La récurrence des agitations qui rythment aujourd’hui la vie de nos pays africains et de bien d’autres pays, ailleurs dans le monde, la difficulté à se projeter dans un avenir plus incertain que jamais à cause des guerres, des maladies et des catastrophes naturelles toujours plus violentes, le règne de l’injustice et des abus de toutes sortes, tout cela offre un immense champ d’inspiration à ceux qui sont attentifs et sensibles au battement du pouls de notre planète.
Comme effet de cette inspiration, l’écriture, naguère prisonnière de certains dogmes, se libère et la plume, plus légère encore, se vide des mots de tous les maux de notre quotidien surchargé.
Écrire, plus qu’un simple exutoire, devient donc une véritable thérapie. Journal intime, poésie, nouvelle, roman, pièce de théâtre, nombreuses sont les formes d’expression qu’expérimentent, ici et là, des jeunes, des moins jeunes, hommes et femmes, gonflés à bloc par les horreurs de la misère morale et matérielle ambiante, bien souvent levain de grandes inspirations. De la même manière dont une bouffée d’amour ou de spiritualité peuvent nous transporter.
C’est si bien d’écrire ce qu’on sent, ce qu’on ressent… C’est si bien de dire ce qu’on défend contre la violence des vents ennemis, des vents contraires. C’est si bien d’extraire de son esprit des idées sous forme de mots pour se libérer des fantômes ailés, des fantômes zélés qui peuplent les rues de nos imaginations.
Oui. Comme cela fait du bien de vomir quand on a la nausée. Comme cela fait du bien de rire quand on est heureux. Comme cela fait du bien de pleurer, parfois, quand on a mal, quand tout va mal, quand on en a marre !!!
C’est si bien de vivre à travers la splendeur excitante des lettres enjouées, légères et frivoles dont le mystère des copulations fonde notre être profond. C’est peut-être pour cela que plus j’écris, plus je me sens libre, ivre de la vie, des aires sans frontières. Plus j’écris, plus je vis.
Mais au-delà de cette forme d’écriture littéraire qui résulte en fait d’une exaltation, d’une jubilation personnelle qu’on partage, je crois qu’il ne faut pas oublier l’écriture militante, l’écriture de combat. Je veux parler de cette écriture qui devient un moyen de dénonciation des tares sociales (corruption, abus de pouvoir, clientélisme, gabegie, etc.) entretenues par des gouvernants incompétents ou sans conscience. Un moyen de rejet de l’arbitraire, de l’injustice… Cette écriture douloureuse qui est le reflet de la douleur du monde et l’expression de notre rapport à ce monde, doit être, non pas comme le couteau qu’on tourne dans la plaie, mais comme une épreuve de catharsis qui libère notre mémoire et soulage notre conscience. Je me suis toujours dit que derrière une écriture, il y a soit un plaisir à partager, soit une plaie à panser ou un problème à poser. En tout cas, me concernant, l’écriture a une fonction qui, si elle n’est pas exclusivement jouissive, peut être au moins informative, préventive ou curative.
L’élan qui nous pousse vers cette forme d’écriture que nous désirons aussi partager avec les autres comme acte de témoignage, de solidarité ou de compassion, doit pouvoir s’affranchir de toute considération pécuniaire et de tout souci de petites gloires à glaner ici ou là. C’est un travail d’intime conviction qui ne devrait pouvoir s’échanger contre rien au monde.
Je n’ignore pas cependant qu’il existe ceux qui ne prennent la plume que pour faire mal, pour casser, pour démolir, pour provoquer des confrontations, des affrontements, des conflits. Très souvent par procuration. Très souvent contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Très souvent contre la morale et le bon sens. Très souvent avec la complicité d’organes de presse mercenaires qui vendent leur âme à des hommes politiques d’occasion.
Mais ceux-là sont comme ces écueils naturels qui jonchent toute voie qui mène au bonheur, au succès, à la consécration. Nous ne devons pas nous laisser distraire par ni par leur mépris pour notre pensée ni par la violence de leurs propos à notre égard. Il faut garder à l’esprit le but de notre mission. Tant que nous sommes convaincus de sa noblesse. Le vrai courage, ce n’est ni de suivre le courant de l’eau pour démontrer notre obséquiosité, ni d’aller à contre-courant pour démontrer notre capacité à nous opposer à un certain ordre. Le vrai courage réside dans notre détermination à défendre le bien-fondé de nos idées et à nous y accrocher fermement sans céder à toutes les formes de pressions possibles. Dans un monde comme le nôtre, qui s’effondre, parce que toutes les grandes valeurs, culturelles et sociétales s’y effritent, il faut oser écrire pour mettre la pendule à l’heure quand il le faut. Il faut oser exprimer son indignation face à la méchanceté gratuite des plus forts face aux plus faibles. Il faut oser être la voix des sans voix pour porter leur parole jusqu’au cœur du pouvoir. Oui, il faut oser…Mais, il faut aussi rester vigilant ! Parce que le pouvoir a les bras long, et qu’il peut user de tous les stratagèmes possibles pour vous nuire. Moralement ou physiquement. Il ne s’agit pas d’avoir peur, mais d’être prudent. Car, partout où il y a des Chebeya, on peut trouver des Kabila. Comme partout où naît un Sankara, un Compaoré peut surgir. “Le loup est ailleurs que dans les bois”, écrivait le poète. Et il a tellement raison !
Écrivons donc. Pour nous défouler, pour nous vider du trop-plein de « gaz carbonique » qui nous étouffe et remplit notre sommeil de cauchemars monstrueux. Écrivons pour revitaliser notre esprit et positiver notre pensée. Parce qu’une pensée étouffée fait de notre cerveau un dangereux foyer de tension. Mais écrivons surtout pour partager. Surtout avec ceux qui souffrent. Pour leur dire que nous sommes à leurs côtés. Que nous avons de la compassion pour eux. Que nous sommes solidaires de leur misère et que nous travaillons à ouvrir les yeux du monde sur eux, pour leur venir en aide. Parce que, comme l’a dit un sage, si « un bonheur à deux est un double bonheur, une souffrance à deux est une demi-souffrance ».
Merci à tous ceux qui ont eu du plaisir à me lire, au fil des semaines écoulées et m’ont souvent encouragé. Merci aussi à tous ceux qui m’ont insulté et traité de tous les sales noms possibles, parce que, comme une girouette rebelle, je refusais d’aller dans le sens de leur vent. Ces derniers m’ont aidé à comprendre que jamais je ne dois changer de chemin.
