Au fil du temps qui passe, les événements politiques du continent renforcent ma conviction que la politique est une maladie dangereuse qui déséquilibre le système nerveux de l´homme le plus serein, le plus lucide, le plus humain. La scène que le Sénégal vient de nous offrir est l’illustration du fait que le peu d’humanité qui peut rester à un homme quand le gâtisme a rongé une partie de sa raison, ne résiste pas à la violence d’une hallucination politique. Même quand cet homme s’appelle Abdoulaye Wade. Ou devrais-je dire surtout quand cet homme s’appelle Abdoulaye Wade.
J’avoue que cet avocat m’a fasciné des années durant. Comme me fascinait aussi un certain Koudou Laurent Gbagbo. Non pas vraiment parce que j’avais des griefs contre ceux qu’ils combattaient dans leurs pays respectifs, mais parce que, dans ma compréhension de la démocratie, il était important que le mandat présidentiel soit limité. Et que par l’alternance, il soit offert à d’autres sensibilités du peuple de prendre les rênes du pouvoir pour partager avec tout le monde leurs expériences et leur vision et apporter un nouveau souffle à la gouvernance. Et, de ce point de vue, j’appréciais déjà beaucoup le système occidental de la gestion du pouvoir : deux mandats au maximum. Et je me disais que si dans un pays comme les Etats-Unis d’Amérique qui est la première puissance politique et économique au monde, la durée de vie des présidents au pouvoir n’excède pas huit ans, c’est qu’il y a vraiment de bonnes raisons de militer en faveur de la limitation des mandats. Là-bas, on ne parle pas de chantiers qu’on a commencés et qu’on doit forcément terminer avant de partir.
Voilà pourquoi j’étais des plus heureux au monde quand, dans les années 90, le vent de l’Est qui a fait exploser l’Union soviétique en Asie, fait tomber le mur de Berlin en Europe, a fortement secoué et parfois déraciné des baobabs en Afrique. Pour moi, à partir de cette époque-là, on ne pouvait plus entendre des propos du genre : « Chez nous, un roi ne cède pas le pouvoir, il meurt sur le trône. »
La plupart des Lois fondamentales sur le continent se sont mises à muer pour introduire la limitation des mandats à deux. Il y avait comme une éclaircie pour les oppositions africaines qui, à force de marcher, avaient fini par user toutes les semelles de toutes leurs chaussures !
Je me réjouissais de ce que je considérais, très naïvement alors, je m’en rends compte aujourd’hui, comme une avancée démocratique. Wade et Gbagbo étaient pour moi l’incarnation de la pensée démocratique, de l’alternance, de la liberté d’expression, de la liberté tout court.
Mais voilà ! Exercer le pouvoir est une réalité différente de s’opposer au pouvoir. Une réalité tellement différente qu’il aura fallu des militaires et un flot de sang pour faire partir de son fauteuil, Laurent Gbagbo. Une réalité tellement différente que depuis son accession au pouvoir, Abdoulaye Wade, de manière bien souvent maladroite et inintelligente, procède à des retouches constitutionnelles qui cachent mal son intention de ‘’mourir’’ au pouvoir.
J’ai fini par comprendre que la démocratie à l’occidentale, pour ce qui est de la limitation des mandats, était hors de la portée de nombreux hommes politiques africains. Surtout ceux qui ont gouverné par la peur, par le pillage, par la gabegie, par le népotisme, par la tricherie, par l’assassinat des opposants… Parce qu’ils savent qu’il existe une justice internationale qui, quoi qu’on en dise aujourd’hui, peut sévir quand ils ne seront plus couverts par le velours immunitaire que confère le trône. Alors, ils préfèrent envisager la mort au pouvoir plutôt que de se livrer aux orties.
J’ai fini par comprendre que les déclarations de nos présidents quant aux efforts qu’ils font pour faire de leurs États de vrais modèles démocratiques en Afrique, ne sont que du verbiage utilitaire et démagogique. Ils ont besoin du soutien des puissances occidentales. Alors, ils se sentent obligés de tenir des discours qui peuvent attendrir ou ‘’mystifier’’ ceux-là mêmes dont le soutien financier leur permet de s’enrichir davantage et de flatter le peuple par des pseudo réalisations qui, en réalité, n’améliore en rien son quotidien.
J’ai fini par comprendre qu’en politique, l’hypocrisie est la meilleure ceinture de sécurité des démocrates pervers. Ceux qui disent ‘’démocratie’’ en pensant ‘’autocratie’’. Ceux qui disent ‘’mon peuple’’ en pensant ‘’mes moutons’’. Ceux qui profitent des soucis quotidiens qui détournent l’attention du peuple de la gestion de l’État pour mieux l’asservir, l’assujettir, le ruiner, le condamner à la misère éternelle.
Tout cela, j’ai fini par le comprendre. En comprenant aussi pourquoi un jour ou l’autre, certains moutons se transforment en panthères pour attaquer le berger insolent et maladroit qui abuse de son bâton.
Mais ce que je n’arrive toujours pas à comprendre, c’est la cécité sociale qui fait que certains ne voient pas l’immensité de la foule qui envahit les rues des immenses cités de la pauvreté qu’ils ont construites et qui se dirige vers le siège de leur pouvoir pour crier leur ras-le-bol, leur trop-plein de misère
Je n’arrive toujours pas à comprendre la surdité politique qui fait que les mêmes n’entendent pas les clameurs les plus fortes qui s’élèvent du fond du peuple pour monter vers eux comme une sorte de douloureuse symphonie de la faim qui sonne la fin d’une longue patience ignorée.
Je n’arrive toujours pas à comprendre le nanisme intellectuel qui fait que les hommes politique se croient toujours plus forts que le peuple qui leur a donné sa force et cette légitimité dont ils se prévalent pour sévir avec hargne et violence face aux moindres contrariétés.
Non, j’ai du mal à comprendre que la politique rende des hommes si impassibles, si imbéciles, si inconscients, si inconstants, si incontinents, sur notre continent ! Je ne comprends pas que même l’homme le plus intelligent, dès qu’il accède au pouvoir, se comporte comme un être immature et irréaliste.
