uns que les autres, ne leur ont apporté, en fin de compte, que douleur, souffrance et misère. Les mots n’ont pas empêché les morts ! Alors, les Ivoiriens ont besoin d’actes courageux et forts qui changent le quotidien des femmes, des hommes, des enfants de la Cote d’Ivoire. Les Ivoiriens ont d’abord besoin de se sentir vivre, de se savoir à l’abri des armes, d’être libres d’aller et de venir sans menaces. Et alors, sans le moindre effort, ils se surprendront eux-mêmes en train de vivre ensemble. Parce que « vivre ensemble » ne s’impose pas, ne s’improvise pas. C’est un acte naturel spontané. Il s’accomplit inconsciemment quand il n’y a en face, ni préjugés, ni sentiment d’injustice. Quand l’autre nous voit tel que nous le voyons : un être humain, un mortel, un semblable. En dehors du prisme déformant de la race, de l’ethnie, de la religion, de l’appartenance politique…
Cher Président,
La première œuvre de reconstruction dont la Côté d’Ivoire a grand besoin aujourd’hui, c’est d’abord la reconstruction des mentalités. Pour « faire le deuil de nos rancœurs », nous devons d’abord pouvoir faire le deuil de l’ivoirité qui est la mère de ces rancoeurs. Nous devons opérer en nous-mêmes une profonde reconversion mentale qui non seulement nous ouvre aux autres, mais nous pousse aussi vers les autres. Mais c’est vous qui pouvez nous donner l’impulsion nécessaire pour réaliser cette reconversion. Par l’exemple. Par des réformes intelligentes, surtout au niveau du système éducatif ivoirien. Vous savez que l’école ivoirienne est la plus grosse plaie de la Côte d’Ivoire qui a besoin du plus sérieux des pansements. Il faut « déserpentiser » l’école empoisonnée par le venin d’un patriotisme violent et insolent. Et cela devra être une priorité parmi vos priorités car, il y va de la naissance d’une génération d’élèves et étudiants consciencieux et responsables, débarrassés de l’esprit de la machette et des grèves politiques.
Oui, Monsieur le Président,
La Côte d’Ivoire nouvelle a besoin d’une école nouvelle pour produire jeunesse nouvelle capable de participer valablement à l’édification de l’Afrique nouvelle. Le pays vous en sera profondément reconnaissant.
Encore une fois, Monsieur le Président, toutes mes félicitations et bon vent et à vous et à tous ceux qui vous accompagneront sur le chemin périlleux de la renaissance ivoirienne. Je crois que maintenant, on peut vraiment dire, sans démagogie : « La Côte d’Ivoire is back ! »
Merci monsieur le Président.
MINGA
18.5.11
CRISE IVOIRIENNE : Quand des prostitués en soutane assassinent Dieu !
La longue crise qui secoue la Côte d’Ivoire m’a permis de comprendre une chose : c’est quand s’installe la chienlit que prolifère la vermine. Cette crise qui, en réalité, a commencé en 1993 avec le décès du premier président de la République de Côte d’Ivoire, a révélé au monde que les croque-morts sont ailleurs que dans les pompes funèbres. Je ne parlerai pas ici des marchands d’armes qui se lèchent les babines, heureux de pouvoir faire de bonnes affaires. Je ne parlerai pas non plus des mercenaires qui jubilent, fiers de pouvoir gagner beaucoup d’argent en tuant beaucoup de gens ! Ceux qui m’intéressent sont ceux qui, censés ramener à l’enclos les brebis égarées, vont plutôt casser l’enclos pour disperser les brebis : les prêtres, les pasteurs, les imams. Mais surtout les premiers, pour le cas ivoirien
Ils ont poussé partout en Eburnie, comme des champions vénéneux sur du bois mort aux premières pluies de l’année ! Ils s’autoproclament pasteurs, s’auto investissent apôtres ou prophètes et se désignent comme porte-parole de Dieu. Ils sont nombreux, très nombreux, les prophètes et apôtres en Côte d’Ivoire. Ivoiriens ou de la sous -région, profitant de la fertilité du terreau pour y jeter les graines de leurs bondieuseries, turpitudes et stupidités. Parmi les plus célèbres, on peut citer les prophètes ivoiriens Eugène 1er et Kacou Séverin et l’apôtre ghanéen Abdramane Asaré. Mais surtout le plus illustre d’entre tous, qui aime se prévaloir d’être fils d’un imam et pasteur à Ouragahio, le village natal de Laurent Gbagbo, désormais surnommé le boucher des lagunes : le pasteur prophète Koné Malachie (se prononce Malaki).
Ce dernier est bien connu pour ses déclarations tonitruantes qui ont souvent semé la confusion et le doute dans l’esprit de nombreux croyants modérés, alors que pour les croyants zélés, chaque prophétie non accomplie de leur maître à penser est la preuve que « les voies de Dieu sont insondables » et que le pasteur est vraiment oint par l’esprit divin.
Par exemple, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle ivoirienne qui s’est tenu le 28 novembre 2010, le prophète Koné Malachie disait de façon péremptoire que Dieu lui avait dit que les élections n’auront pas lieu et que, à l’issue d’un Conseil céleste présidé par Dieu, il a été décidé que Laurent Gbagbo sera imposé à la Côte d’Ivoire, parce qu’il est un chef d’Etat prédestiné qui fera encore au moins dix autres années à la tête de son pays. Les élections ont eu lieu. Koné Malachie a annoncé une guerre de six jours qui va se conclure par une intervention divine en puissance le jour où les chars de l’armée française encerclant le palais présidentiel où se trouvera le président Laurent Gbagbo, seront prêts à tirer. On connaît la suite. La guerre a duré plus de dix jours. Le boulanger a été cueilli au Palais sans cette intervention tant attendue, même par le couple présidentiel, car Simone Gbagbo se serait écriée « Malachie nous a trompés ! »
Après l’arrestation des Gbagbo le 11 avril 2011, le même Koné Malachie a déclaré que 33 jours plus tard, ils seront libérés par Dieu qui les conduira triomphalement au Palais présidentiel pour reprendre leurs fonctions. Les jours bien comptés, le vendredi 13 mai dernier était le 33ème jour. Tous les chrétiens qui croyaient encore à Malachie (et ils sont nombreux les désespérés qui s’accrochent à tout) attendaient avec ferveur et dévotion cette date « messianique ». Nous sommes aujourd’hui lundi 17 mai. Le miracle attendu n’a pas eu lieu.
N’oublions pas que c’est ce prophète qui avait dit avoir reçu de Dieu la révélation selon laquelle la guerre commencée le 19 septembre 2002 prendra fin le 19 septembre 2009. On connaît la suite. Avant que les hostilités ne reprennent à la suite des élections, la flamme de la paix consacrant la fin officielle de la guerre a été allumée à Bouaké le 30 juillet 2007.
Le même Koné Malachie est celui qui a célébré le deuxième mariage de Laurent Gbagbo avec Nady Bamba, affirmant que la Bible n’interdit pas la polygamie au chrétien.
L’apôtre ghanéen, Abdramane Christian Asré, fondateur de la Mission Christ pour le monde musulman, s’en prend, quant à lui, aux « faux bergers » et laisse entendre qu’il est le meilleur. Quelques extraits de ses propos : « Quand on prie Dieu, il répond toujours. Je suis longtemps resté en Côte d’Ivoire que je connais bien. Et je peux affirmer qu’il n’y a que de faux bergers en Côte d’Ivoire. Aucun d’entre eux ne dit la vérité. Beaucoup parmi eux sont plus intéressés par l’argent que par les choses célestes… La mort va frapper et nettoyer la classe politique ivoirienne… Aucun de ces opposants ivoiriens ne verra la nouvelle République que Dieu prépare pour la Côte d’Ivoire. Dieu est en train de préparer le dauphin de Gbagbo. C’est ce dernier qui succèdera à l’actuel chef d’Etat ivoirien, même si dans l’ombre, des choses affreuses et horribles sont en préparation. En effet, Gbagbo sera trahi par quelqu’un de son entourage. Ce dernier a déjà touché l’argent pour cette sale besogne. Il est en train de faire le travail dans l’ombre. Cependant, si le président Gbagbo se confie seulement et entièrement à Dieu et compte sur lui, Dieu agira et rien de tout cela n’arrivera. Qu’il n’ait pas peur car Gbagbo est le Sa??l de la Côte d’Ivoire… Gbagbo ne doit plus céder à aucune injonction de l’Onu… » Fin de citations. On comprend aisément le fond des propos de l’homme de Dieu qui aurait prophétisé sur la fin de Charles Taylor.