Bonne période de jeûne à tous les musulmans d’ici et d’ailleurs.
A beaucoup plus tard, inch’allah ! Bien à vous.
MINGA
27.7.11
19.7.11
AMBITIONS DÉMESURÉES, DISCOURS GRANDILOQUENTS : Et si on y allait avec modestie ?
La période pré-électorale nous offre chaque jour des scènes d’une comédie politique au premier degré. Des acteurs, trop confiants en leurs capacités, en leurs compétences, en leurs qualités qui excluent tout défaut, n’y vont pas de main morte. Prenant souvent tous les autres pour des ignares et se comportant parfois comme des êtres extraordinaires descendus de planètes inconnues, ils nous font boire, jusqu’à la lie, le vin de leur orgueil, de leur suffisance, de leur prétendue toute-puissance. Alors, quand ils nous sentent ivres de leurs discours grandiloquents, ils sont fiers et convaincus qu’ils sont les meilleurs et que rien ne peut les empêcher d’accéder au trône qu’ils convoitent.
Voilà comment se sèment dans les cœurs, les graines de la contestation qui peut conduire à la violence et à un conflit absurde. Mais ceux qui sont à l’origine de toute la chienlit qui se nourrit de leurs turpitudes ne le font pas tous sciemment.
Il y en a qui sont vraiment méchants et qui, avec une mauvaise foi bien calculée, décident de tromper les autres, de leur mentir sur ce qu’ils savent faire, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils veulent faire. Ils ne se préoccupent en rien de ce que peuvent provoquer leurs propos expressément mensongers et confligènes. Eux, en général, on les connaît ou on les reconnaît. Même s’il y a toujours des hommes à la conscience décalée ou eux-mêmes pleins de mauvaises intentions, pour les suivre.
Mais il y en a qui pensent très sérieusement qu’ils sont chargés d’une mission divine, porteurs d’un message de rédemption pour l’humanité, comme Krishna, Bouddha, Moïse, Jésus, Mahomet ou Baha’u’llah. Ceux-là, ils sont les vrais dangers publics. Ils ne savent pas qu’ils mentent et le risque qu’ils font courir au pays avec leurs discours de ‘’salut’’, ils ne le savent pas non plus. Pour eux, en dehors de leurs propos, il n’y a pas d’autre vérité à chercher ailleurs.
En réalité, les gens sont en politique ce qu’ils sont dans la vie. C’est la vraie nature des uns et des autres qui s’exprime toujours. Parce qu’on ne peut pas être de mauvaise moralité dans notre vie quotidienne et être en politique le modèle des bonnes mœurs. Un fanfaron dans la vie sera un fanfaron en politique. Un singe dans la vie, sera un singe en politique. Parce que la politique, c’est la vie.
Avec nous ou autour de nous, nous avons des parents, des amis ou de simples connaissances qui croient tout savoir ou qui se croient investis d’un pouvoir surnaturel. Ils se considèrent toujours comme les bienvenus partout où ils vont. Dans leur tête qui en réalité n’a rien d’extraordinaire, ils se disent capables de résoudre tous les problèmes et vont jusqu’à penser qu’ils sont indispensables à la vie des autres.
C’est pour ceux-là, qu’ils soient politiciens ou simples citoyens, que je re-écris cette histoire de la goutte de pluie. C’est une allégorie pour montrer la voie de l’humilité.
Laïga ou la petite goutte d’eau
Il était une fois, dans le ciel, loin, très loin dans le ciel, un grand bloc de glace dans lequel cohabitaient des milliards de gouttes d’eau en attendant le signal de départ de Laz’ran, le dieu de la pluie, pour se déverser sur la terre.
Parmi ces gouttes d’eau, il y avait Laïga. C’était une petite goutte d’eau impertinente, très fière et trop imbue d’elle-même. Elle n’arrêtait pas de chercher noise à ses amies auxquelles elle se croyait toujours supérieure. Mais les autres la supportaient et ne répondaient jamais à ses provocations. Mieux, elles faisaient tout pour se montrer attentionnées et affectueuses à l’égard de Laïga. Toutes ces marques de sollicitude, au lieu d’amener notre petite goutte d’eau prétentieuse à se remettre en question, à corriger ses écarts de conduite et de langage, à s’assagir, ne faisaient que la gonfler davantage de fierté et d’orgueil. Au point où elle finit par se dire que les autres n’existaient que par rapport à elle et que sans elle, la vie des autres n’aurait jamais de sens.
Puis un jour, Laïga alla voir Laz’ran, le dieu de la pluie, pour lui dire qu’il était temps que le signal de départ vers la terre fût donné. Désarçonné et stupéfait par le courage insolent et l’allure arrogante de la petite goutte de pluie, Laz’ran ouvrit les yeux pour regarder cette minuscule boule d’eau qui le contrariait, puis il les referma pour continuer sa méditation.
Vexée et humiliée par cette attitude à son égard, la goutte d’eau revint vers les autres et tenta de les remonter contre le dieu de la pluie. En se servant de tout ce qu’on leur avait enseigné sur leur utilité dans la vie de tous les êtres créés par Dieu : « Allons vers la terre, les plantes sont en train de mourir de soif et elles ont besoin de nous. Laz’ran est un dieu inconscient. Des plantations sont en train de brûler, des hommes meurent de soif, la terre sèche. Allons-y ! » Mais les autres gouttes d’eau refusèrent de se joindre à Laïga qui, une fois de plus, se sentit humiliée.
Alors, elle prit la décision de faire seule le voyage vers la terre. Se disant qu’elle partait pour être la reine de tous les règnes, humain, végétal et minéral. Fermement convaincue qu’en prenant le départ, toutes les autres gouttes la suivraient et que l’action de ‘’salut’’ de l’eau sur la terre sera ainsi à son honneur. Quand elle s’apprêtait à se projeter dans le vide, Laïzi, la doyenne des gouttes d’eau, essaya de la retenir : « Ne prends pas ce risque, ma petite chérie ! A toi seule, tu ne peux rien faire. Notre pouvoir n’est réel que lorsque nous partons ensemble. Sois plus patiente et attendons toutes l’ordre de notre dieu pour faire le voyage comme un seul corps… » Ces propos n’ont fait que redoubler le zèle de la petite goutte d’eau. Elle se jeta dans le vide. Les yeux fermés, elle traversait le vide en se disant : « Moi, j’ai des vies à sauver ! D’ailleurs, si je suis seule, je n’en serai que plus vénérée. Je serai la plus célèbre des gouttes d’eau ! »
Soudain, des bruits de vagues poussèrent Laïga à ouvrir les yeux pour regarder vers le bas. Que vit-elle ? Une immense, très immense étendue d’eau qui semblait sans limite. Celle qui croyait devenir la première et la seule entité d’eau sur la terre avant l’arrivée des autres, ne comprenait rien au spectacle qui s’offrait à ses yeux. Elle eut subitement envie de retourner en arrière pour attendre les autres, mais elle se rendit compte qu’elle n’avait pas le pouvoir d’arrêter sa course une fois entamée, ne serait-ce qu’un instant de pause pour réfléchir.