Une chose est sûre, les peuples africains commencent à se réveiller et de plus en plus de moutons se transformeront en panthères pour affronter tous les bergers sordides illuminés à outrance par un pouvoir somme toute fragile qu’ils finiront par perdre.
J’ai honte du recul humiliant de Wade face au peuple qu’il avait voulu bercer pour mieux le berner. Comme j’ai eu honte pour Gbagbo quand je l’ai vu quitter le pouvoir menottes aux poignets. Si Wade sait lire, s’il peut lire les signes, il est encore temps qu’il renonce à son rêve d’éternité au pouvoir. Le Gaïndé qui vivait en lui est déjà mort. Étouffé par sa boulimie du pouvoir, de la gloire et des paillettes.
Je pense, sincèrement, que la gifle magistrale que la rue sénégalaise vient de donner à Wade est une belle leçon pour ses autres compères du continent. Ne sont-ce pas là les prémices d’une révolution noire inspirée par la révolution arabe ?
Wade doit donc se raviser et négocier une sortie digne de la scène politique de ce pays où il a été l’idole de tant de jeunes aujourd’hui désillusionnés et plein de rancœur contre lui.
Mais comme en politique le ridicule renforce l’orgueil…
Bien à vous.
MINGA
27.6.11
22.6.11
JOURNÉES MONDIALES DÉDIÉES AUX ENFANTS : Une vaste escroquerie d'adultes ?
Au moment où le monde vient de célébrer la 21ème journée (mondiale) de l’Enfant africain, il est important que nous réfléchissions un peu au sort réservé à l’enfant, qu’il soit d’Afrique ou d’ailleurs.
Enfant de la rue ou dans la rue, enfant soldat, enfant orphelin de la guerre ou du Sida, enfant mal aimé, maltraité, vendu ou sacrifié, enfant victime de violences sexuelles ou de sévices divers. Cet enfant-là, on sait ce qu’il en pense le citoyen ordinaire qui n’a aucun lien avec lui. Mais l’homme politique, le militant de l’organisation dite de la société civile engagée dans le combat pour la protection des enfants, qu’en pensent-ils vraiment ? Sont-ils sincères en organisant par an, à l’honneur des enfants, plus d’une demi-douzaine de cérémonies pompeuses dont le coût global peut aider de milliers d’autres enfants à sortir des tunnels où l’irresponsabilité d’adultes inconscients les a balancés ?
12 février : journée internationale des enfants soldats. 25 mai : journée internationale des enfants disparus. 1er juin : journée internationale des enfants. 4 juin : journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression. 12 juin : journée mondiale contre le travail des enfants. 16 juin : journée mondiale de l’Enfant africain. 20 novembre : journée internationale des Droits de l’Enfant. 2ème dimanche de décembre : journée internationale des enfants en faveur de la radio et de la télévision… On voit bien, à travers cette pléthore de journées dédiées rien qu’aux enfants, que le thème de l’enfance préoccupe le monde. Chaque journée commémorant un fait, un événement ou une déclaration, elle garde sa spécificité et reste différente d’une autre, d’où la nécessité de la célébrer à part. Soit. Mais à combien revient, financièrement parlant, l’organisation de chacune de ces journées ? Et pour quels résultats sur le terrain ? Les mises en scène faites pour l’occasion et toute la comédie des discours qui alignent des mots bien choisis pour émouvoir et attendrir juste le temps de la cérémonie, concourent-il vraiment à améliorer la situation des enfants dans le monde ? Toutes les ONG qui prétendent « protéger » ou « sauver » les enfants, sont-elles vraiment créées pour défendre la cause de l’enfance en difficulté ou pour servir d’écran à des actions odieuses mais surtout lucratives ? N’y a-t-il pas derrière tout ce concert autour de l’enfant une mafia incontrôlée qui s’organise pour exploiter la vie difficile des enfants, leur misère quotidienne, à des fins commerciales ?
Le spectacle de la souffrance des enfants en Afrique me pousse toujours à m’interroger : pourquoi, malgré toutes ces journées organisées en grandes pompes ici et là, on ne sent pas d’amélioration dans la situation de ces souffre-douleur, ces ’’Poil-de-carotte’’ ? Bien au contraire, ils sont nombreux ces personnalités influentes en costume gris pour célébrer l’enfant le jour qui, la nuit tombée, ont des hommes de main qui assassinent des enfants pour des rituels sataniques destinés à renforcer leur pouvoir. Ainsi, ces sorciers qui se proclament amis des enfants et jouissent des bénéfices de fonds alloués à ces derniers se réjouissent devant le sang des enfants qui arrosent leurs fétiches.
Les enfants de la rue constituent donc pour certains hommes politiques un réservoir sacré dans lequel ils puisent pour les besoins de leurs rites. Voilà pourquoi ils ont intérêt à ce qu’il y ait toujours dehors, des enfants sans famille, des enfants égarés, des enfants vulnérables.
C’est au sein de ces mêmes enfants que d’autres recruteront ceux à qui ils donneront des armes pour aller faire la guerre contre leurs ennemis politiques. Ces vies presque sans vie qui traînent dans les rues, qui croient avoir tout perdu, pourquoi n’accepteraient-ils pas de participer à une action qui pourrait les rendre utiles à quelque chose au moins, peu importe comment ? Eux qui en ont gros sur le cœur contre la société qui les néglige, les sous-estime, les ignore, pourquoi ne profiteraient-ils pas d’une occasion de lui verser leur rage sous forme de balles, dans la tête, dans le cœur, dans le ventre… ? Eux qui ont déjà côtoyé la mort, qui ont vécu avec la douleur, qui tutoient la solitude et la souffrance dans leur errance, tuer ou être tués peut-il leur faire peur ? Le kalachnikov qu’on leur offre ne leur donne-t-il pas un pouvoir sur ceux qui ont été méchants avec eux ? L’alcool et la drogue qu’on leur livre gratuitement ne les aident-ils pas à oublier la rudesse de la vie au profit d’un monde de lumière et de son dans lequel ils sont des anges, de petits dieux en puissance, même si éphémères ? Et pourtant, on aurait pu mettre fin à l’utilisation des enfants pour la guerre, ne serait-ce qu’en respectant les normes de la gouvernance démocratique qui évitera des mécontents qui formeront des rebellions qui donneront des armes aux enfants.