On a aussi vu et entendu des leaders du clergé catholique ivoirien prendre fait et cause pour Laurent Gbagbo, le rassurant de leurs soutiens par la prière et de l’assistance divine. Et on le sait, en proposant au Christ de Mama des prières pour délivrer la Côte d’Ivoire des suppôts de Satan et autres francs-maçons [Ndlr : Alassane Ouattara serait franc-maçon], ils reçoivent en retour des chèques, des billets de banque qui leur donnent des ailes et encore plus de zèle !
Mais pourquoi donc les hommes en soutane doivent-ils exploiter leurs titres non seulement pour s’enrichir en jouant dans le camp du plus puissant du moment, mais aussi pour aggraver la fracture sociale en opposant davantage les partisans des deux camps ? Pourquoi doivent-ils s’amuser avec le nom de Dieu pour faire couler davantage de sang et faire croître dans les cœurs davantage de haine, de mépris, d’animosité, de rancœur ?
En prophétisant une guerre religieuse, ces prostitués en soutane n’ont-ils pas encouragé leurs ouailles à détruire des mosquées, à brûler des Corans, à assassiner des imams (au moins 7 imams à ce jour) ? Tuer un honnête homme de Dieu, n’est-ce pas tuer Dieu lui-même ? Savent-ils jusqu’où peuvent aller leurs adeptes ignorants pour aider leurs prophéties à s’accomplir, après leurs séances de lavage de cerveau ?
Parlent-ils vraiment au nom de Dieu ? Leur Bible est-elle vraiment la Bible de ceux qui ont décidé de donner leur vie au Christ sans en attendre d’autre récompense ? Va-t-on finalement tuer tous les musulmans de Côte d’Ivoire pour que puisse voir le jour cette « Nouvelle Jérusalem » annoncée par Koné Malachie, cet énergumène qui doit avoir un don mal acquis ?
Tous les croyants, les vrais, doivent veiller et prier sérieusement pour une paix véritable en Côte d’Ivoire. Et pour que soient anéantis tous les oiseaux de mauvais augure travestis en bergers. Que personne ne laisse personne assassiner sa conscience de Dieu !
Bien à vous.
Minga S. Siddick
Ils ont poussé partout en Eburnie, comme des champions vénéneux sur du bois mort aux premières pluies de l’année ! Ils s’autoproclament pasteurs, s’auto investissent apôtres ou prophètes et se désignent comme porte-parole de Dieu. Ils sont nombreux, très nombreux, les prophètes et apôtres en Côte d’Ivoire. Ivoiriens ou de la sous -région, profitant de la fertilité du terreau pour y jeter les graines de leurs bondieuseries, turpitudes et stupidités. Parmi les plus célèbres, on peut citer les prophètes ivoiriens Eugène 1er et Kacou Séverin et l’apôtre ghanéen Abdramane Asaré. Mais surtout le plus illustre d’entre tous, qui aime se prévaloir d’être fils d’un imam et pasteur à Ouragahio, le village natal de Laurent Gbagbo, désormais surnommé le boucher des lagunes : le pasteur prophète Koné Malachie (se prononce Malaki).
Ce dernier est bien connu pour ses déclarations tonitruantes qui ont souvent semé la confusion et le doute dans l’esprit de nombreux croyants modérés, alors que pour les croyants zélés, chaque prophétie non accomplie de leur maître à penser est la preuve que « les voies de Dieu sont insondables » et que le pasteur est vraiment oint par l’esprit divin.
Par exemple, à quelques semaines du premier tour de la présidentielle ivoirienne qui s’est tenu le 28 novembre 2010, le prophète Koné Malachie disait de façon péremptoire que Dieu lui avait dit que les élections n’auront pas lieu et que, à l’issue d’un Conseil céleste présidé par Dieu, il a été décidé que Laurent Gbagbo sera imposé à la Côte d’Ivoire, parce qu’il est un chef d’Etat prédestiné qui fera encore au moins dix autres années à la tête de son pays. Les élections ont eu lieu. Koné Malachie a annoncé une guerre de six jours qui va se conclure par une intervention divine en puissance le jour où les chars de l’armée française encerclant le palais présidentiel où se trouvera le président Laurent Gbagbo, seront prêts à tirer. On connaît la suite. La guerre a duré plus de dix jours. Le boulanger a été cueilli au Palais sans cette intervention tant attendue, même par le couple présidentiel, car Simone Gbagbo se serait écriée « Malachie nous a trompés ! »
Après l’arrestation des Gbagbo le 11 avril 2011, le même Koné Malachie a déclaré que 33 jours plus tard, ils seront libérés par Dieu qui les conduira triomphalement au Palais présidentiel pour reprendre leurs fonctions. Les jours bien comptés, le vendredi 13 mai dernier était le 33ème jour. Tous les chrétiens qui croyaient encore à Malachie (et ils sont nombreux les désespérés qui s’accrochent à tout) attendaient avec ferveur et dévotion cette date « messianique ». Nous sommes aujourd’hui lundi 17 mai. Le miracle attendu n’a pas eu lieu.
N’oublions pas que c’est ce prophète qui avait dit avoir reçu de Dieu la révélation selon laquelle la guerre commencée le 19 septembre 2002 prendra fin le 19 septembre 2009. On connaît la suite. Avant que les hostilités ne reprennent à la suite des élections, la flamme de la paix consacrant la fin officielle de la guerre a été allumée à Bouaké le 30 juillet 2007.
Le même Koné Malachie est celui qui a célébré le deuxième mariage de Laurent Gbagbo avec Nady Bamba, affirmant que la Bible n’interdit pas la polygamie au chrétien.
L’apôtre ghanéen, Abdramane Christian Asré, fondateur de la Mission Christ pour le monde musulman, s’en prend, quant à lui, aux « faux bergers » et laisse entendre qu’il est le meilleur. Quelques extraits de ses propos : « Quand on prie Dieu, il répond toujours. Je suis longtemps resté en Côte d’Ivoire que je connais bien. Et je peux affirmer qu’il n’y a que de faux bergers en Côte d’Ivoire. Aucun d’entre eux ne dit la vérité. Beaucoup parmi eux sont plus intéressés par l’argent que par les choses célestes… La mort va frapper et nettoyer la classe politique ivoirienne… Aucun de ces opposants ivoiriens ne verra la nouvelle République que Dieu prépare pour la Côte d’Ivoire. Dieu est en train de préparer le dauphin de Gbagbo. C’est ce dernier qui succèdera à l’actuel chef d’Etat ivoirien, même si dans l’ombre, des choses affreuses et horribles sont en préparation. En effet, Gbagbo sera trahi par quelqu’un de son entourage. Ce dernier a déjà touché l’argent pour cette sale besogne. Il est en train de faire le travail dans l’ombre. Cependant, si le président Gbagbo se confie seulement et entièrement à Dieu et compte sur lui, Dieu agira et rien de tout cela n’arrivera. Qu’il n’ait pas peur car Gbagbo est le Sa??l de la Côte d’Ivoire… Gbagbo ne doit plus céder à aucune injonction de l’Onu… » Fin de citations. On comprend aisément le fond des propos de l’homme de Dieu qui aurait prophétisé sur la fin de Charles Taylor.
On a aussi vu et entendu des leaders du clergé catholique ivoirien prendre fait et cause pour Laurent Gbagbo, le rassurant de leurs soutiens par la prière et de l’assistance divine. Et on le sait, en proposant au Christ de Mama des prières pour délivrer la Côte d’Ivoire des suppôts de Satan et autres francs-maçons [Ndlr : Alassane Ouattara serait franc-maçon], ils reçoivent en retour des chèques, des billets de banque qui leur donnent des ailes et encore plus de zèle !
Mais pourquoi donc les hommes en soutane doivent-ils exploiter leurs titres non seulement pour s’enrichir en jouant dans le camp du plus puissant du moment, mais aussi pour aggraver la fracture sociale en opposant davantage les partisans des deux camps ? Pourquoi doivent-ils s’amuser avec le nom de Dieu pour faire couler davantage de sang et faire croître dans les cœurs davantage de haine, de mépris, d’animosité, de rancœur ?
En prophétisant une guerre religieuse, ces prostitués en soutane n’ont-ils pas encouragé leurs ouailles à détruire des mosquées, à brûler des Corans, à assassiner des imams (au moins 7 imams à ce jour) ? Tuer un honnête homme de Dieu, n’est-ce pas tuer Dieu lui-même ? Savent-ils jusqu’où peuvent aller leurs adeptes ignorants pour aider leurs prophéties à s’accomplir, après leurs séances de lavage de cerveau ?