Finalement, la minuscule goutte d’eau s’évanouit dans le sombre anonymat de la vastitude de l’océan. Juste après avoir réalisé qu’elle n’était en fait qu’une simple goutte d’eau. Insignifiante et ignorante. Ne disposant, seule, d’aucun pouvoir de salut sur les autres créatures de Dieu.
Puisse cette histoire, que j’avais déjà écrite pour des enfants, inspirer toutes ces personnes qui rêvent au pouvoir, à quelque niveau que ce soit.
Bien à vous.
MINGA
©Crédit photo : Laurent Willen, 2009
Voilà comment se sèment dans les cœurs, les graines de la contestation qui peut conduire à la violence et à un conflit absurde. Mais ceux qui sont à l’origine de toute la chienlit qui se nourrit de leurs turpitudes ne le font pas tous sciemment.
Il y en a qui sont vraiment méchants et qui, avec une mauvaise foi bien calculée, décident de tromper les autres, de leur mentir sur ce qu’ils savent faire, ce qu’ils peuvent faire et ce qu’ils veulent faire. Ils ne se préoccupent en rien de ce que peuvent provoquer leurs propos expressément mensongers et confligènes. Eux, en général, on les connaît ou on les reconnaît. Même s’il y a toujours des hommes à la conscience décalée ou eux-mêmes pleins de mauvaises intentions, pour les suivre.
Mais il y en a qui pensent très sérieusement qu’ils sont chargés d’une mission divine, porteurs d’un message de rédemption pour l’humanité, comme Krishna, Bouddha, Moïse, Jésus, Mahomet ou Baha’u’llah. Ceux-là, ils sont les vrais dangers publics. Ils ne savent pas qu’ils mentent et le risque qu’ils font courir au pays avec leurs discours de ‘’salut’’, ils ne le savent pas non plus. Pour eux, en dehors de leurs propos, il n’y a pas d’autre vérité à chercher ailleurs.
En réalité, les gens sont en politique ce qu’ils sont dans la vie. C’est la vraie nature des uns et des autres qui s’exprime toujours. Parce qu’on ne peut pas être de mauvaise moralité dans notre vie quotidienne et être en politique le modèle des bonnes mœurs. Un fanfaron dans la vie sera un fanfaron en politique. Un singe dans la vie, sera un singe en politique. Parce que la politique, c’est la vie.
Avec nous ou autour de nous, nous avons des parents, des amis ou de simples connaissances qui croient tout savoir ou qui se croient investis d’un pouvoir surnaturel. Ils se considèrent toujours comme les bienvenus partout où ils vont. Dans leur tête qui en réalité n’a rien d’extraordinaire, ils se disent capables de résoudre tous les problèmes et vont jusqu’à penser qu’ils sont indispensables à la vie des autres.
C’est pour ceux-là, qu’ils soient politiciens ou simples citoyens, que je re-écris cette histoire de la goutte de pluie. C’est une allégorie pour montrer la voie de l’humilité.
Laïga ou la petite goutte d’eau
Il était une fois, dans le ciel, loin, très loin dans le ciel, un grand bloc de glace dans lequel cohabitaient des milliards de gouttes d’eau en attendant le signal de départ de Laz’ran, le dieu de la pluie, pour se déverser sur la terre.
Parmi ces gouttes d’eau, il y avait Laïga. C’était une petite goutte d’eau impertinente, très fière et trop imbue d’elle-même. Elle n’arrêtait pas de chercher noise à ses amies auxquelles elle se croyait toujours supérieure. Mais les autres la supportaient et ne répondaient jamais à ses provocations. Mieux, elles faisaient tout pour se montrer attentionnées et affectueuses à l’égard de Laïga. Toutes ces marques de sollicitude, au lieu d’amener notre petite goutte d’eau prétentieuse à se remettre en question, à corriger ses écarts de conduite et de langage, à s’assagir, ne faisaient que la gonfler davantage de fierté et d’orgueil. Au point où elle finit par se dire que les autres n’existaient que par rapport à elle et que sans elle, la vie des autres n’aurait jamais de sens.
Puis un jour, Laïga alla voir Laz’ran, le dieu de la pluie, pour lui dire qu’il était temps que le signal de départ vers la terre fût donné. Désarçonné et stupéfait par le courage insolent et l’allure arrogante de la petite goutte de pluie, Laz’ran ouvrit les yeux pour regarder cette minuscule boule d’eau qui le contrariait, puis il les referma pour continuer sa méditation.
Vexée et humiliée par cette attitude à son égard, la goutte d’eau revint vers les autres et tenta de les remonter contre le dieu de la pluie. En se servant de tout ce qu’on leur avait enseigné sur leur utilité dans la vie de tous les êtres créés par Dieu : « Allons vers la terre, les plantes sont en train de mourir de soif et elles ont besoin de nous. Laz’ran est un dieu inconscient. Des plantations sont en train de brûler, des hommes meurent de soif, la terre sèche. Allons-y ! » Mais les autres gouttes d’eau refusèrent de se joindre à Laïga qui, une fois de plus, se sentit humiliée.