D’autre part, comment se fait-il que l’utilisation des enfants comme mendiants par des maîtres coraniques soit bien connue de toutes les autorités de l’Afrique, de l’Ouest notamment, mais que rien ne soit fait de façon concrète, pour mettre fin à cela ? Est-ce parce que ces maîtres soi-disant spirituels sont aussi des marabouts attitrés au service des décideurs ? Les services mystiques qu’ils rendent aux « patrons » sont-ils plus importants que la vie des enfants qu’ils déversent dans la ville pour leur rapporter du butin au risque de leur vie ? Une vie qui semble n’avoir aucune valeur pour des hommes de Dieu qui enseignent la bonté, la compassion, la pitié et la charité.
Mais ce que j’ai surtout beaucoup de mal à comprendre, c’est que dans des sociétés africaines où l’hospitalité et le sens du partage avec l’étranger, l’inconnu, sont si développés, il n’existe pas de politique pour encourager un système de familles d’accueil des enfants de la rue, en fonction des histoires de ces enfants. Ces familles, grâce à une subvention annuelle, s’occuperaient de l’éducation et de la formation de leurs pupilles. Les Etats eux-mêmes prenant la charge de tous les autres enfants. Les fonds qui permettent d’organiser plusieurs manifestations par an, partout à travers le monde serviraient, j’en suis convaincu, à une meilleure protection de l’enfant contre l’exploitation, le trafic, l’escroquerie et le mercantilisme d’adultes véreux.
Que l’hypocrisie règne en politique, cela peut se comprendre. Mais que cette hypocrisie atteigne des sommets dans la défense de grandes causes comme celle de l’Enfant, c’est impossible à comprendre ! Les enfants, ce n’est pas les logements sociaux qui sont censés donner un toit à des citoyens démunis mais qui en réalité ne profitent qu’à des hauts responsables disposant déjà de plusieurs immeubles ou à l’abri de tout besoin. Les enfants, c’est plus sérieux, je pense ! Et pourtant… Quand, dans certaines organisations, arrivent des fonds pour soutenir des enfants en difficulté à travers des projets, ce sont, dans plusieurs cas, des enfants de responsables, de fonctionnaires ou de privés bien nantis qui sont regroupés, pour bénéficier de ces fonds. Laissant ainsi de côté ceux qu’on pourrait appeler les bénéficiaires naturels. Comme s’il y avait un certain plaisir pour certains parents à ce que leurs enfants soient appelés « enfants défavorisés ». Imaginez qu’un jour, Dieu propose à ceux qui sont en enfer, de l’argent pour s’acheter de beaux habits et se faire beaux pour être reçus au paradis, et que, en apprenant cette nouvelle, des habitants du paradis se ruent vers les portes de l’enfer pour négocier avec les gardiens de la géhenne afin qu’ils les laissent y entrer, le temps d’avoir l’argent promis par Dieu.
Je considère une telle attitude comme une crise de bon sens et une grave escroquerie morale de gens qui se croient toujours plus malins que les autres. Comme quoi, aujourd’hui, il y a dans l’empire des enfants en difficulté, des vampires adultes, ivres de cupidité. L’écrivain français André Stil a intitulé un de ses romans « Dieu est un enfant ». En y réfléchissant, j’ai envie de dire à tous ceux qui se nourrissent de la sueur, des larmes et du sang des enfants, même en se cachant derrière le voile de la religion : attention, l’enfant est un dieu !
Bien à vous.
MINGA
Enfant de la rue ou dans la rue, enfant soldat, enfant orphelin de la guerre ou du Sida, enfant mal aimé, maltraité, vendu ou sacrifié, enfant victime de violences sexuelles ou de sévices divers. Cet enfant-là, on sait ce qu’il en pense le citoyen ordinaire qui n’a aucun lien avec lui. Mais l’homme politique, le militant de l’organisation dite de la société civile engagée dans le combat pour la protection des enfants, qu’en pensent-ils vraiment ? Sont-ils sincères en organisant par an, à l’honneur des enfants, plus d’une demi-douzaine de cérémonies pompeuses dont le coût global peut aider de milliers d’autres enfants à sortir des tunnels où l’irresponsabilité d’adultes inconscients les a balancés ?
12 février : journée internationale des enfants soldats. 25 mai : journée internationale des enfants disparus. 1er juin : journée internationale des enfants. 4 juin : journée internationale des enfants victimes innocentes de l’agression. 12 juin : journée mondiale contre le travail des enfants. 16 juin : journée mondiale de l’Enfant africain. 20 novembre : journée internationale des Droits de l’Enfant. 2ème dimanche de décembre : journée internationale des enfants en faveur de la radio et de la télévision… On voit bien, à travers cette pléthore de journées dédiées rien qu’aux enfants, que le thème de l’enfance préoccupe le monde. Chaque journée commémorant un fait, un événement ou une déclaration, elle garde sa spécificité et reste différente d’une autre, d’où la nécessité de la célébrer à part. Soit. Mais à combien revient, financièrement parlant, l’organisation de chacune de ces journées ? Et pour quels résultats sur le terrain ? Les mises en scène faites pour l’occasion et toute la comédie des discours qui alignent des mots bien choisis pour émouvoir et attendrir juste le temps de la cérémonie, concourent-il vraiment à améliorer la situation des enfants dans le monde ? Toutes les ONG qui prétendent « protéger » ou « sauver » les enfants, sont-elles vraiment créées pour défendre la cause de l’enfance en difficulté ou pour servir d’écran à des actions odieuses mais surtout lucratives ? N’y a-t-il pas derrière tout ce concert autour de l’enfant une mafia incontrôlée qui s’organise pour exploiter la vie difficile des enfants, leur misère quotidienne, à des fins commerciales ?