Parlent-ils vraiment au nom de Dieu ? Leur Bible est-elle vraiment la Bible de ceux qui ont décidé de donner leur vie au Christ sans en attendre d’autre récompense ? Va-t-on finalement tuer tous les musulmans de Côte d’Ivoire pour que puisse voir le jour cette « Nouvelle Jérusalem » annoncée par Koné Malachie, cet énergumène qui doit avoir un don mal acquis ?
Tous les croyants, les vrais, doivent veiller et prier sérieusement pour une paix véritable en Côte d’Ivoire. Et pour que soient anéantis tous les oiseaux de mauvais augure travestis en bergers. Que personne ne laisse personne assassiner sa conscience de Dieu !
Bien à vous.
Minga S. Siddick
12.5.11
valses et tourbillons : minga, siddick - livre : furet.com
Juste envie de partager avec vous ce lien. Parce que, avec vous aussi, je voudrais partager le message de mon roman "VALSES ET TOURBILLONS". Merci. MINGA
valses et tourbillons : minga, siddick - livre : furet.com
valses et tourbillons : minga, siddick - livre : furet.com
9.5.11
LES POUVOIRS AFRICAINS ET LA PRESSE : Peut-on re-inventer le journalisme ?
» Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. « Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. C’est certainement pour aider tout individu à mieux s’informer et à mieux s’exprimer que la Journée mondiale de la liberté de la presse a été instaurée en décembre 1993 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Depuis, ceux qui, en Afrique, détiennent le pouvoir d’informer, jouent-ils leur rôle comme il faut ?
Il est important de rappeler que l’idée de cette Journée du 3 mai est partie de l’Afrique. En effet, c’est à la faveur d’un séminaire organisé à Windhoek en Namibie, qu’une Déclaration dite de Windhoek a été adoptée pour garantir le maintien et la promotion d’une presse libre, pluraliste et indépendante. Cette Déclaration mettait l’accent sur le rôle important que devrait jouer la presse pour aider les États non seulement à développer et à préserver la démocratie, mais aussi à impulser le développement économique et social. C’est la date de l’adoption de cette Déclaration qui a été retenue pour célébrer partout dans le monde la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Mais comment nous, journalistes ou soi-disant tels, exploitons-nous cette belle opportunité de nous exprimer et d’informer nos peuples ? Eh bien, nous nous prévalons de notre titre prestigieux pour revêtir des habits de griots modernes, pour battre le tambour pour ceux qui sont puissants et qui rêvent d’écraser tous les autres y compris nous-mêmes. Nous choisissons toujours le camp de celui qui peut nous faire manger en nous piétinant et en nous faisant piétiner notre métier si noble. Tellement noble qu’il est considéré comme le quatrième pouvoir, après les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Tellement noble qu’il est le véhicule d’un cinquième pouvoir: l’opinion publique.
Le paysage médiatique africain nous offre des spectacles si désolants ! Comme si le journalisme avait changé d’éthique pour être l’arme de combat de politiciens qui se réjouissent de trouver aux côtés des porteurs de kalachs des tueurs par la plume. Ainsi, les journalistes sont devenus un nouveau type d’hommes de main, des mercenaires écrivant, des plumitifs malfaisants qui travaillent non plus pour informer après collecte et vérification des faits, mais pour conditionner les populations, pour les remplir de haine et de colère contre tous ceux qui ne soutiennent pas l’homme politique pour lequel ils prêchent.
Je n’ai point l’envie de refaire l’histoire des forfaitures de la presse en Afrique où, en lieu et place d’un journalisme d’investigation sérieuse qui fait des recherches courageuses pour dénoncer, preuves à l’appui, les sales affaires du pouvoir (malversations, corruption, comportements délictueux, actes crapuleux), pour édifier le peuple et l’instruire sur le sens de son vote, nous avons un journalisme d’instigation du peuple à la révolte contre une ethnie, une race, une religion, un parti politique, sur la base de préjugés obscurantistes, d’idées reçues tendancieuses, de rumeurs malveillantes…
Non, je n’ai point l’intention d’apprendre à qui que ce soit, l’étendue des drames provoqués par un journalisme politicien vicieux dirigé, orienté, partisan et ethnocentriste. Les cas du Rwanda et de la Côte d’Ivoire sont connus de tous et doivent être les plus célèbres en Afrique de ce journalisme déviant, décadent et destructeur.
J’aurais compris que les journalistes pris en faute fussent ceux de la presse privée qui, en général, est formée de jeunes gens pas très bien formés à la base et dont la plume ne brille pas encore de la quintessence de la conscience professionnelle. J’aurais compris que les fautes reprochées aux journalistes, si graves soient-elles, fussent le fait de l’ignorance, car un ignorant peut s’instruire et devenir sage. Hélas, ce sont des journalistes aguerris dans leur art qui, en connaissance de cause, montent avec minutie des informations truquées, agencent avec précision des tissus de mensonges, sèment avec ferveur le doute et le trouble dans l’esprit du peuple, désorientent avec emphase le lecteur, pour aboutir à leur fin : révéler le côté ange de leur « patron » et le côté démon de tous les autres qui s’opposent à lui.
Pire, ce sont les journaux dits gouvernementaux, comme Fraternité-Matin en Côte d’Ivoire, qui frayent le chemin du déshonneur, de l’ignominie, de la guerre, du sang. Juste pour un homme, contre la majorité du peuple !
Les journalistes d’en face, qui contre-attaquent, sont malmenés, emprisonnés, torturés… Un ancien président éburnéen, devenu très sage semble-t-il, quand il était encore aux affaires, avait des mots assez durs pour décrire les journalistes de l’opposition qui critiquaient son arrogance d’alors et ses autres travers :
« écrivaillons », « scribouillards », « hypocondriaques »… Juste parce qu’ils n’étaient pas de son bord politique et même s’ils étaient plus professionnels que ses zélateurs, ses panégyristes.
Alors, peut-on réinventer la presse en Afrique ? Peut-on en faire le véritable premier contre-pouvoir qui ne s’embarrasse pas des turpitudes politiciennes et qui s’engage à informer, rien qu’informer sur la base de faits justes et vérifiables, en laissant le monopole du pathos aux militants ? Mais re-inventer la presse suppose re-inventer la politique, pour sûr. Car, tant qu’il y aura d’un côté des politiciens financièrement puissants prêts à débourser les centimes pour faire chanter leur louange, et de l’autre une presse truffée de désargentés réduits à chercher du « gombo » pour arrondir leurs fins de mois, certains journalistes se travestiront toujours en griots pour mieux vivre, au détriment du bon sens, de la morale, de la déontologie. Peu importe si leur plume peut conduire à des massacres d’innocents de tous les âges, de tous les sexes. Malheureusement !
En conclusion, je trouve que la médiacratie qui devait faire trembler le pouvoir est contaminée par la médiocratie du pouvoir ! C’est dommage, mais faut-il pour autant vraiment désespérer de la presse ? Moi, je ne crois pas. Mais c’est votre avis qui compte.
Bien à vous.
MINGA
Il est important de rappeler que l’idée de cette Journée du 3 mai est partie de l’Afrique. En effet, c’est à la faveur d’un séminaire organisé à Windhoek en Namibie, qu’une Déclaration dite de Windhoek a été adoptée pour garantir le maintien et la promotion d’une presse libre, pluraliste et indépendante. Cette Déclaration mettait l’accent sur le rôle important que devrait jouer la presse pour aider les États non seulement à développer et à préserver la démocratie, mais aussi à impulser le développement économique et social. C’est la date de l’adoption de cette Déclaration qui a été retenue pour célébrer partout dans le monde la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Mais comment nous, journalistes ou soi-disant tels, exploitons-nous cette belle opportunité de nous exprimer et d’informer nos peuples ? Eh bien, nous nous prévalons de notre titre prestigieux pour revêtir des habits de griots modernes, pour battre le tambour pour ceux qui sont puissants et qui rêvent d’écraser tous les autres y compris nous-mêmes. Nous choisissons toujours le camp de celui qui peut nous faire manger en nous piétinant et en nous faisant piétiner notre métier si noble. Tellement noble qu’il est considéré comme le quatrième pouvoir, après les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Tellement noble qu’il est le véhicule d’un cinquième pouvoir: l’opinion publique.