Alors, elle prit la décision de faire seule le voyage vers la terre. Se disant qu’elle partait pour être la reine de tous les règnes, humain, végétal et minéral. Fermement convaincue qu’en prenant le départ, toutes les autres gouttes la suivraient et que l’action de ‘’salut’’ de l’eau sur la terre sera ainsi à son honneur. Quand elle s’apprêtait à se projeter dans le vide, Laïzi, la doyenne des gouttes d’eau, essaya de la retenir : « Ne prends pas ce risque, ma petite chérie ! A toi seule, tu ne peux rien faire. Notre pouvoir n’est réel que lorsque nous partons ensemble. Sois plus patiente et attendons toutes l’ordre de notre dieu pour faire le voyage comme un seul corps… » Ces propos n’ont fait que redoubler le zèle de la petite goutte d’eau. Elle se jeta dans le vide. Les yeux fermés, elle traversait le vide en se disant : « Moi, j’ai des vies à sauver ! D’ailleurs, si je suis seule, je n’en serai que plus vénérée. Je serai la plus célèbre des gouttes d’eau ! »
Soudain, des bruits de vagues poussèrent Laïga à ouvrir les yeux pour regarder vers le bas. Que vit-elle ? Une immense, très immense étendue d’eau qui semblait sans limite. Celle qui croyait devenir la première et la seule entité d’eau sur la terre avant l’arrivée des autres, ne comprenait rien au spectacle qui s’offrait à ses yeux. Elle eut subitement envie de retourner en arrière pour attendre les autres, mais elle se rendit compte qu’elle n’avait pas le pouvoir d’arrêter sa course une fois entamée, ne serait-ce qu’un instant de pause pour réfléchir.
Finalement, la minuscule goutte d’eau s’évanouit dans le sombre anonymat de la vastitude de l’océan. Juste après avoir réalisé qu’elle n’était en fait qu’une simple goutte d’eau. Insignifiante et ignorante. Ne disposant, seule, d’aucun pouvoir de salut sur les autres créatures de Dieu.
Puisse cette histoire, que j’avais déjà écrite pour des enfants, inspirer toutes ces personnes qui rêvent au pouvoir, à quelque niveau que ce soit.
Bien à vous.
MINGA
©Crédit photo : Laurent Willen, 2009
12.7.11
SUD-SOUDAN : Bienvenue en enfer !
L’année 2011 restera longtemps encore, pour les Africains, la plus riche en événements politiques majeurs. Donc, forcément, la plus riche en commentaires de tous genres et de toutes origines, des plus sobres aux plus enflammés. Des analyses intelligentes et réalistes à des gloses anarchistes qui tuent le bon sens et puent la mauvaise foi, au nom d’un certain africanisme.
Personnellement, ce sont les faits qui m’intéressent. Leur interprétation est une question de niveau d’éducation, de culture ou de compréhension, si ce n’est en fonction de l’orientation politique.
Aujourd’hui, des peuples vivent enfoncés dans la détresse en Libye, tiraillés entre le doute et l’espoir au Maroc, submergés de contradictions en Tunisie, bourrés d’interrogations en Egypte et, dans la plupart des autres pays d’Afrique, tenaillés par la peur de demain, l’incertitude face à un avenir flou ou en pointillés.
Sur ce tableau sombre et angoissant, il y a pourtant des points de lumière, des zones claires où les hommes et les femmes travaillent pour sortir du tunnel des misères ou du cycle des malédictions.
Il y a des peuples qui, sortis récemment de la zone de turbulence, se consacrent à la reconstruction nationale et à la réconciliation des cœurs. Ils savent que longue sera la voie de la cohésion après des mois, parfois des décennies de conflits ouverts ou latents pendant lesquels la haine a poussé partout et endurci les cœurs. Mais ils y croient et cela leur donne la force de persévérer dans l’effort.
C’est dans cette ambiance d’heurs et de malheurs qu’un nouvel Etat s’ajoute aux cinquante-trois autres africains. Le Sud-Soudan vient de naître dans la douleur dans un continent qui, en plusieurs endroits, vit dans la douleur. « Bienvenue en enfer ! » pourrait-on crier à Salva Kiir Mayardit, le président investi avant-hier, 9 juillet, à la tête de ce pays qui jaillit comme un lotus de la tombe de John Garang qui l’avait déjà imaginé mais qui n’aura pas la chance de le voir naître physiquement.
Au-delà des manifestations de joie dans les rues de Juba la capitale et de bien d’autres villes du Sud-Soudan, au-delà des motions de soutien et des déclarations en faveur des dirigeants du 173ème Etat du monde, une question taraude de nombreux penseurs et chefs d’Etat africains. Etait-il vraiment nécessaire de créer un Etat de plus en Afrique ? La naissance de Sud-Soudan ne va-t-il pas réveiller des velléités sécessionnistes assoupies faute de soutien ? Le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Sénégal, entre autres, ne risquent-ils pas de faire face à des revendications allant dans le sens de l’indépendance d’une partie de leurs territoires respectifs ? La timide réaction des chefs d’Etat africains depuis les résultats du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan est la preuve que le nouveau-né n’est pas vraiment le bienvenu dans la poudrière africaine. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Aucune jérémiade ne fera retourner le Sud-Soudan dans les fers de Béchir. Le nouveau pays devra faire l’expérience de sa propre douleur en pénétrant les arcanes du pouvoir et en faisant l’effort de comprendre la véritable signification de l’indépendance qui est loin d’être synonyme de liberté et de bonheur. Le Sud-Soudan devra se battre pour confirmer son statut d’Etat indépendant et cela ne se fait jamais sans écueil.
Personnellement, je me réjouis de cette indépendance. Parce que je pense que chaque fois qu’un groupe d’individus se sentant bafoué, humilié, sous-estimé, ignoré, dans un grand ensemble, exige de sortir du grand ensemble pour construire sa vie par lui-même, pour sauvegarder sa dignité piétinée, il faut lui accorder ce droit de ‘’partir’’. Maintenant, il appartient aux Sud-Soudanais de savoir gérer leur indépendance pour en faire une source de bonheur pour chacun d’entre eux. Bien sûr, beaucoup d’’’africanistes’’ aigris verront encore un autre complot ourdi contre l’Afrique par des néo colonialistes, des impérialistes occidentaux. Ils ne tiendront pas compte de la souffrance endurée par les populations Sud-Soudanaises depuis des décennies ou bien ils occulteront, de mauvaise foi, ces moments terribles qui ont coûté à l’ensemble du Soudan plusieurs pertes en vies humaines…
Ailleurs, en Afrique, on parle beaucoup des élections de 2012 au Mali. Une élection à laquelle l’actuel président ne se présentera pas, pour avoir épuisé ses deux mandats. C’est déjà une cause de tension de moins. Reste à élucider la question récurrente du fichier électoral. Tout le monde semble être d’accord que le Ravec (Recensement administratif à vocation d’Etat-civil) est hors jeu. Mais le Race (Recensement administratif à caractère électoral) qui, soulagé de quelques imperfections, pourrait être le fichier du consensus, n’a pas l’adhésion de toutes les formations politiques du pays.