Le spectacle de la souffrance des enfants en Afrique me pousse toujours à m’interroger : pourquoi, malgré toutes ces journées organisées en grandes pompes ici et là, on ne sent pas d’amélioration dans la situation de ces souffre-douleur, ces ’’Poil-de-carotte’’ ? Bien au contraire, ils sont nombreux ces personnalités influentes en costume gris pour célébrer l’enfant le jour qui, la nuit tombée, ont des hommes de main qui assassinent des enfants pour des rituels sataniques destinés à renforcer leur pouvoir. Ainsi, ces sorciers qui se proclament amis des enfants et jouissent des bénéfices de fonds alloués à ces derniers se réjouissent devant le sang des enfants qui arrosent leurs fétiches.
Les enfants de la rue constituent donc pour certains hommes politiques un réservoir sacré dans lequel ils puisent pour les besoins de leurs rites. Voilà pourquoi ils ont intérêt à ce qu’il y ait toujours dehors, des enfants sans famille, des enfants égarés, des enfants vulnérables.
C’est au sein de ces mêmes enfants que d’autres recruteront ceux à qui ils donneront des armes pour aller faire la guerre contre leurs ennemis politiques. Ces vies presque sans vie qui traînent dans les rues, qui croient avoir tout perdu, pourquoi n’accepteraient-ils pas de participer à une action qui pourrait les rendre utiles à quelque chose au moins, peu importe comment ? Eux qui en ont gros sur le cœur contre la société qui les néglige, les sous-estime, les ignore, pourquoi ne profiteraient-ils pas d’une occasion de lui verser leur rage sous forme de balles, dans la tête, dans le cœur, dans le ventre… ? Eux qui ont déjà côtoyé la mort, qui ont vécu avec la douleur, qui tutoient la solitude et la souffrance dans leur errance, tuer ou être tués peut-il leur faire peur ? Le kalachnikov qu’on leur offre ne leur donne-t-il pas un pouvoir sur ceux qui ont été méchants avec eux ? L’alcool et la drogue qu’on leur livre gratuitement ne les aident-ils pas à oublier la rudesse de la vie au profit d’un monde de lumière et de son dans lequel ils sont des anges, de petits dieux en puissance, même si éphémères ? Et pourtant, on aurait pu mettre fin à l’utilisation des enfants pour la guerre, ne serait-ce qu’en respectant les normes de la gouvernance démocratique qui évitera des mécontents qui formeront des rebellions qui donneront des armes aux enfants.
D’autre part, comment se fait-il que l’utilisation des enfants comme mendiants par des maîtres coraniques soit bien connue de toutes les autorités de l’Afrique, de l’Ouest notamment, mais que rien ne soit fait de façon concrète, pour mettre fin à cela ? Est-ce parce que ces maîtres soi-disant spirituels sont aussi des marabouts attitrés au service des décideurs ? Les services mystiques qu’ils rendent aux « patrons » sont-ils plus importants que la vie des enfants qu’ils déversent dans la ville pour leur rapporter du butin au risque de leur vie ? Une vie qui semble n’avoir aucune valeur pour des hommes de Dieu qui enseignent la bonté, la compassion, la pitié et la charité.
Mais ce que j’ai surtout beaucoup de mal à comprendre, c’est que dans des sociétés africaines où l’hospitalité et le sens du partage avec l’étranger, l’inconnu, sont si développés, il n’existe pas de politique pour encourager un système de familles d’accueil des enfants de la rue, en fonction des histoires de ces enfants. Ces familles, grâce à une subvention annuelle, s’occuperaient de l’éducation et de la formation de leurs pupilles. Les Etats eux-mêmes prenant la charge de tous les autres enfants. Les fonds qui permettent d’organiser plusieurs manifestations par an, partout à travers le monde serviraient, j’en suis convaincu, à une meilleure protection de l’enfant contre l’exploitation, le trafic, l’escroquerie et le mercantilisme d’adultes véreux.
Que l’hypocrisie règne en politique, cela peut se comprendre. Mais que cette hypocrisie atteigne des sommets dans la défense de grandes causes comme celle de l’Enfant, c’est impossible à comprendre ! Les enfants, ce n’est pas les logements sociaux qui sont censés donner un toit à des citoyens démunis mais qui en réalité ne profitent qu’à des hauts responsables disposant déjà de plusieurs immeubles ou à l’abri de tout besoin. Les enfants, c’est plus sérieux, je pense ! Et pourtant… Quand, dans certaines organisations, arrivent des fonds pour soutenir des enfants en difficulté à travers des projets, ce sont, dans plusieurs cas, des enfants de responsables, de fonctionnaires ou de privés bien nantis qui sont regroupés, pour bénéficier de ces fonds. Laissant ainsi de côté ceux qu’on pourrait appeler les bénéficiaires naturels. Comme s’il y avait un certain plaisir pour certains parents à ce que leurs enfants soient appelés « enfants défavorisés ». Imaginez qu’un jour, Dieu propose à ceux qui sont en enfer, de l’argent pour s’acheter de beaux habits et se faire beaux pour être reçus au paradis, et que, en apprenant cette nouvelle, des habitants du paradis se ruent vers les portes de l’enfer pour négocier avec les gardiens de la géhenne afin qu’ils les laissent y entrer, le temps d’avoir l’argent promis par Dieu.
Je considère une telle attitude comme une crise de bon sens et une grave escroquerie morale de gens qui se croient toujours plus malins que les autres. Comme quoi, aujourd’hui, il y a dans l’empire des enfants en difficulté, des vampires adultes, ivres de cupidité. L’écrivain français André Stil a intitulé un de ses romans « Dieu est un enfant ». En y réfléchissant, j’ai envie de dire à tous ceux qui se nourrissent de la sueur, des larmes et du sang des enfants, même en se cachant derrière le voile de la religion : attention, l’enfant est un dieu !