Le paysage médiatique africain nous offre des spectacles si désolants ! Comme si le journalisme avait changé d’éthique pour être l’arme de combat de politiciens qui se réjouissent de trouver aux côtés des porteurs de kalachs des tueurs par la plume. Ainsi, les journalistes sont devenus un nouveau type d’hommes de main, des mercenaires écrivant, des plumitifs malfaisants qui travaillent non plus pour informer après collecte et vérification des faits, mais pour conditionner les populations, pour les remplir de haine et de colère contre tous ceux qui ne soutiennent pas l’homme politique pour lequel ils prêchent.
Je n’ai point l’envie de refaire l’histoire des forfaitures de la presse en Afrique où, en lieu et place d’un journalisme d’investigation sérieuse qui fait des recherches courageuses pour dénoncer, preuves à l’appui, les sales affaires du pouvoir (malversations, corruption, comportements délictueux, actes crapuleux), pour édifier le peuple et l’instruire sur le sens de son vote, nous avons un journalisme d’instigation du peuple à la révolte contre une ethnie, une race, une religion, un parti politique, sur la base de préjugés obscurantistes, d’idées reçues tendancieuses, de rumeurs malveillantes…
Non, je n’ai point l’intention d’apprendre à qui que ce soit, l’étendue des drames provoqués par un journalisme politicien vicieux dirigé, orienté, partisan et ethnocentriste. Les cas du Rwanda et de la Côte d’Ivoire sont connus de tous et doivent être les plus célèbres en Afrique de ce journalisme déviant, décadent et destructeur.
J’aurais compris que les journalistes pris en faute fussent ceux de la presse privée qui, en général, est formée de jeunes gens pas très bien formés à la base et dont la plume ne brille pas encore de la quintessence de la conscience professionnelle. J’aurais compris que les fautes reprochées aux journalistes, si graves soient-elles, fussent le fait de l’ignorance, car un ignorant peut s’instruire et devenir sage. Hélas, ce sont des journalistes aguerris dans leur art qui, en connaissance de cause, montent avec minutie des informations truquées, agencent avec précision des tissus de mensonges, sèment avec ferveur le doute et le trouble dans l’esprit du peuple, désorientent avec emphase le lecteur, pour aboutir à leur fin : révéler le côté ange de leur « patron » et le côté démon de tous les autres qui s’opposent à lui.
Pire, ce sont les journaux dits gouvernementaux, comme Fraternité-Matin en Côte d’Ivoire, qui frayent le chemin du déshonneur, de l’ignominie, de la guerre, du sang. Juste pour un homme, contre la majorité du peuple !
Les journalistes d’en face, qui contre-attaquent, sont malmenés, emprisonnés, torturés… Un ancien président éburnéen, devenu très sage semble-t-il, quand il était encore aux affaires, avait des mots assez durs pour décrire les journalistes de l’opposition qui critiquaient son arrogance d’alors et ses autres travers :
« écrivaillons », « scribouillards », « hypocondriaques »… Juste parce qu’ils n’étaient pas de son bord politique et même s’ils étaient plus professionnels que ses zélateurs, ses panégyristes.
Alors, peut-on réinventer la presse en Afrique ? Peut-on en faire le véritable premier contre-pouvoir qui ne s’embarrasse pas des turpitudes politiciennes et qui s’engage à informer, rien qu’informer sur la base de faits justes et vérifiables, en laissant le monopole du pathos aux militants ? Mais re-inventer la presse suppose re-inventer la politique, pour sûr. Car, tant qu’il y aura d’un côté des politiciens financièrement puissants prêts à débourser les centimes pour faire chanter leur louange, et de l’autre une presse truffée de désargentés réduits à chercher du « gombo » pour arrondir leurs fins de mois, certains journalistes se travestiront toujours en griots pour mieux vivre, au détriment du bon sens, de la morale, de la déontologie. Peu importe si leur plume peut conduire à des massacres d’innocents de tous les âges, de tous les sexes. Malheureusement !
En conclusion, je trouve que la médiacratie qui devait faire trembler le pouvoir est contaminée par la médiocratie du pouvoir ! C’est dommage, mais faut-il pour autant vraiment désespérer de la presse ? Moi, je ne crois pas. Mais c’est votre avis qui compte.
Bien à vous.
MINGA
18.4.11
CHUTE DES GBAGBO : De quelle dignité parle-t-on ?
Depuis le lundi 11 avril 2011, Laurent Koudou et Simone Ehivet Gbagbo ne sont plus sur le trône du pouvoir ivoirien. La force a changé de camp, le pouvoir aussi. Mais ce qui semble avoir plus retenu les attentions ici et là, c’est bien les images à la fois simples et surréalistes qui montrent l’ancien président et son épouse comme des êtres humains ordinaires frappés par la douleur et la souffrance. Des images qui, aux dires des uns et des autres, n’étaient pas à montrer. Au nom des valeurs morales africaine. Au nom de la dignité humaine.
Toutes ces réactions ne me surprennent pas, parce que je sais qu’il y a toujours des gardiens de la morale humaine partout aux aguets et toujours prêts à exploiter un événement pour démontrer leur talent de bons diseurs. Certains défendent les droits de l’homme par conviction. D’autres le font par snobisme ou pour plaire en donnant dans le politiquement correct. Tant pis. A chaque fou sa marotte, dit-on.
Mais comme George Walker Bush un certain jour, je m’interroge : « Qu’est-ce que ça veut dire atteinte à la dignité humaine ? » Un roi a-t-il de la dignité s’il ne fait pas de la dignité de chacun de ses sujets une pierre précieuse à défendre contre les égarements possibles auxquels un pouvoir vacillant peut conduire ? La dignité d’un homme ne réside-t-elle pas d’abord dans le respect de la dignité de l’autre ? Les Gbagbo ont laissé leur dignité se dissoudre dans leur ivresse du pouvoir. Ils ont laissé leur dignité se faner sous le soleil de la méchanceté, du mépris, de la haine. Leur volonté de puissance et leur irrésistible envie de prendre leur revanche sur la vie qui leur a fait connaître des moments de misère politique ont fini par dévorer toute leur dignité. Pour moi, parler de la dignité d’un homme qui a fait tuer d’autres hommes, de la dignité d’une femme qui n’a pas empêché que des femmes soient honnies, humiliées, bafouées et assassinées et qui n’a pas condamné ces crimes, c’est faire du moralisme petitement scrupuleux. Parce que j’estime qu’un homme déchu, fût-il président d’une République, mérite d’être montré entier comme un être humain ordinaire, si, pendant son règne, il a laissé croire qu’il avait rang de Dieu, qu’il était au-dessus des autres, qu’il avait pouvoir de vie et de mort sur les hommes qu’il gouvernait.
Je veux bien comprendre la vague de pudibonderie qui envahit des cœurs trop sensibles, mais pour moi, les temps ont changé et désormais l’information va à la même vitesse que la lumière. Etre africain n’y changera rien car il n’y a plus de barrière entre les peuples, entre les races, entre les cultures. Il n’y a plus d’images taboues. Alors il appartient à chaque individu de se protéger, de faire en sorte que son image ne lui échappe pas, de faire en sorte qu’il reste toujours maître de lui-même c’est-à-dire qu’il ne soit jamais dans cette situation de fragilité et de faiblesse qui fait que les autres prennent le dessus sur lui et décident de gérer sa vie à travers ses propos, ses actes et son image. Que des vendeurs de sensations fortes et d’émotions vives volent des images d’honnêtes personnes et, par les moyens de la technologie numérique falsifient ces images, font des montages pour travestir des faits et punir injustement ces honnêtes personnes, cela est intolérable et condamnable. Car il s’agit là d’actes de méchanceté gratuite. Par contre, si des images nous montrent « nus » et impuissants des chefs tyrans et assassins que nous avons connus que couverts d’or et de diamant, quels que soient leur race et leur pays d’origine, moi je trouve cela heureux. Parce que ces images font partie de l’histoire de l’humanité, de la marche du monde et surtout de la vie de l’Homme. Parce que ces images sont en elles-mêmes des leçons de la vie qui peuvent aider chacun à réfléchir, philosophiquement, sur le sens du pouvoir, le sens du devoir, le sens du savoir. Parce que ces images peuvent nous rappeler notre fragilité et l’instabilité permanente de notre situation. Parce que, grâce à ces images, nous pouvons mieux comprendre que ceux qui flirtent avec les cimes ne doivent jamais oublier que l’abîme n’est pas loin. Le vertige de la gloire ne doit jamais nous faire ignorer qu’un rien peut nous faire déchoir et boire jusqu’à la lie les déboires de notre pouvoir. Ces images de Laurent Gbagbo et de son épouse Simone ne sont donc pas à rejeter au nom d’une quelconque pudeur « africaine ». Elles doivent être montrées partout, pour nous enseigner l’extrême solitude dans laquelle nous nous trouvons quand nous perdons les attributs qui faisaient de nous une personne puissante, incontournable, nécessaire, indispensable…
La dignité ? Je pense, comme Platon, que c’est « une majesté qui résulte d’une raison droite et sérieuse ». Il ne suffit pas d’avoir été roi pour revendiquer sa dignité ni pour la mériter. Il faut prouver qu’on a toujours respecté celle des autres, même dans ses moments les plus sombres et les plus désespérés.