Quelque trente-deux partis regroupés au sein d’une alliance proposent un fichier biométrique. Seront-ils suivis ? Pour le moment nul ne peut le dire. Il semble que les partis les plus ‘’importants’’ sont déjà du côté du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a clairement opté pour le fichier Race ‘’amélioré’’…
Du côté du Sénégal, pour faire oublier les récentes mauvaises passes du président Wade, on a jeté comme un pavé dans la mare, la nouvelle de l’extradition, dès aujourd’hui, de l’ex président tchadien Hissène Habré. L’ancien homme fort de Ndjaména est exilé au pays de la téranga depuis sa chute du pouvoir en 1990. Après vingt-et-un ans d’hésitation, Dakar accepte enfin de livrer son hôte encombrant à la justice tchadienne. Si les parents des victimes du pouvoir meurtrier d’Hissène Habré sont heureux d’apprendre cette nouvelle, les avocats de l’ancien potentat, eux, crient au désastre : « On va le livrer à des gens qui vont l’assassiner », a déjà réagi un des avocats d’Habré…
En Guinée, Alpha Condé tente, tant bien que mal, de travailler et de faire travailler les Guinéens. La télévision montre des chantiers en cours. Surtout des routes ! Au Niger aussi, le président Issoufou s’installe confortablement et prend la main. J’ai retenu de son interview d’hier sur la chaîne de télévision Africa24 une phrase forte : « Le Niger n’est pas un pays pauvre ; le Niger est un pays mal géré. » Et cela est tellement vrai pour bien des pays d’Afrique ! Pays riches, mais mal gérés. Mal gérés par qui ? Par les Occidentaux impérialistes, néo colonialistes ? NON ! Par des classes politiques dirigées par des adultes immatures qui profitent de leur passage au pouvoir pour enrichir non pas ces Occidentaux au dos large que nous accusons sans vergogne de tous nos maux, mais leurs propres familles, leurs propres amis…
En Côte d’Ivoire, même s’il reste encore d’énormes efforts à fournir avant qu’on ne puisse parler de situation revenue définitivement à la normale, on sent la vie. Beaucoup d’Ivoiriens sont d’accord pour que la parenthèse de la guerre se ferme à jamais. Même si certains aigris regrettent encore que les militaires de Gbagbo n’aient pas fait écrouler l’Hôtel du Golf sur tous ceux qui s’y réfugiaient. Mais ce n’est pas encore tard ! Demain, Gbagbo reviendra au pouvoir. Son prophète dit que Dieu le lui a encore dit ! Alors, que tous les ‘’africanistes’’ qui traitent d’apatrides tous ceux qui ne pensent pas comme eux, se rendent au bord de la lagune Ebrié. Demain. Pour rêver ! Bien à vous
MINGA
Personnellement, ce sont les faits qui m’intéressent. Leur interprétation est une question de niveau d’éducation, de culture ou de compréhension, si ce n’est en fonction de l’orientation politique.
Aujourd’hui, des peuples vivent enfoncés dans la détresse en Libye, tiraillés entre le doute et l’espoir au Maroc, submergés de contradictions en Tunisie, bourrés d’interrogations en Egypte et, dans la plupart des autres pays d’Afrique, tenaillés par la peur de demain, l’incertitude face à un avenir flou ou en pointillés.
Sur ce tableau sombre et angoissant, il y a pourtant des points de lumière, des zones claires où les hommes et les femmes travaillent pour sortir du tunnel des misères ou du cycle des malédictions.
Il y a des peuples qui, sortis récemment de la zone de turbulence, se consacrent à la reconstruction nationale et à la réconciliation des cœurs. Ils savent que longue sera la voie de la cohésion après des mois, parfois des décennies de conflits ouverts ou latents pendant lesquels la haine a poussé partout et endurci les cœurs. Mais ils y croient et cela leur donne la force de persévérer dans l’effort.
C’est dans cette ambiance d’heurs et de malheurs qu’un nouvel Etat s’ajoute aux cinquante-trois autres africains. Le Sud-Soudan vient de naître dans la douleur dans un continent qui, en plusieurs endroits, vit dans la douleur. « Bienvenue en enfer ! » pourrait-on crier à Salva Kiir Mayardit, le président investi avant-hier, 9 juillet, à la tête de ce pays qui jaillit comme un lotus de la tombe de John Garang qui l’avait déjà imaginé mais qui n’aura pas la chance de le voir naître physiquement.
Au-delà des manifestations de joie dans les rues de Juba la capitale et de bien d’autres villes du Sud-Soudan, au-delà des motions de soutien et des déclarations en faveur des dirigeants du 173ème Etat du monde, une question taraude de nombreux penseurs et chefs d’Etat africains. Etait-il vraiment nécessaire de créer un Etat de plus en Afrique ? La naissance de Sud-Soudan ne va-t-il pas réveiller des velléités sécessionnistes assoupies faute de soutien ? Le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Nigeria, le Sénégal, entre autres, ne risquent-ils pas de faire face à des revendications allant dans le sens de l’indépendance d’une partie de leurs territoires respectifs ? La timide réaction des chefs d’Etat africains depuis les résultats du référendum d’autodétermination du Sud-Soudan est la preuve que le nouveau-né n’est pas vraiment le bienvenu dans la poudrière africaine. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Aucune jérémiade ne fera retourner le Sud-Soudan dans les fers de Béchir. Le nouveau pays devra faire l’expérience de sa propre douleur en pénétrant les arcanes du pouvoir et en faisant l’effort de comprendre la véritable signification de l’indépendance qui est loin d’être synonyme de liberté et de bonheur. Le Sud-Soudan devra se battre pour confirmer son statut d’Etat indépendant et cela ne se fait jamais sans écueil.
Personnellement, je me réjouis de cette indépendance. Parce que je pense que chaque fois qu’un groupe d’individus se sentant bafoué, humilié, sous-estimé, ignoré, dans un grand ensemble, exige de sortir du grand ensemble pour construire sa vie par lui-même, pour sauvegarder sa dignité piétinée, il faut lui accorder ce droit de ‘’partir’’. Maintenant, il appartient aux Sud-Soudanais de savoir gérer leur indépendance pour en faire une source de bonheur pour chacun d’entre eux. Bien sûr, beaucoup d’’’africanistes’’ aigris verront encore un autre complot ourdi contre l’Afrique par des néo colonialistes, des impérialistes occidentaux. Ils ne tiendront pas compte de la souffrance endurée par les populations Sud-Soudanaises depuis des décennies ou bien ils occulteront, de mauvaise foi, ces moments terribles qui ont coûté à l’ensemble du Soudan plusieurs pertes en vies humaines…
Ailleurs, en Afrique, on parle beaucoup des élections de 2012 au Mali. Une élection à laquelle l’actuel président ne se présentera pas, pour avoir épuisé ses deux mandats. C’est déjà une cause de tension de moins. Reste à élucider la question récurrente du fichier électoral. Tout le monde semble être d’accord que le Ravec (Recensement administratif à vocation d’Etat-civil) est hors jeu. Mais le Race (Recensement administratif à caractère électoral) qui, soulagé de quelques imperfections, pourrait être le fichier du consensus, n’a pas l’adhésion de toutes les formations politiques du pays.