Bien à vous.
MINGA
13.6.11
D E F : Diplôme des Experts en Fraude ?
Les élèves des classes de 9ème Année, partout au Mali, viennent de composer dans le cadre de l’examen de fin du cycle fondamental ou DEF (Diplôme d’Etudes Fondamentales). Ce diplôme malien pourrait être considéré comme l’équivalent de ce que la majorité des pays francophones appelle le BEPC ou Brevet d’Etudes du Premier Cycle. Mais la différence, c’est que l’élève malien passe son DEF trois ans seulement après l’entrée en sixième alors les autres passent le BEPC quatre ans après. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait qu’au Mali le parcours de la première année au Baccalauréat dure onze ans au lieu de douze dans les pays du BEPC.
Mais là n’est pas le principal sujet de la présente chronique. Je voudrais partager avec les lecteurs mon indignation sur l’organisation chaotique d’un examen dont l’obtention devrait en principe rendre fiers et heureux des élèves et leurs parents, parce qu’il ouvre la porte du lycée ou de la formation professionnelle. J’aurais pu intituler mon papier « DEF 2011 : Chroniques honteuses d’un centre d’examen ». Mais j’ai préféré un titre qui reflète mon impression face à un examen dont les sujets sont vendus sans scrupule et sans cagoule, dans les alentours, dans la cour comme dans les salles des centres d’examen. Avec des personnages devenus célèbres dans la fraude qui mobilisent ouvertement les élèves et leur font sans vergogne leurs propositions indécentes de 2 500 FCFA contre un sujet pour certains et rien que 500 FCFA contre le même sujet pour d’autres.
Je me suis intéressé au centre de Missira où la taille de la fraude a été gigantesque le premier et le deuxième jour. Là, même des policiers allaient vers les surveillants pour leur tenir des propos du genre : « Mon frère, moi je me débrouille bien en mathématiques, alors si tu as des cas, fais-moi signe ». Et eux ne demandaient que 500 FCFA par sujet traité ! Et ce n’était pas des cas isolés. Aux alentours du centre, on voyait des groupuscules d’individus lugubres traitant frénétiquement des sujets pour les faire ensuite passer grâce aux policiers qui servaient parfois d’entremetteurs.
Un enseignant du groupe scolaire Nelson Mandela, Monsieur B.M., très connu dans le milieu de la fraude au DEF était très sollicité et très agité au centre de Missira. Aux dires de certains candidats et de jeunes surveillants que j’ai entendus, cet homme semblait être aidé par une dame du CAP d’Hippodrome, son ex-collègue. Dès qu’un sujet tombait, il s’empressait de le faire traiter par un complice et allait rapidement faire des photocopies de la correction pour ensuite revenir dans les salles et les distribuer à ses protégés principaux et à tous les autres qui, sur place, pouvaient payer.
Une candidate nous explique : « Dans ma salle, Monsieur B.M. avait un protégé qui recevait toujours une copie du corrigé des sujets. Après, il disait que ceux qui avaient de l’argent pouvaient se déclarer afin d’avoir aussi les sujets. On voyait l’argent sortir et circuler dans la salle… » Ce récit ne fait allusion qu’aux deux premiers jours de l’examen. Car, le dernier jour, même si en anglais les copies du corrigé ont circulé, la fièvre de la fraude était tombée comme au point mort avec l’arrivée matinale sur les lieux d’une envoyée de l’Académie Rive Gauche.
Il n’était pas rare non plus de voir, aux abords du centre de Missira des parents d’élèves qui sortaient de l’argent pour faire corriger un sujet pour leurs enfants. De petits grins spontanés se sont même créés derrière les fenêtres des habitations à proximité du centre, le temps de la journée, pour les « commis à la correction ». Sans se douter de celui qui pouvait être de l’autre côté du mur, les experts en fraude corrigeaient en devisant sur leurs recettes et parfois sur les bénéfices extra comme ces filles qui n’ont pas d’argent à payer mais qui proposent mieux et pour qui ils sont prêts à tout pour qu’elles réussissent au DEF.
D’ailleurs, à la fin de la première journée, une jeune candidate expliquait à une camarade, avec un rire coquin, que le surveillant lui avait donné le corrigé de la dictée et de la rédaction. « Il le donnait aux gens à 2 500 FCFA le sujet, mais moi je ne lui ai rien donné. Je compte sur lui pour les épreuves de maths et de bio, demain. Après le BEPC, je verrai ce que je peux faire pour lui… » Sans commentaire. C’était étrange de voir un centre d’examen où les mouvements étaient aussi libres et où on pouvait voir des surveillant se partager le butin à la fin d’une épreuve. Comme si tous les responsables du centre étaient des complices de cette mafia. Mais, comme le dirait l’autre : « Si policier même est dedans, tout est gâté ! » En effet. A Missira, la police était complice des fraudeurs. Hélas !
Et pourtant, l’arrivée du Ministre Salikou Sanogo avait donné bien des espoirs à tous ceux qui en avaient marre d’une école gangrenée par la fraude, le laxisme, la médiocrité et la violence. On avait espéré donc des lendemains radieux pour l’école malienne qui sortirait ainsi de l’ornière où l’avait projetée ceux qui voient des occasions de « deal » partout ! On croyait sonné à jamais le glas de la concupiscence et de l’immoralité à l’école. Mais c’est vrai que l’habitude est une seconde nature et que le molosse ne peut abandonner du jour au lendemain sa façon éhontée de s’asseoir. C’est vrai que la meilleure réforme au monde qui ne prend pas en compte le changement profond des mentalités est vouée à l’échec. Aucune institution ne peut être forte par elle-même si elle n’est pas constituée de personnalités fortes, qui ont décidé d’entrer dans l’histoire en imposant une rupture salutaire. Rupture dans le comportement, dans la pensée, dans la mentalité, rupture dans la vision. Des personnalités fortes qui sont conscientes qu’à la douleur d’une rupture salutaire, succèdera un état de bonheur durable. Au lieu de cela, on parle de changement en maintenant à leurs postes de vieux corps gangrenés qui puent et contaminent les nouveaux supposés être à l’avant-garde de la réforme.