Le romancier marocain Driss Chraïbi a écrit : « La noblesse du fauteuil détermine la dignité humaine de celui qui est assis dessus…». Moi je voudrais bien y ajouter ceci : « Mais si celui qui occupe un fauteuil noble est de mauvaise moralité, au lieu de porter sa dignité comme une couronne d’honneur, il s’assoit dessus et l’anéantit avec son pet ». La nudité d’un tel « noble » ne devrait pas choquer. Pauvres Gbagbo, ils ont bien mérité ce qui leur arrive ! N’en déplaise aux cœurs trop pieux pour qui le diable une fois mort peut être considéré comme un saint.
Si écrire ce que vous venez de lire, c’est être iconoclaste, alors je l’assume pleinement.
Bien à vous.
MINGA
Toutes ces réactions ne me surprennent pas, parce que je sais qu’il y a toujours des gardiens de la morale humaine partout aux aguets et toujours prêts à exploiter un événement pour démontrer leur talent de bons diseurs. Certains défendent les droits de l’homme par conviction. D’autres le font par snobisme ou pour plaire en donnant dans le politiquement correct. Tant pis. A chaque fou sa marotte, dit-on.
Mais comme George Walker Bush un certain jour, je m’interroge : « Qu’est-ce que ça veut dire atteinte à la dignité humaine ? » Un roi a-t-il de la dignité s’il ne fait pas de la dignité de chacun de ses sujets une pierre précieuse à défendre contre les égarements possibles auxquels un pouvoir vacillant peut conduire ? La dignité d’un homme ne réside-t-elle pas d’abord dans le respect de la dignité de l’autre ? Les Gbagbo ont laissé leur dignité se dissoudre dans leur ivresse du pouvoir. Ils ont laissé leur dignité se faner sous le soleil de la méchanceté, du mépris, de la haine. Leur volonté de puissance et leur irrésistible envie de prendre leur revanche sur la vie qui leur a fait connaître des moments de misère politique ont fini par dévorer toute leur dignité. Pour moi, parler de la dignité d’un homme qui a fait tuer d’autres hommes, de la dignité d’une femme qui n’a pas empêché que des femmes soient honnies, humiliées, bafouées et assassinées et qui n’a pas condamné ces crimes, c’est faire du moralisme petitement scrupuleux. Parce que j’estime qu’un homme déchu, fût-il président d’une République, mérite d’être montré entier comme un être humain ordinaire, si, pendant son règne, il a laissé croire qu’il avait rang de Dieu, qu’il était au-dessus des autres, qu’il avait pouvoir de vie et de mort sur les hommes qu’il gouvernait.
Je veux bien comprendre la vague de pudibonderie qui envahit des cœurs trop sensibles, mais pour moi, les temps ont changé et désormais l’information va à la même vitesse que la lumière. Etre africain n’y changera rien car il n’y a plus de barrière entre les peuples, entre les races, entre les cultures. Il n’y a plus d’images taboues. Alors il appartient à chaque individu de se protéger, de faire en sorte que son image ne lui échappe pas, de faire en sorte qu’il reste toujours maître de lui-même c’est-à-dire qu’il ne soit jamais dans cette situation de fragilité et de faiblesse qui fait que les autres prennent le dessus sur lui et décident de gérer sa vie à travers ses propos, ses actes et son image. Que des vendeurs de sensations fortes et d’émotions vives volent des images d’honnêtes personnes et, par les moyens de la technologie numérique falsifient ces images, font des montages pour travestir des faits et punir injustement ces honnêtes personnes, cela est intolérable et condamnable. Car il s’agit là d’actes de méchanceté gratuite. Par contre, si des images nous montrent « nus » et impuissants des chefs tyrans et assassins que nous avons connus que couverts d’or et de diamant, quels que soient leur race et leur pays d’origine, moi je trouve cela heureux. Parce que ces images font partie de l’histoire de l’humanité, de la marche du monde et surtout de la vie de l’Homme. Parce que ces images sont en elles-mêmes des leçons de la vie qui peuvent aider chacun à réfléchir, philosophiquement, sur le sens du pouvoir, le sens du devoir, le sens du savoir. Parce que ces images peuvent nous rappeler notre fragilité et l’instabilité permanente de notre situation. Parce que, grâce à ces images, nous pouvons mieux comprendre que ceux qui flirtent avec les cimes ne doivent jamais oublier que l’abîme n’est pas loin. Le vertige de la gloire ne doit jamais nous faire ignorer qu’un rien peut nous faire déchoir et boire jusqu’à la lie les déboires de notre pouvoir. Ces images de Laurent Gbagbo et de son épouse Simone ne sont donc pas à rejeter au nom d’une quelconque pudeur « africaine ». Elles doivent être montrées partout, pour nous enseigner l’extrême solitude dans laquelle nous nous trouvons quand nous perdons les attributs qui faisaient de nous une personne puissante, incontournable, nécessaire, indispensable…
La dignité ? Je pense, comme Platon, que c’est « une majesté qui résulte d’une raison droite et sérieuse ». Il ne suffit pas d’avoir été roi pour revendiquer sa dignité ni pour la mériter. Il faut prouver qu’on a toujours respecté celle des autres, même dans ses moments les plus sombres et les plus désespérés.
Le romancier marocain Driss Chraïbi a écrit : « La noblesse du fauteuil détermine la dignité humaine de celui qui est assis dessus…». Moi je voudrais bien y ajouter ceci : « Mais si celui qui occupe un fauteuil noble est de mauvaise moralité, au lieu de porter sa dignité comme une couronne d’honneur, il s’assoit dessus et l’anéantit avec son pet ». La nudité d’un tel « noble » ne devrait pas choquer. Pauvres Gbagbo, ils ont bien mérité ce qui leur arrive ! N’en déplaise aux cœurs trop pieux pour qui le diable une fois mort peut être considéré comme un saint.
Si écrire ce que vous venez de lire, c’est être iconoclaste, alors je l’assume pleinement.
Bien à vous.
MINGA
4.4.11
IMPERIALISME, NEO-COLONIALISME… L’éternelle rengaine de notre misère
La crise libyenne a réveillé bien des muses endormies et donné de la causticité à la verve “souverainiste” de nombre de penseurs d’occasion, sous les Tropiques. Des maîtres de la parole se font jour, des poètes se réveillent et se révèlent et crient en rime le drame de l’Afrique dû à la France, dû à l’Amérique, dû aux Blancs, francs menteurs, voleurs, pilleurs, francs pécheurs ! Mais pourquoi tant de débordements verbaux pleins de rage, pleins de haine contre les Occidentaux ?
On invective l’Occident parce qu’il serait la cause de tous nos malheurs, la racine de toutes nos peurs, le bourreau de nos cœurs, l’ennemi qui nous arrache de la bouche notre pain, confisque nos gains, brouille nos chemins, obscurcit nos destins… On accuse l’Occident de nous diviser, de nous multiplier par zéro, de nous maintenir sous le joug de son pouvoir comme d’antan. Et les mots ne manquent pas pour dresser la liste des maux dont ils sont coupables chez nous, contre nous : impérialisme, néo-colonialisme, ingérence, surexploitation, esclavagisme, violation de notre souveraineté, etc.
Faut-il rappeler que j’ai toujours été et que je reste toujours de ceux qui pensent que l’Occident nous méprise, nous infantilise, nous ridiculise, nous minimise, nous enlise dans la crise pour une meilleure emprise sur nous, pour mieux nous dominer ad vitam aeternam.
C’est justement ma foi en la mauvaise foi de l’Occident qui m’amène à ne jamais pardonner à nos chefs d’Etat leur attitude de béni-oui-oui et de « gratte-tête » devant ces dirigeants occidentaux qui ont l’arrogance dans l’âme pour la plupart et qui continuent de s’estimer plus humains que les Africains.