Quelque trente-deux partis regroupés au sein d’une alliance proposent un fichier biométrique. Seront-ils suivis ? Pour le moment nul ne peut le dire. Il semble que les partis les plus ‘’importants’’ sont déjà du côté du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales qui a clairement opté pour le fichier Race ‘’amélioré’’…
Du côté du Sénégal, pour faire oublier les récentes mauvaises passes du président Wade, on a jeté comme un pavé dans la mare, la nouvelle de l’extradition, dès aujourd’hui, de l’ex président tchadien Hissène Habré. L’ancien homme fort de Ndjaména est exilé au pays de la téranga depuis sa chute du pouvoir en 1990. Après vingt-et-un ans d’hésitation, Dakar accepte enfin de livrer son hôte encombrant à la justice tchadienne. Si les parents des victimes du pouvoir meurtrier d’Hissène Habré sont heureux d’apprendre cette nouvelle, les avocats de l’ancien potentat, eux, crient au désastre : « On va le livrer à des gens qui vont l’assassiner », a déjà réagi un des avocats d’Habré…
En Guinée, Alpha Condé tente, tant bien que mal, de travailler et de faire travailler les Guinéens. La télévision montre des chantiers en cours. Surtout des routes ! Au Niger aussi, le président Issoufou s’installe confortablement et prend la main. J’ai retenu de son interview d’hier sur la chaîne de télévision Africa24 une phrase forte : « Le Niger n’est pas un pays pauvre ; le Niger est un pays mal géré. » Et cela est tellement vrai pour bien des pays d’Afrique ! Pays riches, mais mal gérés. Mal gérés par qui ? Par les Occidentaux impérialistes, néo colonialistes ? NON ! Par des classes politiques dirigées par des adultes immatures qui profitent de leur passage au pouvoir pour enrichir non pas ces Occidentaux au dos large que nous accusons sans vergogne de tous nos maux, mais leurs propres familles, leurs propres amis…
En Côte d’Ivoire, même s’il reste encore d’énormes efforts à fournir avant qu’on ne puisse parler de situation revenue définitivement à la normale, on sent la vie. Beaucoup d’Ivoiriens sont d’accord pour que la parenthèse de la guerre se ferme à jamais. Même si certains aigris regrettent encore que les militaires de Gbagbo n’aient pas fait écrouler l’Hôtel du Golf sur tous ceux qui s’y réfugiaient. Mais ce n’est pas encore tard ! Demain, Gbagbo reviendra au pouvoir. Son prophète dit que Dieu le lui a encore dit ! Alors, que tous les ‘’africanistes’’ qui traitent d’apatrides tous ceux qui ne pensent pas comme eux, se rendent au bord de la lagune Ebrié. Demain. Pour rêver ! Bien à vous
MINGA
5.7.11
PERIODE PRE-ELECTORALE : Qui veut empoisonner l’air ?
Les tensions et les guerres sauvages qui suivent les résultats des élections en Afrique prennent toujours leur source dans la période pré-électorale. Car, c’est justement au cours de cette période que les différents rêves d’accession au pouvoir divisent les populations en clans opposés, pire, en clans ennemis. C’est la période de floraison d’un nouveau lexique politicien construit sur des ‘’pro’’, des ‘’anti’’, des ‘’tout sauf’’. Un vocabulaire perfide, exécrable et méprisant qui véhicule la haine, la stigmatisation, l’exclusion et même le déni. C’est à ce moment-là que se cristallisent toutes les rancoeurs qui vont se libérer dès la proclamation des résultats. Mais pourquoi donc ne rien faire pour désarmer les cœurs et désenvoûter les esprits avant les élections ?
En vérité, cette période de confusion et de désordre semble profiter à tous les acteurs politiques du pays qui prépare les élections. Parce que désormais, en politique, il vaut mieux troubler l’eau avant d’y lancer son hameçon. Au temps des partis uniques tout puissants, les présidents, qui n’organisaient les élections que pour la forme, avaient une autre méthode : ils finissaient d’abord de pêcher, puis ils troublaient l’eau. Ainsi, personne ne verrait clair dans l’embrouillamini expressément généré et ne pourrait prendre le risque de se jeter à l’eau. Mais avec cette histoire de démocratie obligatoire où plus rien ne garantit, dans les conditions normales, la longévité sur le trône, c’est dangereux de vouloir pêcher dans une eau limpide. Tout le monde est censé partir avec les mêmes chances de gagner ou de perdre. Or, il se trouve que nos présidents sortants ne veulent pas sortir, donc ne veulent pas perdre. Même quand, coincés par quelque scrupule, ils décident de se retirer, ils ont toujours un successeur plus ou moins secret qu’ils souhaitent imposer ‘’démocratiquement’’. Solution ? Il faut troubler l’eau pour y pêcher. Ce qui signifie que tous les coups, même les plus bas possibles, sont permis. Mais si seulement cela pouvait rester au niveau de simples rivalités de circonstance qui prendraient fin avec la fin de la compétition, on le comprendrait mieux. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Les élections, surtout quand il s’agit de présidentielles, ne sont plus du tout perçues comme l’honneur fait aux peuples de choisir souverainement les personnes qu’ils jugent le plus aptes à les gouverner. Les élections, c’est la guerre. Voilà pourquoi dans beaucoup de pays, préparer les élections, c’est préparer la guerre. Il faut donc se réarmer, se surarmer, revoir à la hausse son effectif militaire. Il faut placer aux postes clés de l’armée, de la gendarmerie et de la police, des proches très proches. Tout comme on place à la tête de l’instance chargée de proclamer les résultats définitifs, un proche très proche. Jusque-là, nous sommes dans la sphère de la fine stratégie politique de conservation du pouvoir. Mais la politique africaine ne s’accommode pas de subtils stratagèmes. Il faut créer des fous qui râlent, qui diffusent des rumeurs qui provoquent peur et stupeur. Il faut créer pour la circonstance des journaux animés par des griots modernes, accrocs de la propagande bon marché et spécialistes du dénigrement, qui par leurs plumes, salissent, insultent, déshabillent, humilient tous ceux qui osent s’opposer à leurs mentors qui bien souvent ne sont que des menteurs !