Alors, M. le ministre Salikou, l’heure est encore plus grave aujourd’hui plus qu’hier. Il y a certainement des esprits tordus qui veulent vous torpiller en se disant : « Il na pa di i pé, i naka pé on va voir ! » Juste pour vous mettre les bâtons de la roue et révéler au monde que malgré vos grandes décisions, vous avez des points faibles ! Voici driblé donc, M. le ministre par le réseau des tricheurs. Un réseau ignoble constitué de chefs d’établissements inconscients, d’enseignants malhonnêtes, d’élèves paresseux et de parents d’élèves irresponsables pour qui la facilité est la panacée de tous les maux. C’est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde, mais quand on sait où l’on va, on doit savoir avec qui marcher.
Chers lecteurs, en attendant la prochaine sortie de M. le Ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour nous dire ce qu’il pense de tout ce qui se dit du DEF 2011, je voudrais formuler avec vous le vœu que le DEF soit vraiment réhabilité et qu’il ne soit plus considéré comme le Diplôme des Experts en Fraude !
Bien à vous.
MINGA
Mais là n’est pas le principal sujet de la présente chronique. Je voudrais partager avec les lecteurs mon indignation sur l’organisation chaotique d’un examen dont l’obtention devrait en principe rendre fiers et heureux des élèves et leurs parents, parce qu’il ouvre la porte du lycée ou de la formation professionnelle. J’aurais pu intituler mon papier « DEF 2011 : Chroniques honteuses d’un centre d’examen ». Mais j’ai préféré un titre qui reflète mon impression face à un examen dont les sujets sont vendus sans scrupule et sans cagoule, dans les alentours, dans la cour comme dans les salles des centres d’examen. Avec des personnages devenus célèbres dans la fraude qui mobilisent ouvertement les élèves et leur font sans vergogne leurs propositions indécentes de 2 500 FCFA contre un sujet pour certains et rien que 500 FCFA contre le même sujet pour d’autres.
Je me suis intéressé au centre de Missira où la taille de la fraude a été gigantesque le premier et le deuxième jour. Là, même des policiers allaient vers les surveillants pour leur tenir des propos du genre : « Mon frère, moi je me débrouille bien en mathématiques, alors si tu as des cas, fais-moi signe ». Et eux ne demandaient que 500 FCFA par sujet traité ! Et ce n’était pas des cas isolés. Aux alentours du centre, on voyait des groupuscules d’individus lugubres traitant frénétiquement des sujets pour les faire ensuite passer grâce aux policiers qui servaient parfois d’entremetteurs.
Un enseignant du groupe scolaire Nelson Mandela, Monsieur B.M., très connu dans le milieu de la fraude au DEF était très sollicité et très agité au centre de Missira. Aux dires de certains candidats et de jeunes surveillants que j’ai entendus, cet homme semblait être aidé par une dame du CAP d’Hippodrome, son ex-collègue. Dès qu’un sujet tombait, il s’empressait de le faire traiter par un complice et allait rapidement faire des photocopies de la correction pour ensuite revenir dans les salles et les distribuer à ses protégés principaux et à tous les autres qui, sur place, pouvaient payer.
Une candidate nous explique : « Dans ma salle, Monsieur B.M. avait un protégé qui recevait toujours une copie du corrigé des sujets. Après, il disait que ceux qui avaient de l’argent pouvaient se déclarer afin d’avoir aussi les sujets. On voyait l’argent sortir et circuler dans la salle… » Ce récit ne fait allusion qu’aux deux premiers jours de l’examen. Car, le dernier jour, même si en anglais les copies du corrigé ont circulé, la fièvre de la fraude était tombée comme au point mort avec l’arrivée matinale sur les lieux d’une envoyée de l’Académie Rive Gauche.
Il n’était pas rare non plus de voir, aux abords du centre de Missira des parents d’élèves qui sortaient de l’argent pour faire corriger un sujet pour leurs enfants. De petits grins spontanés se sont même créés derrière les fenêtres des habitations à proximité du centre, le temps de la journée, pour les « commis à la correction ». Sans se douter de celui qui pouvait être de l’autre côté du mur, les experts en fraude corrigeaient en devisant sur leurs recettes et parfois sur les bénéfices extra comme ces filles qui n’ont pas d’argent à payer mais qui proposent mieux et pour qui ils sont prêts à tout pour qu’elles réussissent au DEF.
D’ailleurs, à la fin de la première journée, une jeune candidate expliquait à une camarade, avec un rire coquin, que le surveillant lui avait donné le corrigé de la dictée et de la rédaction. « Il le donnait aux gens à 2 500 FCFA le sujet, mais moi je ne lui ai rien donné. Je compte sur lui pour les épreuves de maths et de bio, demain. Après le BEPC, je verrai ce que je peux faire pour lui… » Sans commentaire. C’était étrange de voir un centre d’examen où les mouvements étaient aussi libres et où on pouvait voir des surveillant se partager le butin à la fin d’une épreuve. Comme si tous les responsables du centre étaient des complices de cette mafia. Mais, comme le dirait l’autre : « Si policier même est dedans, tout est gâté ! » En effet. A Missira, la police était complice des fraudeurs. Hélas !
Et pourtant, l’arrivée du Ministre Salikou Sanogo avait donné bien des espoirs à tous ceux qui en avaient marre d’une école gangrenée par la fraude, le laxisme, la médiocrité et la violence. On avait espéré donc des lendemains radieux pour l’école malienne qui sortirait ainsi de l’ornière où l’avait projetée ceux qui voient des occasions de « deal » partout ! On croyait sonné à jamais le glas de la concupiscence et de l’immoralité à l’école. Mais c’est vrai que l’habitude est une seconde nature et que le molosse ne peut abandonner du jour au lendemain sa façon éhontée de s’asseoir. C’est vrai que la meilleure réforme au monde qui ne prend pas en compte le changement profond des mentalités est vouée à l’échec. Aucune institution ne peut être forte par elle-même si elle n’est pas constituée de personnalités fortes, qui ont décidé d’entrer dans l’histoire en imposant une rupture salutaire. Rupture dans le comportement, dans la pensée, dans la mentalité, rupture dans la vision. Des personnalités fortes qui sont conscientes qu’à la douleur d’une rupture salutaire, succèdera un état de bonheur durable. Au lieu de cela, on parle de changement en maintenant à leurs postes de vieux corps gangrenés qui puent et contaminent les nouveaux supposés être à l’avant-garde de la réforme.
