Chers frères et sœurs,
Notre pays est encore plongée dans la guerre par l’inconscience des hommes politiques qui se croient nés pour gouverner la Côte d’Ivoire. Et voilà que, au moment où sur le terrain des armées s’affrontent, sur le Web, des esprits s’échauffent et sombrent dans la platitude. Sacrée Côte d'Ivoire !!! Tant de passions, tant d'agitations, tant de masturbations intellectualistes qui mettent en exergue les ego surdimensionnés d'individus en mal d'une gloriole via Internet !
Et on passe à côté de l'essentiel : comment aider la Côte d'Ivoire à se relever et à remonter la pente, du fond de cet abîme où l'hypocrisie, l'ethnocentrisme, le népotisme, le mépris de la différence, la haine de l'autre, le besoin obscur d'une vile vendetta nourrie depuis des décennies et la volonté de déité... l'ont projetée...
Le Boulanger a-t-il plus de scrupule que le Pantin ? Le Pantin a-t-il plus de mérite que le Boulanger ?
Y-a-t-il entre ces deux quelqu'un qui aime vraiment la Côte d'Ivoire et qui veuille la protéger contre le déshonneur, la disgrâce et le chaos ?
Je ne crois pas ! Sinon, les deux se seraient entendus pour renoncer au pouvoir dans les conditions actuelles. Il est dans la vie des moments où renoncer est une marque de grandeur d'âme, si cela peut éviter des drames dont seuls des innocents souffriraient. À ces moments-là, on ne parle plus de patriotisme mais d'humanisme, plus de conscience citoyenne mais de conscience humaine.
Chers compatriotes de l’Intérieur et de l’Extérieur,
Il me paraît absolument inopportun et malsain, de prolonger les sentiments d'égocentrisme et de haine qui ont conduit à l'imbroglio actuel, de se couvrir d'injures et de toute sorte de vilenies, tout simplement parce que chacun veut s'évertuer à démontrer qu'il est dans le camp qu'il faut, du bon côté et que tous ceux qui pensent autrement sont des suppôts de Satan.
"Le sang-froid est la marque des grands esprits dans les circonstances les plus difficiles", dit-on. Et c'est nous, citoyens ivoiriens qui avons l'avantage du recul par rapport à toutes ces machinations diaboliques en cours contre notre pays donc contre nous, qui devons nous lever pour dire "NON". Non au Boulanger qui a fini par rouler toutes les bonnes volontés dans la farine et qui en est à se rouler lui-même dans le reste de sa farine. Non au Pantin qui a déjà trop tourné dans tous les sens et qui a maintenant trop de vertige pour savoir dans quelle direction il peut se diriger. Non à l'imposture, à la manipulation, au mensonge, à la falsification, au déni, à la désinformation, à l'intoxication morale. Non au chaos. La Côte n'appartient ni au Nord ni au Sud, elle appartient aux Ivoiriens et à tous ceux qui l'aiment et qui y sont attachés pour une raison ou pour une autre.
J'ai régulièrement écrit, depuis le début de la crise ivoirienne, pour fustiger la mauvaise foi aveuglante du Boulanger de Mama, expert en roublardise. Mais jamais je n'ai soutenu celui qui est considéré par certains comme la panacée de tous les maux du pays et par d'autres comme le pantin de la mystérieuse "Communauté internationale". Même si, en fonction de la théorie selon laquelle de deux maux il faut choisir le moindre, je préférais Alassane Ouattara à Laurent Gbagbo. Par conviction intime.
Vu la tournure chaotique que prennent les événements, j'aurais cependant voulu qu'Alassane fasse montre de hauteur de vue, de sagesse, en proposant de renoncer au pouvoir pour éviter à la Côte d'Ivoire d'être un champ de ruine que nul ne peut être fier de gouverner.
On aurait vu l'attitude de Gbagbo face à une telle grandeur d'âme. On aurait compris jusqu'où peut aller sa soif du pouvoir. On aurait vraiment compris ce qu'il entendait par les "On gagne ou on gagne" qu'on entendait tout le long de sa campagne. Même si on l'a déjà suffisamment compris avec tout ce qui se passe au quotidien sur les bords de la lagune Ébrié.