Et le drame des élections commence là où la presse prête sa plume aux manipulateurs, aux enchanteurs, qui exploitent l’attente du peuple pour créer une psychose et une angoisse qui gonflent au fil du temps.
Les périodes pré-électorales sont celles où se sèment les germes de ce qu’on finit un jour par appeler crises post-électorales. Des crises qui peuvent être évitées si les politiciens de tous les bords éduquent leurs militants en leur inculquant les valeurs du civisme, du patriotisme, mais surtout en les prédisposant à l’humilité dans la victoire et à la sagesse dans la défaite. Des crises qui peuvent être évitées si la vérité, la bonne foi et l’honnêteté priment sur le mensonge, la duplicité et la supercherie.
La chienlit qui pousse au cours de cette période sensible doit être étouffée avant qu’elle n’étouffe. Aucun leader politique responsable ne peut souhaiter à son pays le chaos de la Côte d’Ivoire, après les drames kenyan et Zimbabwéen. On pourrait aussi parler du Togo et du Gabon, à moindre échelle certes, mais non sans graves répercussions sur les populations.
Tout se passe en Afrique comme si on ne tirait jamais de leçon du drame des voisins. Comme si le bruit des armes après les élections faisait partie de l’ordre normal des choses. Comme si se battre avec les armes devait est une épreuve complémentaire obligatoire de la bataille dans les urnes. Comme si la guerre était une unité de mesure de la démocratie.
Quand j’entends les clameurs qui s’élèvent au Sénégal, quand j’entends la grogne qui s’amplifie en République démocratique du Congo, je me demande s’il y a un signe indien du désastre qui gouverne la politique africaine. Et je m’inquiète du sort des populations de ces pays au lendemain des élections. Et j’ai peur pour d’autres pays, dont le Madagascar.
Alors, je me dis que le Mali a grand intérêt à ne pas écouter les appels des sirènes voisines ou lointaines, pour rester le plus longtemps possible cette locomotive de la démocratie qu’elle a été jusqu’ici en Afrique. Non pas parce que le Mali est l’exemple achevé de la démocratie. Mais parce qu’il donne un exemple aux autres rien que par le respect de certains principes clés de la Constitution comme la limitation du mandat présidentiel qui, en général, est le nerf de la guerre. Oui, le Mali est un bel exemple de cette démocratie qui, en fait, est un long processus de maturation, de rééducation politique, d’épuration mentale de tous les complexes de nanisme, de gigantisme ou de castration. Un long parcours sur une île de mille tentations !
Un jour, j’ai écouté un jeune malien très révolté qui semblait avoir beaucoup à dire : « J’ai mal à mon Mali ! Les choses doivent changer. Une mascarade se prépare pour nous imposer un homme dans ce pays. Et après on dira vive la démocratie malienne ! N’importe quoi !! ». Je lui ai répondu : « Attention ! Une vilaine suspicion peut se transformer un jour en une fausse certitude qui fera naître une douloureuse frustration qui à son tour peut déboucher sur un conflit… ». Il m’a traité de poète rêveur. Mais au-delà des mots, j’ai compris qu’il y a autant de manières d’apprécier un bonheur qu’il y a d’individus sur la terre. J’ai aussi compris qu’ici, au Mali, il y a déjà qui sortent des bois, des oiseaux de mauvais augure qui hululent et battent des aides pour annoncer la mauvaise nouvelle qui prépare le lit de la chienlit : on organise le vol, la tricherie aux élections… Le fichier électoral qui sera retenu le sera parce qu’il n’est pas le bon… Et bien d’autres formes d’incongruités qui, pour l’essentiel ne sont fondées que sur des a priori, de simples ressentis personnels, des préjugés…
Mais c’est cela aussi la période pré-électorale : la traite des maîtres chanteurs qui menacent de dire même ce qu’ils ne savent pas pour obtenir ce qu’ils n’ont pas. La foire des enchanteurs qui vendent le bon Dieu sans confession à tous ceux qui, pour être plus proches du paradis ont besoin du soutien de satan. La scène des manipulateurs qui font croire que tout ce qui ne brille pas est de l’or parce que tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Il appartient aux populations de savoir raison garder et d’avoir une capacité de discernement suffisante pour séparer le bon grain de l’ivraie. Il appartient à chacun de faire sa propre police pour éviter de tomber dans les pièges qui se tendent partout en ce moment crucial. Il vaut mieux rester serein, positif, plein d’espoir, mais vigilant. Le faux finit toujours par se révéler lui-même.
Alors, à quoi bon empoisonner l’air avant l’heure ? À qui cela profite-t-il de prendre la responsabilité d’une crise qui peut être aussi dangereuse qu’onéreuse pour le pays ? Qui veut jouer les apprentis sorciers, rien que pour troubler les coeurs et faire douter le peuple ? Je pense qu’il y a des jeux auxquels il ne faut même pas commencer à jouer, car après, ils nous échappent et font plus de dégâts qu’on ne l’avait imaginé.