Alors, M. le ministre Salikou, l’heure est encore plus grave aujourd’hui plus qu’hier. Il y a certainement des esprits tordus qui veulent vous torpiller en se disant : « Il na pa di i pé, i naka pé on va voir ! » Juste pour vous mettre les bâtons de la roue et révéler au monde que malgré vos grandes décisions, vous avez des points faibles ! Voici driblé donc, M. le ministre par le réseau des tricheurs. Un réseau ignoble constitué de chefs d’établissements inconscients, d’enseignants malhonnêtes, d’élèves paresseux et de parents d’élèves irresponsables pour qui la facilité est la panacée de tous les maux. C’est vrai qu’il faut de tout pour faire un monde, mais quand on sait où l’on va, on doit savoir avec qui marcher.
Chers lecteurs, en attendant la prochaine sortie de M. le Ministre de l’éducation, de l’alphabétisation et des langues nationales, pour nous dire ce qu’il pense de tout ce qui se dit du DEF 2011, je voudrais formuler avec vous le vœu que le DEF soit vraiment réhabilité et qu’il ne soit plus considéré comme le Diplôme des Experts en Fraude !
Bien à vous.
MINGA
6.6.11
BIENNALE PHOTO 2011 : Flou artistique ou flou malveillant ?
Le Mali abritera du 5 novembre au 5 décembre 2011, la 9ème édition des Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie. Ce grand événement qui célèbre la photo et qui depuis l’édition de 2007 associe la création vidéo, est, officiellement, co-organisé et co-produit par l’Institut français et le Ministère de la Culture du Mali. Si, en réalité, c’est ce moment de communion, d’échange et de collaboration entre les professionnels de l’image du continent qui justifie l’existence au Mali de la Maison africaine de la photographie, le paradoxe malien fait que les Rencontres, aujourd’hui, en réalité, n’ont rien à voir avec cette maison. On ne s’en émeut plus !
Le Délégué général des Rencontres est d’abord le directeur d’une autre institution : le Musée national du Mali. Ce n’est pas anormal. Si ce dernier est plus compétent que le Directeur général de la Maison africaine de la photographie. Ailleurs, on chercherait peut-être à comprendre pourquoi alors on maintiendrait en place un responsable supposé incompétent, quitte à ôter tout sens à sa mission première et à surcharger un autre responsable, si volontaire et si hyperactif soit-il. Mais ici n’est pas ailleurs. Il n’y a rien à comprendre. On peut circuler ! Mais bon sang, de quoi je me mêle ? En fait, si j’en parle, c’est simplement pour situer le contexte de ma chronique.
Le 3 janvier 2011, un appel à candidatures invitait tous les photographes et vidéastes du continent africain, quels que soient leurs lieux de résidence, à présenter des travaux correspondant au thème « Pour un monde durable ». Le dernier délai pour le dépôt des candidatures initialement fixé au 15 mars a été repoussé jusqu’à la fin du même mois. Et l’appel mentionnait clairement que “Les résultats seront communiqués, uniquement par courrier, au début du mois de mai 2011”. Mais jusqu’aux premiers jours de ce mois de juin, nous avons dû nous renseigner auprès de plusieurs candidats résidant au Mali : pas un seul n’avait encore reçu de l’organisation un courrier annonçant les résultats officiels de l’appel à candidatures ! Certains avaient eu la liste des 55 heureux élus de l’exposition internationale de 2011 (dont 45 photographes et 10 vidéastes), grâce à des amis ayant des amis parmi les décideurs de CulturesFrance (désormais Institut français). D’autres, fatigués de chercher en vain sur le site de l’Institut français et sur celui des Rencontres, en étaient encore, le 04 juin dernier, à se demander jusqu’à quand les résultats seraient communiqués !
Et pourtant, il nous a été dit que les résultats étaient disponibles depuis plus de deux semaines déjà. Mais comment donc expliquer le fait que le Délégué général des Rencontres de Bamako ne se presse pas d’informer les candidats « par courrier » ? Pourquoi les photographes maliens qui devraient être les premiers informés (avantage d’être dans le pays organisateur), doivent-ils avoir recours à la France pour se faire servir une liste officieuse ? Est-ce le goût du suspense, question de faire mariner les candidats à petit feu ? Est-ce la volonté de faire douter les candidats de leurs travaux et donc de leurs compétences ? Y a-t-il une gêne à communiquer les résultats parce qu’ils seraient « mauvais » pour le Mali ?
D’autre part, je suis curieux de savoir pourquoi un appel à candidatures largement diffusé et publié dans des journaux ne peut pas donner lieu à des résultats tout aussi largement diffusés et publiés dans des journaux, même si, en même temps, les candidats doivent recevoir des courriers spécifiques. Ne gagnerait-on pas en crédibilité et en transparence ? Y a-t-il un secret à garder quant aux résultats ? Le moins que je puisse dire, c’est que, dans cette affaire de biennale photo, il y a trop de flou ! Flou artistique ou flou malveillant ? Toujours est-il que c’est un flou gênant qui n’honore personne !
Je voulais rappeler avant de terminer que les Rencontres africaines de la photographie ont 17 ans et que, malgré le changement de dénomination en Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, les grandes décisions sont prises en France où sont réalisés aussi tous les tirages. Malgré tous les beaux discours de novembre 2009 qui ont laissé croire que le Mali s’appropriera de plus en plus de « ses » Rencontres. Alors cette biennale restera encore longtemps un festival français organisé en terre malienne. Pour un public européen ! De toutes les façons le Malien moyen est trop préoccupé par la cherté croissante de la vie et ce n’est pas la photo, même celle d’un poisson, qui le soulagera !