Oui, pour moi aujourd'hui, l'heure n'est plus à la démonstration de notre capacité de nuisance par les mots ou par les morts. Il faut oeuvrer pour que Gbagbo et Ado quittent la Côte d'Ivoire pour confier le destin du pays à une autre personnalité pour qui il n'y a pas de Nord ni de Sud mais une nation une et indivisible à reconstruire autour d'une nouvelle idée de l'identité nationale.
Chers parents,
Faut-il avoir fréquenté une grande école de politique internationale pour comprendre que désormais, ni le Boulanger ni le Pantin ne peuvent vraiment gouverner la Côte d'Ivoire ? Le premier est trop affaibli par ses propres turpitudes et celles des zélés de son camp. Alors, si par extraordinaire c'est lui qui devait garder le pouvoir, il devrait mettre plus de cinq ans à se refaire une nouvelle image et un autre "mandat cadeau" est à prévoir. Avec tout ce que cela comporte comme risques de déstabilisation permanents.
Le second est assez fragilisé par les décisions qu'ils a prises pour étouffer son rival mais qui nuisent plus aux populations qu'à celui contre lequel elles ont été prises. Si c'était lui qui, en fin de compte, était confirmé au poste de président de la République, il devrait compter avec la colère d'une bonne partie de la population qui aura souffert des mois d'hésitation et de décisions à l'emporte pièce prise sans trop de calcul humain. Et puis, les esprits vindicatifs de la refondation ne s'avoueront pas vaincus et ils ne lui laisseront aucun moment de répit pour gouverner sereinement le pays qui entrera ainsi dans un cycle de valses et de tourbillons défavorable au développement social, culturel et économique.
Voilà pourquoi je milite en faveur du "ni Gbagbo, ni Ouattara". Aucun des deux ne fera rayonner la Côte d'Ivoire ou redorer son blason déteint par le sang des innocents, des pauvres, et par les larmes de leurs parents et amis.
Alors de grâce, chers Ivoiriens, mettez la balle à terre. Regardez-vous dans les yeux et demandez-vous ce que vous souhaitez, chacun, pour notre chère Éburnie, naguère forte, belle et imposante. Vous comprendrez que vous avez les mêmes voeux et que seuls les voiles des camps que vous défendez vous empêchent de voir que la réalité a la même couleur pour tous.
Chers Ivoiriens, hommes, femmes, jeunes et adultes qui avez accès à Internet,
Arrêtez la démarche politique des invectives inutiles, des accusations fantaisistes, des mensonges grossiers, des provocations puériles et mettez-vous ensemble pour une nouvelle Côte d'Ivoire digne et respectable. Ce doit être cela, le vrai défi de toute vraie Ivoirienne, de tout vrai Ivoirien, aujourd'hui. Nous sommes les fleurs d’un même jardin.
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.
MINGA
26.2.11
7.2.11
DE LA RÉVOLTE À LA RÉVOLUTION Le renard passe passe...
L’extraordinaire rouleau compresseur social qui a emporté Ben Ali et l’essentiel de son régime n’a pas encore fini de surprendre, de susciter des espoirs et de faire des émules. Or donc un pouvoir, si puissant soit-il, peut tomber un jour sous la poussée d’un peuple sans arme ! Si ce beau message tunisien réjouit tous les esprits du monde épris de paix, de liberté et de justice, il inquiète sérieusement cependant tous les hommes qui, obnubilés par les apparats du pouvoir, complotent chaque jour contre leurs peuples pour s’éterniser aux commandes de pays devenus leurs mines d’or privées.