Bien à vous
MINGA
En vérité, cette période de confusion et de désordre semble profiter à tous les acteurs politiques du pays qui prépare les élections. Parce que désormais, en politique, il vaut mieux troubler l’eau avant d’y lancer son hameçon. Au temps des partis uniques tout puissants, les présidents, qui n’organisaient les élections que pour la forme, avaient une autre méthode : ils finissaient d’abord de pêcher, puis ils troublaient l’eau. Ainsi, personne ne verrait clair dans l’embrouillamini expressément généré et ne pourrait prendre le risque de se jeter à l’eau. Mais avec cette histoire de démocratie obligatoire où plus rien ne garantit, dans les conditions normales, la longévité sur le trône, c’est dangereux de vouloir pêcher dans une eau limpide. Tout le monde est censé partir avec les mêmes chances de gagner ou de perdre. Or, il se trouve que nos présidents sortants ne veulent pas sortir, donc ne veulent pas perdre. Même quand, coincés par quelque scrupule, ils décident de se retirer, ils ont toujours un successeur plus ou moins secret qu’ils souhaitent imposer ‘’démocratiquement’’. Solution ? Il faut troubler l’eau pour y pêcher. Ce qui signifie que tous les coups, même les plus bas possibles, sont permis. Mais si seulement cela pouvait rester au niveau de simples rivalités de circonstance qui prendraient fin avec la fin de la compétition, on le comprendrait mieux. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Les élections, surtout quand il s’agit de présidentielles, ne sont plus du tout perçues comme l’honneur fait aux peuples de choisir souverainement les personnes qu’ils jugent le plus aptes à les gouverner. Les élections, c’est la guerre. Voilà pourquoi dans beaucoup de pays, préparer les élections, c’est préparer la guerre. Il faut donc se réarmer, se surarmer, revoir à la hausse son effectif militaire. Il faut placer aux postes clés de l’armée, de la gendarmerie et de la police, des proches très proches. Tout comme on place à la tête de l’instance chargée de proclamer les résultats définitifs, un proche très proche. Jusque-là, nous sommes dans la sphère de la fine stratégie politique de conservation du pouvoir. Mais la politique africaine ne s’accommode pas de subtils stratagèmes. Il faut créer des fous qui râlent, qui diffusent des rumeurs qui provoquent peur et stupeur. Il faut créer pour la circonstance des journaux animés par des griots modernes, accrocs de la propagande bon marché et spécialistes du dénigrement, qui par leurs plumes, salissent, insultent, déshabillent, humilient tous ceux qui osent s’opposer à leurs mentors qui bien souvent ne sont que des menteurs !
Et le drame des élections commence là où la presse prête sa plume aux manipulateurs, aux enchanteurs, qui exploitent l’attente du peuple pour créer une psychose et une angoisse qui gonflent au fil du temps.
Les périodes pré-électorales sont celles où se sèment les germes de ce qu’on finit un jour par appeler crises post-électorales. Des crises qui peuvent être évitées si les politiciens de tous les bords éduquent leurs militants en leur inculquant les valeurs du civisme, du patriotisme, mais surtout en les prédisposant à l’humilité dans la victoire et à la sagesse dans la défaite. Des crises qui peuvent être évitées si la vérité, la bonne foi et l’honnêteté priment sur le mensonge, la duplicité et la supercherie.
La chienlit qui pousse au cours de cette période sensible doit être étouffée avant qu’elle n’étouffe. Aucun leader politique responsable ne peut souhaiter à son pays le chaos de la Côte d’Ivoire, après les drames kenyan et Zimbabwéen. On pourrait aussi parler du Togo et du Gabon, à moindre échelle certes, mais non sans graves répercussions sur les populations.
Tout se passe en Afrique comme si on ne tirait jamais de leçon du drame des voisins. Comme si le bruit des armes après les élections faisait partie de l’ordre normal des choses. Comme si se battre avec les armes devait est une épreuve complémentaire obligatoire de la bataille dans les urnes. Comme si la guerre était une unité de mesure de la démocratie.
Quand j’entends les clameurs qui s’élèvent au Sénégal, quand j’entends la grogne qui s’amplifie en République démocratique du Congo, je me demande s’il y a un signe indien du désastre qui gouverne la politique africaine. Et je m’inquiète du sort des populations de ces pays au lendemain des élections. Et j’ai peur pour d’autres pays, dont le Madagascar.
Alors, je me dis que le Mali a grand intérêt à ne pas écouter les appels des sirènes voisines ou lointaines, pour rester le plus longtemps possible cette locomotive de la démocratie qu’elle a été jusqu’ici en Afrique. Non pas parce que le Mali est l’exemple achevé de la démocratie. Mais parce qu’il donne un exemple aux autres rien que par le respect de certains principes clés de la Constitution comme la limitation du mandat présidentiel qui, en général, est le nerf de la guerre. Oui, le Mali est un bel exemple de cette démocratie qui, en fait, est un long processus de maturation, de rééducation politique, d’épuration mentale de tous les complexes de nanisme, de gigantisme ou de castration. Un long parcours sur une île de mille tentations !
Un jour, j’ai écouté un jeune malien très révolté qui semblait avoir beaucoup à dire : « J’ai mal à mon Mali ! Les choses doivent changer. Une mascarade se prépare pour nous imposer un homme dans ce pays. Et après on dira vive la démocratie malienne ! N’importe quoi !! ». Je lui ai répondu : « Attention ! Une vilaine suspicion peut se transformer un jour en une fausse certitude qui fera naître une douloureuse frustration qui à son tour peut déboucher sur un conflit… ». Il m’a traité de poète rêveur. Mais au-delà des mots, j’ai compris qu’il y a autant de manières d’apprécier un bonheur qu’il y a d’individus sur la terre. J’ai aussi compris qu’ici, au Mali, il y a déjà qui sortent des bois, des oiseaux de mauvais augure qui hululent et battent des aides pour annoncer la mauvaise nouvelle qui prépare le lit de la chienlit : on organise le vol, la tricherie aux élections… Le fichier électoral qui sera retenu le sera parce qu’il n’est pas le bon… Et bien d’autres formes d’incongruités qui, pour l’essentiel ne sont fondées que sur des a priori, de simples ressentis personnels, des préjugés…
Mais c’est cela aussi la période pré-électorale : la traite des maîtres chanteurs qui menacent de dire même ce qu’ils ne savent pas pour obtenir ce qu’ils n’ont pas. La foire des enchanteurs qui vendent le bon Dieu sans confession à tous ceux qui, pour être plus proches du paradis ont besoin du soutien de satan. La scène des manipulateurs qui font croire que tout ce qui ne brille pas est de l’or parce que tout ce qui brille n’est pas de l’or.
Il appartient aux populations de savoir raison garder et d’avoir une capacité de discernement suffisante pour séparer le bon grain de l’ivraie. Il appartient à chacun de faire sa propre police pour éviter de tomber dans les pièges qui se tendent partout en ce moment crucial. Il vaut mieux rester serein, positif, plein d’espoir, mais vigilant. Le faux finit toujours par se révéler lui-même.
Alors, à quoi bon empoisonner l’air avant l’heure ? À qui cela profite-t-il de prendre la responsabilité d’une crise qui peut être aussi dangereuse qu’onéreuse pour le pays ? Qui veut jouer les apprentis sorciers, rien que pour troubler les coeurs et faire douter le peuple ? Je pense qu’il y a des jeux auxquels il ne faut même pas commencer à jouer, car après, ils nous échappent et font plus de dégâts qu’on ne l’avait imaginé.
Bien à vous
MINGA
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