Je pense, personnellement, que l’Afrique a aujourd’hui toutes les compétences nécessaires, toutes les richesses humaines et naturelles indispensables pour être une puissance économique à craindre, à respecter, à prendre au sérieux. Mais cela a besoin de modestie, d’humilité, d’esprit de solidarité et d’union, de la part des présidents de nos différents pays. Au lieu de cela, à quoi assiste-t-on ? A la manifestation d’un nationalisme haineux, à l’exacerbation d’un sentiment de souveraineté exclusive, au chauvinisme, au mépris du voisin, l’hypocrisie dans les rapports qui donne l’impression qu’on est d’accord sur tout alors qu’on n’est d’accord sur rien… Et surtout, l’attitude de vassaux en face des anciens colonisateurs de nos dirigeants qui préfèrent plaire aux leaders des grandes puissances plutôt qu’à leurs propres peuples. J’avoue que je n’ai jamais compris, du point de vue rationnel, ce qui empêche les responsables politiques africains d’avoir des institutions fortes qui puissent leur permettre de prendre en main la destinée des peuples du continent, sans avoir recours à l’Occident, sans demander leur avis, sans solliciter leur soutien. Je ne l’ai jamais compris. Voilà pourquoi j’estime que tous nos problèmes aujourd’hui ne dépendent ni de la France, ni des Etats-Unis, ni de quelque autre pays que ce soit, mais bien de nos dirigeants. Parce que ce sont des personnalités sans personnalité qui vont faire la courbette dans les palais occidentaux pour négocier leur éternité au pouvoir ou leur couverture en cas de révolte de leurs peuples. Dès lors, ils signent des pactes immoraux avec ces présidents occidentaux qui ne leur donnent plus la possibilité d’avoir les coudées franches pour parler d’égal à égal avec eux.
Alors nous, jeunes, étudiants, intellectuels du continent, que devons-nous faire chaque jour, pour fouetter l’orgueil de ces dirigeants afin qu’ils prennent enfin l’étoffe de vrais responsables ? Devons-nous nous transformer en éternels pleurnichards anti-occidentaux toujours prêts à déblatérer contre ceux qui ne nous connaissent pas, pour qui nous ne comptons pas ? Devons-nous nous conduire comme des éternels enfants morveux devant ces Occidentaux qui nous ignorent parce que nos propres chefs ne nous respectent pas ? Devons-nous, au nom d’une quelconque « souveraineté » descendre dans la rue contre « les autres » pour défendre même des causes indéfendables, juste pour le plaisir de se sentir Africain ? Devons-nous nous en prendre aux Occidentaux ou à nos dirigeants qui mettent leur dignité dans leurs chaussettes pour aller quémander des faveurs indécentes de l’autre côté du continent ? S’il y a toujours « impérialisme, néo-colonialisme, ingérence sauvage », de la part des Occidentaux, à qui incombe la faute ? Moi je ne crois pas que la faute soit aux Occidentaux. La faute est à nos dirigeants. Ce sont eux pour qui nous votons ; ce sont eux qui doivent pouvoir nous défendre dignement auprès des dirigeants des autres peuples ; ce sont eux qui ont des comptes à nous rendre.
Dans le cas de la crise libyenne, nous en prendre à Sarkozy et à Barack Obama, pour moi, c’est un mauvais transfert de colère. Crier toujours à l’impérialisme et au néo-colonialisme chaque fois que des Occidentaux, exploitant la faiblesse et l’immobilisme de nos gouvernants interviennent chez nous pour éviter un chaos (même avec une arrière-pensée opportuniste supposée ou réelle), c’est une vieille rengaine qui expose la misère de notre esprit et qui ne nous ennoblit pas. Panafricanisme n’exclut pas réalisme et ne doit pas faire oublier que « nécessité fait loi ».
J’estime que la première responsabilité des intellectuels africains, de nos jours, ce n’est pas de faire de l’activisme ostentatoire gratuit, mais de favoriser un mouvement de veille qui va fouetter en permanence la conscience africaine de nos gouvernants politiquement immatures, frileux, égoïstes, hypocrites, opportunistes et encore plus liés à leurs intérêts que ces « autres » dont nous pourfendons les vices à souhait.
Toujours à propos de Kadhafi, pendant que certains Africains s’agitent, s’égosillent dans les rues de leurs capitales contre les Français et les Américains, que font leurs chefs d’Etat ? Ils se taisent. Royalement. Parce qu’ils se sentent entre le marteau des Occidentaux qui légitiment leur souveraineté teintée de fraude contre leurs peuples et l’enclume du Guide aveugle qui leur sert de parapluie économique et qui est doté d’un grand pouvoir de nuisance. Pauvres présidents-marionnettes de nos Républiques fragiles ! Pourquoi donc laisser dormir tranquillement ces incapables dans leurs Palais et aller provoquer ceux qui ont au moins le mérite de démontrer qu’ils peuvent agir quand il le faut ?
Bien à vous.
MINGA
On invective l’Occident parce qu’il serait la cause de tous nos malheurs, la racine de toutes nos peurs, le bourreau de nos cœurs, l’ennemi qui nous arrache de la bouche notre pain, confisque nos gains, brouille nos chemins, obscurcit nos destins… On accuse l’Occident de nous diviser, de nous multiplier par zéro, de nous maintenir sous le joug de son pouvoir comme d’antan. Et les mots ne manquent pas pour dresser la liste des maux dont ils sont coupables chez nous, contre nous : impérialisme, néo-colonialisme, ingérence, surexploitation, esclavagisme, violation de notre souveraineté, etc.
Faut-il rappeler que j’ai toujours été et que je reste toujours de ceux qui pensent que l’Occident nous méprise, nous infantilise, nous ridiculise, nous minimise, nous enlise dans la crise pour une meilleure emprise sur nous, pour mieux nous dominer ad vitam aeternam.
C’est justement ma foi en la mauvaise foi de l’Occident qui m’amène à ne jamais pardonner à nos chefs d’Etat leur attitude de béni-oui-oui et de « gratte-tête » devant ces dirigeants occidentaux qui ont l’arrogance dans l’âme pour la plupart et qui continuent de s’estimer plus humains que les Africains.
Je pense, personnellement, que l’Afrique a aujourd’hui toutes les compétences nécessaires, toutes les richesses humaines et naturelles indispensables pour être une puissance économique à craindre, à respecter, à prendre au sérieux. Mais cela a besoin de modestie, d’humilité, d’esprit de solidarité et d’union, de la part des présidents de nos différents pays. Au lieu de cela, à quoi assiste-t-on ? A la manifestation d’un nationalisme haineux, à l’exacerbation d’un sentiment de souveraineté exclusive, au chauvinisme, au mépris du voisin, l’hypocrisie dans les rapports qui donne l’impression qu’on est d’accord sur tout alors qu’on n’est d’accord sur rien… Et surtout, l’attitude de vassaux en face des anciens colonisateurs de nos dirigeants qui préfèrent plaire aux leaders des grandes puissances plutôt qu’à leurs propres peuples. J’avoue que je n’ai jamais compris, du point de vue rationnel, ce qui empêche les responsables politiques africains d’avoir des institutions fortes qui puissent leur permettre de prendre en main la destinée des peuples du continent, sans avoir recours à l’Occident, sans demander leur avis, sans solliciter leur soutien. Je ne l’ai jamais compris. Voilà pourquoi j’estime que tous nos problèmes aujourd’hui ne dépendent ni de la France, ni des Etats-Unis, ni de quelque autre pays que ce soit, mais bien de nos dirigeants. Parce que ce sont des personnalités sans personnalité qui vont faire la courbette dans les palais occidentaux pour négocier leur éternité au pouvoir ou leur couverture en cas de révolte de leurs peuples. Dès lors, ils signent des pactes immoraux avec ces présidents occidentaux qui ne leur donnent plus la possibilité d’avoir les coudées franches pour parler d’égal à égal avec eux.