La révolte est la fille légitime d’une trop longue résignation sans espoir, ai-je déjà écrit quelque part. En effet, face à des gouvernants qui oppriment, dépriment et suppriment leurs concitoyens qu’ils prennent plus pour des vassaux que pour des égaux, quand tombe dans le vase la dernière goutte d’eau qui le fait déborder, personne ne peut interrompre le fil de la fronde qui gronde et plonge le pouvoir dans les sombres abysses de l’inélégance politique. Est-il si difficile de comprendre qu’une politique sans cœur mène inexorablement au chaos ? Peut-on bien diriger un peuple dont on ne veut pas entendre la voix ? Peut-on bien gouverner des hommes dont on ignore le mode de vie, la souffrance, la misère ? Non, on ne peut pas bien administrer un monde qu’on ne comprend pas et qu’on ne veut pas chercher à comprendre. J’estime que, pour bien diriger, pour bien gouverner, pour bien administrer, il faut avoir vécu, d’une façon ou d’une autre, une parcelle de la vie des autres. Il faut avoir souffert soi-même pour comprendre la souffrance des autres et y chercher un remède ; il faut avoir connu soi-même des jours sans pain et des nuits sans sommeil ; il faut avoir goûté soi-même à l’extrême solitude dans laquelle la pauvreté et le malheur peuvent isoler ; il faut avoir soi-même courbé son échine le long des rues, creusant pour une miette de riz blanc, des fossés interminables ; il faut avoir connu soi-même la pluie, le soleil, les maladies ; il faut avoir soi-même entendu du fond de sa poitrine endolorie par mille labeurs sans gain, l’appel en sourdine de la mort… Oui, il faut vraiment avoir souffert soi-même pour comprendre ceux qui souffrent et prendre au sérieux leurs cris de détresse. Malheureusement, ceux qui nous gouvernent nous regardent d’en haut. De trop haut pour nous voir, nous connaître, nous entendre et nous comprendre. Alors, vêtus du costume gris de leur orgueil démesuré, ils sous-estiment la capacité d’un peuple qui a le dos au mur de se soulever contre eux, pour chambouler l’ordre des choses.
Denis Diderot avait bien raison de dire ceci : « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte. » Si beau, si vrai et surtout si actuel. Au regard de ce qui se passe du côté de l’Afrique arabe et qui pourrait, avant longtemps, se passer dans des pays de l’Afrique subsaharienne. Le premier réflexe, militaire, qui consiste à faire sortir l’armée, n’est pas toujours le meilleur. Surtout quand le peuple révolté a les mains nues. D’ailleurs, Françoise Giroud le dit si bien : « Les révoltes qui se manifestent par les armes, on peut les mater. Celles qui naissent et se propagent par l’esprit sont insaisissables. » C’est le cas tunisien.
La révolte est donc l’expression d’un ras-le-bol de ceux qui sont fatigués de subir. Mais une révolte est nulle si elle ne peut aboutir à un changement radical, viscéral, du système oppresseur. D’où la nécessité d’une révolution. Révolution sociale et révolution politique. Dans tous les pays où la démocratie a le goût amer de la tyrannie. Pour moi, une révolte qui ne peut pas déboucher sur une révolution est un mouvement d’humeur vain et anachronique et ne mérite pas d’être entamée. « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige », a écrit Albert Camus dans son livre L’homme révolté. Je partage cette opinion et pense que la révolte a une double exigence. Avant d’être entamée elle exige courage, don de soi et altruisme, car ceux qui mènent une vraie révolte peuvent aller jusqu’à sacrifier leur vie. Quand la révolte est lancée, elle exige des pouvoirs autocratiques, une vie plus humaine. Ceux qui donnent leur vie le font pour que les autres puissent connaître un peu plus de justice, de liberté et de bonheur, quand leur action donnera le jour à une révolution.
Il est donc évident que tous les Ben Ali du monde se savent en sursis et ne dorment plus ! Ils pensent à leur tour. Ils ont compris le message. Mais certains croient toujours que leurs pouvoirs émanent directement de Dieu et que leurs peuples jamais ne se réveilleront pour les chasser du pouvoir. Pour faire diversion, ils veulent transformer leurs peurs de la déchéance, de l’humiliation, de la disgrâce et du déshonneur en actes de bravoure, en gestes d’ouverture, en signes de sagesse. Mais quand un peuple berné se déchaîne, il entraîne tout sur son passage, rejetant toutes les consolations circonstancielles de pacotille. Il n’a plus peur du pouvoir qui le terrorise, l’avilit, l’asservit. Thomas Jefferson avait-il tort quand il écrivait que « se révolter contre la tyrannie, c’est obéir à Dieu » ?
Alors, souverains saigneurs du monde entier, réveillez-vous et ayez peur ! Le renard passe passe…
Bien à vous.