A tous les soi-disant souverainistes qui aiment écrire, marcher et crier contre l’impérialisme occidental au regard de ce qui se passe ailleurs, j’ai envie de dire, voilà au moins un sujet digne de réflexion : comment l’Afrique peut-elle se soustraire de l’impérialisme occidental non pas en gueulant sa souveraineté urbi et orbi mais en formant bien (selon les normes occidentales, hélas !) ses fils et ses filles qui seront suffisamment dignes, suffisamment responsables et suffisamment capables d’imposer leurs savoirs et leurs connaissances comme alternative à la domination de la pensée occidentale ? Sinon, on fera toujours du sur place et on divaguera toujours en criant à tout propos « néocolonialisme » par-ci, « impérialisme » par-là. Sans rien dire de notre immaturité chronique et de notre dépendance mentale aiguë à l’Occident.
Vous voulez donc des Rencontres de Bamako à la sauce africaine ? Repassez plus tard, s’il vous plaît, on n’est pas prêts !
Bien à vous.
MINGA
Le Délégué général des Rencontres est d’abord le directeur d’une autre institution : le Musée national du Mali. Ce n’est pas anormal. Si ce dernier est plus compétent que le Directeur général de la Maison africaine de la photographie. Ailleurs, on chercherait peut-être à comprendre pourquoi alors on maintiendrait en place un responsable supposé incompétent, quitte à ôter tout sens à sa mission première et à surcharger un autre responsable, si volontaire et si hyperactif soit-il. Mais ici n’est pas ailleurs. Il n’y a rien à comprendre. On peut circuler ! Mais bon sang, de quoi je me mêle ? En fait, si j’en parle, c’est simplement pour situer le contexte de ma chronique.
Le 3 janvier 2011, un appel à candidatures invitait tous les photographes et vidéastes du continent africain, quels que soient leurs lieux de résidence, à présenter des travaux correspondant au thème « Pour un monde durable ». Le dernier délai pour le dépôt des candidatures initialement fixé au 15 mars a été repoussé jusqu’à la fin du même mois. Et l’appel mentionnait clairement que “Les résultats seront communiqués, uniquement par courrier, au début du mois de mai 2011”. Mais jusqu’aux premiers jours de ce mois de juin, nous avons dû nous renseigner auprès de plusieurs candidats résidant au Mali : pas un seul n’avait encore reçu de l’organisation un courrier annonçant les résultats officiels de l’appel à candidatures ! Certains avaient eu la liste des 55 heureux élus de l’exposition internationale de 2011 (dont 45 photographes et 10 vidéastes), grâce à des amis ayant des amis parmi les décideurs de CulturesFrance (désormais Institut français). D’autres, fatigués de chercher en vain sur le site de l’Institut français et sur celui des Rencontres, en étaient encore, le 04 juin dernier, à se demander jusqu’à quand les résultats seraient communiqués !
Et pourtant, il nous a été dit que les résultats étaient disponibles depuis plus de deux semaines déjà. Mais comment donc expliquer le fait que le Délégué général des Rencontres de Bamako ne se presse pas d’informer les candidats « par courrier » ? Pourquoi les photographes maliens qui devraient être les premiers informés (avantage d’être dans le pays organisateur), doivent-ils avoir recours à la France pour se faire servir une liste officieuse ? Est-ce le goût du suspense, question de faire mariner les candidats à petit feu ? Est-ce la volonté de faire douter les candidats de leurs travaux et donc de leurs compétences ? Y a-t-il une gêne à communiquer les résultats parce qu’ils seraient « mauvais » pour le Mali ?
D’autre part, je suis curieux de savoir pourquoi un appel à candidatures largement diffusé et publié dans des journaux ne peut pas donner lieu à des résultats tout aussi largement diffusés et publiés dans des journaux, même si, en même temps, les candidats doivent recevoir des courriers spécifiques. Ne gagnerait-on pas en crédibilité et en transparence ? Y a-t-il un secret à garder quant aux résultats ? Le moins que je puisse dire, c’est que, dans cette affaire de biennale photo, il y a trop de flou ! Flou artistique ou flou malveillant ? Toujours est-il que c’est un flou gênant qui n’honore personne !
Je voulais rappeler avant de terminer que les Rencontres africaines de la photographie ont 17 ans et que, malgré le changement de dénomination en Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, les grandes décisions sont prises en France où sont réalisés aussi tous les tirages. Malgré tous les beaux discours de novembre 2009 qui ont laissé croire que le Mali s’appropriera de plus en plus de « ses » Rencontres. Alors cette biennale restera encore longtemps un festival français organisé en terre malienne. Pour un public européen ! De toutes les façons le Malien moyen est trop préoccupé par la cherté croissante de la vie et ce n’est pas la photo, même celle d’un poisson, qui le soulagera !
A tous les soi-disant souverainistes qui aiment écrire, marcher et crier contre l’impérialisme occidental au regard de ce qui se passe ailleurs, j’ai envie de dire, voilà au moins un sujet digne de réflexion : comment l’Afrique peut-elle se soustraire de l’impérialisme occidental non pas en gueulant sa souveraineté urbi et orbi mais en formant bien (selon les normes occidentales, hélas !) ses fils et ses filles qui seront suffisamment dignes, suffisamment responsables et suffisamment capables d’imposer leurs savoirs et leurs connaissances comme alternative à la domination de la pensée occidentale ? Sinon, on fera toujours du sur place et on divaguera toujours en criant à tout propos « néocolonialisme » par-ci, « impérialisme » par-là. Sans rien dire de notre immaturité chronique et de notre dépendance mentale aiguë à l’Occident.
Vous voulez donc des Rencontres de Bamako à la sauce africaine ? Repassez plus tard, s’il vous plaît, on n’est pas prêts !
Bien à vous.
MINGA
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