Alors nous, jeunes, étudiants, intellectuels du continent, que devons-nous faire chaque jour, pour fouetter l’orgueil de ces dirigeants afin qu’ils prennent enfin l’étoffe de vrais responsables ? Devons-nous nous transformer en éternels pleurnichards anti-occidentaux toujours prêts à déblatérer contre ceux qui ne nous connaissent pas, pour qui nous ne comptons pas ? Devons-nous nous conduire comme des éternels enfants morveux devant ces Occidentaux qui nous ignorent parce que nos propres chefs ne nous respectent pas ? Devons-nous, au nom d’une quelconque « souveraineté » descendre dans la rue contre « les autres » pour défendre même des causes indéfendables, juste pour le plaisir de se sentir Africain ? Devons-nous nous en prendre aux Occidentaux ou à nos dirigeants qui mettent leur dignité dans leurs chaussettes pour aller quémander des faveurs indécentes de l’autre côté du continent ? S’il y a toujours « impérialisme, néo-colonialisme, ingérence sauvage », de la part des Occidentaux, à qui incombe la faute ? Moi je ne crois pas que la faute soit aux Occidentaux. La faute est à nos dirigeants. Ce sont eux pour qui nous votons ; ce sont eux qui doivent pouvoir nous défendre dignement auprès des dirigeants des autres peuples ; ce sont eux qui ont des comptes à nous rendre.
Dans le cas de la crise libyenne, nous en prendre à Sarkozy et à Barack Obama, pour moi, c’est un mauvais transfert de colère. Crier toujours à l’impérialisme et au néo-colonialisme chaque fois que des Occidentaux, exploitant la faiblesse et l’immobilisme de nos gouvernants interviennent chez nous pour éviter un chaos (même avec une arrière-pensée opportuniste supposée ou réelle), c’est une vieille rengaine qui expose la misère de notre esprit et qui ne nous ennoblit pas. Panafricanisme n’exclut pas réalisme et ne doit pas faire oublier que « nécessité fait loi ».
J’estime que la première responsabilité des intellectuels africains, de nos jours, ce n’est pas de faire de l’activisme ostentatoire gratuit, mais de favoriser un mouvement de veille qui va fouetter en permanence la conscience africaine de nos gouvernants politiquement immatures, frileux, égoïstes, hypocrites, opportunistes et encore plus liés à leurs intérêts que ces « autres » dont nous pourfendons les vices à souhait.
Toujours à propos de Kadhafi, pendant que certains Africains s’agitent, s’égosillent dans les rues de leurs capitales contre les Français et les Américains, que font leurs chefs d’Etat ? Ils se taisent. Royalement. Parce qu’ils se sentent entre le marteau des Occidentaux qui légitiment leur souveraineté teintée de fraude contre leurs peuples et l’enclume du Guide aveugle qui leur sert de parapluie économique et qui est doté d’un grand pouvoir de nuisance. Pauvres présidents-marionnettes de nos Républiques fragiles ! Pourquoi donc laisser dormir tranquillement ces incapables dans leurs Palais et aller provoquer ceux qui ont au moins le mérite de démontrer qu’ils peuvent agir quand il le faut ?
Bien à vous.
MINGA
26.3.11
DISCOURS, DECLARATIONS, MANIFESTATIONS PRO-KHADAFI : Je m’interroge !
Depuis la dernière résolution des Nations Unies autorisant une zone d’exclusion aérienne en Libye, avec les frappes des pays alliés qui ont suivi, pour neutraliser l’armée de Khadafi, on assiste à un véritable déchaînement de passions en Afrique. Hommes politiques, écrivains, historiens, journalistes, étudiants, disons en un mot tout le gratin de l’intelligentsia africaine, sortent comme par enchantement de leur hibernation pour s’émouvoir du drame en cours en Libye par la faute principalement de la France et des États-Unis d’Amérique.
A les lire, à les écouter, à les voir, je me perds dans tous mes repères ! Et je me demande dans quel monde finalement nous sommes aujourd’hui. Quel type d’êtres humains sommes-nous en train de devenir ?
Notre état de culture est-il en train de nous faire passer de la maîtrise de la raison pure à la subordination à la vive déraison ? Qu’est-ce qui compte le plus de nos jours, aux yeux de ceux qui se prévalent de la lumière d’une certaine intellectualité (pour ne pas dire d’un certain intellectualisme) : la morale ou l’intérêt ?
S’il y a au monde des droits à défendre, doit-on donner la priorité aux droits des pauvres, des opprimés, des exclus, des bafoués, des battus, des gazés, des matraqués ou aux droits des riches, des oppresseurs, des potentats, des privilégiés, des protégés ?
S’il y avait deux categories de tueurs à condamner dans un pays, faut-il condamner d’abord ceux qui tuent expressément des innocents qu’ils considèrent comme des chiens, des rats, des cafards, des microbes, ou ceux qui tuent les tueurs d’innocents et qui, accidentellement, pourraient tuer d’autres innocents ?
A partir de quand doit-on, logiquement, condamner un acte criminel : quand il commence, quand il s’empire ou quand le criminel est en danger de mort ?
Avec toutes ces interrogations, j’avoue que non seulement je perds mes repères, mais je désespère de mon continent, l’Afrique, qui est en train de passer maître dans l’art du dilatoire, de la diversion et surtout de l’absurde. Parce que je n’arrive toujours pas à comprendre que les organisations africaines soient incapables de gérer les crises du continents et qu’elles n’aient pas honte d’accuser les autres de les ignorer quand elles s’ignorent elles-mêmes.
Où étaient-ils ces intellectuels africains qui aujourd’hui exploitent la confusion en Libye pour se faire entendre, quand, dès la mi-février déjà, au moment où la contestation s’organisait, le régime de l’éternel Colonel promettait l’enfer à tous ceux qui oseraient manifester contre lui ? Où étaient-ils quand les premiers morts tombaient sous les balles de l’armée du guide éclairé ? Aux premières heures de la contestation, les manifestants étaient-ils armés ? Y a-t-il en Afrique des pouvoirs qui doivent faire face à la contestation et d’autres qui ne méritent pas la moindre manifestation de mécontentement ? Pourquoi aucun chef d’État africain, aucune organisation africaine, aucun intellectuel africain n’a levé le petit doigt pour dire à Khadafi qu’il doit laisser son peuple s’exprimer ?
Pourquoi avoir attendu les effets, mêmes pervers, de la résolution 1973 des Nations Unies pour crier au loup et voir subitement l’impérialisme, le néo-colonialisme, la guerre des intérêts, la croisade des Occidentaux contre une nation souveraine ?
Tous ceux qui dénoncent l’ingérence aujourd’hui ne seront-ils pas les premiers à appeler au secours les “forces du mal” qu’ils sont en train de maudire si jamais dans leurs propres pays, une repression sauvage s’abattait sur eux de la part du pouvoir en place ? J’aurais compris que les hommes politiques pataugent dans cette forme de divagation qui est leur propre.
Mais que ceux qui se font passer pour des intellectuels prennent le plaisir de brouiller la conscience des nations et des peuples en défendant une mauvaise cause, moralement parlant, cela me perturbe. Surtout que personne parmi tous ceux qui fustigent l’intervention occidentale en Libye ne répond jamais avec précision à la question suivante : “Concrètement, qu’est-ce qu’il fallait faire pour épargner Benghazi du bain de sang qui était imminent ?” Ils divaguent et accusent sans preuve les forces coalisées de faire de nombreux blessés et morts parmi les populations civiles.
Voici, par exemple, un extrait de la lettre que Calixte Beyala vient d’adresser au Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Jean Ping :
“Nous venons par ces mots vous demander qu’il soit mis immédiatement fin aux relations diplomatiques qu’entretiennent les pays membres de l’Union Africaine que vous présidez avec la France.
En effet, depuis deux jours les Africains sont victimes des massacres des populations civiles perpétrés en Libye par la France, pour des raisons fallacieuses et ce, malgré la désapprobation de l’Organisation que vous présidez.
Il est inadmissible, impensable qu’un pays comme la France bombarde, tue les populations Libyennes alors même que le mandat soi-disant donné par l’ONU ne comportait pas cette clause.
Il s’agit là pour le peuple Africain, d’une humiliation sans nom, d’une blessure profonde qui n’est pas sans rappeler les agissements de ce pays lorsqu’il s’agissait pour lui de mettre l’Afrique sous sa domination.
L’Afrique est aujourd’hui un continent indépendant. La souveraineté des Etats doit être respectée ; l’on ne saurait rester impassible face à une telle sauvagerie.
D’ores et déjà des soulèvements populaires sont prévus dans toute l’Afrique si jamais l’Union se refusait de prendre ses responsabilités face à cette horrible agression. Une grève de la faim de nos élites est également à prévoir.
Nous comptons sur l’Organisation que vous présidez afin que soit mis fin, dans les plus brefs délais à ces assassinats de femmes et d’enfants innocents, à ce génocide moderne où les pays dits civilisés s’octroient le droit de tuer en toute impunité sous la couverture d’une ingérence humanitaire.”