MINGA
La révolte est la fille légitime d’une trop longue résignation sans espoir, ai-je déjà écrit quelque part. En effet, face à des gouvernants qui oppriment, dépriment et suppriment leurs concitoyens qu’ils prennent plus pour des vassaux que pour des égaux, quand tombe dans le vase la dernière goutte d’eau qui le fait déborder, personne ne peut interrompre le fil de la fronde qui gronde et plonge le pouvoir dans les sombres abysses de l’inélégance politique. Est-il si difficile de comprendre qu’une politique sans cœur mène inexorablement au chaos ? Peut-on bien diriger un peuple dont on ne veut pas entendre la voix ? Peut-on bien gouverner des hommes dont on ignore le mode de vie, la souffrance, la misère ? Non, on ne peut pas bien administrer un monde qu’on ne comprend pas et qu’on ne veut pas chercher à comprendre. J’estime que, pour bien diriger, pour bien gouverner, pour bien administrer, il faut avoir vécu, d’une façon ou d’une autre, une parcelle de la vie des autres. Il faut avoir souffert soi-même pour comprendre la souffrance des autres et y chercher un remède ; il faut avoir connu soi-même des jours sans pain et des nuits sans sommeil ; il faut avoir goûté soi-même à l’extrême solitude dans laquelle la pauvreté et le malheur peuvent isoler ; il faut avoir soi-même courbé son échine le long des rues, creusant pour une miette de riz blanc, des fossés interminables ; il faut avoir connu soi-même la pluie, le soleil, les maladies ; il faut avoir soi-même entendu du fond de sa poitrine endolorie par mille labeurs sans gain, l’appel en sourdine de la mort… Oui, il faut vraiment avoir souffert soi-même pour comprendre ceux qui souffrent et prendre au sérieux leurs cris de détresse. Malheureusement, ceux qui nous gouvernent nous regardent d’en haut. De trop haut pour nous voir, nous connaître, nous entendre et nous comprendre. Alors, vêtus du costume gris de leur orgueil démesuré, ils sous-estiment la capacité d’un peuple qui a le dos au mur de se soulever contre eux, pour chambouler l’ordre des choses.
Denis Diderot avait bien raison de dire ceci : « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte. » Si beau, si vrai et surtout si actuel. Au regard de ce qui se passe du côté de l’Afrique arabe et qui pourrait, avant longtemps, se passer dans des pays de l’Afrique subsaharienne. Le premier réflexe, militaire, qui consiste à faire sortir l’armée, n’est pas toujours le meilleur. Surtout quand le peuple révolté a les mains nues. D’ailleurs, Françoise Giroud le dit si bien : « Les révoltes qui se manifestent par les armes, on peut les mater. Celles qui naissent et se propagent par l’esprit sont insaisissables. » C’est le cas tunisien.
La révolte est donc l’expression d’un ras-le-bol de ceux qui sont fatigués de subir. Mais une révolte est nulle si elle ne peut aboutir à un changement radical, viscéral, du système oppresseur. D’où la nécessité d’une révolution. Révolution sociale et révolution politique. Dans tous les pays où la démocratie a le goût amer de la tyrannie. Pour moi, une révolte qui ne peut pas déboucher sur une révolution est un mouvement d’humeur vain et anachronique et ne mérite pas d’être entamée. « Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige », a écrit Albert Camus dans son livre L’homme révolté. Je partage cette opinion et pense que la révolte a une double exigence. Avant d’être entamée elle exige courage, don de soi et altruisme, car ceux qui mènent une vraie révolte peuvent aller jusqu’à sacrifier leur vie. Quand la révolte est lancée, elle exige des pouvoirs autocratiques, une vie plus humaine. Ceux qui donnent leur vie le font pour que les autres puissent connaître un peu plus de justice, de liberté et de bonheur, quand leur action donnera le jour à une révolution.
Il est donc évident que tous les Ben Ali du monde se savent en sursis et ne dorment plus ! Ils pensent à leur tour. Ils ont compris le message. Mais certains croient toujours que leurs pouvoirs émanent directement de Dieu et que leurs peuples jamais ne se réveilleront pour les chasser du pouvoir. Pour faire diversion, ils veulent transformer leurs peurs de la déchéance, de l’humiliation, de la disgrâce et du déshonneur en actes de bravoure, en gestes d’ouverture, en signes de sagesse. Mais quand un peuple berné se déchaîne, il entraîne tout sur son passage, rejetant toutes les consolations circonstancielles de pacotille. Il n’a plus peur du pouvoir qui le terrorise, l’avilit, l’asservit. Thomas Jefferson avait-il tort quand il écrivait que « se révolter contre la tyrannie, c’est obéir à Dieu » ?
Alors, souverains saigneurs du monde entier, réveillez-vous et ayez peur ! Le renard passe passe…
Bien à vous.
MINGA
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