Pour moi, cette lettre est l’expression de ce que je considère comme le pic de la mauvaise foi, le comble de la cécité et de la surdité intellectuelles. Il est vrai qu’ils sont nombreux ceux qui, pleins d’aigreur contre l’Occident pour diverses raisons, profitent de tout pour démontrer, à travers des discours pas toujours lucides et rationnels, leur panafricanisme. Tous ceux qui sont morts politiquement ou médiatiquement veulent s’offrir la preuve qu’ils vivent encore à travers des pamphlets “souverainistes” que je trouve anachroniques et mal à propos.
Je comprends que tous ceux qui survivaient grâce au soutien financier de Khadafi poussent leurs ouailles dans la rue, plus par souci de sauver leurs têtes que pour le bonheur du peuple libyen. Je comprends que les considérations religieuses prennent facilement le pas, malheureusement du reste, sur la dimension morale ou humanitaire d’une intervention militaire.
Mais je ne comprends pas qu’on insulte un peuple en lui niant le droit de demander plus de liberté, plus de démocratie, plus de bonheur.
N’est-il pas temps que nous nous débarrassions de la toge de notre africanité frileuse et susceptible qui nous fait voir systématiquement du mal dans tout acte qui est posé par l’Occident ?
A propos de la capacité de l’Afrique à gérer les conflits du continent, on voit ses preuves en Côte d’Ivoire. Quant à la situation au Bénin, l’Union Africaine a-t-elle déjà fait une déclaration pour apaiser les esprits ? Tenez-moi au courant !
Bien à vous.
MINGA
A les lire, à les écouter, à les voir, je me perds dans tous mes repères ! Et je me demande dans quel monde finalement nous sommes aujourd’hui. Quel type d’êtres humains sommes-nous en train de devenir ?
Notre état de culture est-il en train de nous faire passer de la maîtrise de la raison pure à la subordination à la vive déraison ? Qu’est-ce qui compte le plus de nos jours, aux yeux de ceux qui se prévalent de la lumière d’une certaine intellectualité (pour ne pas dire d’un certain intellectualisme) : la morale ou l’intérêt ?
S’il y a au monde des droits à défendre, doit-on donner la priorité aux droits des pauvres, des opprimés, des exclus, des bafoués, des battus, des gazés, des matraqués ou aux droits des riches, des oppresseurs, des potentats, des privilégiés, des protégés ?
S’il y avait deux categories de tueurs à condamner dans un pays, faut-il condamner d’abord ceux qui tuent expressément des innocents qu’ils considèrent comme des chiens, des rats, des cafards, des microbes, ou ceux qui tuent les tueurs d’innocents et qui, accidentellement, pourraient tuer d’autres innocents ?
A partir de quand doit-on, logiquement, condamner un acte criminel : quand il commence, quand il s’empire ou quand le criminel est en danger de mort ?
Avec toutes ces interrogations, j’avoue que non seulement je perds mes repères, mais je désespère de mon continent, l’Afrique, qui est en train de passer maître dans l’art du dilatoire, de la diversion et surtout de l’absurde. Parce que je n’arrive toujours pas à comprendre que les organisations africaines soient incapables de gérer les crises du continents et qu’elles n’aient pas honte d’accuser les autres de les ignorer quand elles s’ignorent elles-mêmes.
Où étaient-ils ces intellectuels africains qui aujourd’hui exploitent la confusion en Libye pour se faire entendre, quand, dès la mi-février déjà, au moment où la contestation s’organisait, le régime de l’éternel Colonel promettait l’enfer à tous ceux qui oseraient manifester contre lui ? Où étaient-ils quand les premiers morts tombaient sous les balles de l’armée du guide éclairé ? Aux premières heures de la contestation, les manifestants étaient-ils armés ? Y a-t-il en Afrique des pouvoirs qui doivent faire face à la contestation et d’autres qui ne méritent pas la moindre manifestation de mécontentement ? Pourquoi aucun chef d’État africain, aucune organisation africaine, aucun intellectuel africain n’a levé le petit doigt pour dire à Khadafi qu’il doit laisser son peuple s’exprimer ?
Pourquoi avoir attendu les effets, mêmes pervers, de la résolution 1973 des Nations Unies pour crier au loup et voir subitement l’impérialisme, le néo-colonialisme, la guerre des intérêts, la croisade des Occidentaux contre une nation souveraine ?
Tous ceux qui dénoncent l’ingérence aujourd’hui ne seront-ils pas les premiers à appeler au secours les “forces du mal” qu’ils sont en train de maudire si jamais dans leurs propres pays, une repression sauvage s’abattait sur eux de la part du pouvoir en place ? J’aurais compris que les hommes politiques pataugent dans cette forme de divagation qui est leur propre.
Mais que ceux qui se font passer pour des intellectuels prennent le plaisir de brouiller la conscience des nations et des peuples en défendant une mauvaise cause, moralement parlant, cela me perturbe. Surtout que personne parmi tous ceux qui fustigent l’intervention occidentale en Libye ne répond jamais avec précision à la question suivante : “Concrètement, qu’est-ce qu’il fallait faire pour épargner Benghazi du bain de sang qui était imminent ?” Ils divaguent et accusent sans preuve les forces coalisées de faire de nombreux blessés et morts parmi les populations civiles.
Voici, par exemple, un extrait de la lettre que Calixte Beyala vient d’adresser au Président de la Commission de l’Union Africaine, M. Jean Ping :
“Nous venons par ces mots vous demander qu’il soit mis immédiatement fin aux relations diplomatiques qu’entretiennent les pays membres de l’Union Africaine que vous présidez avec la France.
En effet, depuis deux jours les Africains sont victimes des massacres des populations civiles perpétrés en Libye par la France, pour des raisons fallacieuses et ce, malgré la désapprobation de l’Organisation que vous présidez.
Il est inadmissible, impensable qu’un pays comme la France bombarde, tue les populations Libyennes alors même que le mandat soi-disant donné par l’ONU ne comportait pas cette clause.
Il s’agit là pour le peuple Africain, d’une humiliation sans nom, d’une blessure profonde qui n’est pas sans rappeler les agissements de ce pays lorsqu’il s’agissait pour lui de mettre l’Afrique sous sa domination.
L’Afrique est aujourd’hui un continent indépendant. La souveraineté des Etats doit être respectée ; l’on ne saurait rester impassible face à une telle sauvagerie.
D’ores et déjà des soulèvements populaires sont prévus dans toute l’Afrique si jamais l’Union se refusait de prendre ses responsabilités face à cette horrible agression. Une grève de la faim de nos élites est également à prévoir.
Nous comptons sur l’Organisation que vous présidez afin que soit mis fin, dans les plus brefs délais à ces assassinats de femmes et d’enfants innocents, à ce génocide moderne où les pays dits civilisés s’octroient le droit de tuer en toute impunité sous la couverture d’une ingérence humanitaire.”
Pour moi, cette lettre est l’expression de ce que je considère comme le pic de la mauvaise foi, le comble de la cécité et de la surdité intellectuelles. Il est vrai qu’ils sont nombreux ceux qui, pleins d’aigreur contre l’Occident pour diverses raisons, profitent de tout pour démontrer, à travers des discours pas toujours lucides et rationnels, leur panafricanisme. Tous ceux qui sont morts politiquement ou médiatiquement veulent s’offrir la preuve qu’ils vivent encore à travers des pamphlets “souverainistes” que je trouve anachroniques et mal à propos.
Je comprends que tous ceux qui survivaient grâce au soutien financier de Khadafi poussent leurs ouailles dans la rue, plus par souci de sauver leurs têtes que pour le bonheur du peuple libyen. Je comprends que les considérations religieuses prennent facilement le pas, malheureusement du reste, sur la dimension morale ou humanitaire d’une intervention militaire.
Mais je ne comprends pas qu’on insulte un peuple en lui niant le droit de demander plus de liberté, plus de démocratie, plus de bonheur.
N’est-il pas temps que nous nous débarrassions de la toge de notre africanité frileuse et susceptible qui nous fait voir systématiquement du mal dans tout acte qui est posé par l’Occident ?
A propos de la capacité de l’Afrique à gérer les conflits du continent, on voit ses preuves en Côte d’Ivoire. Quant à la situation au Bénin, l’Union Africaine a-t-elle déjà fait une déclaration pour apaiser les esprits ? Tenez-moi au courant !
Bien à vous.
MINGA
Inscription à :
Commentaires (Atom)

